préliminaires d’un essai de phase II randomisé alle-
mand évaluant l’addition de cetuximab à la capécita-
bine associée soit à l’oxaliplatine, soit à l’irinotécan
(taux de RO : 68 % versus 41 %) [23] ; les taux de RO
rapportés en phase II variaient entre 57 % et 72 %
[24-27].
• Bevacizumab
L’adjonction de bevacizumab, anticorps monoclonal
humanisé dirigé contre le facteur de croissance
endothéliale vasculaire (VEGF), médiateur-clé de
l’angiogenèse tumorale, à une chimiothérapie à base
de 5FU bolus, AF et irinotécan hebdomadaire (schéma
IFL) en première ligne de traitement chez 813 patients
atteints de CCR métastatique en bon état général
(OMS 0-1 : 99 %), a été démontrée, dans l’essai
international multicentrique de phase III contre placebo
AVF2107g, supérieure à la chimiothérapie seule en
termes de taux de RO, de SSP et de SG – critère de
jugement principal –, conduisant à son AMM [28]
(tableau 1). Les patients du bras IFL plus bevacizumab
ayant pu recevoir une chimiothérapie avec oxaliplatine
en deuxième ligne avaient une SG de 25,1 mois,
contre 19,6 mois pour ceux n’ayant pu la recevoir
(p= 0,0011 ; dans le groupe IFL plus placebo,
22,2 mois et 15,8 mois respectivement, p< 0,0001),
témoignant de la corrélation entre la SG et l’accès aux
anticancéreux actifs. La toxicité de la chimiothérapie
n’était pas majorée par le bevacizumab et la mortalité
précoce (dans les 60 jours) plutôt inférieure (3 % ver-
sus 4,9 %). L’effet secondaire spécifique le plus fré-
quent était l’hypertension artérielle (22,4 % ; grade 3 :
11 %), habituellement aisément contrôlable par un
traitement antihypertenseur standard. La protéinurie
n’était pas plus fréquente, et aucun syndrome néphro-
tique n’était observé. Les thrombo-embolies artérielles
(mais non veineuses) tendaient à être plus fréquentes
(3,3 % versus 1,0 %), de même que les hémorragies
de tout grade (essentiellement des épistaxis modérées)
ou de grade 3-4 (3,1 % versus 2,5 %). Ces données
n’étaient pas ajustées en fonction de la durée moyenne
de traitement (40,4 semaines dans le bras combiné,
contre 27,6 semaines dans le bras IFL). Six perfora-
tions digestives (1,5 %) étaient observées, toutes dans
le bras avec bevacizumab [28].
Le bénéfice majeur en SSP et en SG, proportionnelle-
ment supérieur à ce que pourrait laisser escompter le
bénéfice en RO [28], reflète peut-être un effet plus
« cytostatique » que « cytotoxique » tumoral. Ce béné-
fice a été montré rétrospectivement quelle que soit la
classe de risque de Köhne et al., classification pronos-
tique originellement validée pour les patients atteints
de CCR métastatique traités par 5FU [29]. En outre, un
bénéfice similaire du bevacizumab en association à la
chimiothérapie par IFL, que les patients soient répon-
deurs ou non répondeurs, a été montré dans une
analyse rétrospective récente des résultats de l’essai
AVF2107g [30].
L’association de bevacizumab à une bithérapie par
5FU (ou capécitabine) plus oxaliplatine a été évaluée
en première ligne dans l’essai de phase II randomisé
américain TREE-2, amendant l’essai TREE-1, évaluant
les mêmes schémas de chimiothérapie sans bevacizu-
mab [31] (tableau 1). Le bras 5FU bolus-oxaliplatine
semblait inférieur aux bras FOLFOX et capécitabine-
oxaliplatine (CAPOX), avec ou sans bevacizumab. Si
la comparaison directe est méthodologiquement
impossible, l’addition de bevacizumab semblait confé-
rer un meilleur taux de RO (CAPOX : 46 % versus
27 % ; FOLFOX : 52 % versus 41 %) et allonger la SSP
(CAPOX : 10,3 versus 5,9 mois ; FOLFOX : 9,9 versus
8,7 mois) et la SG (24,4 versus 18,2 mois dans les
trois bras combinés). Chez les patients des bras
CAPOX et FOLFOX associés au bevacizumab, la SG
atteignait pour la première fois 27,0 et 26,0 mois
respectivement (contre 17,2 et 19,2 mois sans bevaci-
zumab, respectivement). La toxicité semblait similaire à
celle escomptée avec une trithérapie fluoropyrimidine-
oxaliplatine-bevacizumab [31]. L’essai XELOX-1, qui
comparait deux bithérapies associant l’oxaliplatine
soit à la capécitabine (XELOX), soit au 5FU et à l’AF
(FOLFOX 4) en première ligne de traitement du CCR
métastatique chez 634 patients, a été amendé, après
l’AMM du bevacizumab, pour devenir l’étude
NO16966. Cet essai contrôlé randomisé international
de phase III a randomisé 1 400 patients supplémentai-
res à recevoir une bithérapie par XELOX ou FOLFOX 4,
combinée soit au bevacizumab, soit à un placebo
(plan factoriel2x2)[32, 33] (tableau 1). Les résultats
préliminaires montrent une non-infériorité (premier
objectif principal) du schéma XELOX par rapport au
schéma FOLFOX 4 tant sur l’étude initiale XELOX-1 que
sur les deux groupes traités par bevacizumab dans
l’étude NO16966 ou que dans la population totale
des deux études (n = 2 034) : taux de réponse (comité
de lecture indépendant) de 37 % versus 39 %, SSP de
8,0 versus 8,5 mois (ratio de risque (HR) : 1,04 ;
intervalle de confiance [IC] à 97,5 % : 0,93-1,16)
dans cette dernière, et survie globale (SG) équivalente,
d’environ 18 mois, dans l’étude XELOX-1 (HR : 0,89 ;
IC97,5 : 0,72-1,11). Concernant la toxicité grade 3-4,
il y a plus de neutropénie dans le bras FOLFOX 4, mais
plus de thrombopénie, de diarrhée et de syndrome
main-pied dans le bras XELOX. Globalement cepen-
dant, la même proportion de patients a dû arrêter le
traitement pour toxicité (24,8 % versus 26,0 %). Cet
essai montre également pour la première fois un béné-
fice significatif de l’addition de bevacizumab à une
association de fluoropyrimidine (intraveineuse ou
orale) et d’oxaliplatine sur la SSP : 9,4 versus 8,0 mois
Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, mars 2007 17
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.