CRISE
ET
IMPÉRIALISMES
DU
VIEUX
MONDE
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encore produites en France et en Italie sont menacées, bienfôt
.
supplantées par les soies venues
à
bon compte d’Extrême-Orient
;
surtout, le
lin
et
le
chanvre,
qui étaient la base de l’économie agri-
cole dans les contrées bordant la mer du Nord, sont concurrencés
à
la fois par les lins
et
les chanvres de la Baltique qui, eux aussi,
viennent
à
bien meilleur compte,
et
par le succès des textiles nou-
veaux comme le
coton,
dont
la
culture a repris
en
Amérique tout
en continuant de progresser dans lea nouvelles régions produc-
trices comme l’Égypte ou l’Inde. En Flandre française et siirtout
belge, cette disparition du lin provoque de véri€ables catastrophes,
faisant disparaître du même coup pour l’agriculteur
à
la fois une
occupation rurale, la culture,
et
une occupation artisanale, le tra-
vail des plantes qu’il cultivait., C’est une période d’affreuse mi-
sère, parfois de famine.
Cette crise rurale provoque une
recrudescence de la désertion des
campagnes,
qui vient entasser de la main-d’œuvre
à
bon marché
dans
les
villes
et
dessiner une nouvelle misère. Car, justement,
l’activité indusfrielle est elle-même chancelante.
Depuis
1873
environ,
le brusque développement de l’industrie allemande, les progrès
continus de l’effort autrichien
et
italien, l’amélioration générale des
procédés techniques ont conduit
à
une légère surproduction, qui se
trouve aggravée par la fermeture de bien des débouchés extérieurs
:
les Gtats-Unis, par exemple, non seulement s’équipent eux-mêmes,
mais commencent d’équiper le Canada.
Enfin une
crise monétaire
se développe lentement depuis
1875;
elle est due d’abord
à
un léger ralentissement de la production des
métaux précieux, succédant aux découvertes du milieu du siècle.
Sans doute, dans une certaine mesure,
on
peut y suppléer par de la
monnaie de papier. Mais celle-ci repose sur le crédit.
Or,
la situation
générale est défavorable.
Les conquêtes coloniales n’ont pas encore porté tous leurs fruits
économiques. Elles mettent sur le marché des denrées
à
bas prix,
elles nécessitent de fortes exportations d’argent. Elles seraient une
force pour des pays riches, elles pèsent d’un grand poids
sur
l’éco-
nomie chancelante de l’Europe.
Ainsi, vers
1890,
la situalion de l’Europe capitaliste paraît grave.
3.
LA
CRISE
SOCIALE.
-
Cette crise économique
se
traduit dans
le
domaine social. La
diminution des revenus agricoles
frappe les