Ces différents Hadiths authentiques semblent indiquer la nécessité et l’obligation pour
un musulman qui réside en terre non musulmane d’émigrer en toute situation… C’est,
apparemment, ce qu’ont déduit de nombreux savants de ces Hadiths, comme l’affirme Amîr
As San’âni r.a. dans son commentaire du « Bouloûgh oul Marâm », intitulé « Souboul ous
Salâm ». Néanmoins, cet avis ne fait pas l’unanimité.
En effet, Ibn Hadjar r.a. indique que ces Hadiths n’ont pas une portée générale et absolue. Si
c’était le cas, ils se poseraient en contradiction avec d’autres Traditions où il est
explicitement mentionné que l’obligation de la « Hidjrah » (émigration) pour le musulman a
pris fin avec la libération de Makkah en l’an 8 de l’Hégire… Ainsi, dans son ouvrage « Fath oul
Bâriy » (commentaire du « Sahîh Boukhâri »), il cite deux Hadiths:
Le premier est exactement le même que celui qui a été reproduit plus haut et le second a un
sens très proche du dernier… Commentant ces Hadiths, il écrit en substance
que ceux-ci s’appliquent à celui qui craint pour sa foi et sa condition
religieuse…
Cette approche est d’ailleurs confirmée par des propos tenus par Aïcha (radhia Allâhou
anha), lorsque l’on lui avait posé la question concernant la nécessité d’émigrer (après
la libération de Makkah)… Elle avait alors répondu qu’il n’y avait plus de « Hidjrah »
(émigration) aujourd’hui et, qu’auparavant, les musulmans devaient émigrer pour protéger
leur foi; maintenant qu’Allah avait fait renforcé l’Islam, le croyant pouvait adorer Son
Seigneur où il le voulait… (Boukhâri)
Ibn Hadjar r.a. toujours, commentant ces propos de Aïcha (radhia Allâhou anha) écrit que
celle-ci a exprimé que la raison d’être (« ‘Illah« ) justifiant l’émigration est la crainte que
l’on éprouve pour sa foi et sa religion; la prescription (« Houkm ») dépendant toujours de sa
raison d’être (« ‘Illah »), cela signifie qu’à partir du moment où le croyant peut
faire l’adoration d’Allah sans crainte, il ne lui est pas nécessaire
d’émigrer, et ce, quelque soit l’endroit où il se trouve.
C’est d’ailleurs ces propos de Aïcha (radhia Allâhou anha) qui ont conduit Al Mâwardiy r.a. à
affirmer que:
« Lorsqu’on peut manifester (idh-hâr) la religion (musulmane) dans un des pays non
musulman (bilâd al koufr), ce lieu devient une terre d’Islam; y résider devient alors préférable
que le quitter en raison de l’espoir que sa présence conduise d’autres à l’Islam. »
(Ref: « Fath oul Bâriy » – Volume 6 / Page 39 et Volume 7 / Page 229)