Une dégradation économique profonde et
structurelle
Voici quelques indicateurs qui permettent de mesurer la dégradation de notre économie visible de-
puis les années 80 mais accélérée dans les années 2000.
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Croissance du PIB réel
Croissance du PIB réel
tendance
Source : OCDE
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Différentiel de croissance France-
États-Unis
source : OCDE
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Différentiel de croissance France-
Allemagne
source : OCDE
Au-delà des fluctuations de type « Ju-
glar », la croissance française reste
orientée à la baisse depuis les années
70 le trend était d’environ 2.3% an-
nuels au début des années 80, 1.2%
environ au début des années 2010.
La comparaison avec les États-Unis illustre cruellement la perte de » dynamisme de l’économie fran-
çaise, qui, avant les années 80, semblait engagée dans une phase de rattrapage du PIB par tête amé-
ricain. Mais sur les 30 dernières années, la croissance française est 22 fois inférieure à celle des États-
Unis. Vis-à-vis de l’Allemagne, le différentiel est plus avantageux du moins jusqu’en 2005, ce qui
permet de relativiser la germanôlatrie à la mode. Le « modèle » allemand ne se manifeste guère dans
les chiffres !
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en % du PIB
Les déficits des finances publiques
Source : Banque de France
Source : Banque de France
Endettement des sociétés
et quasi-sociétés (% du PIB)
Source : Banque de France
Endettement des adminis-
trations publiques (% du PIB)
Si les bulles financières ont relative-
ment épargné la France, il reste que
le poids de l’endettement des agents
économiques s’est accru dans les 30
dernières années. Un endettement
sain anticipe la croissance écono-
mique qui tempère son poids dans le
PIB. À l’évidence ce n’est pas ce qui
s’est produit en France, ce qui revient
à dire qu’une forte part de cet endet-
tement s’est dispersé dans des opé-
rations non créatrices de croissance
inflation du prix des actifs, investis-
sement insuffisamment productif
et/ou que la monnaie ainsi créée
échappait au circuit productif (déficit
des paiements courants, thésaurisa-
tion …).
La modération de l’endettement
privé a été compensée par celui des
administrations publiques con-
traintes de soutenir en première
ligne la croissance. Si la crise de 2008
a, comme ailleurs, imposé une bru-
tale augmentation de la dette pu-
blique, celle-ci franchissait un nou-
veau palier à chaque récession de-
puis les années 70.
Au-delà des discours, les déficits des
finances publiques ont été systéma-
tiques depuis les années 70, témoi-
gnant du faible dynamisme spontané
de la croissance mais aussi de la
démagogie antifiscale qui a poussé
les gouvernements à réduire les im-
pôts en périodes de reprise plutôt
que de rééquilibrer les comptes pu-
blics.
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13%
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21%
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23%
Part de l'industrie dans le PIB
Source : INSEE
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-7000
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-6000
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2001
2002
2003
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2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
en millions d'euros courants
Les échanges extérieurs de la France
Biens Services Transactions courantes
Source : INSEE
Si l’on tient compte de l’ensemble des formes de dété-
rioration des conditions d’emploi, c’est plus d’un actif
sur quatre qui est aujourd’hui confronté au chômage,
au temps partiel subi ou à la précarité. Plus même
puisque cette statistique ne tient pas compte des « in-
visibles » non-inscrits au Pôle Emploi. Comme l’emploi
ne réagit qu’avec retard aux fluctuations économiques,
la détérioration commencée de 2008 n’est pas encore
complètement inscrite dans les chiffres, et les consé-
quences de 2011-2012 risquent d’élargir le « préca-
riat » à un tiers du salariat.
La désindustrialisation est la marque la
plus spectaculaire des politiques de suré-
valuation monétaire qui ont débouché
sur l’euro. Dès le début des années 80, le
gouvernement Mauroy a sacrifié
l’industrie et l’emploi sur l’autel de
l’ancrage du franc à la « vertu » moné-
taire allemande. Des taux d’intérêt réels
sans précédent, destinés à retenir les
capitaux dont dépendait le cours du
Franc, ont asphyxié l’investissement, tan-
dis que ce même taux de change dégra-
dait la compétitivité des produits français.
Le prétexte de cette politique était de
contraindre les entreprises françaises à se
concentrer sur les activités à haute valeur
ajoutée, seules à même de demeurer
compétitives dans ces conditions. Comme
tous les précédents historiques le lais-
saient attendre, ce n’est pas ce qui se
produisit ; et la France ne put, pour un
temps, réduire ses déficits commerciaux
qu’en ralentissant sa croissance et en
conservant des taux d’intérêt ravageurs.
À partir des années 2000, la contrainte de
défense du franc disparaît et des entrées
de capitaux (endettement extérieur)
compensent le déficit croissant de la ba-
lance des biens. En d’autres termes l’euro
permettait un endettement insensible,
cachant les conséquences de la perte de
compétitivité industrielle.
Outre l’appauvrissement progressif que
produit ce déficit, la désindustrialisation
déprime particulièrement l’emploi dans la
mesure où elle frappe en premier lieu les
industries de main d’œuvre progressive-
ment délocalisées. La perte de savoir-
faire et l’effacement des synergies re-
cherche-industrie dégradent les forces
productives et rendent improbable
l’innovation dans les nouvelles technolo-
gies (peut-on mener dans de bonnes con-
ditions la recherche sur les panneaux
solaires si ceux-ci sont fabriqués en
Chine ?).
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