LES METHODES D'ETUDE DE L'ACQUISITION DU LANGAGE Josie Bernicot Université de Poitiers, Département de Psychologie Laboratoire PsyDé, Université de Paris 5 - CNRS Pré-Print Bernicot, J. (1998a). Les méthodes d’étude de l’acquisition du langage. In R. Ghiglione & J.F. Richard (Eds.), Développement et intégration des fonctions cognitives. Cours de Psychologie, Tome 3 (pp. 301-316). Paris : Dunod. (2e édition, 1ere édition, 1994). Table des matières 1. INTRODUCTION............................... 2 2. LES FONCTIONS DU LANGAGE.................. 2 3. LES ACTIVITÉS LANGAGIÈRES................. 3 4. L'ANALYSE DU LANGAGE....................... 4.1. La forme linguistique.................... 4.2. La situation de communication............ 3 4 6 5. UNE BREVE HISTOIRE DES RECHERCHES.... 6 6. LES MÉTHODES DE RECHERCHE.............. 10 6.1. Les sujets............................... 10 6.2. Le matériel.............................. 11 6.3. Les plans de recherche................... 12 7. CONCLUSION................................. 15 2 1. INTRODUCTION Depuis une trentaine d'années, l'étude de l'acquisition du langage chez l'enfant a suivie l'évolution générale de la psycholinguistique, c'est à dire que l'on a assisté à une spécialisation des intérêts et des recherches. On ne parle plus du langage en général mais on s'intéresse davantage à des caractéristiques ponctuelles et bien définies du langage. Par rapport à l'adulte, le langage chez l'enfant présente certains aspects qui ont orientées les recherches en psychologie du développement: en particulier on prend en compte, plus qu'ailleurs, la fonction de communication du langage comme sa fonction de représentation, le rapport entre langage et situation de communication, et le rapport entre langage et aspects non linguistiques de la communication. L'objectif de ce chapitre est de définir les concepts qui permettent de situer les recherches aussi bien par rapport aux différents aspects de l'analyse du langage (cf. Crystal, 1997), à l'histoire des recherches, que par rapport aux différents paradigmes expérimentaux utilisés tant du point de vue de la procédure que du traitement des données (cf. Deleau et Weil-Barais,1994; Lambotte, 1995). 2. LES FONCTIONS DU LANGAGE Le langage a deux grandes fonctions essentielles: la fonction de représentation et la fonction de communication La fonction de représentation: La fonction d'un énoncé est de décrire la réalité. Le langage est donc considéré comme un tableau de la réalité, un instrument de découpage du monde: il intervient de façon majeure dans la construction des connaissances, dans le traitement et le stockage des informations. Par exemple la fonction d'énoncé comme "la pomme est un fruit" ou "le bâton A est plus grand que le bâton B" est clairement du côté de la représentation. La fonction de communication: la fonction d'un énoncé est de transmettre une information à un interlocuteur qui l'ignore, de persuader ou d'agir sur autrui. Le langage participe donc aux relations sociales, il devient un instrument d'action sur le plan des relations interindividuelles. Le langage est alors un système défini par un ensemble de règles, de conventions et de connaissances partagées qui sous-tendent, non seulement les communications verbales mais aussi l'ensemble des activités sociales. Par exemple 3 la fonction d'énoncé comme "s'il te plaît, raconte moi une histoire" ou "au fait, je l'ai le pins de Mickey" est clairement du côté de la communication. 3. LES ACTIVITÉS LANGAGIÈRES L'enfant peut exercer avec le langage trois activités principales: activité de compréhension, activité de production, activité métalinguistique. Activité de compréhension: l'enfant est en situation d'auditeur, d'interlocuteur ou de destinataire selon les terminologies utilisées. Il doit interpréter un message qui lui est adressé. Activité de production: l'enfant est en situation de locuteur. Il doit produire un message adressé à un auditeur Activité métalinguistique: l'enfant est en situation "d'observateur". Il doit parler du langage, réfléchir sur certaines propriétés du langage. On demande par exemple à l'enfant de donner la définition d'un mot hors situation de communication, ou de juger du degré de grammaticalité d'un énoncé et d'expliquer sa réponse. Dans chaque recherche, il est nécessaire de déterminer le point de vue adopté, et ceci d'autant plus que les résultats observés varient avec le type d'activité considéré. D'une façon générale, les résultats sont meilleurs en compréhension qu'en production (ceci pourrait être discuté et donner lieu à de longs développements), et ce sont les activités métalinguistiques qui correspondent aux bonnes réponses les plus tardives. 4. L'ANALYSE DU LANGAGE Le langage n'est que l'un des moyens de communication à la disposition de l'être humain qui utilise aussi des moyens non verbaux comme les gestes, les mimiques et les expressions faciales. L'homme utilise aussi d'autres systèmes de signes comme par exemple les systèmes de comptage, les techniques mnémotechniques, le système de calcul algébrique, les oeuvres d'art, les diagrammes, les cartes, etc.... Cependant le langage est caractérisé par la puissance des performances qu'il permet et par le fait que l'homme dans la "création" est le seul à le posséder et à pouvoir réellement le maîtriser. Pour comprendre l'acquisition du langage, un nombre de plus en plus important de recherches, prennent en compte, avec des pondérations variables, les caractéristiques 4 formelles des énoncés (linguistiques ou non linguistiques) et les caractéristiques de la situation de communication. 