Civilisation Japonaise Semestre I

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Civilisation Japonaise
Semestre I
« Croyances et religions chez les Japonais »
Mt Fuji : patrimoine mondial de l'unesco (culture).
Ancré dans la culture Japonaise, chargé de croyance → L'ascension du Mont Fuji ce n'est pas que
gravir une montagne, c'est ressentir la présence du Bouddha, un peu comme un pèlerinage. Il y a un
rite précis : les gens qui montent le Mt Fuji traversent une rivière (représentant un passage entre
deux mondes : vivant → morts), se purifient, puis traversent une autre rivière et se re-purifient. On
veut arriver au sommet de sorte à pouvoir regarder le lever du soleil, à l'image du bouddha qui vient
nous chercher et nous faire renaître avant de retourner « dans le monde des vivants ».
C'est bien connu, les Japonais pratiquent plusieurs religions dans leur vie...
• Des traditions shintoistes poussent les Japonais à se rendre aux temples lors de certaines
occasions précises de leur vie ou de l'année (par exemple : おみやまい, 七五三,...).
• Un mariage peut être un mariage traditionnel Japonais ou occidental (chrétien).
• Les funérailles se font dans la plupart des cas avec des rites bouddhistes, comme tout ce qui est
relatif à la mort.
Comment est-ce possible ? Ils ne se posent pas la question ?
Chapitre 0
Introduction
1
Définitions
• Religion : structurée / dogmes / institution pour rassembler des gens / rites et célébrations
→ … quelque chose d'ordre spirituel.
→ … ponctue la vie quotidienne (fêtes et coutumes).
• Croyances : peu structurées / spontanées / dans la vie de tous les jours / les gens en sont parfois
inconscients … → assez proche des superstititions.
2
Paysage actuel au Japon en matière de croyances / religions →
« cactus »
On retrouve plusieurs religions qui cohabitent sans faire la guerre, toujours sur la même base des
croyances pré-historiques.
Lexique :
原始宗教(genshishuukyou) : « religion primitive/pré-historique » de l'ère Jômon
仏教(bukkyou) : 3-6e siècle~ bouddhisme
儒教(jukyou) : 3-6e siècle~ confucianisme (système de codes moraux pour structurer l'Etat, pas
vraiment religieux).
神道(shintou) : 3-6e siècle~ / kokka shintou Meiji~fin 2e guerre mondiale
道教(doukyo) : taoïsme
キリスト教(kirisutokyou) : 16e siècle~ religion chrétienne
宗教(shuukyou) : religion
信仰 (shinkou) : croyance
神 (kami) : dieu, divinité
3
Caractéristiques des croyances chez les Japonais
1) Culte de la Nature 自然信仰(しぜんしんこう)/ l'Animisme アニミズ
2) Culte de l'ancêtre 祖先信仰(そせんしんこう)
3) Idée de “circulation” 循環(じゅんかん)“va-et-vient” de tout être - “réincarnation” 生ま
れ変わり(うまれかわり).
4) Importance des rites pour « consoler/calmer » les esprits malheureux ou en colère. On croit
aux esprits présents dans la nature, qui ne disent pas clairement ce qu'ils pensent mais il peuvent
être en colère parce qu'on a fait une erreur ou même si on ne sait pas pourquoi, il faut donc les
calmer.
5) Indulgence 寛容さ(かにょうさ) : rites de purification 清め« kiyome » (signifiant laver)
ou 祓い« harai ».
6) Eclectisme et intéraction entre diverses croyances/religions.
Naissance → shintô.
Mariage → chrétien ou shintô.
Funérailles → Bouddhisme.
→ Tout ce qui est de bon augure est plutôt shintô, et tout ce qui est triste ou attrait à la mort est
plutôt bouddhiste.
Croyances pré-historiques chez les Japonais
Cf. UMEHARA Takeshi (1925-) philosophe ; chercheur en folklore.
– Anoyo to nihonjin (« L'autre monde » et les Japonais), NHK shuppan, 1996.
– Umehara Takeshi no jugyô – Bukkyô (Cours de Takeshi Umehara – le Bouddhisme), Asahi
shinbusha, 2002.
4
Culte de la Nature 自然信仰
神 = 森.
Le Shintoïsme à l'origine c'est une religion de la forêt. Les esprits sont omniprésents : l'animisme,
le polythéisme. La mer, la rivière, un arbre, un rocher etc peuvent avoir un esprit.
