Micro-Économie Economie Gestion L1 (S2)

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Micro-Économie
Economie Gestion L1 (S2)
Antoine Bureth ([email protected])
CHAPITRE 1 Introduction .............................................................................................................. 2 §1. Problématique de l’analyse économique .................................................................................... 2 §2. Décision et allocation des ressources .......................................................................................... 3 2.1. Les facteurs de production ........................................................................................................................... 3 2.2. Le concept de bien économique ................................................................................................................. 3 2.3. Le choix économique ....................................................................................................................................... 4 §3. Méthodes économiques et pièges du raisonnement économique ...................................... 5 3.1. Quatre méthodes pour approcher les problèmes économiques .................................................. 5 3.2. Les pièges à éviter ............................................................................................................................................. 6 3.3. Conventions terminologiques .................................................................................................................... 7 § 4. Marché, offre et demande ................................................................................................................ 8 4.1. Fonctionnement du marché idéal: la concurrence pure et parfaite ............................................ 8 4.2. La fonction de demande .............................................................................................................................. 10 4.3. La courbe d'offre ............................................................................................................................................ 11 4.4. L'équilibre du marché .................................................................................................................................. 12 1
CHAPITRE 1 Introduction Ce premier chapitre introduit le travail à venir dans le cours de micro-économie, mais assure
également la transition avec le cours d’économie du premier semestre, qui a abordé les grands
auteurs (mercantilistes, physiocrates, classiques). Nous allons successivement aborder :
- le positionnement de la problématique économique
- les méthodes et les « limites » de l’approche économique (épistémologie i.e. l’analyse
critique des méthodes, des formes logiques et des modes d'inférence utilisés, de même que les
principes, concepts fondamentaux, théories et résultats des diverses sciences, afin de
déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée objective),
- redonner les conventions terminologiques de base pour ce cours,
- caractériser très sommairement la représentation de l'offre, de la demande et de l’équilibre de
marché.
§1. Problématique de l’analyse économique Le problème fondamental auquel se heurte toute société humaine se résume au travers du
triplet: quoi produire, comment le produire et pour qui le produire. Faut-il accorder une
priorité aux biens de consommation courante, ou au contraire, faut-il favoriser les productions
de biens d'investissement qui eux permettront la consommation future. La question du
comment regroupe un ensemble de problèmes. Par qui, avec quelles ressources et selon quels
procédés techniques les biens seront-ils produit? Peut-on tolérer une forte pollution? Quelles
ressources énergétiques seront utilisées? Va-t-on préférer une structure étatique, ou les biens
seront-ils produits dans des firmes privées? Enfin, le développement de la société va-t-il
accroître les inégalités, ou au contraire, faut-il veiller à l'accès aux biens pour tous.
Plusieurs types de questions sont ainsi traités en Economie :
L’Economie s’intéresse aux évolutions globales, en termes de prix, de production, de
chômage, de commerce extérieur. Une fois ces tendances appréhendées, le raisonnement
économique porte sur la mise en œuvre des politiques par lesquelles les gouvernements
peuvent améliorer la performance du système.
L’Economie analyse les termes de l’échange entre les nations : pourquoi les pays importent,
exportent, et quels sont les conséquences de ces différents échanges.
L’Economie étudie également la monnaie, les opérations de banque, le capital, la richesse et
les mécanismes de répartition qui lui sont associés.
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Enfin, et ce point est crucial dans l’analyse micro-économique, l’Economie est la science des
choix. L’économie est bien l’étude de la manière dont les sociétés utilisent des ressources
rares pour produire des marchandises ayant une valeur et pour les répartir entre une multitude
d’individus. Le triplet « quoi, comment, pour qui » expriment ainsi un choix à effectuer
portant sur les facteurs de production et les produits d'une économie.
§2. Décision et allocation des ressources Trois « concepts » à redonner à ce stade : les facteurs de production, le bien économique et la
notion de choix
2.1. Les facteurs de production On peut rappeler ce que désigne la notion de facteurs de production. Ils se rangent dans trois
catégories (deux dans la prise en compte formalisée, le capital et le travail).
