LES BÉTA BLOQUANTS Définition Le rythme cardiaque est contrôlé au sein de l’organisme. Ce contrôle est en partie assuré par la présence dans le sang de molécules étant capables d’agir sur le cœur et d’en modifier la cadence de pompage. Les catécholamines regroupent certaines de ces molécules. Leur interaction avec le cœur se fait notamment par l’intermédiaire de récepteurs cardiaques, appelés « récepteurs béta-adrénergiques ». La liaison des catécholamines à ces récepteurs augmente le rythme cardiaque. Un béta bloquant est une molécule capable de se fixer sur les récepteurs bétaadrénergiques. En revanche cette interaction ne va pas provoquer les effets d’augmentation du rythme cardiaque. Le béta-bloquant a alors un rôle de neutralisation de l’augmentation de la fréquence cardiaque par les catécholamines. Lorsqu’un bétabloquant est utilisé, de moins en moins de récepteurs seront libres et donc disponibles pour la fixation des catécholamines. L’utilisation des béta-bloquants a donc pour conséquence une impossibilité pour le rythme cardiaque d’être correctement contrôlé lorsqu’une augmentation du rythme cardiaque est nécessaire. C’est James Whyte Black qui à découvert les béta-bloquants (en particulier le propanolol) en 1988, ce qui lui a valu l’obtention d’un prix Nobel de médecine (1). Usages thérapeutiques et dopants L’action cardiaque des béta-bloquants permet de nos jours de traiter plusieurs maladies cardiovasculaires, telles que l’insuffisance cardiaque, l’hypertension et les angines de poitrine. Ils peuvent également avoir un intérêt dans le cadre de la pratique sportive. Les bétabloquants permettent en effet de diminuer les tremblements au niveau des mains en plus de faire baisser le rythme cardiaque (2). Leur usage a tendance à être un avantage dans les sports nécessitant stabilité et précision. On peut citer comme exemple le tir à l’arc ou le tir à la carabine (3). C’est également parce que l’utilisation des béta-bloquants prévient l’apparition des signes d’anxiétés tels que l’accélération du rythme cardiaque et les tremblements musculaires, qu’ils peuvent améliorer la performance dans certains sports. Ces effets ergogéniques potentiels ont conduit à leur interdiction dans certains sportifs, incluant le tir à l’arc, le billard, le golf et autres. Les disciplines multi-sport incluant le tir sont également incluses. L’usage des béta-bloquants est également interdit hors compétition au tir et au tir à l’arc. En revanche, leur usage dans les sports d’endurance n’est pas un avantage, et ils réduisent performance d’exercice maximale. Les béta-bloquants diminuent la capacité aérobie, c'est-à-dire la quantité d’énergie disponible à partir des réserves de l’organisme en présence d’oxygène, particulièrement les glucides musculaires stockés et les graisses. Certains béta-bloquants n’ont pas uniquement une action cardiaque, et les béta-bloquants non cardio-sélectifs ont des actions plus prononcées sur la performance (4). Statistiques des contrôles anti-dopage Détection des béta-bloquants dans les contrôles anti-dopage % des échantillons recueillis 1,6 1,4 1,2 1 0,8 0,6 0,4 0,2 0 1,4 1,3 1,1 0,6 0,6 0,6 0,7 Monde 0,3 2006 France 2007 2008 2009 Année Source : https://www.afld.fr/ et http://www.wada-ama.org/ Références 1. Stapleton MP. Sir James Black and propranolol. The role of the basic sciences in the history of cardiovascular pharmacology. Tex Heart Inst J. 1997;24(4):336-42. 2. Calzetti S, Findley LJ, Gresty MA, Perucca E, Richens A. Effect of a single oral dose of propranolol on essential tremor: a double-blind controlled study. Ann Neurol. 1983 Feb;13(2):165-71. 3. Kruse P, Ladefoged J, Nielsen U, Paulev PE, Sorensen JP. beta-Blockade used in precision sports: effect on pistol shooting performance. J Appl Physiol. 1986 Aug;61(2):417-20. 4. Lundborg P, Astrom H, Bengtsson C, Fellenius E, von Schenck H, Svensson L, et al. Effect of beta-adrenoceptor blockade on exercise performance and metabolism. Clin Sci (Lond). 1981 Sep;61(3):299-305.