4.1. La forme linguistique 4.1.1. La double articulation Sur le plan linguistique, le langage se distingue des autres modes de communication par sa double articulation selon deux axes (Saussure, 1916): l'axe syntagmatique et l'axe paradigmatique (cf tableau 1). L'axe syntagmatique, le long duquel les unités se succèdent, est celui des séquences linéaires obligées du langage: on ne peut prononcer qu'un seul mot à la fois. L'axe paradigmatique, le long duquel les unités peuvent se substituer les unes aux autres, est celui des rapports entre les unités de l'énoncés et d'autres unités absentes mais qui peuvent mentalement être associées aux premières: par exemple Barbara parle aussi (le français, le russe, le chinois, l'allemand, etc....). Insérer le tableau 1 4.1.2. Le signe linguistique Un autre aspect essentiel de la définition du langage est le signe linguistique. Saussure (1916) a proposé une définition dyadique du signe, alors que Peirce (18671908) en a proposé une définition triadique. D'une façon générale c'est la définition de Saussure qui est la plus utilisée. La définition issue des travaux de Peirce à son intérêt dans les travaux récents liés à la pragmatique (cf paragraphe 4.1.3). Définition dyadique du signe: cette définition comprend deux éléments, le signifiant et le signifié. Le signifiant est l'image acoustique correspondant à la production d'un mot, "dinosaure" par exemple. Le signifié est le concept qui est associé au mot (cf tableau 2). Signifiant et signifié entretiennent un lien arbitraire, c'est à dire que l'image acoustique ne dépend en rien du concept. Par exemple dans le cas de CHAT le lien est arbitraire, dans le cas de MIAOU il ne l'est pas. En effet certains enfants, en produisant MIAOU pour désigner un chat, utilisent en fait le cri d'un animal pour le désigner; il existe donc là une dépendance entre le mot et le concept qui lui correspond. 5 Insérer le tableau 2 Définition triadique du signe: cette définition comprend trois éléments, le REPRESENTAMEN, l'OBJET et l'INTERPRÉTANT. Le REPRESENTAMEN est l'image sonore ou visuelle du signe (par exemple GRENADE). L'INTERPRÉTANT est le signe équivalent ou plus développé qui est crée chez celui à qui s'adresse le REPRESENTAMEN (arme, fruit, ville). L'OBJET est ce qui correspond au signe (par exemple la ville de GRENADE) (cf tableau 3). Lorsqu'on parle devant diverses personnes d'une grenade, l'interprétant variera de l'une à l'autre selon son métier ou ses préoccupations: le soldat pensera "armes", la ménagère "fruit" et le voyageur "ville". la définition triadique du signe permet de rendre compte de la polysémie des mots extrêmement fréquente, même dans le vocabulaire courant. Insérer le tableau 3 4.1.3. Les niveaux de l'analyse On définit quatre niveaux d'analyse: phonologique, syntaxique sémantique et pragmatique. Le niveau phonologique est le niveau des sons: on va par exemple se demander, en production, à quel âge un enfant a acquis le système phonologique de sa langue maternelle et s'il y a un ordre d'acquisition de sons ou des combinaisons de sons. On s'intéresse aussi à ce niveau au problème important de l'intonation. Le niveau syntaxique est le niveau de la grammaire c'est à dire le niveau de l'ordre des mots et de la place des mots dans la phrase par rapport à leur fonction: par exemple en français, à la voie active l'agent de l'action est en début d'énoncé, alors qu'à la voie passive il est placé à la fin. Ces positions différentes engendrent des acquisitions différentes en compréhension comme en production. Le niveau sémantique est celui de la signification des mots et des énoncés. Par exemple la signification des mots évolue avec l'âge: certains auteurs considèrent que lors d'une première étape le verbe ACHETER a la même signification que PRENDRE, ensuite lors d'une deuxième étape cette signification est enrichie de ce qui est relatif à la transmission de l'argent. le niveau pragmatique est celui du rapport entre la forme de l'énoncé et de la situation de communication. A ce niveau, on considère que la signification d'un mot ou 6 d'un énoncé est déterminée à partir de sa forme mais aussi à partir des inférences permises par le contexte qu'il soit linguistique ou situationnel. La nécessité d'une interprétation basée sur le contexte est bien mise en évidence par des phénomènes linguistiques comme l'allusion, l'insinuation, l'ironie et la métaphore. Cette nécessité existe aussi pour des énoncés quotidiens comme "pouvez-vous me passez le sel?" pris en exemple par Searle (1982). D'un point de vue linguistique, cet énoncé est une question sur la possibilité de l'auditeur de réaliser une action; il appelle donc une réponse oui ou non. D'un point de vue social, et produit dans un contexte de