- Les ressources naturelles: l'énergie, les ressources non-énergétiques (les minerais par
exemple) et l'environnement (l'air).
- Le travail, qui désigne le temps humain consacré à la production.
- le capital: on désigne ici l'ensemble des bien durables qui servent à la production d'autres
biens. On retrouve ici les biens d'équipement et d'infrastructure (routes, machines, structures
industrielles), mais également les ressources financières qui vont servir à mettre en place les
biens matériels (à noter que l'accumulation du capital est une donnée essentielle de la
compréhension du développement économique et des phénomènes de croissance).
2.2. Le concept de bien économique Un bien, pour être économique, doit remplir les conditions suivantes ;
- satisfaire un besoin, que celui-ci soit moral ou non, licite ou non, tangible ou non,
- les agents doivent savoir que le bien satisfait un besoin,
- être disponible,
- être rare: le bien est produit en quantité limitée. Les biens économiques s'opposent en ce sens
aux biens libres, que l'on trouve gratuitement et en abondance (comme le soleil, l'air, l'eau
dans certaines régions).
Paul Samuelson propose une classification théorique très simple des biens économiques, en
comparant deux principes.
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Le principe de rivalité : plusieurs agents économiques ne peuvent pas utiliser
simultanément le même bien (il est alors rival).
Le principe d'exclusion : l'usage du bien par un agent économique peut toujours être
empêché (il est alors exclusif ou excludable)
En combinant ces deux principes on obtient deux dénominations élémentaires :
Exclusif
Non-exclusif
Rival
Bien privatif pur
Bien collectif impur
Ou Bien commun (l’eau)
Non-rival
Bien privatif impur
Bien club (TV crypté,
autoroute à péage)
Bien collectif pur
(l’air, l’information)
2.3. Le choix économique L’allocation des facteurs de production et des biens économiques suppose de faire des choix,
ou des arbitrages, du fait du contexte de rareté des ressources.
En termes d'arbitrage, on peut citer plusieurs exemples: l'arbitrage entre la production des
biens de première nécessité et les biens de luxe, dans les trajectoires de développement des
économies.
Une autre forme d'arbitrage exprime les proportions entre biens privés et biens publiques.
Plus une société se développe, et plus elle a les moyens de consacrer des ressources à la
production de biens partagés par tous (défense, santé publique, infrastructure routière,
éducation, etc…).
Enfin, un dernier exemple est celui de l'arbitrage inter-temporel (c'est celui qui pose par
ailleurs le plus de problèmes au niveau de l'analyse micro-économique cf. théorie de la
décision et indépendance des choix). Une nation a le choix entre la production de biens de
consommation courante et la production de biens d'investissement (qui permettront une
production ultérieure de biens de consommation). Plus le taux d'investissement est élevé, et
plus le système renforcera ses capacités de production dans les périodes suivantes.
Le problème se reformule donc de la manière suivante: quels produits produire, et en quelles
quantités? Selon quelle technique les facteurs de production doivent ils être combinés pour
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produire? Pour qui les produits doivent-ils être produits et distribués? La réponse à ces
questions se place dans deux modèles économiques de base. Dans une économie planifiée,
c'est l'état qui répond à l'ensemble des questions et qui décide de la production et de la
répartition. A l'autre extrême, ce sont les individus et les firmes privées qui décident de la
production et de la consommation dans une économie de marché. C'est un système de prix,
de marchés, d'incitations qui détermine le quoi, le comment, le pour qui (cf. cours semestre 1).
Deux concepts peuvent être raccrochés à la notion de choix: d'une part, la notion de coût
d'opportunité, et d'autre part la notion d’efficacité.
Le coût d’opportunité désigne la valeur du bien auquel il faut renoncer pour produire plus
d'un autre bien. L'idée induite est que, dans un contexte de rareté, choisir une chose signifie
renoncer à une autre.
