Mise au point
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Figure 2. Intérêt de l’échocardiographie de contraste (SonoVue®)
chez le même patient.
2A : à un temps précoce, le contraste souligne les trabéculations (fl èche).
2B : à un temps tardif, le contraste souligne le thrombus, en négatif
(fl èche).
VD : ventricule droit, VG : ventricule gauche.
2A
2B
La Lettre du Cardiologue - n° 403 - mars 2007
– présence de trabéculations ventriculaires gauches multiples ;
– présence de récessus profonds intertrabéculaires ;
– fl ux doppler couleur à l’intérieur des récessus et en commu-
nication avec la cavité ventriculaire gauche ;
– absence de cardiopathie associée ;
– classiquement, le diagnostic de non-compaction est retenu
lorsque le rapport zone non compactée/zone compactée est
supérieur à 2, bien que ce dernier critère soit contestable.
La fi gure 1 montre un exemple échographique de NCVG.
PRÉSENTATION CLINIQUE
La présentation clinique est très variable, cette cardiomyopathie
pouvant se révéler à tous les âges de la vie (4), voire rester totale-
ment silencieuse, comme le prouvent les cas découverts fortuite-
ment chez des apparentés de sujets atteints. Ainsi, si l’insuffi sance
cardiaque est le mode de révélation le plus fréquent, d’autres
manifestations peuvent permettre de découvrir la maladie : trou-
bles du rythme ventriculaire ou supraventriculaire, accidents
emboliques, éléments mis au jour par l’enquête familiale. Si la
triade insuffi sance cardiaque, embolies et troubles du rythme
a été proposée pour défi nir la NCVG (5), aucune manifestation
clinique ne permet de la diff érencier des autres formes de cardio-
myopathies, bien qu’elle soit classiquement associée à un risque
thrombo-embolique et rythmique plus important.
MÉTHODES DIAGNOSTIQUES
L’échocardiographie, le scanner et l’IRM cardiaque sont les
examens de référence pour le diagnostic de NCVG. L’échocar-
diographie, du fait de sa simplicité, est bien sûr la méthode la
plus utilisée. Quelle que soit la méthode choisie, la diffi culté dia-
gnostique est très variable. Le diagnostic est aisé dans les formes
typiques, caractérisées par des trabéculations larges séparées
par des récessus profonds intertrabéculaires. La localisation de
la zone non compactée est caractéristique (6), prédominant à
l’apex, et sur les segments latéro- et inféro-médians. Dans les cas
douteux, il est très important de s’aider du doppler couleur, afi n de
bien obtenir un critère diagnostique important : la visualisation,
dans le cadre de l’emploi de cette technique, d’un remplissage des
espaces intertrabéculaires par le fl ux sanguin provenant de la
cavité ventriculaire. Le scanner cardiaque et/ou l’IRM (fi gure 1B)
apportent des éléments diagnostiques similaires, permettant de
visualiser parfaitement les trabéculations et les récessus ainsi que
leur localisation (7). Le diagnostic est cependant parfois beaucoup
plus délicat : la principale diffi culté, en échographie comme en
IRM, est de diff érencier une hypertrabéculation “physiologique”,
observée fréquemment dans les cardiomyopathies primitives, des
non-compactions réelles. La limite définie par un rapport zone
non compactée/zone compactée supérieur à 2 est arbitraire,
reposant sur des études corrélatives comportant très peu de cas
comparés à l’anatomie. Par ailleurs, des trabéculations excessives
mais ne répondant pas aux critères de NCVG sont parfois obser-
vées chez des apparentés de sujets atteints (7). Le diagnostic de
NCVG peut également être diffi cile dans les formes localisées,
dans les formes à fonction systolique préservée (de plus en plus
fréquemment décrites) et dans les formes associées à d’autres
pathologies (bicuspidie, cardiomyopathie restrictive, cardiopa-
thie hypertrophique, coarctation aortique, etc.), formes qui ne
répondent plus alors à la stricte défi nition de la NCVG isolée.
Enfi n, certains diagnostics diff érentiels seront éliminés avec plus
ou moins de facilité : les cardiomyopathies hypertrophiques et
restrictives, les thrombi apicaux ventriculaires gauches (parfois
associés) et la transposition corrigée des gros vaisseaux.
Si l’échocardiographie conventionnelle est l’examen clé, d’autres
techniques échographiques sont utiles pour le diagnostic et
l’évaluation des NCVG : ETT, échographies de contraste ou
tridimensionnelle. La fi gure 2 illustre l’intérêt potentiel de
l’échographie de contraste, et la fi gure 3 celui de l’échographie
tridimensionnelle. La place respective de ces nouvelles techni-
ques reste cependant à préciser dans cette pathologie.