repas, cet énoncé ne doit pas être compris comme une question mais comme une demande de passer le sel. 4.1.4. Le langage et les aspects non verbaux de la communication Les chercheurs s'intéressant à la genèse du langage ont montré que les aspects non verbaux de la communication occupent une place importante à la fois dans l'acquisition du langage et dans son fonctionnement. Des comportements comme la direction du regard, le pointage, l'expression faciale, les mouvements d'avancée et de retrait du corps ont déjà été étudiés. Cosnier (1982) a présenté une classification, dont nous reprenons ci-dessous quelques éléments, des gestes communicatifs, en distinguant les quasi linguistiques des syllinguistiques. Les gestes quasi linguistiques sont capables d'assurer une communication sans l'usage de la parole. Ces gestes cependant coexistent avec les énoncés pour les renforcer ou les contredire; par exemple "stop", bras en avant, paume relevée face à l'extérieur, ou "chut", index vertical devant les lèvres serrées. Les gestes syllinguistiques accompagnent la parole en la précisant ou en la renforçant. Les gestes coverbaux illustrent le discours: par exemple montrer du doigt l'objet dont on parle. les gestes synchronisateurs de l'interaction permettent le maintien et la régulation du contact entre le locuteur et l'auditeur: par exemple contact visuel, hochement de tête, etc.... 4.2. La situation de communication Le tableau 4 (cf Bernicot 1992) indique les paramètres essentiels de la situation de communication considérés dans les recherches relatives à l'acquisition du langage: ils sont liés au lieu et au moment de la communication mais aussi aux caractéristiques des participants et aux différents types de rapports existant entre ces participants (cf tableau 4). 7 Insérer le tableau 4 5. UNE BREVE HISTOIRE DES RECHERCHES Même si l'intérêt pour le langage chez l'enfant est ancien, et même si la perception de l'importance du langage pour l'être humain est marquée dans l'étymologie du mot ENFANT (celui qui ne parle pas), les études systématiques datent du début du 20ième siècle. De plus, depuis l'antiquité et surtout depuis le début du siècle, les thèmes et les objectifs des recherches ont beaucoup évolués. L'antiquité - L'étude la plus ancienne qui nous soit parvenue a été rapportée par l'historien grec Hérodote (environ 500 avant J.C.). Le texte est repris dans l'exemple n°1. Il apparaît que l'objectif du pharaon est philosophico-politique: déterminer l'ancienneté d'un peuple par sa langue et donc le statut plus moins dominant de ce peuple et de cette langue. Ce récit est aussi le témoin de la croyance du caractère totalement inné de la langue la plus ancienne. Malgré un souci important de précision, on note surtout, par l'isolement pendant plusieurs mois des enfants, l'absence de respect de principes éthiques de base, l'utilisation d'un petit nombre de sujets, et au niveau de l'interprétation l'absence de mise en rapport du mot "Bécos" avec le cri habituel de la chèvre "Bé-éh". ______________________________________________________________________ Exemple n°1 - Récit d'Hérodote (environ 500 avant J.C.). Les Égyptiens se croyaient, avant le règne de Psammétique, le plus ancien peuple de la terre. Ce prince ayant voulu savoir, à son avènement à la couronne, quelle nation avait le plus droit à ce titre, ils ont pensé depuis ce temps-là, que les Phrygiens les avaient précédés mais qu'eux-mêmes étaient venus avant toutes les autres nations. Les recherches de ce prince étant restées longtemps infructueuses, voici le moyen qu'il imagina: il prit deux enfants de basse extraction nouveau-nés, les remit à un berger pour les élever parmi ses troupeaux, lui ordonna d'empêcher que qui que ce fût prononçât un seul mot en leur présence, de les tenir enfermés dans une cabane dont l'entrée fût interdite à tout le monde, de leur amener, à certains intervalles des chèvres pour les nourrir et, lorsqu'ils seraient rassasiés, de vaquer à ses autres occupations. En donnant ces ordres, ce prince voulait savoir quel serait le premier mot que prononceraient ces enfants quand ils auraient cessé de rendre des sons inarticulés. Ce moyen lui réussit. Deux ans après que le berger eut commencé à en prendre soin, comme il ouvrait la porte et qu'il entrait dans la cabane, ces deux enfants, se traînant vers lui, se mirent à crier "Bécos", en lui tendant les mains. La première fois que le berger les entendit prononcer cette parole, il ne dit 8 rien; mais ayant remarqué que, lorsqu'il entrait pour en prendre soin, ils répétaient souvent le même mot, il avertit le roi, qui lui ordonna de les lui amener. Psammétique, les ayant entendu parler lui-même, et s'étant informé chez quel peuple on se servait du mot "bécos" et ce qu'il signifiait, apprit que les Phrygiens appelaient ainsi le pain. Les Égyptiens, conclurent de cette expérience et tombèrent d'accord que les Phrygiens étaient plus anciens qu'eux. ______________________________________________________________________ Les observations proprement scientifiques ne débutent réellement qu'à partir du 19ième siècle. Auparavant les réflexions sont uniquement philosophiques ou