Derrière le coût d'opportunité se profile l'idée que la mesure des coûts ne peut pas toujours se
faire en termes de dépenses financières. Prenons par exemple le coût d'opportunité lié la
poursuite d'études. Supposons que les frais d'inscription et de logement dans une université
soit de 5 000 F par cette somme s'ajoute le salaire que l'étudiant potentiel aurait touché en
allant travailler.
En corollaire, un choix efficace renvoie à une situation où la totalité des ressources
disponibles sont utilisées (pas de gaspillage). Autrement dit, augmenter la quantité d’une
ressource nécessite nécessairement de renoncer à une autre (cf. concept de frontière des
possibilités de production sur laquelle nous reviendrons)
§3. Méthodes économiques et pièges du raisonnement économique 3.1. Quatre méthodes pour approcher les problèmes économiques L’observation est une approche importante de la démarche scientifique en économie. En ce
sens, la démarche historique est fondamentale dans l’appréhension de l’évolution des
grandeurs comme l’inflation, le chômage, les échanges internationaux, la répartition des
richesses, etc. L’Economie a un contenu empirique important, mais si l’analyse factuelle reste
insuffisante et induit quelquefois des biais.
L’analyse économique s’appuie sur un ensemble d’hypothèses et tire ensuite logiquement des
conséquences sur le comportement économique des individus, des firmes ou de l’économie
dans son ensemble. L’approche micro-économique offre une large gamme d’outils théoriques,
principalement en termes d’offre et de demande, dont la maitrise est fondamentale pour
comprendre les controverses économiques. Par exemple, on entends actuellement une montée
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des discours en faveur du protectionnisme : les outils analytiques montrent que les restrictions
à l’importation augmentent en général l’emploi domestique, mais augmente les prix des biens
produits et baisse au final le revenu national.
L’analyse statistique étudie au niveau quantitatif le fonctionnement économique. Les outils
de connaissance et les données se sont multipliées au fil des années et fournissent une aide
précieuse à la décision économique. Cependant, les statistiques comportent des limites fortes :
d’une part, l’analyse statistique tire ses inférences du passé : si les conditions d’observation se
transforment, les statistiques sont impuissantes (exemple de la conduite d’une voiture en se
servant uniquement du rétroviseur). D’autre part, les statistiques mettent en évidence des
liaisons fonctionnelles. Elles ne permettent en aucun cas de déterminer les sens de causalité.
L’expérimentation est un instrument développé récemment en économie. Il ne s’agit pas bien
sûr de reproduire l’économie réelle en laboratoire : mais l’économie expérimentale s’est
intéressée aux réactions des individus et aux routines décisionnelles des acteurs économiques.
Ce type d’analyse est venu enrichir considérable les approches classiques de la décision, dans
lesquelles l’agent économique est toujours considéré comme un super-ordinateur (cf.
rationalité du consommateur et du producteur).
3.2. Les pièges à éviter Oubli du raisonnement ceteris paribus
Les interactions entre variables économiques sont en général denses et complexe. La
construction d’un raisonnement économique s’applique en général à isoler l’effet d’une seule
variation, toutes les autres variables restant égales par ailleurs.
Le sophisme post hoc
Le fait que l’événement A survienne après l’événement B ne prouve pas que A est la
conséquence de B. Par exemple, une baisse des impôts qui serait suivi d’une hausse des
recette fiscale ne signifie pas nécessairement que la première induit la seconde : il suffit d’une
croissance économique suffisante, qui de toute façon augmentait les recettes sans aucune
variation du taux d’imposition.
Le tout n’est pas toujours la somme des parties : les fondements micro de la macro
Ce qui est observé au niveau individuel ne peut pas systématiquement être reporté au niveau
global. A titre d’exemple, les efforts des individus pour épargner plus en temps de crise
peuvent réduire l’épargne globale. Si chaque individu augmente son revenu, personne ne verra
sa situation améliorée. Si tous les fermiers ont une bonne récolte, le revenu global des fermiers
baissera vraisemblablement.
