Book
Reviews
/Comptes rendus
221
I'ecrit, mais
le
resultat
du
lien entre
le
texte
et
le
transport.
Lorsque
advient
le
moment de I'exode, tout est reevaluer
en
fonction du poids:
le
leger parchemin prend vite
la
place
des
anciens dieux egyptiens
de
pierre.
Le
Dieu
eternel est desormais soumis aI'ephemere
du
papier,
reste äsavoir, pour Sioterdijk,
si
les
pyramides-machines immorta-
lisantes-peuvent etre transportables.
Le
spectre de
Hegel
semblait
se
promener derriere chacune
des
rencontres precedentes.
Dans
la
sixieme, Sioterdijk montre que c'est
Derrida qui
se
tient derriere
Hegel
et I'observe. Cette observation est
une
seance
de
psychanalyse
ou
Derrida note
et
analyse tous
les
lapsus
du
maltre qui professe,
une
seance
de
psychanalyse
ou,
dira 5Ioterdijk,
le
dernier pharaon de
la
metaphysique est analyse par
son
dernier Joseph.
Derrida
a,
dans
les
Marges de
/a
philosophie (1972), critique
la
semiologie de Hegel d'inspiration platonicienne dans laquelle
la
face
intellectuelle du signe est semblable ä
une
ame qui est «deposee»
dans
un
corps.
La
pyramide, dit Hegel, c'est
le
signe entre tous
les
signes,
et
la
semiologie, c'est
la
science
generale des pyramides. L'image
de
la
pyramide importe car «elle constitue I'image primitive
des
matieres en-
combrantes et
peu
maniables qui n'ont
pu
etre emportees lors
du
retour
de
I'esprit a
soi
(62)>>.
Elle
rappelle,
en
I'exagerant, I'image
du
livre
imprime et de
ses
caracteres que meme l'Esprit doit s'encombrer lors
de
son
exode circulaire qui
se
veut allegement.
Or,
lorsque
Hegel
doit parler
de I'intelligence,
il
la
compare ä
un
puits (menant verticalement vers
la
profondeur)
et
au
fond duquel sont inconsciemment conservees
images
et
voix de
la
vie anterieure.
Pour
deconstruire
la
pyramide, donc,
il
faut
la
de-deca/er (ent-entste//en), pour qu'elle redevienne puits;
ce
puits
devenant souvenir de soi-meme,
ou
encore
un
rappel de
sa
propre survie
jusques
ici
et jusqu'ä maintenant.
Ce
n'est
pas
le
puits, mais
la
chambre funeraire qui interessera
Sioterdijk dans
la
septieme et derniere rencontre avec
Boris
Groys.
Ce
philosophe s'est interesse ä
la
question
de
la
pyramide-moins a
sa
transportabilite qu'ä certains
de
ses
lieux comme
la
chambre funeraire.
Peut-on deplacer, demande-t-il, cette chambre et
la
reinstaller dans
un
autre lieu?
Dans
nos
societes,
Groys
assimile
les
chambres funeraires a
nos
musees
«dans
la
mesure
ou
les
musees
ne
sont que
des
lieux
heterotopiques
au
CCEur
du
'monde de
la
vie' moderne, sur lesquels
des
objets choisis, comme
des
momies modernes, sont mortifies, defonc-
tionnalises, ravis äI'usage profane
et
proposes aI'observation recueillie
(71).»
Mais
les
modernes,
selon
Groys, n'ont
pas
besoin d'hermeneute
de
reve,
ils
n'ont besoin que
de
collectionneurs.
On
comprend mieux
la,
selon Sioterdijk,
la
philosophie apres Derrida,
en
particulier
chez
les
jeunes derridiens: de
la
grammatologie
on
passe
ä
la
museologie (au
theorie
des
archives).