Cours: Sur les variétés pseudo-riemanniennes, spin c admettant des spineurs parallèles Ecole Cimpa Marrakech, 19- 31 mai 2008 Aziz IKEMAKHEN [email protected] Faculté des Sciences et Techniques, B.P. 549 Guéliz-Marrakech-Maroc 2 Table des matières 1 Algèbres de Clifford 1.1 Algèbres tensorielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2 Algèbres de Clifford , Définitions et Propriétés . . . . 1.3 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.4 Théorème fondamental de décomposition . . . . . . . . 1.5 Algèbres de Clifford des formes quadratiques réelles . . 1.6 Algèbres de Clifford complexes . . . . . . . . . . . . . . 1.7 Représentation spinorielle de l’algèbre de Clifford Clr,s 2 Groupes Spin et Spinc 2.1 Groupes Pin(r,s) et Spin(r,s) . . . 2.1.1 Représentation spinorielle 2.1.2 Multiplication de Clifford 2.2 Groupes Spinc . . . . . . . . . . . . . . 3 Variétés pseudo-riemanniennes spin 3.1 Structures spin et spinc . . . . . . 3.2 Fibrés spinoriels . . . . . . . . . . . 3.3 Connection spinorielle . . . . . . . 3.4 Spineurs parallèles . . . . . . . . . 3.5 Connexion spinc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . et spinc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 7 9 12 15 15 20 21 . . . . 23 23 28 28 29 . . . . . 31 31 33 36 39 41 4 Sur les variétés pseudo-riemanniennes spin c admettant des spineurs parallèles 43 4.1 Cas pseudo-riemannien spin irréductible . . . . . . . . . 43 3 4 TABLE DES MATIÈRES 4.2 4.3 4.4 Cas Riemannien spinc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Cas Lorentzien spinc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Problème ouvert et conclusion . . . . . . . . . . . . . . 44 46 48 Introduction La notion de variétés pseudo-riemanniennes spinc admettant des spineurs parallèles a des applications en mathématique et physique, notamment en supergravité et la théorie du ”string”. Ces variétés sont caractérisées par leur groupe d’holonomie. Le but de ce cours est de faire un survol sur les réponses principales au problème suivant : (P) Quels sont les groupes d’holonomie possibles d’une variété pseudoriemannienne (simplement connexe) spinc qui supporte des spineurs parallèles non triviaux ? Pour cela, on va rappeler la notion d’algèbres de Clifford réelle et complexe. On rappelle aussi les notions de groupes Spin, Spinc et leurs représentations spinorielles. On parlera de la notion de dérivée spinorielle et on donnera une caractérisation de ces variétés pseudo-riemanniennes par leur groupe d’holonomie. Et à la fin, on énoncera les résultats intéressants au problème (P). 5 6 TABLE DES MATIÈRES Chapitre 1 Algèbres de Clifford 1.1 Algèbres tensorielles Soient U et V deux espaces vectoriels sur K(= R ou C). Soit M (U, V ) l’espace vectoriel engendré par U × V , i.e. l’espace vectoriel engendré par les paires (u, v), u ∈ U , v ∈ V . Désignons par N le sous espace vectoriel de M (U, V ) engendré par les éléments de la forme : (u + u0 , v) − (u, v) − (u0 , v), (u, v + v 0 ) − (u, v) − (u, v 0 ) (ru, v) − r(u, v), (u, rv) − r(u, v), où u, u0 ∈ U , v, v 0 ∈ V et r ∈ K. Le produit tensoriel de U et V est défini par : U ⊗ V := M (U, V )/N. Les éléments de U ⊗ V sont de la forme X ui ⊗ vi , ui ∈ U, vi ∈ V. i On considère l’application canonique suivante U ×V (u, v) ϕ −→ U ⊗ V −→ u ⊗ v Le produit tensoriel possède les propriétés suivantes : 7 8 CHAPITRE 1. ALGÈBRES DE CLIFFORD Proposition 1.1. 1) les espaces suivants sont canoniquement isomorphes : a) U ⊗ V ∼ = V ⊗ U. b) U ⊗ (V ⊗ W ∼ = (U ⊗ V ) ⊗ W . c) U ∗ ⊗ V ∼ = L(U, V ). 2) Si (ei )i=1,...,n et (fj )j=1,...,m sont deux bases respectives de U et V alors (ei ⊗ fj )i=1,...,n et j=1,...,m est une base de U ⊗ V . Si on note Vr l’espace vectoriel Vr = V ... ⊗ V} . | ⊗ {z r fois La somme directe T (V ) = M Vr r≥0 est dite l’algèbre tensorielle de V, avec V0 = R. Les éléments de T (V ) (resp. de Vr ) sont dits des tenseurs (resp. des tenseurs homogènes de type r). Pour u = u1 ⊗ ... ⊗ ur ∈ Vr et v = v1 ⊗ ... ⊗ vr0 ∈ Vr0 alors u ⊗ v = u1 ⊗ ... ⊗ ur ⊗ v1 ⊗ ... ⊗ vr0 ∈ Vr+r0 1.2. ALGÈBRES DE CLIFFORD , DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS 9 1.2 Algèbres de Clifford , Définitions et Propriétés Soit (V, q) un K-espace vectoriel de dimension finie n (K = R ou C), muni d’une forme quadratique q. Notons Iq le bidual de l’espace tensoriel T (V ) engendré par les éléments de la forme v ⊗ v + q(v).1, v ∈ V, i.e. pour tous a, b ∈ T (V ), pour tout v ∈ V , a ⊗ (v ⊗ v + q(v).1) ⊗ b ∈ Iq Définition 1.1. L’algèbre Cl(V, q) := T (V )/Iq est dite l’algèbre de Clifford de (V, q). Le produit dans Cl(V, q) sera noté · et il est défini pour u = π(e u), v = π(e v ) ∈ Cl(V, q) par u·v =u e ⊗ ve + Iq , où π : T (V ) → Cl(V, q). L’algèbre de Clifford vérifie en fait la propriété de l’application universelle suivante : 10 CHAPITRE 1. ALGÈBRES DE CLIFFORD Théorème 1.1. Soit A une algèbre associative unitaire et f : V → A une application linéaire telle que, pour tout v ∈ V , f (v)2 := f (v) · f (v) = −q(v) · 1A , (1.1) où · désigne la multiplication dans l’algèbre A et 1A son élément unité. Alors f se prolonge en un unique homomorphisme d’algèbres fe : Cl(V, q) → A, tel que fe ◦ iV = f, où iV est la restriction de π à V. V iV ↓ Cl(V, q) f −→ A fe % En particulier, Cl(V, q) est l’unique algèbre associative unitaire vérifiant la propriété ci-dessus et satisfaisant : (iV (v))2 = −q(v) · 1, ∀v ∈ V. i.e. si C est une algèbre associative unitaire et si j : V ,→ C est une injection vérifiant (1.1) avec j(V ) engendre C et telle que toute application linéaire f : V → C satisfaisant (1.1) se prolonge en un homomorphisme d’algèbres fe : C → A, tel que fe ◦ j = f. Alors il existe un isomorphisme d’algèbres entre C et Cl(V, q). 