L’INDIGO
Un pigment bleu foncé
Son nom vient du mot grec
Indikon
qui signie « colorant d’Inde », en portugais indigo (du latin
indicum
, indigo, de
Indicus
, Indien).
Il existe plusieurs « plantes à indigo » :
Dans les textes anciens, le terme « indigo » désignait la matière colorante extraite des feuilles de l’indigotier. Il ne
s’appliquait pas aux teintures bleues extraites d’autres plantes tinctoriales.
À partir de la n du XIXe siècle, les chimistes montrèrent que la couleur bleue des teintures extraites des plantes
comme le pastel des teinturiers,
Isatis tinctoria
(nommé « guède » dans le Nord), la renouée des teinturiers,
Polygo-
num tinctorium
en Asie Orientale, l’indigo d’Assam en Asie (
Strobilanthes cusia
) ou encore la liane à indigo,
Philenoptera
cyanescens
, est due à une seule et même molécule, nommée « indigotine » ou « indigo ».
Ces plantes tinctoriales ne contiennent pas de pigments colorants directement transposables mais seulement un
précurseur de ceux-ci : l’indican (indoxyle ß-D-glucoside).
On suppose que c’est en Inde que les artisans commencèrent à extraire l’indigotine pour la conserver et lui donner
une forme soluble à l’eau qui permettrait ensuite la teinture.
La teinture à l’indigo est pratiquée depuis l’antiquité dans toutes les régions où poussent des plantes contenant de
l’indican : en Inde, en Indonésie, en Afrique occidentale… avec des secrets et variantes de fabrication.
En général, pour extraire le pigment de la plante, on utilisait seulement les feuilles. On les faisait tremper dans de
l’eau chaude jusqu’à fermentation. Le liquide jaune-verdâtre obtenu était ensuite versé dans une deuxième cuve
généralement additionnée de chaux ou de lessive de cendres. Ensuite on brassait le bain an d’introduire le maximum
d’oxygène qui permettait la précipitation au fond de la cuve de l’indoxyle en ocons d’indigo bleu, ou indigotine. Ce
dépôt pâteux était recueilli, ltré, rincé, égoutté et pressé dans des moules sous forme de petits pains mis à sécher.
Ces pains d’indigo, légers, très concentrés, solides, inodores et se conservant indéniment peuvent voyager sans
dommage.
L’indigotine est insoluble dans l’eau, l’alcool, l’huile, les acides et les alcalins. Sous l’inuence d’un réducteur (métaux
alcalins, sulfure ou acide gallique) elle sera transformée en indigo blanc soluble, qui en se réoxydant au contact de
l’air retrouve sa couleur. Les anciens devaient utiliser des agents naturels (sucre, chaux, urine) et des procédés qui
se distinguaient par une odeur repoussante et valaient aux teinturiers une certaine impopularité.
Dès l’Antiquité, les Romains ont importé la fécule d’indigo d’orient, compactée sous forme de pains.
Un peu d’histoire
Le pigment d’indigo peut être utilisé en teinture ou en peinture. Il faut l’ajouter à un liant pour fabriquer de la
peinture ou des encres d’enluminures. Ce liant peut être de l’eau, de l’œuf pour la tempera, de l’huile ou de l’acry-
lique. Les peintres et les teinturiers ont utilisé des pigments naturels jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.
En Europe, au Moyen Âge, l’indigo provenait de la guède ou « pastel ».
L’exploitation du pastel a été pendant des siècles une grande source de richesse, en particulier dans le midi de la
France. À tel point que le Lauragais était appelé « pays de cocagne » : dans l’une des étapes de la fabrication, les
feuilles étaient broyées et formaient une pâte, d’où « pastel », qui était ensuite pressée en boules de 15 cm de
diamètre qu’on appelait « cocaignes » ou « cocagne ».
À partir du XVIe siècle, l’importation de l’indigo asiatique (provenant de l’indigotier), beaucoup moins cher que le
pastel européen et avec des propriétés tinctoriales vingt fois plus puissantes, nira par faire disparaître la culture
du pastel dans le sud de la France. L’arrivée dans les ports de l’indigo des Indes va bouleverser l’économie de la
région.
C’est l’explorateur portugais Vasco de Gamma (premier navigateur européen à arriver aux Indes au XVIe siècle) qui
rapporta cet indigo en Europe.
3 – Jardin Musée Balaguier /© Réseau Canopé 2015