Page 8 LETTRE DE L’O.A.B.A.
2006 - N° 1
GRIPPE AVIAIRE
L’avis du Président de l’OABA
Dans le contexte actuel de la “grippe aviaire”, il est
bien difficile de prévoir comment cette maladie
animale évoluera et quels sont les risques réels pour la
santé humaine. Durant ces derniers mois, une véritable
hystérie s’est emparée des médias et la psychose
“pandémie” est responsable de réactions démesurées,
parfois irréfléchies et souvent contradictoires. Mais
malheureusement, une fois de plus, ce sont les
animaux qui pâtissent de cette crise sanitaire. Leurs
destructions se sont faites dans des conditions
effroyables qui ne sont pas dignes de pays civilisés.
oUne réaction tardive
La grippe aviaire (ou plus exactement la peste aviaire
ou Influenza aviaire) est une maladie animale bien
connue, dans le monde depuis une dizaine d’années,
qui a fait des ravages en Asie sur les volailles d’élevage
et les oiseaux sauvages.
Depuis deux ans, l’OIE (Organisation mondiale de la
santé animale) souligne en vain l’importance de
combattre le virus chez les animaux dans les pays
touchés. La solidarité Nord-Sud a cruellement tardé. A
Genève, lors de la dernière conférence internationale,
du 7 au 9 novembre dernier, l’OIE a enfin été entendue
par la communauté internationale.
oUne réaction hystérique
A la fin de l’année dernière, une hystérie médiatique
s’est répandue dans toute l’Europe, avec les premiers
cas recensés aux frontières de l’UE puis jusque dans le
département de l’Ain en avril. On réagit dans la hâte,
le Préfet décide de faire détruire près d’un million de
volailles non malades mais “non commercialisables” et
fait arrêter le massacre au bout de deux jours, les
volailles étant à nouveau commercialisables…
Il faut bien reconnaître que le titre du livre publié en
octobre dernier par les professeurs Bricaire et Derenne
“Pandémie la grande menace : grippe aviaire,
500.000 morts ?” n’avait rien pour rassurer même si le
contenu était plus nuancé.
Cela n’est pas sans évoquer le souvenir déjà lointain de
la couverture accrocheuse d’un magazine “Le SIDA, le
chat aussi ?”. Cela fait vendre !... Mais la psychose est
en marche et relancée tous les jours par les médias qui
diffusent ces images de volailles jetées vivantes dans
les flammes ou écrasées dans des sacs poubelle.
oLe stock de la peur
Les hommes politiques angoissés par le “syndrome du
sang contaminé” ont pris des décisions de prévention
qui peuvent sembler démesurées devant le risque réel
de pandémie : 200 millions de masques sont prêts à
être distribués dans les hôpitaux et 40 millions de doses
de vaccin sont réservées, malgré l’évolution
permanente des virus Influenza… Le coût global du
plan gouvernemental s’élèverait à 700 millions d’euros
sur trois ans.
Si les stocks de médicaments antiviraux entraînent des
bénéfices gigantesques des firmes pharmaceutiques, la
vente des volailles s’effondre entraînant des difficultés
économiques de toute la filière. Il faut donc rassurer et
les hommes politiques n’ont jamais autant apprécié le
poulet pour le manger même devant les caméras des
journaux télévisés…
oHaro sur les chats et les petits oiseaux
L’annonce d’un chat victime du virus H5N1 dans une île
allemande a semé la panique chez les propriétaires
d’animaux : les uns réclamant un vaccin “à n’importe
quel prix” et les autres abandonnant leur chat dans un
refuge surchargé. A la campagne, on détruit les nids
d’hirondelles et en ville, on tire sur les pigeons.
Les yeux se tournent vers le ciel qui est traversé par les
oiseaux migrateurs accusés de véhiculer le virus. Certes,
mais on est étonné de voir aussi la progression du virus
le long de la voie de chemin de fer du transsibérien
démontrant le rôle majeur du commerce d’animaux
dans la propagation des maladies.
oQuel danger réel pour l’homme ?
Selon l’OMS, une centaine de personnes seraient
décédées des suites de la grippe aviaire et aucune
transmission d’un individu à l’autre n’a été observée.
Contrairement aux “souches humaines” du virus
Influenza qui se multiplient dans les cellules des voies
respiratoires supérieures (d’où la transmission facile
par la toux et les postillons), les virus H5N1 ne peuvent
infecter que les cellules des alvéoles au plus profond
des poumons. Ceci peut expliquer les contaminations
humaines très rares (car nécessitent un contact
prolongé et étroit avec des volailles infectées) et
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