L`Irak

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L’Irak
Le 17 janvier 1991. Les yeux du monde, en particulier grâce à CNN se braquaient sur l’Irak et
l’opération « Tempête du Désert » menée par une coalition militaire, dirigée par les Etats-Unis.
Cependant, les débuts du conflit datent de bien avant cette date clé, et les conséquences
continuent à se faire sentir de nos jours.
L'Histoire de l'Irak cependant, comme l'Histoire de n'importe quel peuple commença bien avant
cela et ce dont nous allons nous pencher consiste principalement à faire un suivi de l'économie
irakienne, dès les débuts de la République en s'intéressant en particulier à l'économie relative au
pétrole, et à la comparaison des économies avant les guerres du Golfe, pendant, et après.
Aperçu historique
La zone géographique qui aujourd'hui abrite l'Irak fut il y a 6000 ans une des zones les plus
prospères et les plus importantes de la terre. La région mésopotamique (du grec "entre deux
rivières") se trouvait sur la route de grand nombre de peuples en migration, d'expéditions et de
conquêtes. Perses, Romains, Byzantins furent quelques-uns uns des grands peuples qui
traversèrent cette zone.
Suite à la conquête par les Arabes au VIIe siècle la Mésopotamie se trouva au milieu
géographique de cet énorme empire. La dynastie des Abbas décida de construire une nouvelle
capitale au bord du Tigre, et ce fut ainsi que naquit Bagdad, et une nouvelle culture se développa
autour.
Mais l'Empire était trop vaste pour pouvoir rester uni, et il commença peu à peu à se fissurer.
Suite aux conquêtes de Gengis Khan, qui détruit l'économie agricole, la région prit nouvelle
forme et de nombreux Etats apparurent, les uns après les autres, dirigés par des Kurdes, Turques,
Mongols entre autres. Il fallut attendre le XVIe siècle, où sous les Turcs Ottomans se construit
une nouvelle unification, et par la suite, sous une période de relative tranquillité politico-militaire,
les projets d'irrigation des cultures virent le jour, et ainsi l'augmentation des aires cultivées.
Au XXe siècle, une "renaissance arabe" eut lieu, et elle voulait remettre en question la
domination turque. Cependant, les Anglais étaient déjà présents dans la zone et voulaient élargir
leur influence dans la région. Après la guerre de 1914-1918 et des formalités diplomatiques entre
français et anglais pour la division des terres en question déclencha une rébellion indépendantiste
en 1920 contre les Anglais qui devaient garder le contrôle sur ce que c'est aujourd'hui l'Irak. En
1930 le pays devient finalement indépendant, et en 1958, la famille réale était exécutée, et un
nouveau régime se mit en place, qui réclamait entre autres le Koweït en tant que territoire irakien.
Suite à cet évènement la Ligue Arabe permit les troupes britanniques de débarquer pour faire face
à l'Irak et protéger le Koweït et ses ressources pétrolifères.
En 1968 le gouvernement de Kassim fut mis à bas par un coup d'Etat militaire et ainsi le parti
Baas prit le pouvoir le 17 juillet.
Le pétrole fut partie des discours du parti Baas, qui ne voulait pas l'utilisation du pétrole en tant
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qu'arme politique, et insistait sur la protection des prix et la consolidation de l'OPEP, pour aider
au développement du Tiers Monde, et à la valorisation de ses ressources.
En Irak de grands projets agricoles et industriels furent mis en place, et des investissements
énormes furent faits pour développer l'industrie du pétrole.
En 1979 Saddam Hussein devient président de l'Irak, qu'il voulait mener vers une place de
leadership dans le monde Arabe. Les accords de Camp David furent refusés par l'Irak et ses
relations avec d'autres pays arabes, aussi bien qu'avec les Etats-Unis se détériorèrent, et Hussein
commença à évoquer la question des frontières mal délimitées.
Ensuite vint la guerre avec l'Iran. Le Koweït et l'Arabie Saoudite firent de nombreux crédits à
l'Irak, en particulier pour freiner la puissance iranienne qui représentait un danger pour eux.