Illustration 1: Torii
Les torii marquent le début d'un territoire d'un kami. Ce sont des endroits chargés d'une sorte
d'énergie qu'on peut ressentir. Souvent, on voit un temple shintoïste et un temple bouddhiste côte à
côte, car c'était un endroit où il y avait une énergie particulière.
Souvent il y a des temples au bord de la mer car elle représentait le passage vers le monde des
morts. :
Illustration 2: Temple en bord de mer
Les Shimenawa (corde tortillée, photo ci-dessous) marquent un territoire sacré et purifié dans le
shintoïsme.
Illustration 3: Shimenawa
A l'intérieur de grandes villes on peut trouver des forêts vierges, laissées telles quelles par l'humain.
Au bout de la forêt il y a un temple shintoïste.
Illustration 4: Forêt vierge au cœur de Kyôto : tadasunomori
神 = 動物(どうぶつ)
Les animaux sont les messagers des esprits de la forêt. Dans le folklore le renard est souvent
divin, et aurait le don de se transformer (notamment en humain), et serait très intelligent/malin mais
un peu méchant. Les tanuki également seraient divins, mais inscouciants et joyeux.
4.1
Les « sacrés » pour les Japonais :
• Grands arbres : si on doit couper un grand arbre millénaire il y aura un prêtre pour faire une
prière.
• Grands rochers
• Animaux : surtout les animaux exceptionnels en taille ou en couleur (blancs).
• Montagne : avec une forme spécifique, en cône comme les volcans.
• Soleil : surtout le soleil levant.
• Cascade
→ En gros, ce sont des éléments de la nature qui dépassent l'homme.
• Quelques personnes exceptionnelles aussi peuvent être considérées divines, des personnes qui
ont marqué l'histoire par exemple.
1.1
Le monde des êtres vivants et le monde des morts.
La nuit est le monde des esprits, un moment sacré. Le jour est le monde des vivants.
Les moments de croisement entre les vivants et les morts = sacrés
L'importance du soleil levant = symbolise « le retour » (cf l'idée de « circulation »)
[photo préfecture de Mie : 二見浦 (ふたみうら)]
1.2
La croyance animiste
• Les croyances polythéistes et animistes sont plutôt fréquentes dans le monde.
En Chine, ils avaient des croyances animistes, dont on peut trouver des traces dans certains
kanjis.
Ex : Le phoenix : 鳳凰 [ほうおう]
Le vent : 風 [かぜ]
• Les croyances animistes = polythéistes car on voit des esprits dans beaucoup de choses.
• L'esprit se met facilement dans diverses choses.
– Les kami « descendent » dans des endroits purifiés
– Les esprits demeurent dans des mots, des objets, etc.
→ 言霊 [ことだま]
Par exemple lors d'un discours de mariage il y a des mots à éviter comme « séparer »,
« casser » ou « revenir en arrière » qui porteraient malheur.
Autre exemple avec le riz : on dit aux enfants que s'ils laissent des grains de riz au fond du
bol, les kamis qui sont dedans vont pleurer.
→ 踏み絵 [ふみえ], on se sent incapable de déchirer une feuille qui aurait le nom d'un
membre de la famille dessus.
→ 名刺 [めいし] la carte de visite : le savoir-vivre professionnel veut que lorsqu'on nous
tend une carte, il ne faut pas mettre les doigts sur le nom de la personne.
→ プレゼント : on ne déchire pas le papier cadeau comme un sauvage.
→ Quelques expressions : ”心をこめたおくりもの”le cadeau avec du cœur dedans
”魂(たまし)の入った仕事”le travail avec de l'esprit
”一球入魂(いっきゅうにゅうこん)”mettre le tamashii dans chaque balle (baseball)
Totoro
–
–
–
–
Illustration 5: Totoro, Mei et Satsuki
Quelque chose de vieux a plus de chance d'être sacré : par exemple dans Totoro les enfants
voient des noiraudes (makurokurosuke), des esprits dans la vieille maison abandonnée, ce
qu'on a peu de chance de trouver dans une maison neuve. Ce sont les enfants surtout qui
voient ont accès au sacré : Mei voit plus de choses que sa grande sœur.
Dans la forêt il y a le temple qui lui est dédié, et le centre de ce lieu sacré est un très grand
arbre millénaire.
Mei est celle qui rencontre Totoro en premier. C'est le gardien de la forêt, qu'on ne peut pas
voir n'importe quand, les enfants sont privilégiés pour voir les esprits.
