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étape de l’approche clinique aussi essentielle que celle de l’examen physique. L’interrogatoire 
en génétique médicale doit, tout en étant concis, viser à l’exhaustivité : des renseignements a 
priori d’importance mineure peuvent avoir dans certaines affections syndromiques complexes 
une valeur capitale pour l’orientation diagnostique. Il doit aussi être adapté au consultant dont 
l’émotivité,  les  barrières  psychologiques  (tabous  familiaux  par  exemple)  et  la  capacité  de 
compréhension (barrière linguistique par exemple) sont autant de difficultés à communiquer. 
Enfin, l’interrogatoire doit être orienté : en fonction de l’affection concernée il conviendra de 
bien faire préciser les circonstances qui ont conduit à sa découverte ainsi que son évolution 
dans le temps (maladie fixée ou évolutive…) et de rechercher dans l’histoire familiale des 
éléments susceptibles d’être en rapport avec la maladie. 
 
La  situation  la  plus  emblématique  est  celle  du  jeune  enfant  présentant  un  retard  des 
acquisitions  associé  ou  non  à  des  anomalies  malformatives.  Il  conviendra  ici  d’être 
particulièrement vigilant aux antécédents maternels ainsi qu’aux circonstances de la grossesse 
et  de  la  période  périnatale.  Certaines  données  orientent  en  effet  vers  des  causes  acquises 
responsables  de  phénocopies  (on  entend  par  phénocopies,  des  affections  au  phénotype 
comparable mais d’origine -acquise ou innée- différente). La  prise de toxiques pendant la 
grossesse  (alcool,  médicaments  tératogènes,…)  ou  certaines  maladies  infectieuses 
(toxoplasme, virus,…) ou métaboliques (phénylcétonurie guérie, diabète,…) sont des causes 
acquises bien connues  de  maladies  congénitales  malformatives  et/ou  de  retard mental. De 
même, une souffrance périnatale peut expliquer en partie ou en totalité un retard sévère des 
acquisitions. En revanche, une origine génétique devra être particulièrement suspectée devant, 
d’une  part,  la  notion  d’un  antécédent  de  fausse-couches  à  répétition  ou  d’apparentes 
difficultés  de  conception  qui  peuvent  traduire  l’existence  d’une  anomalie  chromosomique 
équilibrée chez l’un des deux parents, et, d’autre part, un âge parental élevé au moment de la 
conception : âge maternel élevé favorisant les aneuploïdies (trisomie 21 notamment) et âge 
paternel élevé favorisant la survenue de néo-mutations responsables d’affections dominantes 
d’allure  sporadique  (achondroplasie  par  exemple).  Il  conviendra  aussi  de  rechercher 
l’existence d’anomalies détectées lors du suivi systématique de la grossesse et qui peuvent 
être  en  relation  avec  des  manifestations  anténatales  de  l’affection:  suivi  échographique 
principalement (biométries, clarté nucale,…) et éventuellement par le dosage au deuxième 
trimestre des marqueurs hormonaux prédictif de trisomie 21.  
 
1.1.2.2  L’enquête familiale  est  un  moment  clé  de  l’interrogatoire. Elle  vise  d’une  part  à 
collecter les principaux antécédents médicaux des sujets apparentés au cas index et d’autre 
part à préciser la structure familiale sur plusieurs générations (généralement deux ou trois). La 
réalisation d’un arbre généalogique annoté est  le meilleur moyen pour  mettre en évidence 
dans un pedigree une prédisposition héréditaire à un trait morbide et pour évoquer des modes 
possibles  de  transmission.  Ainsi,  la  notion  dans  une  même  fratrie  (hérédité  d’allure 
« horizontale)  de  plusieurs  sujets  atteints  d’une  affection  rare  et  ayant  des  parents 
asymptomatiques doit orienter vers une affection transmise en récessivité. Si de plus l’analyse 
de  la  structure  familiale  révèle  une  consanguinité  parentale  l’hypothèse  d’une  affection  à 
transmission  autosomique  et  récessive  devient  très  probable.  A  l’opposé,  la  notion  de 
plusieurs  sujets  apparentés  présentant  des  symptômes  similaires  fera  plutôt  évoquer  une 
transmission en dominance si ces sujets appartiennent à des générations différentes (hérédité 
d’allure « verticale »). L’impact de ces données sur le conseil génétique peut être considérable 
conduisant notamment à une évaluation plus précise du risque de récurrence de l’affection 
dans la famille concernée. L’arbre généalogique est donc un élément indispensable du dossier 
clinique du patient. Il convient d’utiliser pour sa réalisation les symboles et règles admises 
internationalement et dont les plus courants ont été représentés dans la figure ci-dessous.