philosophico-éducatives comme celles de Rousseau (1762) au 18ième siècle. Le 19ième siècle - Les premières recherches ont consisté en prises de notes journalières ou régulières réalisées par l'un des parents de l'enfant pendant les premières années du développement linguistique. Lors de ces relevés, l'observateur inscrivait les mots et les expressions produites et comprises par l'enfant, la prononciation et les significations transmises dans l'ordre chronologique d'apparition. les études de Grégoire (1937, 1947) pour le français, Pavlovitch (1920) pour le français et le serbe, Gvozdev (1949) pour le russe et Leopold (1939, 1947, 1949) pour l'anglais et l'allemand sont les plus connues. On doit noter aussi le travail de G. Stanley Hall (1883) aux USA qui a été la source de très nombreuses recherches ultérieures, ainsi que celui de Gustave Guillaume (datant du début du siècle en France) qui a fait récemment l'objet de lectures critiques très intéressantes (Bres, 1997). Ces premières études, réalisées dans des milieux cultivés et instruits, sont centrées sur ce que l'enfant dit et comprend et ne fournissent que très peu d'informations les composants de la structure du langage (vocabulaire, syntaxe, etc....) et sur la mise en place de ces différents aspects. Comme dans l'antiquité, on retrouve la préoccupation philosophique de l'origine du langage. C'est le cas pour les relevés effectués par Darwin (1877) à propos de l'un de ces fils dont l'intérêt a été souligné par Butterworth et Harris (1994). C'est le cas aussi pour l'intérêt suscité par la publication à propos de Victor l'enfant sauvage de l'Aveyron (Itard, 1807) élevé sans contact humain jusqu'à un âge relativement avancé. Première moitié du 20ième siècle - Pendant cette période des données sont recueillies dans tous les milieux sociaux dans une perpective éducative et relativement normative. On s'intéresse aux différences entre les sexes, entre les classes sociales, et aux causes des difficultés d'apprentissage. Des échantillons d'enfants ont été testés sur des problèmes comme la longueur des phrases, le type d'erreurs grammaticales ou de prononciation (McCarthy, 1952). 9 Les années 1960: Sous l'influence du modèle linguistique de Chomsky (1971) on a assisté à une explosion des recherches concernant l'acquisition de la grammaire par l'enfant. Le principe de recherches est le suivant: un petit nombre d'enfants est suivi pendant les débuts de l'acquisition du langage. Par exemple Roger Brown (1973) a étudié le développement du langage chez trois enfants Adam, Eve et Sarah. Les chercheurs rendaient visite aux enfants à leur domicile une fois par mois et enregistraient leur productions verbales. Puis, les enregistrements étaient transcrits et analysés au laboratoire. Les premières acquisitions syntaxiques des enfants ont pu ainsi être mises en évidence. Les années 1970 - Ces années sont caractérisées par l'étude des aspects sémantiques du langage, et en particulier par l'étude des relations sémantiques exprimées dans les premiers énoncés. On note le début de la prise en compte du contexte. C'est aussi la période de l'étude du langage adressé par les adultes à l'enfant. L'objectif d'une partie importante des recherches est d'apporter des arguments à la discussion sur le caractère inné ou acquis du langage. On s'intéresse aussi au lien entre développement linguistique et cognitif, en particulier dans le cadre de la théorie de Piaget (1964). On se demande par exemple si les termes qui marquent l'espace (ex: devant, derrière, sur, à côté, au milieu) sont nécessaires à l'acquisition des concepts qui leur correspondent ou si ces concepts sont acquis avant les termes spatiaux. Les années 1980-1990. Ces années sont caractérisées par la prise en compte des aspects pragmatiques du langage c'est à dire de la variation de la forme et de la signification des énoncés avec la situation de communication. Dans ce cadre on étudie l'évolution avec l'âge des actes de langage et en particulier de la demande, des excuses, des métaphores, etc.... On étudie aussi des phénomènes comme les variations stylistiques ou les plaisanteries. Cette période a vu naître un intérêt pour le lien entre développement linguistique et social, en s'appuyant sur des théories pragmatiques comme celle de Searle (1982) mais aussi sur des théories du développement comme celles de Vygotski (1985) ou de Bruner (1983; 1991). Cette perspective est particulièrement bien illustrée par l'ouvrage d'Adamson (1995). Actuellement, des recherches concernant les quatre aspects essentiels du langage (phonologique, syntaxique, sémantique et pragmatique sont menées de façon parallèle dans différents laboratoires. L'exemple n°2 est un résumé de recherche récente qui fait apparaître, par rapport à l'antiquité et même au 19ième siècle, l'évolution de l'objectif des recherches, passage d'un objectif philosophique très large à un objectif très ponctuel centré sur le fonctionnement d'un sous-système du langage, et de la méthode utilisée aussi bien du point de vue du nombre de sujets que du contrôle de la procédure. 