Même des liens avec les Etats-Unis furent tissés lors du conflit avec l'Iran. A la fin de la guerre,
l'Irak avait à son actif une zone de 2600 km2 et une armée qui s'avérait très puissante.
Les problèmes avec le Koweït commencèrent à devenir graves lorsque l'Irak accusait son petit
voisin d'extraire plus de pétrole qu'autorisé du puits de Roumalïah juste à la frontière, motif censé
suffisant pas Hussein pour envahir le Koweït en août 1990, et quatre jours plus tard l'ONU décida
d'un embargo économique qui dure encore.
L'opération tempête du désert réduit à miettes l'armée irakienne en quelques heures.
A l'intérieur du pays les rébellions étaient brusquement écrasées par les hommes à Hussein, en
particulier le cas de Kurdes qui s'opposaient au gouvernement, et qui lors de la guerre contre
l'Iran furent gazés avec des armes chimiques. Hussein bombardait et gazait son propre peuple.
En 1991 des missions de vérification de l'ONU découvrirent la mise en place d'un programme
cherchant à fabriquer des armes avec du matériel radioactif, en particulier de l'uranium.
Les relations entre les pays arabes et l'Irak se dégradaient à chaque moment de plus en plus.
Pour faire face à la situation précaire du peuple irakien, le programme "pétrole contre nourriture"
fut établi par l'ONU.
Aperçu d'histoire économique
Avant 1958 l'économie irakienne était terriblement arriérée, les secteurs agricoles et industriels
contribuaient peu au PIB.
Il faut remarquer en ce qui concerne le pétrole, que les revenus qui y proviennent restent en
grande partie au grandes multinationales qui exploitent les puits, et qui s'occupent du transport et
de toutes les activités en aval. Ainsi les avantages pour les pays restent limités. Malgré l'immense
quantité de terres cultivées, les revenus agricoles restent minces, en particulier parce qu'il s'agit
d'exploitations techniquement arriérées à faible plus value, qui produisent des produits propres à
l'alimentation de base. La production était la même en 1930 qu'en 1960, malgré le fait qu'il y
avait deux fois plus de terres cultivées.
Le secteur industriel restait lui aussi précaire, sauf à la limite, l'industrie de biens de
consommation.
L'année 1968 fut marquée par un changement radical du gouvernement, qui entraîna une
modernisation des projets économiques, en particulier la nationalisation de toutes les productions
pétrolières qui jusqu'à lors étaient restés à l'écart de l'économie Irakienne.
Les politiques économiques des années 60 cherchaient à relancer l'économie irakienne sur le
modèle de la modernité occidentale, en se penchant sur la consommation, l'investissement et la
production accrue. L'Irak put compter sur de nombreux crédits étrangers et les conseils de pays
amis qui avaient suivi une politique similaire auparavant.
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Le pouvoir révolutionnaire attachait une forte importance à l'éducation et aux services sociaux et
médicaux.
En 1969 on estimait une croissance de l'ordre de 3.7% annuel depuis le changement de
gouvernement.
Suite au choc pétrolier de 1973, les compagnies pétrolifères et le gouvernement signèrent des
accords pour faire face à la crise, et ceci permit, entre autres facteurs, à un essor de l'économie
irakienne dans ces temps de dépression mondiale.
L'Importance du pétrole
Avant 1958, le secteur du pétrole avait évolué indépendamment de l'économie nationale
irakienne. Ceci s'expliquait par le fait que les exploitations de pétrole, son transport et sa
"commercialisation" étaient, et demeurent une affaire très coûteuse, et donc les pays développés
ne pouvaient investir correctement, ce qui laissait la voie ouverte aux grandes multinationales, et
les pays développés, qui finalement récupéraient tous les profits.
Dès le début du siècle des concessions furent faites à d'énormes consortiums étrangers, et la carte
des exploitations de pétrole se trouvait dans les mains de quelques multinationales (5 au total :
BP, CFP, Royal Dutch Shell, Standard Oil et Mobil Oil) et les contrats d'exploitation se firent
pour des échéances qui dépassaient même l'an 2000. L'Irak se différenciait de ses voisins en
particulier par des rendements des puits très élevés et des coûts de production très faibles.