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La subjectivité
Il ne s’agit pas à proprement parler d’un piège. Mais il faut garder à l’esprit que la façon dont
sont perçus les faits dépend de la perspective théorique adoptée. Les différentes visions
économiques qui cohabitent ne sont pas systématiquement l’expression de débats
antagonistes, mais révèlent bien plus des croyances / hypothèses en amont totalement
différentes. La micro économie classique est de ce point de vue fortement connotée, et les
résultats présentés sont intimement liés aux hypothèses portant sur le comportement et les
capacités décisionnelles des agents.
3.3. Conventions terminologiques La micro-économie est l’étude du comportement des unités élémentaires de l’économie
Consommateurs – Travailleurs – Investisseurs – Propriétaires – Chefs d'entreprise. Elle
s’intéresse à la fixation des prix, aux forces et aux faiblesses des mécanismes de marché.
(c’est l’économie vue dans un microscope).
A l’inverse, la macro-économie analyse la croissance de la production au niveau du système
dans son ensemble, l’offre de monnaie, l’inflation, le chômage, la compétition entre les pays.
Les coûts correspondent aux charges de la comptabilité, sous la supposition qu'il n'y a pas de
stocks et pas d’amortissement, et que les fournisseurs sont payés pendant la période.
Donc, "coût" est synonyme de "dépense".
Les recettes correspondent aux produits de la comptabilité, sous la supposition qu'il n'y a pas
de stock (toute la production est vendue pendant la période), et que les clients paient pendant
la période.
En économie, les termes "production", "ventes" et "recettes" sont équivalents.
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§ 4. Marché, offre et demande Dernière section de ce chapitre introductif: celle consacrée aux mécanismes de marché et à
une présentation générale de la notion d'équilibre de marché. Revenons tout d'abord sur la
notion de marché.
4.1. Fonctionnement du marché idéal: la concurrence pure et parfaite Deux aspects du marché sont déterminants dans sa compréhension:
- le marché est un "lieu" (pas nécessairement matérialisé - cf. marchés décentralisés et
marchés électroniques) où les acheteurs et les vendeurs d'une marchandise interagissent pour
déterminer son prix et sa quantité.
- sur le marché, les prix jouent le rôle de signaux d'information et assurent la coordination
des différents agents (une variation des prix incite les producteurs et les consommateurs à
ajuster leur offre et leur demande: ils remplissent ainsi une fonction d'incitation). L'ajustement
réalisé est le suivant: des prix élevés tendent à réduire la demande et stimule l'offre (un prix
élevés indique un excès de demande). De la même manière, des prix faibles indiquent un
surcroît d'offre et une demande déprimée, ce qui revient à dire également qu’ils découragent
l’offre et stimulent la demande .
Par le biais de ce mécanisme, le prix ajuste l'offre à la demande, autrement dit le prix réalise
l'équilibre sur le marché. Lorsqu'on considère l'ensemble des marchés possibles, le système
des prix est donc au coeur de l'équilibrage entre les différentes offres et demandes. On parle
dans ce cas de l'équilibre général des prix et de la production. Cet équilibre satisfait aux trois
questions que nous avons évoquées à la section 1.
◊ Le quoi produire est déterminé par les prix: en effet, les dépenses de consommation
peuvent être considérées comme des votes exprimant les désirs des consommateurs. Les
firmes cherchent alors à satisfaire ces besoins, conduites par leur désir de maximiser leurs
profits.
◊ Le choix technologique se fera par le jeu de la concurrence entre les producteurs. Ils vont
retenir la technologie qui leur permet de minimiser leurs coûts de production (attention ! le
problème n'est pas toujours aussi simple. Dans le cadre de la théorie du changement technique,
on s'intéresse aux mécanismes de diffusion des technologies, qui deviennent primordiaux dès
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lors que l'on admet que la technologie n'est pas un "blue print", librement disponible et
accessible à tous).
◊ C'est par l'offre et la demande sur les marchés des facteurs de production que l'on détermine
pour qui les biens sont produits. Le marché des facteurs détermine les salaires, les revenus
fonciers, les taux d'intérêts (autrement dit, le prix des facteurs). Se détermine ainsi la
répartition des revenus des agents, càd leurs possibilités de consommation.