10 ______________________________________________________________________ Exemple n°2 - Bernicot et Legros (1987). La compréhension des demandes par les enfant de 3 à 8 ans. La compréhension des demandes directes (par exemple "Ferme la fenêtre") et des demandes indirectes non conventionnelles (par exemple "Il fait froid") ont été étudiée chez les enfants de 3 à 8 ans. D'un point de vue théorique, on s'appuie à la fois, sur la perspective psychologique qui privilégient les facteurs sociaux et cognitifs de l'acquisition du langage et sur la perspective de la philosophie du langage. Trois groupes de 24 enfants (3-4 ans, 5-6 ans et 7-8 ans) ont réalisé une tâche de complètement d'histoires présentées sous forme de bandes dessinées. En plus des variables classiques, âge des enfants et nature linguistique de l'énoncé (demandes directes ou indirectes non conventionnelles), on étudie le rôle de la force du contexte de production (contexte fort ou faible). On obtient les résultats suivants: a) en contradiction avec d'autres recherches on montre que les demandes directes sont mieux comprises que les demandes indirectes non conventionnelles (allusions), b) le rôle de la variable force du contexte est important: la compréhension des demandes indirectes mais aussi la compréhension des demandes directes dépend du contexte de production de l'énoncé, c) comme on pouvait s'y attendre pour les demandes directes et indirectes les enfants les plus âgés réussissent mieux que les enfants les plus jeunes. Les résultats détaillés sont discutés en termes de types de compréhension des demandes liés à la compréhension de l'action à réaliser ou à la compréhension de l'intention du locuteur; il semble que du point de vue du développement la compréhension de l'action à réaliser précède la compréhension de l'intention du locuteur. ______________________________________________________________________ 6. LES MÉTHODES DE RECHERCHE 6.1. Les sujets Le nombre d'enfants pris comme sujets varie d'une recherche à l'autre: il peut s'agir d'une étude de cas dans laquelle on s'intéresse à un petit nombre de sujets (1 à 5 en général), ou d'une étude plus large; actuellement, dans cette seconde condition, chaque groupe pris en compte, défini par les conditions de l'expérience, comporte souvent entre 10 et 60 sujets. L'origine sociale et culturelle des enfants varie aussi d'une recherche à l'autre, mais doit nécessairement être bien contrôlée par les chercheurs. Contrairement à ce qui se passait au 19ième siècle, les résultats obtenus concernent donc l'ensemble des 11 enfants, et non pas uniquement ceux des couches sociales les plus cultivées. De plus, ce sont les résultats moyens de chaque groupe (moyennes, médianes et variance) qui sont le plus souvent étudiés, et non pas les données de chaque enfant qui sont analysées puis éventuellement synthétisées. Les recherches relatives à l'acquisition du langage sont réalisées avec des sujets dont l'âge se situent dans la grande majorité des cas entre 3 et 12 ans. On doit cependant noter dans la période récente un intérêt de plus en plus marqué pour la tranche d'âge 1 an et demi - 3 ans. 6.2. Le matériel Depuis 1950, l'apparition progressive de technologies nouvelles, comme les magnétophones, les magnétoscopes et les programmes d'ordinateurs a considérablement amplifié et facilité le recueil et l'analyse des données. Auparavant, les chercheurs utilisaient des techniques dites "oeil-crayon-papier" qui limitait beaucoup la quantité, l'objectivité, voire la finesse des données à collecter et par conséquent leur fiabilité. A part les études sur la phonologie qui nécessitent un appareillage lourd et complexe, comme les analyseurs de fréquence vocale, la majorité des recherches peuvent être conduites avec un matériel facilement disponible et d'usage courant. Dans de nombreux cas un magnétophone de bonne qualité est suffisant. Il est parfois nécessaire d'adjoindre à ce magnétophone des micros sans fil permettant par exemple le recueil de production à distance en situation de récréation dans une cour d'école. Dans d'autre cas le magnétoscope s'impose: par exemple pour l'étude des gestes qui accompagnent le langage ou la direction du regard, mais aussi pour avoir une idée précise du contexte de compréhension ou de production. Le matériel léger existant (magnétophones et/ou magnétoscopes) permet de faire des enregistrements à domicile sans bouleverser les habitudes familiales. De plus, pour atténuer l'effet de perturbations dues au matériel et aux expérimentateurs il est possible de faire déclencher les enregistrements par les sujets eux-mêmes. A partir des enregistrements, la transcription reste difficile aussi bien du point de vue de la longueur du travail que des décisions à prendre pour répondre aux deux questions "Que va-t-on transcrire?, "Comment va-t-on transcrire?". En effet la transcription doit être réalisée selon des règles explicites, précises et bien adaptées aux objectifs de la recherche: par exemple on doit s'interroger sur le mode de notation de l'intonation, la prise en compte ou non des gestes accompagnant le langage, sur la notation des prononciations particulières et des contractions linguistiques (ex: j'l'ai, j'suis), etc....Le tableau 5 donne un exemple de transcription