M/S n° 5, vol. 22, mai 2006
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s’expliquer par un besoin minimal en fer
de la levure qui peut être assuré par la
mitoferrine2 (de même, dans les cellules
non-érythroïdes du poisson, le transfert
mitochondrial du fer est probablement
assuré par la mitoferrine2). En revanche,
les quantités importantes de fer néces-
saires au cours de la différenciation
érythroïde semblent pouvoir n’être sup-
pléées que par la mitoferrine1.
Enfin, la dernière série d’expériences
démontrant l’activité de la mitofer-
rine dans l’import de fer mitochondrial
a utilisé des clones stables de levure
mrs3/4 exprimant un gène rapporteur
codant pour une enzyme mitochondriale
dont l’activité est dépendante du fer.
Les auteurs montrent que l’activité de
cette enzyme est réduite de moitié dans
la souche mutante mrs3/4. Après trans-
fection de l’ADNc de la mitoferrine de
poisson, cette activité retourne à la
normale, indiquant bien que la mitofer-
rine a permis au fer de rentrer dans la
mitochondrie et, par la même, d’activer
l’enzyme.
En conclusion, ce travail a permis de
caractériser la protéine responsable du
transport du fer mitochondrial, la mito-
ferrine1 pour les précurseurs érythroï-
des et, probablement, la mitoferrine2
pour les cellules non-érythroïdes. Ce
transport de fer est crucial pour la
production mitochondriale de l’hème,
composant essentiel du métabolisme
du fer. En effet, on retrouve l’hème
non seulement dans l’hémoglobine du
globule rouge mais également dans
la myoglobine, la neuroglobine ainsi
que toutes les enzymes à groupement
prosthétique (catalase, peroxydase,
cytochrome, nitric oxid synthase…). Il
y a fort à parier que tout dérèglement
de la mitoferrine soit responsable de
pathologie(s) chez l’homme. ◊
Gene fishing in zebrafish :
identification
of the iron mitochondrial transporter
RÉFÉRENCES
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study primitive and definitive hematopoiesis. Annu
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Biochem Sci 2006 ; 31 : 182-8.
Inserm U614,
Faculté de Médecine-Pharmacie de Rouen,
22, boulevard Gambetta,
76183 Rouen Cedex 01, France.
La duplication du gène APP,
cause de maladie d’Alzheimer
associée à une importante
angiopathie amyloïde
Dominique Campion, Didier Hannequin
> Lorsqu’en 1906 Alois Alzheimer décri-
vit la maladie qui porte son nom, il
rapporta la présence de lésions parti-
culières dans le cerveau des patients :
les plaques séniles extracellulaires et
les dégénérescences neurofibrillaires
intracellulaires. Il fallut attendre le
milieu des années 1980 et les travaux
respectifs de G. Glenner et J.P. Brion
pour que les constituants majeurs de
ces deux lésions soient caractérisés :
il s’agit, d’une part, d’un peptide de
39 à 42 acides aminés, le peptide
Aβ, produit lors du clivage séquen-
tiel d’une protéine intramembranaire
nommée APP (amyloid precursor pro-
tein) et, d’autre part, d’une protéine
liée aux microtubules, la protéine Tau.
Les analyses génétiques menées
depuis 15 ans ont montré que le déter-
minisme de la maladie d’Alzheimer
est complexe. Dans la majorité des
cas, il est polyfactoriel. Un facteur
de risque génétique impliqué dans ces
formes communes, l’allèle ε4 du gène
de l‘apolipoprotéine E, a été identifié.
Dans une minorité de cas, le déter-
minisme est autosomique dominant
avec pénétrance complète à l’âge de
60 ans. Des mutations de type faux
sens sur deux gènes, le gène APP et le
gène de la préséniline 1 (PSEN1), sont
responsables de la grande majorité de
ces formes mendéliennes à début pré-
coce. Les études menées au cours des
années 1990 ont montré que la con-
séquence de ces diverses altérations
génétiques était univoque. Dans tous
les cas, elles s’accompagnent d’une
surproduction du peptide Aβ 42, qui
est la forme la plus agrégable de ce
peptide. Les mutations identifiées sur
le gène APP sont essentiellement loca-
lisées au niveau des sites de clivage
du peptide Aβ sur son précurseur et
interfèrent avec ce clivage. La présé-
niline 1 est, pour sa part, un membre
essentiel du complexe γ-sécrétase,
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