Peste aviaire (grippe du poulet) et grippe humaine Agent pathogène - - - - - - - - - Il existe trois groupes de virus de la grippe : A, B et C. Les deux derniers infectent seulement l’homme et n’ont jamais provoqué de pandémie. Les virus de la grippe de type A infectent l’homme et de nombreuses espèces d’animaux, dont les volailles, les porcs, les chevaux et divers autres mammifères. Les différents virus de la grippe de type A sont identifiés par deux protéines spécifiques (antigènes) présentes à leur surface : l’une d’elle est l’hémagglutinine (H), dont au moins 15 variants ou sous-types sont connus (H1 à H15). L’autre est la neuraminidase (N) qui comprend neuf sous-types (N1 à N9). Chez l’homme, ce sont les virus portant presque exclusivement les hémagglutinines H1, H2 et H3 qui circulent ; chez les oiseaux, ce sont les hémagglutinines H1 à H5. De même, les neuraminidases des virus humains n’appartiennent qu’aux types N1 et N2 alors que celles des virus aviaires appartiennent aux types N1 à N9. La grippe du poulet ou peste aviaire est causée par un virus aviaire influenza type A. La maladie, identifiée pour la première fois il y a 100 ans en Italie, se rencontre dans le monde entier. Le réservoir naturel du virus influenza type A est le canard, mais tous les oiseaux, à divers degrés, sont susceptibles d’attraper le virus de la grippe aviaire. Les virus influenza n’ont pas de système de contrôle ni de correction de la réplication ce qui favorise l’apparition de nouveaux antigènes (dérive antigénique). Les virus influenza peuvent échanger et réarranger du matériel génétique (cassure génétique). C’est ce processus de réassortiment qui est à l’origine des pandémies létales. Pour que cela arrive, il est nécessaire que les nouveaux sous-types (nouvelles souches) possèdent des gènes des virus influenza humains qui leur permettent d’être transmis d’homme à homme. L’émergence de cassure génétique est favorisée par la proximité des hommes, des oiseaux (volaille) et des porcs. Les porcs sont susceptibles d’être infectés tant par des virus aviaires que mammaliens. Ils servent de « récipients mélangeurs ». L’homme peut également servir de récipient mélangeur. La dérive génétique est à la cassure ce qu’un frisson est à un tremblement de terre Les oiseaux qui survivent à une infection sécrètent pendant 10 jours, oralement ou par déjection, des virus. La grippe humaine est causée par un virus influenza. On sait, depuis 1972, que son périple commence chez les oiseaux aquatiques sauvages (canards, échassiers) qui constituent des réservoirs pour ces virus. Ces virus, se reproduisant peu chez l’homme, nécessitent un hôte intermédiaire, le plus souvent un volatile ou un porc domestique, contaminés par les excréments des oiseaux aquatiques sauvages. Les chevaux, les baleines, les phoques et les visons sont périodiquement infectés par le virus de la grippe. Les porcs peuvent devenir un creuset où les gènes de plusieurs types de virus (aviaires, porcins, humains) se mélangent, ce qui donnent naissance à de nouvelles souches virales (cassure génétique). Epidémiologie - Bien que les pandémies ne soient pas prévisibles, les données historiques nous montrent que - les pandémies d’influenza sont attendues trois à quatre fois par siècle. Au XXe siècle, la grande pandémie de 1918-19 (40 à 50 millions de morts ; 2,5 à 5% de taux de mortalité) a été suivie par les pandémies de 1957-58 et 1968-69. Les virus sont propagés sur toute la planète par les oiseaux migrateurs. La transmission d’animal à animal est très contagieuse ; la transmission de ferme à ferme se fait par équipement, véhicules, nourriture, cages, habits contaminés. Symptômes Forme bénigne : fièvre, maux