Trois armes de communication non conventionnelle
L
e street marketing
s'inscrit dans le cou-
rant du guérilla marke-
ting, apparu en 1984, qui
vise à «permettre aux
entreprises de promouvoir
leurs produits et services
avec de très petits budgets
tout en maintenant le
même niveau de sensibili-
sation que celui atteint
avec les publicités télévi-
sées ».(3> C'est un système
non conventionnel dè com-
munication s'appuyant sur
l'imagination - et flirtant
parfois avec les limites de
l'éthique, pour proposer
des campagnes impac-
tantes, créatives et inno-
vantes ll s'appuie sur un
arsenal de méthodes pré-
kotlenennes(4), qualifiées
de « below the lme » (au-
dessous de la ligne), telles
que le bouche-à-oreille,
l'homme-sandwich ou la
publicité subliminale
1. Le guérilla marketing
répond à une nécessité
pour les marques celle de
trouver de nouveaux outils
pour se différencier sur des
marchés saturés L'origi-
nalité des campagnes vise
à surprendre le consomma-
teur, à changer le rapport
que la marque entretient
avec lui (se placer sur un
pied d'égalité, creer une
relation plus émotionnelle
et personnelle)
2. Le street marketing est
une communication
urbaine, qui investit l'es-
pace public pour promou-
voir un évenement, un pro-
duit ou une marque en
mobilisant de l'événemen-
tiel, de la distribution de
tracts ou différentes
formes originales d'affi-
chage Le street marketing
est connecté à deux autres
courants liés a la rue
D'une part la street cul-
ture rap ou hip-hop, style
vestimentaire affirmé
D'autre part le street art
artistes de rue utilisant l'af-
fiche, le sticker, le pochoir,
la peinture, les installations
ou encore développant des
performances de type
spectacles de rue (bus-
kmg) dans l'espace urbain
3. L'ambient marketing
- une expression égale-
ment utilisée dans les pays
anglo-saxons - peut être
définie comme « une forme
complexe de communica-
tion d'entreprise, qui
mobilise les éléments de
l'environnement externe,
incluant potentiellement
tout type de surface
physique existante,
pour transmettre des mes-
sages à même de susciter
l'engagement du consom-
mateur» (5) Pour qu'une
opération de street marke-
ting puisse être qualifiée
d'ambient marketing, il
faut qu'elle soit nécessaire-
ment bon marché,
créative et ait un lien direct
avec la rue, sous peine
d'être confondue avec
une operation d'outdoor
marketing ®
Une relation de familiarité
avec les consommateurs
La stratégie de Michel et Augustin, notamment aux Etats-
unis, illustre les deux familles d'avantages associés à une
opération de street marketing : les avantages économiques
et les avantages relationnels.
Les avantages économiques sont indéniables. Le street
marketing présente un réel effet de levier sur les ventes, à
moindre coût par rapport à une campagne dite classique,
utilisant les grands médias. En outre, la progression du
volume des ventes peut être tracée de A à Z grâce à la digi-
talisation. Le retour sur investissement attendu d'une opé-
ration de street marketing est lié au décalage entre le coût
modeste de l'action et le buzz généré. Il se mesure grâce aux
données collectées sur les réseaux sociaux • nombre de
« vus », « like »/« unlike », de « retweets »/de « forward »
de « share », de commentaires... ; analyse sémantique des
commentaires des internautes, nombre de recherches géné-
rées sur Michel et Augustin, visites sur le site Web.
Vis-à-vis des consommateurs, les avantages de telles cam-
pagnes reposent sur la possibilité de les « encastrer » ou de
les « embarquer » avec la marque et de les transformer en
membres actifs de l'aventure. Le lien ainsi créé est très direct
et oblige en retour l'entreprise à beaucoup de transparence.
La méthode a également des répercussions sur l'image de
marque. Chaque opération a pour but de générer un buzz
en ligne consécutif à l'opération. Il s'agit d'obtenir un enga-
gement de la part des consommateurs vis-à-vis de la marque,
un « drive-to-store » ou un lien vers un site. Mais il s'agit
aussi de renforcer la notoriété grâce à un bouche-à-oreille
positif. Pour cela, l'action de street marketing doit apparaî-
tre comme naturelle Ainsi, les opérations de Michel et
Augustin sont conformes à l'univers de la marque, ses valeurs,
sa culture et la personnalité de ses dirigeants. Elles n'appa-
raissent pas comme des coups médiatiques déconnectés de
l'expérience réelle des consommateurs Au contraire, elles
renforcent le positionnement de l'entreprise en impliquant
directement le client pendant l'opération. Malgré la briè-
veté de l'expérience et des échanges entre la marque et la
cible, une relation de « familiarité » est générée. Cette rela-
tion devient profonde quand les consommateurs revivent à
travers les réseaux sociaux l'opération dont ils font partie. ®
1 Michel Barabel et Olivier Meitr « How Profond Changes in Stakeholder
Relations Allowed to an SME to Enter and Gain a Foothold in a Highlv
Compétitive Sector ' », International Business Research, \ oi 5, issue 7,2012,
p 85-96
2 Les pays anglo-saxons préfèrent utiliser les termes de « street
advertismg », « ambient marketing », « ambient adv ertismg », « guérilla
marketing in the street » ou encore « place-based marketing » A consulter
Bernard Cova et Marcel Saucet, « Le street marketing, forcement transgres-
sé », Décisions Marketing, n° 73, janvier mars 2014, p 27-43
3 Jay Conrad Levinson, Guérilla marketing, Houghton Mifflm, 1984 Cet
om rage et les sun ants se sont vendus a plus de 21 millions d'exemplaires
dans le monde II est considère par Times Magazine comme l'un des
25 ouvrages ayant eu le plus d'importance dans le monde du management
4 Philip Koller, Marketing Management (Pearson), 141 edition depuis 1971
5 RC Gambetti, RC .«Ambient Communication How to Engage Consu-
mers in Urban Touch-Points », California Management Review, 52,3,2010,
p
34-51
6 Saucet, M , (2014), Street marketing, Paris, editions Diatemo