L'endettement de l'entreprise au Québec :
(1995) 26 R.D.U.S. 5
paramètres juridiques
1. STATISTIQUES CANADA, «Statistiques financières trimestrielles des entreprises», numéro
61-008 au catalogue, 1994, p. 19; voir aussi R.A. BREALEY, S.C. MYERS et P.
LAROCHE, Principes de gestion financière des sociétés, 2e édition, Saint-Laurent,
McGraw-Hill, 1992, (traduction) pp. 515 à 520.
2. Cette étude s’intéresse essentiellement à l’entreprise constituée en société par actions ou,
pour employer le synonyme québécois, en compagnie. Par ailleurs, nous privilégierons
l’examen de la législation fédérale sur les sociétés par actions.
INTRODUCTION
Au nord du 45
e
parallèle, les gouvernements ne sont pas les seuls à être
endettés. En effet, le poids de l’endettement dans le bilan de l’entreprise
canadienne s’est accru sensiblement au cours de ces dernières années. Le ratio
des dettes à l’avoir pour l’ensemble des entreprises canadiennes est ainsi passé
de moins de 1.00 en 1987 à plus de 1.2 en 1992, pour osciller, depuis, autour de
cette valeur. Certes, les effusions boursières du milieu de la décennie
quatre-vingt expliquent en partie les ratios d’endettement peu élevés pour
l’entreprise canadienne de cette période. Néanmoins, une tendance de fond se
dessine : les ratios d’endettement de l’entreprise canadienne se maintiennent,
depuis 1992, à des niveaux supérieurs à ce qui avait été enregistré au tout début
de la décennie précédente.
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Non pas que ce tableau témoigne d’un malaise ou
d’un vent de prodigalité : l’emprunt employé aux fins de moderniser l’usine,
d’améliorer le réseau de distribution, de soutenir la croissance des ventes ou
d’intégrer de nouvelles technologies doit bien avoir quelques vertus pour
l’entreprise et la société en général. Ces quelques chiffres ont cependant le
mérite de révéler l’actualité du thème de l’encadrement juridique de
l’endettement de l’entreprise, objet de la présente étude.
Les paramètres juridiques de l’endettement de l’entreprise appartiennent
à trois sous-systèmes : d’abord, l’ensemble des règles se rapportant au
financement par emprunt et aux sûretés propres à l’entreprise; ensuite, le droit
des sociétés;
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enfin, les lois régissant la faillite et l’insolvabilité. Au coeur de ces
trois ordres juridiques se trouvent deux instruments relativement nouveaux : le
Code civil du Québec, entré en vigueur le 1
er
janvier 1994 et la nouvelle Loi sur
la faillite et l’insolvabilité, adoptée en 1992.
Cette étude propose une vue d’ensemble de l’encadrement juridique de
l’endettement de l’entreprise au Québec. Elle est divisée en cinq grandes