issue d'une recherche de Bernicot et Marcos (1993): il s'agit de productions adressées par un enfant à un 12 expérimentateur pour obtenir des pièces nécessaires à la réalisation d'un puzzle d'encastrement. Insérer le tableau 5 Après la transcription des enregistrements l'étape suivante est celle du codage et du traitement des données. Ces dernières années sont apparus des programmes informatiques destinés à aider les chercheurs lors de ces deux dernières opérations (cf. Edward et Lampert, 1993). Les plus sophistiqués d'entre eux ont une vocation internationale, Par exemple le programme ChiLDES (Child Language Data System) a été crée en 1984 aux USA sous la direction de Brian MacWhinney et Catherine Snow: l'objectif de ce programme est à la fois de créer une base de données alimentée et disponible pour les chercheurs du monde entier (cf. Flecher et MacWhinney, 1995). Cette base de données permet d'accroître la standardisation, l'automatisation du codage, et la consultation aisée des informations à partir de critères multiples et variés. 6.3. Les plans de recherche Comme tous les autres secteurs de la psychologie, le domaine de l'acquisition du langage utilise aussi bien la méthode expérimentale au sens classique du terme (cf Claude Bernard, 1815) que l'observation. Il faut cependant noter que l'étude d'un certain nombre de phénomènes, comme par exemple l'effet de l'attitude de l'entourage, pour des raisons éthiques et déontologiques évidentes (on ne peut pas isoler les enfants ou couper la langue de leurs parents), ne peut être réalisée que par observation. 6.3.1. La méthode expérimentale: les causes, les tâches et les effets L'objectif général de la méthode expérimentale (cf Fraisse et Piaget, 1966) est de mettre en évidence un lien de cause à effet entre deux paramètres. LES CAUSES - En matières d'acquisition du langage, les causes c'est-à-dire les variables indépendantes, sont essentiellement définies par des caractéristiques du sujet, celles des cibles linguistiques étudiés et celles de la situation de communication. Les caractéristiques du sujet: âge, sexe, milieu social, économique ou culturel d'origine, langue maternelle, niveau scolaire, quotient intellectuel, place dans la fratrie, etc.... 13 Les caractéristiques du langage: le type de mots, le type de marques syntaxiques, les catégories de verbes, d'articles, la forme des phrases (ex: négative ou interrogative), etc.... Les caractéristiques de la situation de communication: le thème, le contenu des productions, le contexte, les caractéristiques des interlocuteurs, les types de rapport psychologiques ou sociaux qu'ils entretiennent, etc.. LES TACHES - La mise en évidence du lien entre deux paramètres est réalisée à travers une tâche qui est une activité identique proposée à tous les sujets. Dans de très nombreuses expériences la réalisation de cette tâche par le sujet est effectuée en situation individuelle. L'imagination des chercheurs est très fertile en ce domaine, on note actuellement une tendance qui consiste à proposer aux enfants des tâches proches de leurs activités quotidiennes ou des tâches qui à travers le principe du jeu de rôle les mettent dans des situations où ils ont réellement quelque chose à dire ou à comprendre. On ne peut dresser une liste exhaustive des épreuves utilisées, mais voici quelques exemples parmi les plus fréquentes: répéter un énoncé, obéir à des instructions, dans le cadre de jeu de poupées avec du matériel miniature produire des énoncés et faire réaliser des actions aux personnages, comprendre des histoires en répondant à des questions, rappeler des histoires, compléter des bandes dessinées en se mettant à la place des personnages, décrire une image ou un matériel spécifique en s'adressant soit à l'expérimentateur soit à un autre enfant qui doit reconnaître l'objet décrit, etc.... LES EFFETS - Les effets, c'est-à-dire les variables dépendantes sont définies, dans chaque expérience par certaines caractéristiques des performances des sujets lors de la réalisation de la tâche. Voici quelques exemples de variables dépendantes couramment utilisées en production: la longueur moyenne de l'énoncé (MLU), le nombre de verbes, d'articles, de termes spatiaux ou causaux, le nombre de phrases ayant une certaine forme linguistique, le nombre de demandes, d'assertions, de tours de parole, etc.... En compréhension, des variables dépendantes comme le nombre d'histoires comprises, rappelées ou complétées correctement, le nombre d'instructions bien exécutées, le nombre d'objets ou de personnages bien identifiés, sont fréquemment étudiées. Pour l'évaluation des connaissances métalinguistiques on utilise principalement des épreuves de jugement d'énoncés, le jugement devant être suivi d'une explication de la réponse. 