Totoro, comme les esprits traditionnels de la culture japonaise, n'a pas vraiment de
comportement logique, on ne sait pas ce qu'il compte faire. Ce n'est pas quelque chose de
rationnel, et ça n'est pas forcément bienveillant. « Kami » c'est une présence qui dépasse
l'homme, ce n'est pas forcément toujours calme et gentil, et des kami calmes peuvent se
mettre en colère (la mer par exemple), par l'erreur de l'homme, ou tout simplement par
mauvaise humeur (comme Roland). たたる = le kami se met en colère.
5
Le culte des ancêtres et l'« ano yo » (le monde là-bas, l'audelà).
Nous vivons à « kono yo ».
Quelques chercheurs en folklore : Yanagita Kunio, Orikuchi Shinobu, Minakata Kumagusu.
Les deux premiers ont surtout travaillé sur les légendes et les contes, et à partir de ces contes ils
ont reconstitué la vision du monde des japonais. Le troisième a travaillé notamment sur le système
écologique des forêts.
5.1
Vision des japonais sur « ano-yo »
→ あの世 ano yo vs この世 kono yo
–
Ressembe à この世 mais à l'envers (tout ce qui est en haut sera en bas, les riches seront
pauvres, la gauche à droite, la nuit quand c'est le jour chez nous).
–
L'esprit part à « ano yo » en laissant son corps dans « kono yo ». Il y part pour revenir
(réincarnation).
Exemple : o-tsuya お通夜 = veille de funérailles
La veille des funérailles, célébrée actuellement selon les rites bouddiques.
De 18h au lendemain matin.
- dokyô (prière par un bonze) → shôkô (offrande de l'encense) → tsuya-burumai (repas) →
yotogi (la famille et les proches veillent à ce que l'encens brûle toute la nuit).
= cela correspond aux funérailles d'autrefois, qui commençait le soir pour que l'esprit du défunt
parte le soir mais arrive le matin là-bas, pour qu'il ai toute la journée pour trouver sa famille. Quand
on habille un défunt, on met le kimono « à l'envers » pour que ça reviennent à l'endroit dans l'anoyo. Dans certaines régions, on casse le bol à riz du défunt avant de le mettre dans son cercueil parce
que ce qui est cassé ici sera entier là-bas.
Le lendemain, le défunt est dans une salle où les proches peuvent lui dire au revoir et apportent
des fleurs avec leurs noms. Tout le monde est habillé en noir et blanc, la cravate noire pour les
hommes est presque exclusivement réservée pour les funérailles.
- Les morts avant étaient souvent enterrés aux bords des chemins menant aux villages, pour que
les ancêtres guident les voyageurs. Cela a donné le kanji de 道, la tête avec le chemin. Les bébés
étaient enterrés à un carrefour ou à l'entrée d'une maison, car ce sont des endroits où les gens
passent souvent, et si une femme enjambe l'entrée de la maison, le bébé pourrait revenir dans le
monde.
- Une journée ici équivaut à 7 ans là-bas.
1.1 Pas de paradis « 極楽(ごくらく) » ni d'enfer « 地獄(じごく) »,
pas de jugement
–
–
Motif d' « esprit errants » dans le théâtre nô. Ce sont des esprits malheureux ou en colère qui
les empêche de partir. C'est pourquoi le médium/médiateur (prêtre, chaman) est important
pour aider l'esprit à partir.
On retrouve le schéma de l'esprit malheureux qui fait des dégâts est quelque chose de
traditionnel est très ancien, sur lequel est basé la plupart des histoires de fantômes et des
films de « J-Horreur ».
1.2
Circulation éternelle de toute chose
- Une âme va partir là-bas et revenir dans ce monde le temps d'une vie, et repart là-bas pour
revenir encore : cette circulation éternelle assure ce monde.
Ex : la fête de iomante. Cela constitait à calmer l'esprit de l'ours (kami) qu'on allait manger, et le
remercier de donner sa vie pour que les hommes vivent. On préparait un hibou et des oiseaux
(factices) pour l'accompagner dans l'au-delà.
- Si on avait un mauvais comportement, on mettra plus longtemps à revenir dans le monde. Les
esprits vous renvoie dans le monde selon votre mérite.
1.3
« Retours » courts et longs
Retour court : fête de « bon » (お盆) vers le 15 juillet ou le 15 août.
Les esprits rendent visite à la famille chaque année. Le premier jour de cette période on va
chercher les esprits : on fait brûler une sorte de paille devant la maison ( 迎え火 Mukaebi
(feu de bienvenue)), et on allume une bougie avec laquelle on allume une lanterne pour aller
chercher les esprits jusqu'au cimetière ou au premier pont de la rue. On revient ensuite à la
maison et avec la bougie de la lanterne on allume celles de l'autel bouddiste. Dans les jours
suivants on leur fait des offrandes. Au dernier jour,on fait le feu de raccompagnement (送り
火 Okuribi) et on fait le même rite que pour l'aller.