Demande biens de
consommation
consommation
Expression des besoins MENAGES Propriété des facteurs Offre
Travail / Terre / Capital
Prix des biens de consommation QUI QUOI COMMENT Prix des facteurs de production Offre biens de
consommation
Coûts de production FIRME Rémunération des facteurs Demande
Travail / Terre / Capital
A la lecture de ce schéma, le mécanisme de marché d'ajustement entre offre et demande
repose sur une "cogestion" assurée par les consommateurs et la technologie. Dans la
représentation standard, se confrontent ainsi les programmes de décision (en partie endogènes)
des consommateurs et la technologie : cette dernière, ainsi que les préférences des agents
apparaissent de manière totalement exogène (i.e. elles se forment hors de la sphère
économique). Bien évidemment, des améliorations sont apportées à ces hypothèses fortes de
départ, mais elles conservent un coût analytique important dans la manière d’appréhender le
réel.
Pour le moment, retenons que les goûts des consommateurs (exprimés par leurs demandes càd
leurs dépenses) orientent l'utilisation des ressources. Simultanément, les ressources
disponibles (si on admet que les potentialités de production sont données par la technologie)
limitent de façon rédhibitoire les possibilités de consommation. "On peut prendre l'avion pour
Londres, mais il n'existe pas de vol pour Mars". De manière schématique, la technologie
impose une Frontière des Possibilités de Production: les consommateurs choisissent ensuite le
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point idéal sur la frontière. En somme, le marché joue un rôle d'intermédiaire entre les goûts
des consommateurs et les limitations de la technologie.
Le marché est auto-régulé, c'est à dire que l'offre et la demande se coordonnent
"naturellement". Adam Smith parle de la main invisible, Walras du commissaire priseur. Le
mécanisme de la main invisible (qui n'est pas toujours vérifié dans la réalité pour une
multitude de raisons - cf. distorsions de la concurrence) prend sa pleine dimension dans la
situation idéale de la concurrence pure et parfaite. Cette dernière se caractérise par 5
hypothèses de base:
◊ atomicité: aucun consommateur ou producteur n'est suffisamment important pour influer sur
le prix du marché.
◊ anonymat: les produits ne permettent pas de préférer une entreprise à une autre et laissent
jouer à plein les comportement comparatifs (cet axiome est d'une certaine façon à la base des
lois anti-trust aux USA). Inversement, par rapport aux consommateurs, l'entreprise vendra
toujours au plus offrant (cf. pas de monopole, ni de monopsone - oligopoles et oligopsones).
◊ fluidité: il y a libre circulation des biens et des agents sur le marché (pas de "frais" d'entrée
ou de sortie.
◊ transparence: chaque consommateur ou producteur dispose de la même information
parfaite concernant les prix.
◊ homogénéité: les biens sont identiques.
4.2. La fonction de demande Il existe, toutes choses égales par ailleurs, une relation définie entre le prix courant d'un bien et
la quantité demandée de ce bien. Cette relation est appelée fonction de demande.
Cette relation suit la loi de décroissance de la demande, càd (toutes choses égales par ailleurs)
si le prix d'une marchandise augmente, sa demande baisse, et inversement.
A retenir: dans la représentation d'une courbe de demande (comme pour l'offre), la
convention est de représenter les prix en ordonnée, et les quantités en abscisse. La demande
du marché est obtenue par l'agrégation des demandes individuelles.
La loi de la décroissance s'interprète au travers de deux effets de base; l'effet de substitution et
l'effet revenu.
effet de substitution: si le prix d'un bien augmente, je lui substitue un autre bien (si le prix du
boeuf augmente, la consommation se reporte sur la viande de poulet).
effet revenu: dans un panier de biens, si le prix d'une marchandise augmente, le consommateur
se trouve plus pauvre à revenu égal. Il réduit donc sa consommation.