6.3.2. L'observation: les covariations et les coexistences 14 L'observation est définie comme l'investigation d'un phénomène naturel ou culturel sans que le chercheur intervienne dans le déroulement du phénomène. On ne peut bien entendu "tout observer". Le chercheur doit faire des choix d'observation. En conséquence de quoi ces choix sont souvent "sujets à caution", contestables. Cette méthode conduit à donc un moins grand contrôle par le chercheur des conditions d'étude que la méthode expérimentale. Dans de nombreux cas, il est impossible à partir de l'observation de mettre en évidence des liens de cause à effet . Ses possibilités en termes d'explication d'un phénomène sont donc plus limitées. L'observation permet de mettre en évidence des covariations et des coexistences. Dans l'étude de l'acquisition du langage, l'observation est particulièrement pertinente pour étudier le rôle de l'entourage. Le problème des covariations est bien illustré par l'adaptation des mères du niveau de leur langage à celui de leur enfant (cf Moreau et Richelle, 1981). Pour l'acquisition du langage, on montre que le niveau du langage des mères évolue pour être juste supérieur à celui de leur enfant. Pour établir un lien de cause à effet, il faudrait "trouver" ou "créer" des mères qui ne s'adapte pas. Faute de quoi, on peut simplement constater qu'il existe une covariation entre le niveau de langage de la mère et celui de l'enfant. En ce qui concerne les coexistences, on peut évoquer la recherche de Suzuki (1992). Cette étude définit le cadre dans lequel sont appris les demandes par les enfants japonais de deux ans. Pour enseigner les demandes directes et indirectes à leurs enfants, les mères japonaises utilisent systématiquement des scripts, c'est-à-dire des contextes structurés, répétés et correspondant à des connaissances partagées par la mère et l'enfant. La recherche, très intéressante, de Suzuki (1992), n'échappe pas à la critique classique: la preuve n'est pas faite que l'apprentissage des demandes par les enfants dépend de l'utilisation de scripts par les mères, car l'expérience ne montre pas que l'absence de l'utilisation de ces scripts entraîne une absence d'acquisition ou un autre type d'acquisition des demandes. Il n'y a pas de lien de cause à effet, il y a coexistence entre les scripts et les demandes 6.3.3. Remarque sur la méthode transversale et longitudinale Les recherches sur l'acquisition du langage peuvent être réalisées, comme en psychologie du développement d'une façon générale, suivant les méthodes transversale ou longitudinale, avec certains avantages mais aussi avec certains inconvénients (cf Bacher, 1976). Il est nécessaire de bien maîtriser les uns et les autres. Avec la méthode transversale, on peut par exemple étudier l'évolution de la compréhension de la négation entre 2 et 4 ans. On prend un groupe d'enfants de 2 ans et 15 un groupe d'enfants de 4 ans (20 sujets dans chaque groupe), puis on tente de décrire et d'expliquer les différences observées dans le recueil des données en se fondant sur les performances moyennes de chaque groupe. Le principale avantage de cette méthode est une réalisation rapide du recueil des données. Un des inconvénients est lié au problème de l'équivalence des sujets: en effet, théoriquement les deux groupes d'enfants (2 et 4 ans) ne doivent être différents que par l'âge, "toute chose étant égale par ailleurs". Avec la méthode longitudinale, ce sont les mêmes enfants qui vont être suivis entre l'âge de 2 ans et de 4 ans, à intervalle régulier, par exemple tous les mois on va tester leur compréhension de la négation. Cette méthode implique souvent de ne travailler qu'avec un petit nombre d'enfants. Pour chaque sujet, c'est en comparant les performances obtenues aux différentes passations successives que l'on va cerner l'évolution de la compréhension de la négation. L'avantage principal est de pouvoir suivre l'évolution pas à pas d'un comportement chez le même enfant. L'inconvénient majeur de cette méthode est la longueur de l'étude: il faut attendre que les enfants grandissent. La méthode transversale et la méthode longitudinale sont utilisées aussi bien dans le cadre de la méthode expérimentale que dans le cadre de l'observation. 7. CONCLUSION Les recherches relatives à l'acquisition du langage font appel à des concepts issus de domaines différents (linguistique, psychologie, sociologie) nécessaires pour analyser le langage mais aussi la situation de communication. Du point de vue des méthodes de recherches les plans utilisés sont les même qu'en psychologie générale ou qu'en psychologie du développement: c'est à dire la méthode expérimentale et l'observation. Il faut cependant noter que le caractère complexe et très ancré dans la situation du langage chez l'enfant a souvent conduit les chercheurs, soit à imaginer des paradigmes spécifiques dans le cadre de la méthode expérimentale, soit, peut être plus que dans d'autres secteurs, à utiliser l'observation contrôlée seule pertinente pour rendre compte de la réalité de certains phénomènes. 