Avec le changement de gouvernement en 1958, les politiques en matière de pétrole se virent
transformées, et en particulier parce que l'Etat allait reprendre le contrôle des sources non
exploitées et même de quelques sources exploitées dont les contrats avaient échoué ou n'étaient
pas clairement stipulés.
Suite à la prise du pouvoir en 1968 par le parti Baas, on voulait tout simplement "libérer la nation
de la domination impérialiste".
Raisons historiques et immédiates de l’invasion irakienne du Koweït
Trois raisons sont invoquées pour justifier la décision irakienne d’envahir le Koweït : un droit
historique sur l’émirat, ancienne sous-préfecture de la province de Basra ; le refus koweïtien de
conclure un accord territorial et la politique pétrolière du Koweït visant à faire baisser
délibérément le prix du baril en dépassant largement son quota de production. En fait, en août
1988 le Koweït augmente sa production de pétrole, en violation des accords de l’OPEP,
notamment en extrayant davantage des puits de Roumaïlah situés dans une zone frontalière
revendiquée depuis toujours par l’Irak. La revendication irakienne sur l’ensemble de l’émirat est
surprenante dans la mesure où, depuis que l’Irak avait reconnu la totale indépendance et
souveraineté du Koweït en 1963, le différend n’était plus sur l’existence même de l’émirat, mais
sur la délimitation des frontières et le problème des îles. Le refus koweïtien d’accéder aux
demandes de l’Irak sur ces deux derniers points semble cette fois d’autant plus intolérable à
Bagdad qu’il estime avoir protégé le Koweït en sacrifiant le sang irakien pour contenir la menace
iranienne (aussi si les irakiens mêmes avaient déclenché le conflit).
Outre les arguments historiques, il faut examiner la situation irakienne dans l'immédiat aprèsguerre pour pouvoir comprendre les raisons immédiates du déclenchement du conflit. L'Irak avait
été gravement touché par le conflit et il avait fort besoin d'une reconstruction. Aux yeux irakiens,
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le Koweït faisait tous ce que lui était possible pour empêcher le redressement de la nation de
Saddam Hussein ; en plus l'Irak avait décidé de déplacer une partie très importante de son
commerce sur le fleuve Chatt-el-Bassora, dont l'accès était contrôlé par les îles koweïtiennes, au
lieu qu'exploiter le fleuve Chatt-el-Arab, dont grande partie coïncide avec la frontière iranoirakienne et qui était objet de féroces négociations entre les deux nations.
Tout d'un coup, l'Irak a accepté les exigences iraniennes pour ce qui concerne le fleuve en
laissant donc tomber les négociations. On peut s'imaginer que Saddam Hussein avait déjà décidé
d’envahir tout ou partie du Koweït pour gagner avec la force l’accès aux îles koweïtiennes.
L’enjeu stratégique
Parmi les 207'000 soldats américains qui se trouvent dispersées autour du globe on trouve
environ 25'000 dans la zone du golfe persique, soit un peu plus du 10%. Cependant leur influence
est considérable, non seulement en ce qui concerne les relations internationales à l'intérieur de
cette riche zone pétrolifère, mais aussi avec le reste du monde, en particulier les pays occidentaux
qui trouvent au moyen orient l'énergie nécessaire pour les besoins quotidiens.
Tout en posant leurs arguments sur l'importance énergétique de la région, les américains sentaient
la nécessité à la fin de la guerre froide de pouvoir poser un pied dans cette zone pour pouvoir
garantir des "libertés et éviter la tyrannie et l'oppression" selon les propres mots de G. Bush, et de
créer un acteur propice à garantir la sécurité locale.
Sous le nom de "acteur" on imaginait au départ un des pays de la zone, mais le problème était de
savoir lequel. Jusqu'à la révolution des Pahlavis en Iran c'était ce pays frontalier avec l'Irak qui
jouait ce rôle, mais l'Iran passerait dans la liste noire des Etats-Unis par la suite.