1.2. ALGÈBRES DE CLIFFORD , DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS 11 Preuve. On a (iV (v))2 = π(v)2 = v ⊗ v + Iq = −q(v) · 1 + Iq = −q(v) · (1 + Iq ) = −q(v) · 1 Puisque T (V ) est engendrée par V comme étant une algèbre et puisque π est surjective, Cl(V, q) est engendrée par iV (V ). Soit maintenant f : V → A une application linéaire satisfaisant (1.1), alors elle se prolonge en un unique homomorphisme d’algèbres f ⊗ : T (V ) → A. En plus d’après (1), f ⊗ s’annule sur Iq , donc on peut passer au quotient Cl(V, q) = T (V )/Iq i. e. on peut bien définir fe : Cl(V, q) → A et on a fe ◦ iV (v) = fe ◦ π(v) = f ⊗ (v) = f (v). Soit maintenant C une algèbre associative unitaire satisfaisant les hypothèses ci-dessus, pour f = iV puis pour f = j, il existe ieV : C → Cl(V, q) et e j : Cl(V, q) → C telles que ieV ◦ j = iV et e j ◦ iV = j. Par suite ieV ◦ e j = id et e j ◦ ieV = id, sur j(V ) et iV (V ). Donc sur C et Cl(V, q). D’où le théorème. Remarques 1.1. 1) iV (V ) engendre multicativement Cl(V, q), donc on peut considérer V comme étant un sous-espace vectoriel de Cl(V, q). 2) A un isomorphisme près, Cl(V, q) est l’unique algèbre unitaire associative engendrée par V et satisfaisant pour tous x, y ∈ V , x · y + y · x = −2 < x, y > ·1, où <, > est la forme bilinéaire symétrique associée à la forme quadratique q. Dans la suite on notera Cl(r,s) = (Rr+s , <>r,s ) où < x, x >r,s = r X i=1 x2i − r+s X i=r+1 x2i . 12 1.3 CHAPITRE 1. ALGÈBRES DE CLIFFORD Exemples Exemple 1.1. Cl(1,0) ∼ = C. En effet, soit f : R → A une application linéaire à valeurs dans une algèbre associative unitaire A, telle que f (x)2 = −x2 .1. Plongeons R dans C par l’injection : iR (x) = ix.1R qui vérifie (iR (x))2 = −x2 . Définissons fe : C → A par fe(x + iy) = x1 + yf (1). On a bien fe ◦ iR = f et fe est bien un homomorphisme d’algèbres. Donc d’après le théorème 1.1, Cl(1,0) ∼ = C. Exemple 1.2. Cl(0,1) ∼ = R2 = R ⊕ R. En effet, soit f : R → A une application linéaire à valeurs dans une algèbre associative unitaire A, telle que f (x)2 = +x2 .1A . Plongeons R dans R2 par l’injection : iR (x) = (x, −x). iR vérifie (iR (x))2 = x2 1R2 . Définissons fe : R2 → A par 1 1 fe(x, y) = (x − y)f (1) + (x + y)1A . 2 2 On a bien fe ◦ iR = f et fe est bien un homomorphisme d’algèbres. Donc d’après le théorème 1.1, Cl(0,1) ∼ = R2 . Exemple 1.3. Cl(2,0) ∼ = H. Soit (e1 , e2 ) une base <, >2,0 -orthonormée. Si on pose e3 = e1 · e2 , on a alors e21 = e22 = e23 = −1 et e1 · e2 = e3 , e3 · e1 = e2 et e2 · e3 = e1 . Comme algèbre, Cl(2,0) est engendrée par 1, e1 , e2 , e3 . D’où Cl(2,0) ∼ = H. 1.3. EXEMPLES 13 V Exemple 1.4. Cl(V, 0) ∼ = V , i. e. l’algèbre de Clifford associée à l’espace V muni de la forme quadratique nulle est l’algèbre extérieure de V. Exercice 1.1. Montrer que a) Cl(0,2) ∼ = R(2) (l’espace des matrices carrées réelles). ∼ b) Cl(3,0) = H ⊕ H. c) Cl(0,3) ∼ = C(2) (l’espace des matrices carrées complexes). Comme application du Théoréme 1.1, on a Corollaire 1.1. 1) Soit f : (V, q) → (V 0 , q 0 )) une isométrie linéaire. Alors f induit un unique isomorphisme d’algèbres Cl(f ) : Cl(V, q) → Cl(V 0 , q 0 )). 2) Si g : (V 0 , q 0 ) → (V ”, q”) est une autre isométrie, on a Cl(g ◦ f ) = Cl(g) ◦ Cl(f ). (1.2) En particulier, si on note O(E, q) le groupe des isométries de (E, q) et Aut(Cl(V, q)) le groupe des automorphismes de Cl(V, q), alors Cl : O(E, q) → Aut(Cl(V, q)) f → Cl(f ) est un homomorphisme de groupes. Preuve. Considérons l’application fe = iV 0 ◦ f : V → Cl(V 0 , q 0 )). Puisque f vérifie q(v) = q 0 (f (v)), on a alors fe(v)2 = (iV 0 ◦ f (v))2 = −q 0 (f (v)) · 1 = −q(v) · 1. Donc fe induit un isomorphisme unique Cl(f ) : Cl(V, q) → Cl(V 0 , q 0 ). L’unicité implique (1.2). 14 CHAPITRE 1. ALGÈBRES DE CLIFFORD Remarque 1.1. L’involution α: → V v → −v est une isométrie donc d’après le Corollaire 1.2, elle se prolonge en une involution de Cl(V, q) notée aussi α. D’où la décomposition Cl(V, q) = Cl0 (V, q) ⊕ Cl1 (V, q), où Cli (V, q) = {ϕ ∈ Cl(V, q) / α(ϕ) = (−1)i ϕ} (sous-espace propre de α), (i = 0, 1). Cette décomposition fait de Cl(V, q) une Z2 -algèbre graduée : Cli (V, q) · Clj (V, q) = Cli+j (V, q). Cl0 (V, q) est dite la partie paire de Cl(V, q) et Cl1 (V, q) la partie impaire. Proposition 1.2. Soient v, w ∈ V , on a : v · w + w · v = −2 < v, w > 1. Preuve. On va calculer (v + w)2 de deux manières : (v + w)2 = v 2 + w2 + v · w + w · v et (v + w)2 = − < v + w, v + w > 1 = (v 2 + w2 ) − 2 < v, w > 1. D’où la relation. 1.4. THÉORÈME FONDAMENTAL DE DÉCOMPOSITION 1.4 15 Théorème fondamental de décomposition Soient A et B deux algèbres graduiées d’éléments unités respectivement 1A et 1B . Le produit tensoriel de A et B, noté A ⊗ B est défini par : pour a, a0 ∈ A et b, b0 ∈ B, (a ⊗ b) · (a0 ⊗ b0 ) = a · a0 ⊗ b · b0 . On considère l’élément volume ε = e1 · ... · e(r+s) , où (ei ) est une base q-orthonormée. Cet élément de volume ne dépend pas de la base choisie. Si (e0i ) est une autre base q-orthonormée et P ∈ SO(r, s) la matrice de passage de (ei ) à (e0i ), alors on a ε = e1 · ... · e(r+s) = det(P ) e01 · ... · e0(r+s) = e01 · ... · e0(r+s) 1.5 Algèbres de Clifford des formes quadratiques réelles Dans cette section, nous déterminons les algèbres de Clifford Cl(r,s) . On pose n = r + s et on considère (e1 , ..., en ) une base orthonormée de Rr,s = (Rn , <, >(r,s) ). Donc elle vérifie : k ei k= +1, pour i = 1, ..., r et k ej k= −1, pour j = r + 1, ..., n. ei · ej + ej · ei = ±2δij 1 pour i, j = 1, ..., n. Proposition 1.3. a) ½ ε2 = ε2 = (−1) n(n−1) +r 2 ; r (−1) , si n = 0, 1 [4]; (−1)r+1 , si n = 2, 3 [4]; b) v · ε = (−1)n−1 ε · v, ∀ v ∈ Rn . En particulier, si n est impair, ε est central dans Cl(r,s) et si n est pair, v · ε + ε · v = 0. 