2 Le groupe et les groupes
2.1 Le concept de groupe
Dans le premier chapitre, les auteurs abordent l’´etymologie du mot groupe, et le concept qui en
d´ecoule. Le mot «groupe »aurait ´et´e import´e d’Italie au cours XVII`eme si`ecle et emprunt´e au monde
des beaux arts (groppo) qui signifiait “un assemblage d’´el´ements, une cat´egorie d’ˆetre ou d’objet”.
L’origine italienne du mot donne deux significations qui sont «nœud »et «rond ». La premi`ere
connote le degr´e de coh´esion entre les membres du groupe, et la deuxi`eme repr´esente d’avantage un
«cercle »de personnes. Les langues anciennes ne disposaient donc d’aucun terme sp´ecifique pour
d´esigner une association de personnes en nombre restreint poursuivant des buts communs.
Cette notion de groupe semble donc non-natuelle, parfois inexistante, ´eph´em`ere et le fruit du ha-
sard. Il semblerait que les Hommes ne con¸coivent que des relations inter-individuelles plutˆot que de
“groupe” (r´esultats d’enquˆete de l’AFAP1men´ee en 1961). De nombreuses r´esistances `a l’acceptation
de principe de groupe expliquent cela :
– Les pr´ejug´es individuels et collectifs d’ordre psychologique et psychanalytique qui ressortent de
l’´etude, indiquent que les personnes conc`edent volontiers que l’efficacit´e groupale est sup´erieure
`a l’efficacit´e individuelle mais que le concept de groupe en tant que tel, pose le probl`eme de
l’ali´enation : “viol de la personnalit´e” (p20). Freud souligne que “le narcissime humain et l’obs-
tacle le plus solide au progr`es des connaissance” et la science de groupe ne semble pas d´eroger
`a la r`egle.
– Des pr´ejug´es d’ordre sociologique constituent une seconde forme de r´esistance (´epist´emologique).
Dans certains cas, le groupe est per¸cu comme une ´evidence, un tout dans lequel l’individu seul
se m´elange pour devenir une partie indissociable d’une groupe : la famille, la tribu, le village...
Ainsi, la prise de distance pour ´etudier son groupe d’appartenance est proscrite et l’introduction
de nouveaux membres est impossible.
– Une autre r´esistance r´eside dans l’attitude des grandes organisations collectives (´etat, arm´ee,
ordres religieux) envers les groupes restreints. Ces derniers seraient une force mais repr´esenteraient
´egalement une menace. C’est pourquoi, une certaine m´efiance et un certain contrˆole (de la part
des grands groupes envers les petits) s’installent pour r´eguler les ´eventuelles conspirations et
pour pr´eserver son autorit´e (p23).
Cette enquˆete indique que diff´erents types de groupes peuvent ˆetre class´es selon diff´erents degr´es
croissants : individu, groupe d’amis, ´equipe de travail, institution, soci´et´e. L’individu accepterait les
paliers qui pr´ec`edent celui o`u il est situ´e, mais rejetteraient ceux qui le suivent.
La question qui se pose maintenant est de savoir `a partir de quand ou de combien peut-on parler
v´eritablement de groupe. Les auteurs stipulent que le groupe trouve sont origine avec l’apparition
d’une troisi`eme personne dans un binˆome mais “les ph´enom`enes des groupe ne se manifestent pleine-
ment qu’`a partir de quatre membres”. On parlerait de groupe quand le nombre de relations possibles
deux `a deux d´epasserait le nombre des membres : entre 3 personnes ABC, il y a 3 relations possibles
AB, AC, BC, alors qu’entre 4 personnes, il y a six relations possibles : AB, AC, BC, AD, BD, CD.
Les auteurs offrent une classification (cf Annexe 1 ou p.42) des diff´erents groupes de personnes selon
ses traits propres. :
1Association Fran¸caise pour l’Accroissement de la Productivit´e
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