L'autre pays frontalier candidat à ce rôle de gardien est l'Arabie Saoudite, richissime pays du fait
du pétrole, au cœur du moyen orient. Cependant, lors de la guerre on vît dans ce pays une
faiblesse inquiétante, preuve qu'elle ne pourrait garantir une sécurité locale. En effet les
américains trouvèrent des arguments : l'Arabie Saoudite est un pays trop vaste et très peu peuplé,
une conscience nationale peu affirmée, une richesse facilement gagnée grâce au pétrole, entre
autres, ainsi le grand candidat pour jouer au gendarme était écarté.
De l'autre côté de l'Irak on retrouve l'Iran, qui est devenu le principal ennemi des Etats-Unis, et le
sentiment est réciproque, donc impossible de lui attribuer cette tâche.
Finalement la solution prise par les Etats-Unis, en tant que grand organisateur de l'ordre dans la
région fût d'installer des bases militaires éparpillées dans la région, et des porte-avions sur la mer
rouge, et placer les 25'000 soldats cités ci-dessus afin de garder l'ordre et la sécurité dans la zone
arabo-persique.
De part et d'autre les chefs politiques furent à la une du conflit. A l'occident, S. Hussein était
comparé aux grands tyrans de tous les temps, et on l'accusait de vouloir poursuivre les objectifs
de Nasser de créer un pays Arabe unique au détriment des différences politiques et sociales qui
existaient entre les Etats de la zone.
Durant la période d'invasion au Koweït on a vu une montée de la ferveur islamique, Hussein
lança des propos religieux et politiques qui causèrent des manifestations pro-irakiennes dans
certains pays du golfe (en particulier au Maroc et en Arabie Saoudite).
Hussein relança la propagande contre l'Israël, et favorisa un recours à l'Islam comme arme
politique.
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Du côté des Alliés, on trouve en tête de file G. Bush, un ancien « Texas oilman » qui connaissait
le sujet du pétrole et qui voyait en ces temps l’opportunité de pouvoir garder à l’œil le Business
du Pétrole, et d’autre part il manifestait, tout comme d’autres chefs occidentaux une volonté de
neutraliser Hussein et la puissance militaire que devenait l’Irak.
L’enjeu énergétique
Le pétrole demeure pour les pays du continent Européen (à l'exception de la France) la principale
source d'énergie, et le 60% de "l'or noir" qui est utilisé dans le continent provient du MoyenOrient.
Les Etats-Unis pourront utiliser leur présence dans le Golfe Persique comme outil de chantage
politique étant donné la position névralgique de cette zone, qui est non seulement productrice de
pétrole, mais en plus couloir de circulation entre l'Asie et l'Europe. Les prévisions supposent que
plus d'un tiers du pétrole consommé dans le monde circulera par cette région, d'où l'importance
de l'enjeu des Etats-Unis.
D'autre part l'enjeu énergétique repose sur l'influence qu'aurait pu jouer l'Irak sur le marché des
prix du pétrole.
L'Irak est ce qu'on appèle un "High Absorber", c'est à dire un pays peuplé en comparaison de ses
voisins, ayant des besoins en devises importants et immédiats (en particulier pour la
reconstruction après la guerre contre l'Iran), et donc susceptible d'augmenter les prix.
Par contre les alliés des Etats-Unis sont des "Low Absorber" peu peuplés, ayant une stratégie de
long terme, et attachés à maintenir des prix raisonnables. Or éviter des prix du pétrole est sans
aucun doute un enjeu non seulement américain mais mondial, d'où la nécessité de mettre un frein
à l'Irak, puissance militaire et expansionniste
Importance du conflit pour les pays européens
Comme pour les Etats-Unis, le choix des pays européens tient lui aussi à des considérations de
deux ordres : régional d’une part, c’est-à-dire liées à leurs intérêts au Moyen-orient, et extrarégional d’autre part, tenant à leur situation ou à leur perception de cette situation dans le système
international et leur évaluation de son évolution future.
Parmi les enjeux régionaux, le pétrole est de loin le plus déterminant. L’enjeu pétrolier est
grossièrement défini comme la sécurité des approvisionnements, la stabilité et la modération des
prix. Les pétroliers géants en provenance du Golfe qui entrent chaque jour dans le port de
Rotterdam constituent une artère vitale des économies européennes. Les risques de perturbation
de ce flux sont clairement perçus comme la menace la plus grave.