16 CHAPITRE 1. ALGÈBRES DE CLIFFORD Preuve. a) ε2 = = = = e1 · ... · en · e1 · ... · en (−1)n−1 e21 · e2 ... · en · e2 · ... · en (−1)(n−1)+(n−2)+....+1 e21 · e22 · .... · e2n n(n−1) (−1) 2 +r 1 b) On a, pour tout i, ε ei = (−1)(n−1) ei ε, d’où b). Définition 1.2. Cl(r,s) est dite positive si ε2 = +1, elle est dite négative si ε2 = −1. Théorème 1.2. Soit (V, q) = (V1 ⊕ V2 , q1 ⊕ q2 ) avec la dimension de V1 paire. Alors Cl(V, q) ∼ = Cl(V1 , q1 ) ⊗ Cl(V2 , ±q2 ). Le signe ± est choisi selon que Cl(V1 , q1 ) est positive ou négative. Preuve. D’après la proposition 1.5, pour ε = e1 · ... · en ∈ Cl(V1 , q1 ), on a vε + εv = 0, pour v ∈ V1 ⊂ Cl(V1 , q1 ). On défini ϕ : V1 ⊕ V2 → Cl(V1 , q1 ) ⊗ Cl(V2 , ±q2 ) v1 + v2 → v1 ⊗ 1 + ε 1 ⊗ v2 . ϕ(v1 + v2 )2 = = = = (v1 ⊗ 1)2 + (ε ⊗ v2 )2 + (v1 ⊗ 1)(ε 1 ⊗ v2 ) + (ε 1 ⊗ v2 )(v1 ⊗ 1) v12 ⊗ 1 + ε2 ⊗ v22 + εv1 ⊗ v2 − εv1 ⊗ v2 v12 ⊗ 1 ± 1 ⊗ v22 −(q1 (v1 ) ± q2 (v2 )(1 ⊗ 1). Si ε2 = −1, on prend v2 ∈ Cl(V2 , −q2 ). D’après le théorème 1.1, il existe un homomorphisme d’algèbres ϕ e : Cl(V, q) → Cl(V1 , q1 ) ⊗ Cl(V2 , ±q2 ). ϕ(Cl(V, e q)) contient V1 ⊗ 1 et 1 ⊗ V2 donc aussi V1 ⊗ V2 . Par suite elle contient Cl(V1 , q1 ) ⊗ Cl(V2 , ±q2 ). Et puisque les deux algèbres ont même dimension, elle sont égales. 1.5. ALGÈBRES DE CLIFFORD DES FORMES QUADRATIQUES RÉELLES 17 Proposition 1.4. Si la dimension n de V est paire et Cl(V, q) est positive. Alors Cl(V, q) ∼ = Cl(V, −q) Preuve. On consière i± : V ,→ Cl(V, ±q) , ε± = i± (e1 )...i± (en ) et l’application f définie par f (v) = i+ (v).ε+ . Puisque n est paire, f vérifie f (v)2 = −i+ (v)2 .(ε+ )2 = +q(v)1 = −(−q(v)1). Par suite, il existe fe telle que le diagramme suivant commute : V i− ↓ Cl(V, −q) f −→ Cl(V, q) fe % D’où fe(i− (v)) = i+ (v).ε+ . Par conséquent fe(ε− .i− (v)) = fe(ε− ) · fe(i− (v)) = i+ (e1 ) · ε+ · ... · i+ (en ) · ε+ · i+ (v) · ε+ n(n−1) = (−1) 2 (ε+ )(n+2) · i+ (v) = ±i+ (v). Donc fe(Cl(V, −q)) contient Cl(V, q). Ainsi fe est surjective et par suite bijective. Exemple 1.5. Les algèbres Cl0,1 , Cl1,1 , Cl3,0 , Cl0,8 ∼ = Cl8,0 sont positives et les algèbres Cl0,2 , Cl2,0 et Cl0,6 sont négatives. En utilisant le théorème 1.2 et la proposition 1.4, on obtient la classification complète des algèbres de Clifford Clr,s . Proposition 1.5. On a : Cl1,0 = C, Cl0,1 = R ⊕ R, Cl2,0 = H, Cl0,2 = R(2), Cl1,1 = R(2), Cl0,8 ∼ = Cl8,0 ∼ = R(16) 18 CHAPITRE 1. ALGÈBRES DE CLIFFORD Lemme 1.1. R(m) ⊗ R(n) ∼ = R(mn); R(n) ⊗ K ∼ = K(n), pour K = C ou H; C ⊗R C ∼ = C ⊕ C; C(n) ⊗R C ∼ = C(n) ⊕ C(n); C ⊗R H ∼ = C(2); H ⊗R H ∼ = R(4). Théorème 1.3. i) Cl0,n+2 ∼ = Cln,0 ⊗ Cl0,2 = Cln,0 ⊗ R(2); Cln+2,0 ∼ = Cl0,n ⊗ Cl2,0 = Cl0,n ⊗ H; Cl0,n+8 ∼ = Cl0,n ⊗ R(16); Cln+8,0 ∼ = Cln,0 ⊗ R(16). ii) iii) Clr+1,s+1 ∼ = Clr,s ⊗ Cl1,1 = Clr,s ⊗ R(2); Clr+p,s+p ∼ = Clr,s ⊗ R(2p ); ½ Clr−s,0 ⊗ R(2s ), si r > s, ∼ Clr,s = Cl0,s−r ⊗ R(2r ), si r < s; Clr+8,s ∼ = Clr,s+8 ∼ = Clr,s ⊗ Cl8,0 = Clr,s ⊗ R(16). 1.5. ALGÈBRES DE CLIFFORD DES FORMES QUADRATIQUES RÉELLES 19 Preuve. Cl0,2 et Cl0,2 sont négatives, donc d’après le théorème 1.2, on obtient les deux premières relations de i). De ces relations et le fait que R(l) ⊗ R(m) = R(lm), on endéduit la troisième. Cl1,1 est positive, donc d’après le théorème 1.2, on obtient la première relation de ii). En appliquant cette relation r ou s fois et le fait que Cll,l ∼ = R(2l ), on obtient la deuxième relation. Cl0,8 ∼ = Cl8,0 = R(16) est positive, donc d’après le théorème 1.2, on obtient la relation iii). Exercice 1.2. Montrer les relations suivantes 1) Clr+1,s ' Clr,s+1 2) Clr−4,s+4 ' Clr,s , pour r ≥ 4. 3) Cln,0 Cl0,n 1 C R⊕R 2 H R(2) 3 H⊕H C(2) 4 H(2) H(2) 5 C(4) H(2) ⊕ H(2) 6 R(8) H(4) 7 R(8) ⊕ R(8) C(8) 8 R(16) R(16) 20 CHAPITRE 1. ALGÈBRES DE CLIFFORD 1.6 Algèbres de Clifford complexes Soit (V, g) un espace vectoriel réel muni d’un produit scalaire de signature (r, s). On note (V C , g C ) son complexifié défini par g C (v ⊗ z, v 0 ⊗ z 0 ) = g(v, v 0 ).zz 0 . Si A est une algèbre réelle, sa complexification notée par A ⊗ C a pour structure (a ⊗ z) · (a0 ⊗ z 0 ) = (aa0 ) ⊗ (zz 0 ). Par suite, A ⊗ C est une algèbre complexe. Proposition 1.6. Soit (V, g) un espace vectoriel réel muni d’un produit scalaire et (V C , g C ) sa complexification. Alors Cl(V C , g C ) = Cl(V, g) ⊗R C. Preuve. Soit f : V ⊗R C −→ Cl(V, g) ⊗R C v ⊗ z −→ f (v ⊗ z) = v ⊗ z, on a f (v ⊗ z)2 = (v ⊗ z)2 = v 2 ⊗ z 2 = −g(v, v)z 2 1 ⊗ 1 = −g C (v ⊗ z, v ⊗ z) · 1. Donc, on peut prolonger f en un homomorphisme d’algèbres complexes fe : Cl(V C , g C ) −→ Cl(V, g) ⊗R C. Il estcx facile de vérifier que fe est un isomorphisme. D’après le lemme 1.1 et le théorème 1.2, on endéduit le Corollaire 1.2. Si on note Cl(Cn , z12 + ... + z12 ) par Cln , alors on a Cln = Clr,s ⊗R C, pour r + s = n; Cln+2 ∼ = Cln ⊗ Cl2 ∼ = Cln ⊗ C(2); Si m = 2k est pair, k Cl2k ∼ = C(2k ) = End(C2 ); Si m = 2k + 1 est impair, k k Cl2k+1 ∼ = C(2k ) ⊕ C(2k ) = End(C2 ) ⊕ End(C2 ). 