« Véhicules » des esprits des ancêtres : le cheval en concombre, la vache en aubergine
[photo véhicule des esprits].
Retour long : la réincarnation (生まれ変わり umarekawari).
Cette idée de réincarnation existe depuis très longtemps :
Dogû (période Jômon) figurine de femme enceinte. On pouvait retrouver des cicatrices sur
les ventres de femmes enceintes, car si elles mouraient enceintes on faisait sortir le bébé
pour empêcher que son esprits ne reste enfermé.
Illustration 6: Dogû
–
Kamekan cercueil de la période Yayoi. On trouve souvent des membres abîmés (bras ou
jambe cassés) post-mortem pour faire comprendre à l'esprit qu'il ne pouvait plus revenir
dans ce corps.
Illustration 7: Kamekan
La circulation éternelle est assurée par un mouvement permanent.
無 常 観 (mujoukan) en bouddhisme : 無 rien, 常 permanent, 観 vision. Il ne sert à rien de
s'attacher à quelque chose dans le monde car rien n'est permanent.
6
Influences des croyances préhistoriques dans les relgions :
ritualisation et institutionnalisation de ces croyances préhistoriques
plus tard surtout dans le Shintoïsme, mais aussi en Bouddhisme.
6.1
1.1
–
–
Quelques exemples de rites actuels
a) Protection
Fête de 新嘗祭 niinamesai pour remercier la bonne récolte aux kami, au mois de novembre.
Pour faire tomber la pluie.
1.2
b) Calmer les esprits malheureux / en colère
Il y a des fêtes pour calmer les esprits :
–
go-ryô-e (Kyôto) 御陵絵
–
Dazaifu 大 宰 府 , SUGAWARA no Michizane 菅 原 道 真 . C'était un homme mais il a été
divinisé : il était très brillant en études et a eu un impact politique. Il s'est fait exilé par un
rival politique dans un endroit assez barbare, et a fini sa vie dans la tristesse et la haine.
Quand il y eu ce qu'on pensait être des manifestations de colère de l'esprit de cet homme, on
lui a érigé un temple. Il est le plus connu des hommes divinisé car il est le kami de la
réussite scolaire.
Pour être déifié au Japon il faut que la perosnne soit extraordinaire (intellectuellement ou
physiquement), et qu'elle ai une mort tragique.
–
擬音語量絵(ぎおんごりょうえ): Fête qui se pratique à Kyôto dont l'origine remonte à
l'époque Heian pour calmer les esprits (à cause de beaucoup de catastrophes naturelles).
6.2
–
Les esprits sont omniprésents : la notion de « territoire sacré »
La Purification (清め(きよめ, se laver)、祓い(はらい, chasser)est extrêmement
importante. On se purifie par le sel, le sake, le feu, la plante sakaki (榊),...
Ex : Dohyô-iri 土俵入り, rituel des sumô (entourés de shimenawa) à leur entrée après avoir
jetté sur sel pour purifier.
Illustration 8: Dohyô-iri 土俵入り, rituel des sumô
Ex : Quand on est invité aux funérailles, on nous donne un petit omiyage quand on repart,
où il aura toujours un sachet de sel pour pouvoir se purifier avant de rentrer à la maison.
Ex : Jichin-sai 地鎮祭, c'est une prière qu'on fait avant la construction pour que celle-ci se
passe sans problème, c'est une demande d'autorisation au kami qui pourrait être sur le
terrain.
Illustration 9: Ex : Ochôzu お手水, point d'eau qui se trouve devant un temple où on peut se
purifier.
7
Récapitulatif : les croyances pré-historiques des Japonais
1) Culte de la Nature 事前信仰(じぜんしんこう), l'animisme アニミズム,
2) Culte de l'ancêtre 祖先信仰(そせんしんこう)
3) Idée de « circulation » 循環(じゅんかん), « va-et-vient » de tout être - « réincarnation »
生まれ変わり(うまれかわり)
4) Importance des rites pour « consoler/calmer » les esprits malheureux ou en colère
5) Indulgence 寛容さ : importance de rites de purification « kiyome »清め, « harai »祓い
6) Centré sur « ce monde » この世 : chercher des bénéfices immédiats 現世利益(げんせ・
りやく).
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