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Plusieurs facteurs influent sur la demande. Nous avons déjà évoqué le plus évident qui est le
prix. Mais d'autres facteurs interviennent. Le revenu moyen est déterminant. Au fur et à
mesure que les gens gagnent plus d'argent (élévation du niveau de vie), leur consommation de
presque tous les biens augmente. Le volume de la demande dépend bien sûr de la taille du
marché (cf. plus le marché s'étend, plus on risque de voir apparaître des effets d'entraînement
et pour certains biens de effets de masse critique). La demande d'un bien dépend également du
prix et de la disponibilité des biens substituables. Par exemple, la demande du pétrole
dépend du prix du gaz naturel, idem pour la laine et le coton, etc.… Les goûts et les
préférences, bien que difficilement mesurables, joue un rôle prépondérant sur l'évolution du
marché, puisqu'ils se placent en amont de la demande (ils s'appuient sur la tradition, les
modes, peuvent être artificiellement créés, etc…). Restent enfin à mentionner un ensemble de
facteurs "exogènes" au marché (la taille du pays pour la demande en transport, la météo pour
la demande en imperméables, exemple récent avec le froid sur la demande en vêtements
chauds, etc…)
Il faut faire attention à ne pas confondre variations de la demande, et variation en quantité le
long d'une courbe de demande. La demande se déplace sous l'effet de l'un des facteurs décrit
ci-dessus, le prix fait varier la quantité demandée.
4.3. La courbe d'offre La situation est "symétrique" par rapport à la courbe de demande. La courbe d'offre lie le prix
d'une marchandise à la quantité de cette marchandise offerte sur le marché. Les conventions
de représentation restent les mêmes. En revanche, la courbe d'offre est croissante avec le prix.
Elle est même "exponentiellement" croissante du fait de la loi des rendements décroissants
(dérivée seconde positive).
A l'instar de la demande, plusieurs facteurs influant sur l'offre peuvent être distingués. La
hausse des prix accroît le seuil de rentabilité et augmente l'offre. Le progrès technologique
permet de baisser les coûts de production et déplace la courbe d'offre vers la droite.
Parallèlement, le prix des facteurs de production influe également sur les coûts de
production et a un effet comparable au progrès technologique. Comme pour la demande, on
retrouve un effet de transfert avec les biens substituables: si le prix du seigle augmente,
l'offre de blé va diminuer. L'organisation du marché constitue une autre influence
importante. L'offre est fortement conditionnée par l'existence de barrières à l'entrée sur les
marchés (monopole, coûts fixes, réglementation, quotas d'importation, etc.…). Finalement, les
influences exogènes jouent le même rôle que dans le cas de la demande. La météo favorise ou
au contraire limite la production de skis.
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L'offre d'une marchandise varie lorsque les variables autres que son propre prix, se modifient.
En revanche, pour une variation en prix, les producteurs restent sur la même courbe et ajustent
leur offre en volume.
4.4. L'équilibre du marché La juxtaposition de la courbe d'offre et de la courbe de demande dans un même repère permet
de déterminer graphiquement l'équilibre. Le prix et la quantité d'équilibre correspondent au
point où la quantité offerte est égale à la quantité demandée. Ce point d'équilibre est atteint
grâce aux mécanismes naturels du marché (pour un prix donné qui n'est pas le prix d'équilibre,
les effets de surplus ou de déficit ajustent les prix et les quantités: cf. graphique).
Les mécanismes de marché sont ainsi à la base de la réalisation de l'équilibre pour des courbes
de demande et d'offre. Mais sur ce type de graphique, il est également possible de montrer
comment des modifications de la demande ou de l'offre amène à un nouveau point d'équilibre.
Supposons que la courbe d'offre se déplace vers la droite (progrès technologique par exemple).
Le nouveau prix d'équilibre (toutes choses égales par ailleurs) va s'établir à un prix inférieur,
pour des quantités plus grandes. Le même raisonnement s'effectue pour n'importe quel
déplacement d'une des courbes.
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Dans l'interprétation de ces graphiques, il ne faut pas confondre une variation de la demande
(respectivement de l'offre) et une variation de la quantité demandée (resp. de la quantité
offerte). Dans le premier cas, c'est la courbe tout entière qui se déplace. En revanche, dans le
second cas, la variation est imputable à une variation en prix et s'exprime comme un
glissement sur une courbe inchangée.
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