À différence des États-unis, les considérations d’ordre géopolitique et stratégique, même si elles
ne sont pas absentes, viennent loin derrière l’enjeu pétrolier car les pays européens n’ont pas la
même stature de puissance globale que les Etats-Unis ou l’Union soviétique avec toutes les
préoccupations qui en découlent. Ils ont cependant le souci de préserver leurs relations avec des
partenaires de la région. Ils apparaissent en fait des intérêts nationaux spécifiques pour certaines
pays européens ayant des relations privilégiées avec tel pays ou groupe de pays. Par exemple,
l’attitude de la Grande -Bretagne dès les premiers jours de la crise reflète à la fois une perception
britannique spécifique de son propre rôle et des ses intérêts particuliers. L’alignement total de
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Londres sur la stratégie adoptée par Washington s’inscrit dans une continuité de la politique
internationale britannique. Mais la Grande-Bretagne a aussi davantage d’intérêts semblables à
ceux des Etats-Unis dans le golfe que ses voisins européens. Ainsi ce ne sont pas seulement la
sécurité des approvisionnements de pétroliers et les prix qui importent, mais aussi le maintient au
pouvoir des monarchies pétrolières et de l’émirat du Koweït en particulier, dont les revenus
financiers sont massivement réinvestis dans l’économie britannique. Londres est en effet le siège
du Koweït Investement Office qui gère un portefeuille de quelque 100 milliards de dollars. Cela
montre à quel point l’enjeu financier, d’avantage encore que le pétrole, est important pour
l’économie britannique. Il explique la volonté de Londres de défendre les régimes du Golfe et sa
détermination à tout mettre en œuvre pour assurer le retour au pouvoir de la famille Al-Sabah au
Koweït. Margaret Thatcher semble même avoir influencé de façon significative le choix qu’a fait
le président Bush de se montrer intransigeant face à Saddam Hussein. Elle fut celle qu’exprima
avec la plus grande force une position qui allait devenir celle de l’ensemble de la coalition. Dès le
mois d’octobre du 1990, elle affirmait qu’il n’y avait aucune alternative à la guerre et que celle-ci
ne devait pas se limiter à éjecter les troupes irakiennes du Koweït, mais à infliger un coup
dévastateur à l’Irak en détruisant tout l’arsenal militaire et peut-être même le potentiel industriel
irakien.
Les enjeux commerciaux sont aussi de taille pour tous les pays européens. La fermeture
provisoire mais durable du marché irakien aiguise l’intérêt des uns et des autres pour les autres
marchés du Golfe. Dès lors, il était important de ménager des relations au plan politique avec les
monarchies pétrolières pour favoriser les relations commerciales. Cet enjeu-là n’était pas décisif ;
néanmoins, il a acquis une importance accrue dès lors que les régimes en place ont formellement
demandé à la France et à la Grande-Bretagne d’envoyer des forces pour contribuer à leur défense.
Pour certaines nations, en particulier l’Allemagne et la France la contribution à la coalition était
jugée comme une obligation morale, en tout cas présentée comme telle par Washington. Cela
parce qu’elles avaient largement contribué à la formation de l’arsenal militaire irakien.
Les pays européens et les États-Unis n’ont pas la même puissance au Moyen-orient et leur
influence y est très inégale. La dépendance de certains pays de la région à l’égard de Washington
(financière et économique pour l’Egypte et Israël, militaire pour les pays du Golfe) est telle que la
place des Etats-Unis dans la région est celle d’une superpuissance incontournable, renforcée de
surcroît par le retrait soviétique qui à contraint d’autres pays, comme la Syrie, à rechercher un
dialogue avec Washington. Quelle que soit l’Hostilité populaire à l’encontre de l’Amérique,
celle-ci conservera toujours son rôle prédominant dans la région. Il en va tout autrement pour les
pays européens. Ceux-ci n’ont pas de positions acquises et leur rôle politique dans la région
dépend très fortement de leur image auprès des différents pays arabes. Une image positive auprès
des opinions publiques reste essentielle dans la mesure où les régimes, lorsqu’ils se tournent vers
l’Europe pour des raisons commerciaux ou leurs achats d’armements, le font souvent aussi pour
des raisons politiques.