1.7. REPRÉSENTATION SPINORIELLE DE L’ALGÈBRE DE CLIFFORD CLR,S 21 1.7 Représentation spinorielle de l’algèbre de Clifford Clr,s La proposition qui suit nous permet de trouver explicitement la représentation spinorielle de l’algèbre de Clifford Clr,s Proposition µ ¶1.7. Soient µ ¶ µ ¶ µ ¶ 0 i 0 −1 1 0 −1 0 U= , V = , E= et T = . i 0 1 0 0 1 0 1 Alors on a les isomorphismes naturels suivants : pour n = r + s = 2k, Φr,s : Clr,s → C(2k ) défini par Φ(r,s) (e2j−1 ) = τ2j−1 |E ⊗ {z ... ⊗ E} ⊗U |⊗T ⊗{z... ⊗ T} (k-j)-fois (j-1)-fois Φr,s (e2j ) = τ2j E ⊗ ... ⊗ E ⊗ V ⊗ T ... ⊗ T}, | ⊗ {z (j-1)-fois (1.3) avec (e1 , ..., en ) une base orthonormée de Rr,s , τj = i si εj = −1 et τj = 1 si εj = 1. Pour n = 2k + 1, Φr,s : Clr,s → C(2k ) ⊕ C(2k ) est défini par ½ Φr,s (ej ) = (Φr,s−1 (ej ), Φr,s−1 (ej )), j = 1, ..., n − 1; (1.4) Φr,s (en ) = (iT ⊗ ... ⊗ T, −iT ⊗ ... ⊗ T ). Définition 1.3. La représentation spinorielle de l’algèbre de Clifford Clr,s est Φr,s , si n est pair et Φr,s ◦ pr1 , si n est impair ; où pr1 : C(2k ) ⊕ C(2k ) −→ C(2k ) est la première projection. k ∆r,s := C2 est dit l’espace des spineurs complexes. Une base usuelle de ∆r,s est 2k u(νn , ..., ν1 ) := u(νn )µ⊗ ...¶⊗ u(ν1 ) ∈ ⊗m Cµ2 ' C ¶ ; 1 0 où νj = ±1, u(1) = et u(−1) = ∈ C2 . 0 1 22 CHAPITRE 1. ALGÈBRES DE CLIFFORD Chapitre 2 Groupes Spin et Spinc 2.1 Groupes Pin(r,s) et Spin(r,s) On notera Rr,s = (Rr+s , <>r,s ) et k x k=< x, x >r,s , où < x, x >r,s = r X i=1 x2i r+s X − x2i . i=r+1 Le groupe multiplicative dans l’algèbre de Clifford Clr,s est × Clr,s := {ϕ ∈ Clr,s ; ∃ ϕ−1 / ϕ · ϕ−1 = ϕ−1 · ϕ = 1} × si k x k6= 0, alors x ∈ Clr,s et son inverse est x−1 = − x . kxk × Le groupe P in(r, s) est le sous groupe de Clr,s défini par P in(r, s) := {x1 · ... · xl ; xj ∈ Rr,s , k xj k= ±1, j = 1, ..., l ∈ N} Le groupe Spin(r, s) est le sous groupe de P in(r, s) défini par 0 Spin(r, s) := P in(r, s) ∩ Clr,s = { x1 · ... · x2k ∈ P in(r, s); k ∈ N} On défini Spin+ (r, s) := { x1 ·...·x2k ∈ P in(r, s); / radical{xj / k xj k= −1} est pair}. 23 CHAPITRE 2. GROUPES SPIN ET SP IN C 24 Proposition 2.1. 1) le groupe SO(n) est connexe ; π1 (SO(n)) = Z2 , pour n ≥ 3 ; π1 (SO(2)) = Z. 2) le groupe SO(r, s) , pour r, s ≥ 1, admet exactement deux composantes connexes. 3) π1 (SO(1, 1)) = Z2 ; π1 (SO(2, 2)) = Z × Z ; π1 (SO(2, s)) = Z × Z2 , pour s ≥ 3 ; π1 (SO(r, s)) = Z2 × Z2 , pour r, s ≥ 3. Preuve. Exercice. Théorème 2.1. Les suites courtes suivantes sont exactes, pour tous r,s : 0 −→ Z2 −→ Spin(r, s) −→ SO(r, s) −→ 1; 0 −→ Z2 −→ P in(r, s) −→ O(r, s) −→ 1. En plus, si (r, s) 6= (1, 1), les deux revêtements à deux feuillets sont non triviaux sur chaque composante de O(r, s). En particulier, pour le cas spécial λ 0 −→ Z2 −→ Spin(n) −→ SO(n) −→ 1; la représentation adjointe λ représente le revêtement universel de SO(n), pour n ≥ 3. Où λ est définie par λ(v)(x) = v · x · v −1 , pour v ∈ P in(r, s) et x ∈ Rn . Preuve. Lemme 2.1. Pour v ∈ Rr,s non isotrope, λ(v)(x) = −x + 2 < v, x > v; kvk i. e. −λ(v) est la symétrie sv de Rn par rapport à l’yperplan v ⊥ En effet ; k v k λ(v)(x) = k v k (v · x · v −1 ) = − k v k × = −v(−vx − 2 < v, x >) = − k v k x + 2 < v, x > v. 1 (vxv) kvk 2.1. GROUPES PIN(R,S) ET SPIN(R,S) 25 En plus, on remarque que −λ(v)(v) = −v et λ(v)(x) = 0, pour x ∈ v ⊥ . D’où le lemme. On remarque aussi que < λ(v)(x), λ(v)(x) >=< x, x >, Par suite λ(v) ∈ O(r, s). Pour ϕ = v1 ...vl ∈ P in(r, s), λ(ϕ) = λ(v1 )...λ(vl ) ∈ O(r, s). Et pour ϕ ∈ Spin(r, s), l = 2k, λ(ϕ) = (−λ(v1 ))...(−λ(vl )) ∈ SO(r, s), puisque det(−λ(vj )) = −1, pour j = 1, ..., 2k. Lemme 2.2. ( Théorème de Cartan-Dieudonné) Tout élément g ∈ O(r, s) peut s’écrire comme produit de l symétries : g = sv1 ◦ ... ◦ svl , où l ≤ (r + s). Ce lemme montre que l’homomorphisme λ : P in(r, s) −→ O(r, s) est surjectif et que λ(Spin(r, s)) = SO(r, s). Lemme 2.3. kerλ = Z2 . Preuve du Lemme. Soit g ∈ P in(r, s), on décompose g = g0 + g1 ∈ Cl0 (r, s) ⊕ Cl1 (r, s) en sa partie paire et sa partie impaire. g ∈ kerλ ssi ssi ssi ssi gxg −1 = x, ∀ x ∈ Rn gx = xg, ∀ x ∈ Rn g0 x + g1 x = xg0 + xg1 , ∀ x ∈ Rn g0 x = xg0 et g1 x = xg1 , ∀ x ∈ Rn . Soit (ei ) une base orthonormée de Rr,s . On écrit g0 = a0 + e1 a1 , où a0 et a1 ne dépendent pas de e1 , avec a0 est pair et a1 est impair. e1 g0 = e1 a0 − k e1 k a1 = g0 e1 = a0 e1 + k e1 k a1 , CHAPITRE 2. GROUPES SPIN ET SP IN C 26 car a1 est impair. Ce qui implique e1 a0 = a0 e1 et a1 = 0. Par récurrence sur n, on montre que g0 = t0 .1 avec t0 ∈ R. De même g1 = t”.1 et donc g = t.1. Or g ∈ P in(r, s), donc t = ±1. Pour terminer la démonstration du théorème, il reste à démontrer que le revêtement est non trivial, lorsque (r, s) 6= (1, 1). Pour cela soit e1 , e2 ∈ Rn tels que k e1 k=k e2 k= ±1. La courbe γ(t) = ±cos(2t).1 + sin(2t)e1 .e2 = (coste1 + sinte2 ).(−coste1 + sinte2 ) ∈ Spin(r, s) et vérifie γ(0) = ±1, γ( π2 ) = ∓1. D’où le théorème. Proposition 2.2. Si on note spin(r, s) l’algèbre de Lie du groupe Spin(r, s), munie du crochet [α, β] = α · β − β · α, alors spin(r, s) := vect{ei · ej ; 1 ≤ i < j ≤ n}, où (ei )1≤i≤n est une base orthomormée de Rr,s . Et la dérivée λ∗ : spin(r, s) → so(r, s) de λ au point 1 est un isomorphisme d’algèbres de Lie donnée par λ∗ (ei · ej ) = 2Eij , où Eij = −εj Dij +εi Dji , k ei k= εi et Dij est la base standard de gl(n, R) avec sa (i, j)-composente est égale à 1 et toutes les autres sont nulles. Preuve. On vérifie facilement que l’espace vect{ei ·ej ; 1 ≤ i < j ≤ n} est stable par le crochet. En plus, Si k ei k=k ej k= ε, la courbe γ(t) = cos(2t).1 + 2εsin(2t) ei ej = −ε(cost ei + sint ej )(cost ei − sint ej ) · appartient au groupe Spin(r, s), γ(0) = 1 et γ (0) = 4εei ej ∈ spin(r, s). Si k ei k= 1 et k ej k= −1, la courbe γ(t) = ch(2t)1 + 2sh(2t) ei ej = (cht ei + sht ej )(−cht ei + sht ej ) appartient au groupe Spin(r, s), γ(0) = 1 et · γ (0) = 4ei ej ∈ spin(r, s). 