une survie équivalente pour les cancers du sein
suivis ou non de grossesse à stade égal.
■ La chimiothérapie modifie-elle
la fertilité ultérieure ?
Nous ne reviendrons pas sur les bénéfices apportés
par la chimiothérapie adjuvante chez ces femmes
jeunes, même lorsque le pronostic du cancer est
bon (pas d’invasion ganglionnaire, faible grade
histo pronostic, hormono dépendance…).
Mais cette chimiothérapie a un impact sur la ferti-
lité ultérieure : près de 30 % des patientes ont une
ménopause précoce dans les 2 ans qui suivent la
chimiothérapie (13), ce qui limite les possibilités
de grossesse ultérieure.
En revanche, il n’existe aucun effet démontré
d’augmentation de la fréquence des accidents
génétiques en cas de grossesse future.
6 cures de CMF ou de FAC
- après 40 ans : aménorrhée dans 90 % des cas ;
- avant 40 ans : aménorrhée dans 30 %
De plus, il est fréquent en cas de tumeur hormono
sensible de prescrire des agonistes de LHRH pen-
dant 2 ans à des fins de suppression de la fonction
ovarienne, ce qui retarde d’autant plus la survenue
d’une grossesse ultérieure.
◗ Quelle contraception proposer après cancer
du sein ?
La grossesse après un cancer du sein doit être dési-
rée et non un accident dû à un arrêt de contracep-
tion. La contraception doit être systématiquement
proposée. Méthodes locales, DIU (bien adapté
après cancer du sein), contraception hormonale :
Les EP combinés sont en théorie contre-indiqués.
Les progestatifs microdosés entraînent une hyper-
estrogénie relative. Les progestatifs macrodoses
discontinus peuvent être prescrits.
◗ Quel est le délai optimal pour une grossesse
après traitement ?
La survie longue après traitement est en soi un indi-
cateur de bon pronostic avec ou sans grossesse.
Seule une étude prospective ou les jeunes femmes
atteintes de cancer du sein seraient enrôlées au
moment du diagnostic fournirait des informations
précises. Une telle étude est en cours aux USA : les
résultats seront connus dans 10 ans.
Des données concernant plus de 1 000 femmes
enceintes après cancer du sein ne montrent pas
d’effet néfaste de cette grossesse sur le pronostic
de la maladie.
Pour les patientes N- , nous conseillons d’attendre
2 ans et pour les patientes N+, 3 ans.
■ En pratique
La grossesse ne semble pas influencer le pronostic
du cancer du sein antérieurement traité. L’ITG ne
modifie pas le pronostic.
S’il s’agit d’un cancer de bon pronostic, la survie
après grossesse est excellente, quel que soit le délai
entre traitement anticancéreux et conception.On
n’impose donc pas de délai.
En cas de cancer de moins bon pronostic, avec
notamment atteinte ganglionnaire, le pronostic
est relativement sombre (50 % de rechute à 10
ans) et il est conseillé aux patientes d’attendre un
délai d’au moins 2 ou 3 ans avant d’entreprendre
une grossesse.
■ Quel rôle la femme joue-t-elle ?
Le désir d’enfant chez une femme soignée ou
devant être soignée pour un cancer du sein n’est
pas comparable au désir habituel :
- L’atteinte physique des seins est une agression
à sa féminité à la fois dans l’imaginaire et dans la
réalité ;
- Dans l’imaginaire, la représentation des seins est
intimement liée à la référence à l’allaitement donc
à la maternité ;
- Dans la réalité, l’atteinte physique directe du sein
induite par les différents traitements est réelle.
Les différents traitements vont engendrer dans un
certain nombre de cas une ménopause précoce avec
castration retentissant sur le statut de la femme (sur
le plan physique, sexualité…)
Le désir d’enfant participe à la réparation, la
reconstruction de la féminité, comme un combat,
une sorte de réflexe de vie.
Le cancer du sein de la femme jeune se caractérise
par une fréquence plus élevée de prédisposition
génétique, avec un pronostic globalement moins bon
que si ce cancer survient après la ménopause, proba-
blement en rapport avec les caractéristiques propres
de la tumeur. Les traitements sont sensiblement
identiques à ceux de la femme ménopausée, avec
une attention accrue à la castration hormonale.
La grossesse ne semble pas influencer le pronostic
d’un cancer du sein traité. La PMA est CI si on
utilise des traitements de stimulations.
En cas de cancer de bon pronostic, il n’y a pas de
délai à respecter entre la fin du traitement de ce
cancer et la conception. En cas de moins bon pro-
nostic, l’évolutivité reste péjorative, avec ou sans
grossesse, et il semble raisonnable de conseiller aux
patientes d’attendre un délai d’au moins 2 ans après
la fin des traitements avant de concevoir.
En l’absence de désir de grossesse, il est conseillé
de prescrire une contraception. ■
1. Bonnier P, Romain S et al. Société Française de Sénologie
et de Pathologie Mammaire Study Group. Int. J. Cancer 1997,
72, 720-727.
2. Mignot L, Morvan F, Berdah J et al. Presse. Med. 1986, 15,
1961-1964.
3. Kroman N, Jensen MB, Melbye M. et al. Lancet 1997, 350,
319-322.
4. Malamos NA, Stathopoulos GP, Keramopoulos A Oncology,
1996, 53, 471-475.
5. Valagussa P, De Candis D, Antonelli G : Anticancer Drugs,
1995, 6 : 47.
BIBLIOGRAPHIE
N Groupe contrôle similaire Survie
Peters 1965 96 Oui Meilleure survie groupe cancer
Cooper 1970 40 Oui Survie idem
Mignot 1986 68 Oui Survie idem
Velengtas 1999 53 Oui Survie idem
Tableau 2 : influence de la grossesse sur un cancer du sein
préalablement traité : études cas contrôles.
Les 2 groupes sont similaires quant à l’âge et au stade de la maladie.
GENESIS - N°125 - novembre 2007 • 29
PRATIQUE
C’est une enquête auprès des femmes concernées que,
l’AFACS, l’Association Francophone pour l’Après Cancer
du Sein (1901) s’apprête à lancer, entre autres grâce
à votre aide dès le début du mois de décembre. Cette
enquête est une grande première : jamais un tel projet
ne fut conçu auparavant. Je demande ici à toutes et
tous les fidèles de Genesis de nous aider dans ce projet
ambitieux.
Si vous connaissez une ou des femmes ayant été
enceinte(s) (ayant accouché ou non) après un cancer du
sein, merci de lui suggérer de téléphoner au :
N° Vert
➤ 0800 770 736
Un questionnaire anonyme conçu par l’AFACS lui sera
alors proposé par la Société FOLLOW UP afin de
connaître dans le détail les circonstances, le vécu de son
cancer et de sa grossesse, l’impact physique et affec-
tif de cet événement dans sa vie quotidienne sociale et
conjugale.
Nous comptons retrouver et interroger entre 2000
et 5000 femmes.
Bien entendu je vous tiendrai informé(e) de l’évolution
du projet.
« DONNER LA VIE APRÈS
UN CANCER DU SEIN »