Importance du conflit pour l’U.R.S.S.
La coopération américano-soviétique dans la crise a sans doute été la principale nouveauté par
rapport aux crises régionales précédentes. Elle a été jugée exemplaire ; ou presque par
Washington. Elle a en tout cas démontré que la coopération instaurée avec l’U.R.S.S. de
Gorbatchev a continué de fonctionner malgré le fait que les intérêts de Moscou dans cette crise
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aient été fondamentalement différents de ceux de Washington. Le comportement soviétique dans
cette crise a mis en évidence le souci prioritaire de Gorbatchev de préserver et de consolider la
confiance établie avec les pays occidentaux en raison des besoins impératifs de l’U.R.S.S. en
matière d’aide économique et financière.
Dans cette crise le président soviétique opérait dans un environnement interne fondamentalement
différent et beaucoup plus difficile que celui du président Bush. En fait le pouvoir central à
Moscou était aux prises avec une grave crise interne et devait envoyer son armée pour reprendre
le contrôle de la situation en Lituanie.
Le déclenchement de l’opération « Tempête du désert » signifiait l’anéantissement de tout un
dispositif militaire en grande partie d’origine soviétique. Des militaires soviétiques avaient été
longuement impliqués, et ce jusqu’au dernier jour précédant les hostilités, dans la formation et
l’entraînement de l’armée irakienne. Cette dernière étant la plus importante puissance militaire du
tiers monde armée par Moscou, ses performances allaient rejaillir directement sur l’image de
l’armée soviétique : la défaite irakienne a donc fait l’objet d’une analyse minutieuse pour tirer les
leçons concernant les éventuelles failles de la doctrine militaire soviétique et les faiblesses des
équipements de son armée.
Au-delà des considérations strictement militaires, l’armée a joint sa voix au courant conservateur
pour exprimer son inquiétude face à une politique gorbatchévienne qui conduit à «lâcher » des
alliés et à «brader » une des aires d’influence soviétique des plus importantes. Le retrait de
l’U.R.S.S. du Moyen-Orient est désormais consacré car les soviétiques renoncent à faire
contrepoids à la présence américaine en s’appuyant sur quelques alliés stratégiques. Certes il y
aura toujours le but soviétique de préserver un rôle dans la région qui sera déterminé par la
nécessité d’entretenir des bons rapports avec les pays musulmans voisins étant peut-être les plus
importants.
Eviter la guerre était un souci prioritaire de l ‘Union Soviétique car, en cas de conflit armé, elle se
trouvait totalement démunie, n’ayant pas contribué militairement à la coalition, et étant par la
force des choses écartée, pour un temps du processus décisionnel. Gorbatchev savait qu’il
assisterait impuissant à la destruction de l’Irak, et que ceci ne manquerait pas d’illustrer à travers
le Tiers Monde à quel point l’URSS n’était plus un allié fiable.
Suite au conflit, l’URSS espère assumer un nouveau rôle visible, celui d’artisan de la paix.
Incontestablement l’URSS à eu une influence importante sur la décision irakienne du 28 février
d’accepter sans condition toutes les résolutions des Nations Unies votées depuis le 2 août.
Même si le président Bush n’a pas accepté directement la dernière proposition soviétique de
cessez-le-feu répondant pourtant aux exigences américaines, pour ne pas laisser à l’URSS le
crédit d’avoir favorisé la paix pendant que les Etats-Unis menaient la guerre, Saddam Hussein a
tout de même choisi de passer par la porte soviétique pour sortir de la guerre et du Koweït.
En temps de guerre
La guerre entre Iran et Irak a causé l'effondrement de l'économie irakienne. En fait l'Irak a subi
des dommages très considérables pendant le conflit et il a contracté une dette très importante
envers beaucoup de pays étranger. Mais à part cela, lors de la fin du conflit parmi les dirigeants
irakiens régnait un esprit optimiste et confiant pour ce qui concerne la reconstruction du pays.