2.1. GROUPES PIN(R,S) ET SPIN(R,S) 27 Donc spin(r, s) ⊃ vect{ei · ej ; 1 ≤ i < j ≤ n}. D’après le théorème 2.1, λ∗ est un isomorphisme. Donc dim spin(r, s) = dim so(r, s) = n(n − 1) . 2 Par suite spin(r, s) = vect{ei · ej ; 1 ≤ i < j ≤ n}. Soit γ une courbe telle que γ(0) = 1 et γ̇(0) = ei · ej , alors · λ (ei ej ) = d (λ(γ(t))t=0 . dt Or λ(γ(t))(x) = γ(t)xγ(t)−1 et donc (λ(γ(t))(x))0 = γ 0 (t)x − xγ 0 (t). Par suite d (λ(γ(t))(x))t=0 dt λ∗ (ei ej ) = ei ej x − xei ej = ei ej x + (2 < x, ei > +ei x)ej = 2(< x, ei > ej − < x, ej > ei ) = 2Eij (x). CHAPITRE 2. GROUPES SPIN ET SP IN C 28 2.1.1 Représentation spinorielle Nous rappelons que la représentation spinorielle de l’algébre de Clifford complexe est comme suit : Si n = r + s est pair, Φr,s : Cln → End(∆r,s ). Si n est impair, Φr,s := pr1 ◦ Φr,s : Cln → End(∆r,s ); où pr1 : End(∆r,s )⊕End(∆r,s ) −→ End(∆r,s ) est la première projection. [n ∆r,s := C2 2 ] est l’espace des spineurs complexes. Puisque Spin(r, s) ⊂ Cl0 (r, s) ∼ = Clr−1,s ⊂ Clr+s−1 ∼ = Cl0 ⊂ Clr+s , r+s on obtient une représentation spinorielle ρr,s du groupe Spin(r, s) par la restriction de Φr,s à Spin(r, s). Si m = 2k est pair, alors l’espace Spin+ (r, s)-module ∆r,s se décompose en deux sous-espaces irréductibles ∆+ νi = +1} et r,s := {u(νn , ..., ν1 ); ∆− := {u(ν , ..., ν ); ν = −1} n 1 i r,s Si m = 2k + 1 est impair, alors la représentation ρr,s est irréductible 2.1.2 Multiplication de Clifford La multiplication de Clifford sur l’espace des spineurs ∆r,s est définie par ½ si n est pair α · u := Φr,s (α)(u), (2.1) si n est impair α · u := pr1 Φr,s (α)(u), pour α ∈ Cln et u ∈ ∆r,s . La multiplication de Clifford d’un spineur u par une forme quelconque X ωi1 ...il σi1 ∧ ... ∧ σil , ω= 1≤i1 ≤...≤il où (σ1 , ..., σn ) est la base duale de (e1 , ..., en ) est X ω·ϕ= ωi1 ...il ei1 · ... · eil · u 1≤i1 ≤...≤il 2.2. GROUPES SP IN C 2.2 29 Groupes Spinc Clr,s contient le groupe S1 := {z ∈ C; k z k= 1} et le groupe Spin(r, s) := {X1 · ... · X2k ; < Xi , Xi >r,s = ±1; k ≥ 0}. Puisque S1 ∩Spin((r, s)) = {−1, 1}, nous définissons le groupe Spinc (r, s) par Spinc (r, s) = Spin(r, s) · S1 = Spin(r, s) ×Z2 S1 . Par conséquent, les éléments de Spinc (r, s) sont les classes [g, z] des pairs (g, z) ∈ Spin(r, s) × S1 , sous la relation d’équivalence (g, z) ∼ (−g, −z). Proposition 2.3. La suite suivante est exacte : ξ 1 → Z2 → Spinc (r, s) −→ SO(r, s) × S1 → 1, où λ(g)(x) = g · x · g −1 pour x ∈ Rm et ξ([g, z]) = (λ(g), z 2 ). Soit (ei )1≤i≤m une base orthonormée de Rr,s ( < ei , ej >= εi δij , εi = −1 pour 1 ≤ i ≤ r et εi = +1 pour 1 + r ≤ i ≤ m ). On sait que l’algèbre de Lie du groupe Spin(r, s) est spin(r, s) := {ei · ej ; 1 ≤ i < j ≤ m} donc celle du groupe Spinc (r, s) est spinc (r, s) := spin(r, s) ⊕ iR. La dérivée (au point unité ) de ξ est un isomorphisme d’algèbre de Lie et elle est donnée par ξ∗ (ei · ej , it) = (λ∗ (ei · ej ), it) = (2Eij , 2it), où Eij = −εj Dij + εi Dji et Dij est la base standard de gl(m, R) avec sa (i, j)-composente est égale à 1 et toutes les autres sont nulles. CHAPITRE 2. GROUPES SPIN ET SP IN C 30 La représentation spinorielle du groupe Spin(r, s) se prolonge en une représentation spinorielle du groupe Spinc (r, s) par : ½ ρr,s ([g, z])(v) = z Φr,s (g)(v) := z g · v, ρr,s ([g, z])(v) = z pr1 Φr,s (g)(v) := z g · v, si n est pair, si n est impair, (2.2) pour v ∈ ∆r,s et [g, z] ∈ Spinc (r, s). Ainsi ∆r,s devient l’espace module de la représentation spinorielle spinc (r, s). Il existe un produit scalaire hermitien < ., . >∆ sur le module des spineurs ∆r,s définit par : < v, w >∆ := i r(r−1) 2 (e1 · ... · er · v, w); v, w ∈ ∆r,s . (2.3) k où (z, z 0 ) = 2 X k zi · zi0 est le produit hermitien standard sur C2 . i=1 < ., . >∆ vérifie les propriètés suivantes : < X · v, w >∆ = (−1)r+1 < v, X · w >∆ . (2.4) A chaque spinor v ∈ ∆r,s , on peut lui associer un vecteur xv ∈ Rn , défini par g(xv , y) = ir+1 < y · v, v >∆ , pour y ∈ Rn . (2.5) Il est facile de voir (exercice) que xv = ir+1 n X i=1 εi < ei · v, v >∆ ei Chapitre 3 Variétés pseudo-riemanniennes spin et spinc 3.1 Structures spin et spinc Soit (M, g) une variété pseudo-riemannienne connexe orientée de signature (r, s). Et soit PSO(r,s) le fibré des repères orthonormés orientés positivement sur M. Définition 3.1. Une structure spin f sur (M, g) est une λ-réduction f : PSpin(r,s) → PSO(r,s) de PSO(r,s) . i.e. f est un revêtement à deux feuillets tel que le diagramme suivant commute : π0 PSpin(r,s) × Spin(r, s) → PSpin(r,s) & ↓f ⊗λ M PSO(r,s) × SO(r, s) où → PSO(r,s) π % λ : Spin(r, s) → SO(r, s) g → λ(g) : λ(g)(x) = gxg −1 est la représentation adjointe. 