LE PORTRAIT ROMAIN (1) 1. Observez ces trois portraits : Sylla César Auguste Ils représentent trois personnalités politiques importantes du Ier siècle avant J.-C. 1a. Quelles ressemblances observez-vous entre ces trois portraits ? Visages fins ou longs, regard vide (il pouvait être peint dans l’Antiquité), précision du détail (les traits du visage, les cheveux). 1b. A votre avis, quels traits de caractère l’artiste a-t-il cherché à mettre en avant ? Par quel(s) moyen(s) ? Chaque visage exprime une certaine dignité : grave pour Sylla, plus sereine pour César et Auguste. De ce dernier, on remarque la jeunesse (finesse des traits, maigreur du visage). Le regard droit de Sylla peut exprimer la force ; le regard de côté de César évoque l’assurance et le caractère posé ; quant au regard baissé d’Auguste, il peut être signe d’humilité, celle-ci étant renforcée par la couronne civique qui orne sa tête (et qui souligne qu’il est le premier des citoyens – la couronne civique était décernée à un Romain qui avait sauvé la vie d’un autre Romain lors d’une bataille ; Auguste, lui, avait « sauvé Rome » en rétablissant la paix après une longue période de guerre civile). 2. Voici trois portraits des mêmes personnages. Saurez-vous les reconnaître ? César Sylla Auguste 2a. Qu’est-ce qui vous a permis de les identifier ? Le buste de César présente peu de ressemblances avec le portrait précédent ; mais on remarque sa calvitie, la forme de la bouche (une sorte de sourire calme, posé), des traits marqués. Sylla paraît ici plus jeune, son visage est plus fin ; mais il a la même gravité, accentuée même. D’Auguste, on note encore la jeunesse, soulignée par la finesse des traits, et cet air de confiance sereine. Les cheveux, aussi, sont identiques (même disposition des mèches). 2b. Diriez-vous que l’artiste a voulu traduire les mêmes traits de caractère dans ces portraits que dans les trois précédents ? La même gravité, élément essentiel à la « dignité » romaine, apparaît dans les portraits. (mots latins : gravitas, dignitas : le sentiment de noblesse, d’importance que se donnent les patriciens romains) 2c. Comment pourrait-on expliquer la différence entre deux représentations du même homme ? Il peut s’agir d’une différence d’âge. Mais l’intention de l’artiste peut aussi avoir changé. Le portrait correspond à la réalité mais aussi à l’image que l’on veut donner de l’homme représenté. 3. Faisons le point : 3a. Diriez-vous que les représentations ci-dessus sont réalistes ou idéalisées ? Pourquoi ? Elles sont à la fois réalistes (précision des traits, sens du détail) et idéalisées (l’artiste cherche à donner une image digne des personnages, en accord avec le pouvoir qu’ils détiennent et l’image que Rome se fait de la dignité). 3b. Quel est l’enjeu d’un portrait, surtout lorsqu’il représente un homme politique de premier plan ? L’en jeu d’un tel portrait est l’image que l’on veut donner du pouvoir. Auguste, en particulier, développa un « culte impérial » en diffusant des « images officielles » dans tout l’Empire. LE PORTRAIT ROMAIN (2) 4. Le « réalisme » du portrait : Le jeu des comparaisons est un moyen idéal pour mesurer la part de réalisme et d’idéalisation dans le portrait. A votre avis, combien d’hommes sont représentés sur ces cinq images ? TROIS. Pompée Cicéron Marius Quelle conclusion peut-on en tirer quant au réalisme du portrait romain ? Les portraits romains sont certes réalistes. Mais deux représentations d’un même homme peuvent être très différentes. Que cette différence soit due à l’âge du modèle (qui change physiquement au cours de sa vie) ou à l’artiste (qui « arrange » la réalité), elle engage à la prudence et nous rappelle qu’il y a toujours, outre le souci de réalisme, la volonté de donner une certaine image de l’homme dont on fait le portrait. 5. Le buste du Rhône : faites comme les archéologues, devinez ! En mai 2008, un buste est retrouvé dans le Rhône. Aussitôt le découvreur de ce buste, Luc Long, fait appel aux techniques les plus modernes (comme les scanners) et se rend à Turin pour comparer ce buste à un autre, car il est persuadé d’avoir reconnu la personnalité politique du Ier siècle avant J.-C. qui a servi de modèle. « C'est bien la physionomie de Jules César je l'ai reconnu tout de suite quand il a été au grand jour, mais c'est une image nouvelle, avec le vérisme de l'époque », a déclaré Luc Long. La découverte est d’autant plus précieuse que ce portrait aurait été réalisé du vivant de son modèle. Or, comme le souligne Luc Long : « A Rome, on ne trouve pas de statue de Jules César datant de son vivant : elles sont toutes posthumes. » A votre avis, de qui s’agit-il ? Comparez-le aux autres portraits de lui. La comparaison révèle des différences importantes ; mais, étant donné la différence existant déjà entre les deux premiers portraits de César, il apparaît difficile de décider s’il s’agit bien de Jules César, ou non. On remarque la rareté du cheveu sur le sommet du crâne, un visage plutôt carré. En revanche, le sourire posé, peut-être ironique, n’apparaît pas ici (il est plutôt grave).