de gorge, fatigue, douleurs musculaires, maux de tête, congestion nasale, perte d’appétit Forme plus grave : bronchite, pneumonie, insuffisance cardiaque. Traitement La composition vaccinale pour la grippe humaine change chaque année pour correspondre aux virus en circulation à cause de la dérive antigénique. Sources - www.who.int/mediacentre/factsheets/avian_influenza/en/print.html: (21.10.05) - Pour la Science n° 328/février 2005. Sur les traces d’un tueur : le virus de la grippe espagnole. - Jeffery Taubenberger, Ann Reid, & Thomas Fanning. Pour la Science n° 317/mars 2004.La grippe du poulet, entre menaces et réalité.Jean-Claude Manuguerra. Pour la Science n° 307/mai 2003. La grippe. Robert Webster & Elisabeth Walker. www.cdc.gov/flu/avian/gen-info/facts.htm: référence épidémiologique www.who.int/csr/disease/avian_influenza/country/cases_table_2006_03_06/en/index.html: statistiques, cartes http://www.who.int/csr/disease/avian_influenza/country/cases_table_2009_01_19/en/index.html http://gamapserver.who.int/mapLibrary/Files/Maps/Global_SubNat_H5N1inAnimalConfirmedCUM ULATIVE_20081212.png: carte à jour www.influenza.ch: site officiel sur l’évolution annuelle de la grippe en Suisse. http://www.grain.org/briefings/?id=194: dossier sur le rôle primordial de l’industrie avicole dans la transmission du H5N1. http://www.grain.org/articles/?id=12#: www.cdc.gov/swineflu/key_facts.htm: peste porcine Influenza aviaires et porcines transmis à l’humain Influenza humaines* Année Lieu XVIe - XIXe 1957-1958 Pandémies+ de1510, 1557, 1729-1733, 1781-1782, 18291833, 1889-1890, 1900 Pandémie (Europe, Amérique du Nord, îles du Pacifique) Pandémie 1968-1969 Pandémie H3N2 (Grippe de Hong Kong) 1976 Etats-Unis Grippe porcine H1N1 Grippe russe H5N2 1918-1919 1977 1983-1984 1992-1995 1997 1999 1999-2001 2002 2003 2003 2003-2004 2003 Etats-Unis (mutation1 après 6 mois) Mexique (mutation) Hong Kong2 Hong Kong Italie (mutation après 9 mois) Etats-Unis (Virginie) Pays-Bas Hong Kong Thaïlande, Vietnam Hong Kong Souche virale Cas (†) humains H1N1 (40-50 millions)0 H2N2 (Grippe asiatique) (100’000 aux E.U.) 4 millions monde (18'000 en France) 2 millions monde alerte H5N1 H9N2 H7N1 H7N2 H7N7 H5N1 H5N1 H9N2 Poules tuées alerte 17 millions 18 (6) 2 (0) 1,5 millions 13 millions 1 (0) 89 (1) 3 (2) (30) 1 (0) 15 millions 2003 Etats-Unis (New York) 2004 Pandémie 2004 Asie du Sud-Est3 2007 Etats-Unis, Espagne 2009 (fin Mexique avril) 2009 Monde (principalement Asie) 2010 Pandémie (Monde) *OMS, 08.04.09 H7N2 H3N2 H5N1 Grippe porcine (H1N1) H5N1 A(H1N1) 1 (0) 175 (95) Quelques cas 17'700 417 (257)* 17'700 (avril 2010) www.cdc.gov/swineflu/key_facts.htm: le virus porcin H1H1 est antigéniquement parlant très différent du virus humain H1N1. Les principales souches porcines sont H1N1, H1N2, H3N1, H3N2. + D’après les textes * Epidémie de grippe « classique » :plusieurs dizaines de milliers de morts. 0 Pour la Science : la pandémie aurait fait entre 20 et 40 millions de morts ; en dix mois, le virus fit deux fois plus de victimes que la Première Guerre mondiale. 1 mutation : passage d’une forme faiblement pathogène à une forme hautement pathogène 2 C’est la première fois qu’un virus aviaire était transmis directement à l’homme 3 mi-décembre 2003 : Corée ; début janvier 2004 : Vietnam du Nord. Hémagglutinine (H) Virus « classique » de grippe humaine Neuraminidase (N) Virus A (H3N2) Grippe de Hong Kong (1968) Virus A (H2N2) Grippe asiatique (1957) Virus de canard sauvage Virus de canard sauvage Adapté de Pour la Science n° 317/mars 2004 Grippe Réservoir naturel (oiseaux sauvages aquatiques) Hémagglutinine (H) Neuraminidase (N) Hôtes domestiques Creuset mélangeur (porc, homme)