31 32CHAPITRE 3. VARIÉTÉS PSEUDO-RIEMANNIENNES SPIN ET SPINC Notons que l’existence d’une telle structure sur M est équivalent à dire que les fonctions de transisions zij : Ui ∩Uj → SO(r, s) de PSO(r,s) ont un choix de relevés en fonction des fonctions de transitions de PSpin(r,s) : Ui ∩ Uj → Spin(r, s) & zij ↓λ SO(r, s). Ou bien la suite 0 −→ Z2 −→ Spin(r, s) −→ SO(r, s) −→ 1 est exacte, donc la suite λ∗ ω 2 H 1 (M, Spin(r, s)) −→ H 1 (M, SO(r, s)) −→ H 1 (M, Z2 ) est exacte, où H 1 (M, G) désigne l’ensemble des classes d’équivalence des G-fibrés principaux au dessus de M dit groupe de cohomologie de Cech à coefficient dans G. ω2 est la deuxième classe de Stiefel-Whitney. ω2 (PSO(r,s) ) = ω2 (M ) = 0 ssi PSO(r,s) = λ∗ (PSpin(r,s) ) provient d’un Spin(r, s)-fibré principal PSpin(r,s) . Donc l’existence d’une structure spinorielle sur M est équivalent à ce que sa seconde classe de StiefelWhitney w2 (M ) est nulle. Définition 3.2. Une structure spinc sur (M, g) est la donnée d’un fibré en cercle PS1 au dessus de M et d’une ξ-réduction (PSpinc ((r,s)) , Λ) du (SO((r, s)) × S1 )-fibré principal produit PSO((r,s)) × PS1 . i.e. Λ : PSpinc ((r,s)) → (PSpinc ((r,s)) × PS1 ) est un revêtement à deux feuillets vérifiant : i) PSpinc ((r,s)) est un Spinc ((r, s))-fibré principal au dessus de M , ii) ∀u ∈ PSpinc ((r,s)) , ∀a ∈ Spin((r, s)), Λ(ua) = Λ(u)ξ(a). (M, g) possède une structure spinc ssi sa seconde classe de StieflWhithney 3.2. FIBRÉS SPINORIELS 33 w2 (M ) ∈ H 2 (M, Z2 ) est la réduction modulo 2 d’une classe de cohomologie entière. Exemple 1 Toute variété pseudo-riemannienne spin est canoniquement spinc. La structure spinc est donnée par : PSpinc ((r,s)) = PSpin((r,s)) ×i Spinc ((r, s)), où PSpin((r,s)) est le fibré spinoriel et i : Spin(r, s) ,→ Spinc (r, s) est l’injection canonique. Le fibré en cecle associé est le fibré trivial PS1 = M × S1 . Exemple 2 Toute variété pseudo-riemannienne kählerienne admet une structure spinc canonique. 3.2 Fibrés spinoriels Définition 3.3. Le fibré spinoriel associé à la structure spin PSpin(r,s) (resp. à la structure spin c PSpinc (r,s) ) de M est le fibré vectoriel complexe : S = PSpin(r,s) × φr,s ∆r,s , (resp. S = PSpinc (r,s) × ρr,s ∆r,s ), où φr,s (resp. ρr,s : Spinc (r, s) → AutC (∆r,s ) est la représentation spinorielle complexe de Spin(r, s) (resp. de Spinc (r, s)). Définition 3.4. Une section ϕ de S est dite un champ spinoriel. Localement dans un ouvert U de M , ϕ est donné par ϕU = [e s, σ], où se est une section locale de PSpin(r,s) sur U et σ : U → ∆r,s . Toute tansformation <, >r,s -orthogonale induit un automorphisme de l’algèbre de Clifford Clr,s : Cl : SO(r, s) −→ Aut(Clr,s ) f −→ Cl(f ), 34CHAPITRE 3. VARIÉTÉS PSEUDO-RIEMANNIENNES SPIN ET SPINC (voir Corollaire 1.2) i.e. on a une représentation du groupe SO(r, s) de module Clr,s . On a aussi une représentation du groupe Spin(r, s) : Cl ◦ λ : Spin(r, s) → Aut(Clr,s ). On peut définir alors le fibré de Clifford sur M par : Cl(M ) = PSO(r,s) ×Cl Clr,s ∼ = PSpin(r,s) ×Cl◦λ Clr,s . Définition 3.5. La multilication de Clifford sur le fibré spinoriel S est l’action fibre par fibre de la multiplication de Clifford sur l’espace des spineurs ∆r,s m : Cl(M ) ⊗ S −→ S ϕ ⊗ ψ = [e s, α] ⊗ [e s, σ] −→ ϕ · ψ := [e s, φ(α)σ]. Grace à l’inclusion Rn ⊂ Clr,s , l’espace tangent T M devient un sousfibré du fibré de Clifford Cl(M ) : T M = PSpin(r,s) ×λ Rn ∼ = PSO(r,s) ×SO(r,s) Rn . D’où on peut définir la multiplication de Clifford d’un vecteur X ∈ T M par un champ spinoriel ψ ∈ S. La multiplication de Clifford vérifient les propriétés suivantes : Proposition 3.1. 1) Soit ϕ ∈ Γ(S) un spineur partout non nul et X ∈ Γ(M ). Si X · ϕ = 0 alors g(X, X) = 0. 2) X · Y + Y · X = −2g(X, Y )IdS . Preuve. 1) Soit x ∈ M . Localement X s’écrit X = [s, v] et ϕ = [s, σ]. X · ϕ = [s, v · σ] = 0. Donc vx · σx = 0. Ce qui implique vx · vx · σx = −gx (vx , vx )σx = 0. Par suite gx (vx , vx ) = gx (Xx , Xx ) = 0 pour tout x ∈ M . 2) Si on écrit localement Y = [s, w] X · Y + Y · X = [s, v · w + w · v] = −2 < v, w >r,s [s, 1] = −2g(X, Y )IdS . 3.2. FIBRÉS SPINORIELS 35 Par la formule (2.3), on peut munir le fibré spinoriel par un produit hermitien <, >S défini par < ϕ, φ >S =< v, w >∆ , pour X = [s, v] et Y = [s, w]. (3.1) Puisque <, >∆ vérifie la relation (2.4), <, >S satisfait < X · ϕ, φ >S = (−1)r+1 < ϕ, X · φ >S , Pour X ∈ Γ(M ) et ϕ, ψ ∈ Γ(S). (3.2) 36CHAPITRE 3. VARIÉTÉS PSEUDO-RIEMANNIENNES SPIN ET SPINC 3.3 Connection spinorielle Soit (M, g) une variété pseudo-riemannienne orientée, connexe, spinorielle, de signature (r, s). Soit D la connexion de Levi-Civita associée à g. Alors il existe une unique 1-forme de connexion ω : T PSO(r,s) → so(r, s) sur le fibré des repères orthonormés orientés positivement PSO(r,s) . Prenons maintenant un ouvert simplement connexe U ⊂ M . Toute section locale s ∈ ΓU (PSO(r,s) ) se relève en une section se ∈ ΓU (PSpin(r,s) ), telle que s = f ◦ se : PSpin(r,s) se % ↓ f s U ⊂M → PSO(r,s) . On peut alors définir une 1-forme de connexion ω e : T PSpin(r,s) −→ spin(r, s) sur PSpin(r,s) comme l’unique forme vérifiant ω ◦ f∗ = λ∗ ◦ ω e: ω e T PSpin(r,s) → spin(r, s) se∗ % ↓ f∗ ↓ λ∗ s∗ ω U ⊂ M → T PSO(r,s) → so(r, s) (φr,s )∗ → GL(∆r,s ) Soit s = (e1 , ..., en ) ∈ ΓU (PSO(r,s) ) une section locale de repères orthonormés. On notera ∇ la dérivée covariante associée à ω e sur S. Si ψ = [e s, σ] ∈ ΓU (S) et X ∈ ΓU (M ), la théorie générale des connexions sur les fibrés principaux et fibrés associés donne ∇X ψ = [e s, X(σ) + (φr,s )∗ (e ω ◦ se∗ (X))σ]. On va donner l’expression locale de ∇. Pour cela, écrivons localement X s∗ ω = ω ◦ s∗ = ωij ei ∧ ej , i<j où ei ∧ ej = Eij = g(ei , .)ej − g(ej , .)ei , i < j, est une base de so(r, s). On a alors, pour X ∈ Γ(M ), ωij (X) = εi εj g(ω ◦ s∗ (X)ei , ej ) = εi εj g(DX ei , ej ). 3.3. CONNECTION SPINORIELLE 37 La proposition suivante donne l’expression locale de ∇ ainsi que celle de son tenseur de courbure RS . Proposition 3.2. 1) ω e (e s(X)) = 1X ωij (X) ei · ej . 