Échocardiographie
et risque embolique
L’utilisation de l’échographie pour prédire le risque
embolique a fait l’objet de multiples travaux, de résultats
souvent contradictoires. Plusieurs caractéristiques des vé-
gétations ont été soupçonnées d’être associées à un risque
embolique plus élevé, comme leur présence, leur taille,
leur mobilité, leur localisation et leur échogénicité.
Présence d’une végétation
La visualisation échographique d’une végétation cons-
titue un critère diagnostique majeur d’EI (figure 2) [15] et
son diagnostic est le plus souvent aisé par l’échographie
transthoracique (ETT) ou l’ETO, dont la sensibilité dépasse
les 90 %. Dans la mesure où les EE sont liés à la migration
d’un fragment de végétation dans la circulation sanguine,
il paraîtrait logique de penser qu’il existe un lien entre
présence d’une végétation échographique et risque embo-
lique. Pourtant, la signification d’une végétation détectée
par l’échographie est longtemps restée controversée [1,
7-9, 18-21].
Les séries les plus anciennes, comme celles de Stec-
kelberg et al. [7] ou de Lutas et al. [18], n’ont pas trouvé de
lien statistique entre risque embolique et présence d’une
végétation. Il faut cependant noter que ces études n’utili-
saient que l’ETT et que certains des examens échographi-
ques étaient pratiqués après la survenue de l’EE ; certaines
végétations étaient donc probablement non détectables
parce qu’ayant déjà embolisé. Les études les plus récentes
utilisant systématiquement l’ETO ont décrit une incidence
de végétations beaucoup plus élevée et une corrélation
franche entre risque embolique et présence d’une végéta-
tion échographique [1-6]. La présence d’une végétation a
aussi été associée à un mauvais pronostic dans la série
récente de Wallace et al. [22].
Taille et mobilité des végétations
Si la relation entre taille et mobilité d’une végétation et
risque embolique paraît intuitivement évidente, cette sup-
position a fait l’objet de nombreux travaux dont les résul-
tats sont contradictoires, expliquant que les recommanda-
tions successives sur ce sujet soient également très
variables [5-9, 11-13, 22-29] (tableau 1).
Sans reprendre en détail toutes les études qui sont
résumées dans le tableau 1, leurs résultats discordants
trouvent de nombreuses explications, variant selon les
études : faible nombre de patients inclus, absence d’utili-
sation systématique de l’ETO, absence de recherche
d’embolies asymptomatiques, prise en compte des embo-
lies survenant avant l’institution du traitement, absence de
standardisation des critères diagnostiques [4].
Dans notre première étude [1], une relation statistique
forte a été observée entre taille des végétations et risque
embolique ; sur les 178 endocardites étudiées, un acci-
dent embolique a été noté dans 37 % des cas. En analyse
univariée, les facteurs significativement liés au risque em-
bolique plus élevé étaient la présence, la taille et la
mobilité de la végétation, les végétations du cœur droit et
les endocardites à staphylocoque. En analyse multivariée,
les seuls paramètres indépendamment et significative-
ment liés à un risque embolique majoré étaient la mobilité
et la longueur de la végétation (figure 3). En revanche, le
siège aortique ou mitral de la végétation n’était pas discri-
minant. Il faut cependant noter que cette étude présentait
pour limitation importante d’inclure les EE survenant
avant et après initiation du traitement antibiotique.
Pour résoudre cette question, nous avons mené une
étude multicentrique incluant 384 patients étudiés pros-
pectivement, et étudié les EE survenant avant ou après
traitement [23]. Un EE a été observé chez 131 (34,1 %)
patients, dont 28 (7,3 %) après début de l’antibiothérapie.
Par analyse multivariée, les facteurs associés à un risque
de survenue d’un événement embolique sous traitement
VGVG
OGOG
AoAo
ABC
Figure 2.Végétations aortiques (flèches) en ETO : en systole (A) et diastole (B). C) Végétations aortiques (flèches) : aspects anatomiques chez le
même patient que les figures Aet B. VG : ventricule gauche, OG : oreillette gauche, Ao : aorte.
Risque embolique des endocardites infectieuses
mt cardio, vol. 1, n° 3, mai-juin 2005
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