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Ces dirigeants affirmaient que leur nation avait joué un rôle décisif pour protéger les pays Arabes
de la menace iranienne, aussi si le conflit avait été déclenché par l'Irak même. Pour cette raison,
ils s'attendaient que les pays arabes renonçaient à leur créance en signe de reconnaissance. En
plus vues les bonnes relations internationales entretenues par Bagdad, les irakiens espéraient en la
possible conception d'un vaste plan de rééchelonnement de la dette. Ces mesures combinées avec
une reprise des exportations de pétrole, majeure ressource irakienne, auraient permis de dégager
les excédents nécessaires pour rembourser les dettes et commencer la construction du pays. Au
lieu d'être tournée vers les investissements les plus productifs, cette reconstruction visait plutôt à
faire oublier le cauchemar de la guerre.
Mais après seulement deux années, l'Irak déclenche à nouveau un conflit. Cette fois avec le
Koweït. Parmi les raisons de l'attaque irakienne deux sont d'ordre économique : le fait que le
Koweït ait refusé l'effacement de la créance et le fait que la politique pétrolière menée par le
Koweït visait délibérément à faire baisser le prix du pétrole pour empêcher la reprise économique
de l'Irak (selon les irakiens). L'embargo conséquent au conflit à jeté le pays dans une profonde
pauvreté socio-économique remarquable encore aujourd'hui.
Economie actuelle :
Le PIB de l’Irak occupe le 61e rang mondial au monde, ce qui est une situation de sous
performance pour ce pays richissime en matières premières qui pourraient procurer un PIB plus
élevé comme c’est le cas des pétrodémocraties telles l’Arabie Saoudite.
De plus son PIB habitant se trouve déplacé au 136ème rang mondial, sur un ensemble de près de
220 pays. (Données de 1994)
Comparé au PIB de 1975, qui poursuivait une croissance de 7,5%, le PIB en 94 croît à un rythme
de 2%, faute du manque de moyens financiers et commerciaux pour pouvoir faire fonctionner
l’économie, auxquels il faut ajouter les problèmes typiques des pays en développement, tels que
corruption, détournement de fonds…
Il faut remarquer que les grands conseillers de S. Hussein sont les membres de sa famille, ou bien
ses amis proches, ce qui montre que l’Etat est dirigé par un monopole.
Si on regarde la composition du PIB, on voit que les services (47%) sont suivis du secteur
agricole (30%) et finalement du secteur industriel (23%). On se souvient des politiques
gouvernementales de l’Irak de promouvoir l’industrie lors de la décennie des années 70, et
aujourd’hui on se demande qu’en est-il de ceci.
Bien qu’entre deux il y ait eu les deux guerres du Golfe, où l’économie à pris une nouvelle
direction, avec une politique d'endettement vis a vis de l'étranger pour financer l'armement.
L’Irak compte un solde de la balance commerciale fortement négative : -158 millions de dollars.
Les principales exportations, (les seules en gros) sont des exportations de pétrole vers la Jordanie,
la Turquie et l’Iran.
La dette extérieure atteint la somme de 21,5 milliards de dollars, soit près de 90%, et il faut
encore préciser que de nombreuses enquêtes ont lieu au sujet d’indemnisations que l’Irak devrait
verser suite à la guerre du golf en 1991.
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Le taux d’inflation atteint des valeurs énormes (75% en 1994, 30% en 1996)
Nous pouvons conclure que l’Irak, étant un pays avec un énorme potentiel au niveau des
ressources naturelles, particulièrement le pétrole, ne trouve de nos jours pas la place qui pourrait
lui convenir économiquement dans la zone du Golfe Persique.
Etant une civilisation rayonnante, qui se trouvait au centre de la Mésopotamie, l’Histoire
contemporaine de l’Irak est moins impressionnante. En effet, malgré son jeune âge la République
irakienne a vécu différents régimes politiques, les uns plus autoritaires que les autres, qui l’ont
même emmené vers des conflits internes et externes qui persistent encore de nos jours, et qui
plongent ce pays dans une situation économique terriblement précaire.
Philippe Paez et Emiliano Soldini.
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