2 i<j 2) Pour ψ ∈ Γ(S), sa dérivée covariante est donnée localement par ∇X ψ = X(ψ) + 1X εi εj g(DX ei , ej ) ei · ej · ψ. 2 i<j 3) Si on désigne par R le tenseur de courbure associé à (M, g), on a RS (X, Y )(ψ) = 1X εi εj g(R(X, Y )ei , ej ) ei · ej · ψ. 2 i<j Preuve. On a ω e ◦ se∗ = λ−1 ∗ ◦ ω ◦ s∗ , par suite X ω e ◦ se∗ = ωij (X)λ−1 ∗ (Eij ) i<j 1X ωij (X) ei · ej = 2 i<j 2) Pour [e s, σ] ∈ ΓU (S) et X ∈ ΓU (M ), on a ∇X ψ = [e s, X(σ) + φ∗ (e ω ◦ se∗ (X))σ] = X(ψ) + [e s, φ∗ (e ω ◦ se∗ (X))σ] 1X = X(ψ) + [e s, φ∗ ( ωij (X) ei · ej )σ] 2 i<j 1X = X(ψ) + [e s, ωij (X) ei · ej · σ] 2 i<j 1X = X(ψ) + εi εj g(DX ei , ej ) ei · ej · ψ 2 i<j 38CHAPITRE 3. VARIÉTÉS PSEUDO-RIEMANNIENNES SPIN ET SPINC Car ψ est linéaire, donc elle coincide avec sa différentielle au point identité. 3) De la définition de la courbure RS (X, Y ) = [∇X , ∇Y ] − ∇[X,Y ] , on obtient 3). Proposition 3.3. Si on désigne par Ric le tenseur de Ricci de type (1,1) de la variété (M, g) (r(X, Y ) = g(Ric(X), Y )), alors ∀ X ∈ Γ(M ) et ∀ ψ ∈ Γ(S), X 1 Ric(X) · ψ = εi RS (X, ei )ψ. (3.3) 2 1≤i≤n Proposition 3.4. ∀ X, Y ∈ Γ(M ) et ∀ ψ, ψ1 ∈ Γ(S), ∇Y (X · ψ) = X · ∇Y (ψ) + DY X · ψ. (3.4) X < ψ, ψ1 >∆ = < ∇X ψ, ψ1 >∆ + < ψ, ∇X ψ1 >∆ ; (3.5) où D est la connexion de Levi-Civita de (M, g). 3.4. SPINEURS PARALLÈLES 3.4 39 Spineurs parallèles Définition 3.6. Un spineur ψ ∈ Γ(S) est dit parallèle si on a ∇ψ = 0. Si on note Ho le groupe d’holonomie de la variété (M, g) en un point e le groupe d’holonomie de ∇ en un point au dessus de o, alors fixé o et H e = Ho et on a la proposition suivante λ(H) Proposition 3.5. L’espace des spineurs parallèles SP de (M, g) est en bijection avec l’espace e VHe := {v ∈ ∆r,s : Φr,s (H)(v) = v} e des spineurs invariants par H. Preuve. On considère l’application F : VHe → SP , v → ψv avec ψv (x) = [τγ (e s(o)), v] = [e s(x).gγ , v] = [e s(x), Φ(gγ )v], pour ψv (o) = [e s(o), v], γ une courbe dans M reliant le point o au point x et gγ est défini par le transport parallèle le long de γ de x par : τγ (x) = x.gγ . ψv est bien définie, car si α est une autre courbe qui relie o à x, α−1 ◦ γ est un lacet en x. Donc Φ(gα−1 ◦ τγ )v = v Par suite, Φ(gα )v = Φ(gγ )v. Par définition de ψv , on a : τγ (ψv (x)) = ψv (y), ∀ x, y ∈ M. 40CHAPITRE 3. VARIÉTÉS PSEUDO-RIEMANNIENNES SPIN ET SPINC et ∀ γ courbe reliant x à y. Donc ψv est ∇-parallèle et l’application F est injective. Maintenant soit ψ ∈ SP . Donc pour une représentation locale [e s, v] de ψ sur un ouvert U centré en o, on a : ψv (x) = [τγ (e s(o)), v] = [e s(x).gγ , v] = [e s(x), Φ(gγ )v], i.e. ψ = ψv Remarque. Si la variété (M, g) est simplement connexe, alors e {v ∈ ∆r,s : Φ(H)(v) = v} = {v ∈ ∆ : Φ(e h)(v) = 0}, où e h est l’algèbre d’holonomie de ∇ (l’algèbre du groupe d’holonomie de e H ). Proposition 3.6. Si une variété pseudo-riemannienne (M, g) admet un spineur parallèle ψ alors sa courbure de Ricci vérifie g(Ric(X), Ric(Y )) = 0, ∀ X, Y ∈ Γ(M ), autrement dit, Ric2 = 0. i) Si en particulier, g est définie positive, Ric = 0. ii)Dans le cas général, tout ce qu’on peut dire est que la courbure scalaire de (M, g) est nulle. Preuve. Puisque ∇ψ = o, alors Rs ψ = 0. Donc d’après (3.3), Ric(X).ψ = 0, ∀ X ∈ Γ(M ). D’après la proposition 3.1, on obtient le résultat. Remarque 3.1. Il existe des pseudo-riemanniennes qui admettent des spineurs parallèles non triviaux avec une courbure de Ricci non nulle. 3.5. CONNEXION SPINC 3.5 41 Connexion spinc Soit (M, g) une variété pseudo-riemannienne spin c et A : T PS1 → iR une 1-forme de connexion sur le fibré en cercle PS1 . A et la connexion de Levi-Civita D de (M, g) définissent ensemble une 1-forme de connexion sur le fibré produit PSO(r,s) × PS1 . L’image réciproque de cette connexion définit une dérivée covariante ∇A sur le fibré spinoriel S, dite la dérivée spinorielle associée à (M, g, S, PS1 , A). Une variété pseudo-riemannienne spinc est la donnée de l’ensemble (M, g, S, PS1 , A), où (M, g) est une variété pseudo-riemannienne orientée spinc, S le fibré spinoriel associé, PS1 le fibré en cercle au dessus de M et A une 1-forme de connexion sur PS1 . e (resp. H et HA ) le groupe d’holonomie de la dérivée spiNotons par H A norielle ∇ (resp. de (M, g) et de la forme de connection A ). e S1 par la connexion définie par la connexion Si on muni le fibré PSO(p,q) ×P de Levi-Civita D et la connection A, son groupe d’holonomie est exactee ⊂ H × HA (voir [6]). ment ξ(H) Nous signalons que HA = {1} si A est plate et HA = S1 sinon. Et on a Lemme 3.1. (M, g) admet un spineur parallèle non trivial ssi il existe 0 6= v ∈ ∆p,q tel que 1 e B · v := φp,q (λ−1 ∗ (B))(v) = − itv, ∀ (B, it) ∈ ξ∗ (H) ⊂ H ⊕ HA , (3.6) 2 e H and HA les algèbres de Lie respectivement de H, e H et HA . avec H, 42CHAPITRE 3. VARIÉTÉS PSEUDO-RIEMANNIENNES SPIN ET SPINC Chapitre 4 Sur les variétés pseudo-riemanniennes spin c admettant des spineurs parallèles 4.1 Cas pseudo-riemannien spin irréductible Théorème 4.1. (M.Y. Wang (89) Les groupes d’holonomie possibles d’une variété riemannienne spin, irréductible, non plate, simplement connexe, complèle qui supporte des spineurs parallèles non triviaux sont (à une conjugaison près dans O(n)) les groupes suivants : groupe d’holonomie SU (n) ⊂ SO(2n) Sp(n) ⊂ SO(4n) G2 ⊂ SO(7) Spin(7) ⊂ SO(8) N= dimension de SP 2 n+1 1 1 43 44CHAPITRE 4. SUR LES VARIÉTÉS PSEUDO-RIEMANNIENNES SPIN C ADMETTA Théorème 4.2. Théorème. (H. Baum et I. Kath (99)) Les groupes d’holonomie possibles d’une variété pseudo-riemannienne spin, de signature (p, q), irréductible, non localement symétrique, simplement connexe, complèle qui supporte des spineurs parallèles sont (à une conjugaison près dans O(p,q)) les groupes de la liste suivante : groupe d’holonomie N 0 0 0 0 SU (p , q ) ⊂ SO(2p , 2q ) 2 0 0 0 0 0 Sp(p , q ) ⊂ SO(4p , 4q ) p + q 0 + 1 G2 ⊂ SO(7) 1 G02(2) ⊂ SO(4, 3) 1 C G2 ⊂ SO(7) 2 Spin(7) ⊂ SO(8) 1 Spin(4, 3) ⊂ SO(8, 8) 1 Spin(7, C) ⊂ SO(8, 8) 1 avec N = dimension de l’espace des spineurs parallèles. 