16 Bibliographie du chapitre LES METHODES D'ETUDE DE L'ACQUISITION DU LANGAGE Adamson, L.B. (1995). Communication during infancy. Oxford: Westview Press Bacher, F. (1976). Les études longitudinales: problèmes méthodologiques. In M. Reuchlin (Ed.) Cultures et conduites. Paris: Presses Universitaires de France. Bernicot, J. (1992). Les actes de langage chez l'enfant. Paris: Presses Universitaires de France. Bernicot, J. et Legros, S. (1987). La compréhension des demandes par les enfants de 3 à 8 ans: les demandes directes et les demandes indirectes non conventionnelles, Cahiers de Psychologie Cognitive, 7, 267-293. Bernicot, J. et Marcos, H. (1993). La demande prélinguistique et linguistique: qu'apporte le langage. International Journal of Psychology, 28, 291-306. Bres, J. (Ed.). (1997). Le système verbal selon G. Guillaume. Lecture critiques. Cahiers de Praxématique, 29. Butterworth, G. & Harris, M. (1994). Principles of Developmental Psychology. Hillsdale, NJ: Laurence Erlbaum Associates. Brown, R. (1973). A first language. Cambridge, MA: Harvard University Press. Bruner, J.S. (1983). Le développement de l'enfant: savoir faire, savoir dire. Paris: Presses Universitaires de France. Bruner, J. S. (1991). ... Car la culture donne forme à l'esprit : de la révolution culturelle à la psychologie culturelle. Paris : ESHEL. Chomsky, N. (1971). Aspect de la théorie syntaxique. Paris: Seuil. Cosnier, J. (1982). Communications et langages gestuels. In J. Cosnier, J. Coulon, A. Berrendonner et C. Orecchioni (Eds.). Les voies du langage. Paris: Dunod. 17 Crystal, D. (1997). The Cambridge encyclopedia of language. Cambridge: Cambridge University Press. Darwin, C. (1877). Biographical sketch of an infant. Mind, 2, 285-294. Deleau, M et Weil-Barais, A. (Eds.) (1994). Le développement de l'enfant: approches comparatives. Paris: Presses Universitaires de France. Edward, J.A. and Lampert, M.D. (Eds.). (1993). Talking data. Transcription and coding in discourse research. Hillsdale. New Jersey: Laurence Erlbaum Associates. Flecher, P. and MacWhinney, B. (1995). The handbook of child language. Oxford: Blackwell Publishers. Fraisse, P. et Piaget , J. (1966). Traité de Psychologie Expérimentale. Tome 1: Histoire et méthode. Paris: Presses Universitaires de France. Grégoire, A. (1937, 1947). L'apprentissage du langage. Volume 1: Les deux premières années. Volume 2: La troisième et les suivantes. Bibliothéque Philosophie et Lettres, Université de Liège. Gvozdev, A. (1949). Formation chez l'enfant de la structure grammaticale de la langue russe. Akademica Pedagogika Nauka, Moscou. Hall, G.S. (1883). Contents of children minds. Princeton Review, 11, 249-272. Hérodote (1980). Histoires. Paris:François Maspéro. Itard, J. (1964). Mémoire et rapport sur Victor de l'Aveyron. In L. Malson. Les enfants sauvages. Paris: Union Générale d'Éditions. (Première édition, 1807) Lambotte, M.C. (1995). La psychologie et ses méthodes. Paris: Editions de Fallois. Leopold, W. (1939). Speech development of a bilingual chil: vocabulary development in the first two years (Volume 1). Evanston, Illinois: Northwestern University Press. Leopold, W. (1947). Speech development of a bilingual child: Sound learning in the first two years (Volume 2). Evanston, Illinois: Northwestern University Press. 18 Leopold, W. (1949). Speech development of a bilingual chil: grammar and general problem in the first two years (Volume 3). Evanston, Illinois: Northwestern University Press. McCarthy, D. (1952). le développement du langage chez les enfants. In L. Carmicaël (Ed.). Manuel de Psychologie de l'enfant. Paris: Presses Universitaires de France. Moreau, M.L. et Richelle, M. (1981). L'acquisition du langage. Bruxelles: Mardaga. Pavlovitch, M. (1920). Le langage enfantin: acquisition du serbe et du français par un enfant serbe. Paris: Champion. Peirce, C. S. Traduction et commentaire de G. Deledalle (1978). Ecrits sur le signe. Paris: Editions du Seuil. Piaget, J. (1964). La formation du symbole chez l'enfant. Neuchâtel: Delachaux et Niestlé. (Première édition, 1945) Rousseau, J.J. (1964). Emile ou l'éducation. Paris: Garnier (Première édition: 1762). Saussure, F. (1960). Cours de linguistique générale. Paris: Payot. (Première édition: 1916). Searle, J.R. (1982). Sens et expression. Paris: Editions de Minuit. Suzuki, R. (1992). Rôle des scripts et acquisition de la demande en japonais. In J. Beaudichon, J.Bernicot, J. et H. Marcos (Eds.). La communication prélinguistique et linguistique. Bulletin de Psychologie, 409, 42-50. Vygotski, L.S. (1985). Pensée et langage. Paris: Editions Sociales de France. 19 Tableau 1 - Représentation des axes syntagmatique et paradigmatique à son tour Clément également Alain parle Barbara chante français aussi espagnol mange axes paradigmatiques russe axe syntagmatique 20 Tableau 2 - Représentation saussurienne dyadique du signe SIGNIFIE SIGNIFIANT CONCEPT IMAGE ACOUSTIQUE (l’animal dinosaure) (le mot dinosaure) 21 Tableau 3 - Représentation peircéenne triadique du signe OBJET "réel, imaginable ou inimaginable" ex: la ville de Grenade REPRESENTAMEN image sonore ou visuelle d'un mot (Grenade) INTERPRETANT image mentale associée (ville) ayant ayant une signification indéterminée ou incomplète une signification reçue qui détermine ou complète 22 Tableau 5 - Exemple de codage issu d'une expérience de Bernicot et Marcos (1993) ITEM A Catégories Productions Sonores Temps 1" 2" ITEM B 3" 4" Linguistiques ça 1" 2" 3" 4" oh le petit canard Vocales Avancée bras BRAS Retrait bras MAINS Mouvement bras x Mouvement main Pointage obj. jeu jeu x Avancée x CORPS x Retrait Vers l'objet REGARD x x Vers l'adulte Vers le jeu Ailleurs x x x x x x