Note d’orientation en matière de travail et de protection sociale Avril 2012 | Numéro 3
Les observations, interprétations et conclusions présentées ici n’engagent que leur(s) auteur(s) et ne reètent pas
nécessairement les vues de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale
et des institutions qui lui sont aliées, ni celles de ses Administrateurs ou des pays qu’ils représentent. La Banque
mondiale ne garantit pas l’exactitude des données contenues dans cet ouvrage. Pour de plus amples informations,
veuillez consulter le site www.worldbank.org/sp.
Banque mondiale
sur l’incidence des interventions en matière de nutrition sur le recul
de la malnutrition. Ces résultats laissent présager un accroissement
des revenus nets à l’avenir. L’accès à la protection sociale peut aussi
inuencer les décisions d’investissement des individus en modiant
les incitations auxquelles ils sont soumis. Ainsi, les transferts
monétaires — conditionnels ou autres — peuvent faciliter la
recherche de travail ou l’achat d’intrants agricoles en temps voulu.
Les transferts peuvent aussi encourager les investissements dans
la santé et l’éducation, pour lesquels il est généralement dicile de
contracter des emprunts.
S’agissant des eets au niveau local et macro, les travaux
publiés sont nettement moins fournis. L’impact des programmes
sur les bénéciaires peut être évalué avec précision en termes
quantitatifs, mais l’incidence des systèmes de protection sociale
sur l’ensemble de l’économie est mal connue. L’étude d’Alderman
et Yemtsov cite les sources disponibles et suggère que les eets
seraient importants : la contribution à la croissance économique
dépasserait le coût des dépenses publiques au titre de la protection
sociale, sans toutefois égaler les investissements productifs les plus
rentables (voir le tableau ci-dessous). Cette constatation n’est pas
surprenante puisque la fonction première de la protection sociale
est la redistribution des revenus et la réduction de la pauvreté,
et que le seul accroissement de la productivité ne constitue pas
un motif susant pour investir dans les systèmes de protection
sociale. En justiant les dépenses de protection sociale par leur
eet positif sur la croissance, ajouté à celui évident de réduction
de la pauvreté, les partenaires du développement peuvent
mobiliser un plus grand soutien en faveur des programmes
de protection sociale. Cependant, le Groupe indépendant
d’évaluation constate que dans 40 % des programmes nationaux
de la Banque mondiale analysés sur la période 2000–2010,
l’argument d’une augmentation de la croissance n’a pas été évoqué
pour encourager l’adoption de mesures de protection sociale.
La protection sociale peut aussi nuire à la croissance. Certains
eets, tels que les distorsions associées aux impôts prélevés
pour nancer les programmes de protection sociale, ne sont pas
spéciques à ce secteur, mais d’autres le sont : par exemple la
désincitation au travail qu’engendreraient les revenus non gagnés,
ou les contraintes sur la mobilité. Toutefois, peu d’études font part
d’eets négatifs, même dans les économies en développement.
À l’avenir, il faudra constituer une base de données plus solide.
Les gains de croissance générés par certains types d’interventions
peuvent être substantiels. Les avantages d’autres instruments
de protection sociale, notamment ceux qui tentent de corriger
les défaillances du marché de l’assurance et d’aider les petits
producteurs à s’assurer contre le risque, sont en revanche moins
connus. Notre attention doit se porter sur les moyens d’améliorer
ces programmes et de renforcer les éléments productifs des
programmes de transferts existants. La valeur économique
des actifs créés par les programmes de travaux publics, par
exemple, mériterait de faire l’objet d’études spéciques. De
même, les programmes de développement des modes de
subsistance agricoles pourraient être améliorés en y intégrant
des composantes d’atténuation des risques et de mécanismes
d’assurance ; les programmes de microcrédit et d’inclusion
nancière pourraient être ajustés de manière à pallier l’absence de
marchés de l’épargne et des pensions.
En poursuivant ces pistes de recherche, nous espérons sortir
de la logique dans laquelle la protection sociale est envisagée
uniquement comme l’une des deux composantes de l’arbitrage
entre équité et ecience, et en même temps inciter les bailleurs
de fonds et les organismes internationaux à renforcer leur soutien
aux systèmes de protection sociale, en contribuant par ailleurs
à modier la conception de l’aide et l’élaboration des projets de
développement an que ceux-ci soient axés sur la poursuite d’une
croissance pro-pauvres et durable. Nous souhaiterions obtenir
une plus grande participation des ministères économiques à la
formulation de stratégies de réformes en matière de protection
sociale, et créer un consensus dans lequel les dépenses de
protection sociale sont considérées comme un investissement
dans l’avenir d’un pays, et non comme une simple subvention.
Estimations de l’effet de la protection sociale sur la croissance : niveaux micro, méso et macro
Pays/Niveau Programme/Type d’intervention Méthode Résultats
Afrique du Sud/
Macro
Gundo Lashu et EPWP/TP MCS Des TP à haute intensité de main d’œuvre représentant 0,2 % du PIB
ont accru le PIB de 0,34 %
Bangladesh/
Macro
BRAC/Développement rural
Microcrédit
MCS Le BRAC a accru le PIB de 1,15 % en 1998 pour un coût de 0,2%
duPIB
Brésil/Méso Bolsa familia/TMC Régressions Une augmentation de 10 % du programme a accru le PIB municipal
de 0,6 %, B/ C=3,5.
Malawi/Méso Dowa Transferts monétaires
d’urgence (DECT)/TM
MCS simpliées Total des eets multiplicateurs du DECT compris entre 2,02 et2,79.
Chine/Micro Réduction de la pauvreté dans
leSud-ouest de la Chine/TM
TRR TRR = 8,6–9,8 % (borne inférieure).
Mexique/Micro Oportunidades/TMC TRR TRR = 8 % par an (borne inférieure) ; 17 % (borne supérieure)
Source: IEG (2011) pour les eets micro des lets de sécurité, Hodge et al. (2011). Notes : pp — points de pourcentage, TM — transferts monétaires,
TMC— transferts monétaires conditionnels, TRR — taux de rentabilité économique, MCS — matrices de comptabilité sociale, TP — travaux publics.