4.2 Cas Riemannien spinc Théorème 4.3. (A. Moroianu (97)) Une variété riemannienne (M, g) spinc, simplement connexe, complète supporte un spineur parallèle non trivial, ssi elle est isométrique à un produit riemannien (M, g) ∼ = (M1 , g1 ) × (M2 , g2 ) d’une variété Kählerienne (M1 , g1 ) simplement connexe, complète et d’une variété riemannienne spin (M2 , g2 ) simplement connexe, complète qui supporte un spineur parallèle non trivial. La structure spinc de (M, g) est alors le produit canonique de la structure spinc de (M1 , g1 ) et de la structure spin de (M2 , g2 ). 4.2. CAS RIEMANNIEN SPINC 45 Théorème 4.4. (Ikemakhen (06)) Soit (M, g) une variété pseudoriemannienne spinc, irréductible, simplement connexe, complète nonlocalement symétrique de dimension m = p + q et de signature (p, q). Alors les assertions suivantes sont équivalentes : (i) (M, g) supporte un spineur parallèle non trivial, (ii) ou bien (M, g) est une variété spin qui supporte un spineur parallèle non trivial, ou bien (M, g) est kählerienne non Ricci-plate, (iii) ou bien le groupe d’holonomie H de (M, g) est (à une conjugaison près dans O(p, q)) l’un des groupes de la liste 2 ou bien H = U (p0 , q 0 ), p = 2p0 et q = 2q 0 . Pour H = U (p0 , q 0 ) la dimension de l’espace des spineurs parallèles sur M est 1. 46CHAPITRE 4. SUR LES VARIÉTÉS PSEUDO-RIEMANNIENNES SPIN C ADMETTA 4.3 Cas Lorentzien spinc Théorème 4.5. (Ikemakhen (07)) Soit (M, g) une variété lorentzienne spinc, simplement connexe, complète, de dimension m = n + 2. Si (M, g) supporte un spineur parallèle non trivial, alors i) ou bien (M, g) est isométrique à un produit riemannien (M, g) = (R, −dt2 ) × (M1 , g1 ) × (M2 , g2 ), où (M1 , g1 ) est une variété kählerienne et (M2 , g2 ) est riemannienne spin admettant un spineur parallèle. Les variétés M1 et M2 sont simplement connexes et complètes ; ii) ou bien le groupe d’holonomie H de (M, g) est un sous-groupe du groupe parabolique SO(n)nRn et sa projection H sur SO(n) est le produit direct d’un nombre fini de sous-groupes normaux Ki et eventuellement Lj où Ki est dans {{1}, U (p), SU (p), Sp(p), Spin(7), G2 } et Lj est le groupe d’holonomie d’un espace symétrique kählerien, non Ricci-plate, simplement connexe et irréducible. Inversement, si (M, g) est un produit riemannien comme dans i), alors c’est une variété lorentzienne spinc qui supporte un spineur parallèle non trivial. La structure spinc de (M, g) est donc le produit canonique de la structure spinc de (M1 , g1 ) et la structure spin de (M2 , g2 ) et celle de (R, −dt2 ). Si (M, g) est spinc et satisfait ii), alors elle supporte un spineur parallèle. 4.3. CAS LORENTZIEN SPINC 47 Corollaire 4.1. Soit (M, g) une variété lorentzienne spin , simplement connexe, complète, de dimension m = n+2. Si (M, g) supporte un spineur parallèle non trivial, alors a) ou bien (M, g) est isométrique à un produit riemannien (M, g) = (R, −dt2 ) × (M1 , g1 ), où (M1 , g1 ) est une variété kählerienne et (M2 , g2 ) est riemannienne spin admettant un spineur parallèle. La variété M1 est simplement connexe et complète ; b) ou bien le groupe d’holonomie H de (M, g) est un sous-groupe du groupe parabolique SO(n)nRn et sa projection H sur SO(n) est le produit direct d’un nombre fini de sous-groupes normaux Ki où Ki est dans {{1}, SU (p), Sp(p), Spin(7), G2 }. Inversement, si (M, g) est un produit riemannien comme dans a), alors c’est une variété lorentzienne spin qui supporte un spineur parallèle non trivial. La structure spin de (M, g) est donc le produit de la structure canonique spin de (R, −dt2 ) et celle de (M1 , g1 ). Si (M, g) est spin et satisfait b), alors elle supporte un spineur parallèle. 48CHAPITRE 4. SUR LES VARIÉTÉS PSEUDO-RIEMANNIENNES SPIN C ADMETTA 4.4 Problème ouvert et conclusion (P) Quels sont les groupes d’holonomie possibles d’une variété pseudoriemannienne (simplement connexe) spinc qui supporte des spineurs parallèles non triviaux ? Le théorème de Wu réduit le problème (P) au cas des variétés pseudoriemanniennes indécomposables qui stipule que Toute variété pseudo-riemannienne est au moins localement un produit riemannien de variétés pseudo-riemanniennes indécomposables. Le produit est global si la variété est simplement connexe et complète. Cas riemannien. indécomposable = irréductible. Donc avec les résultats de Wang et Moroianu le problème (P) est résolu : Cas pseudo-riemannien. Il existe des variétés pseudo-riemanniennes indécomposales mais réductibles. Le problème est résolu pour le cas lorentzien. Mais il reste encore ouvert pour le cas général. Bibliographie [1] Baum, H. and Kath, I. : Parallel spinors and holonomy groups on pseudo- Riemannian spin manifolds. 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Part II : Semisimple, non-simple weak-Berger algeabras, arXiv :math.DG0309274 v1, (2003). [10] Moroianu, A. : Parallel and Killing Spinors on Spinc Manifolds. Commun. Math. Phys. 187, 417-427 (1997). 49 50 BIBLIOGRAPHIE [11] Wang, M.Y. : Parallel spinors and parallel forms, Ann. Global Anal. Geom. 7 (1989) 1, 59-68. [12] Wu, H. : On the de Rham decomposition theorem, Illinois J. Math. 8 (1964) 291-311.