Pigment bleu Depuis l’Antiquité, le lapis-lazuli, pierre semi-précieuse, est utilisée avec parcimonie. Pour obtenir le pigment on broie la pierre et on l’applique liée avec du fiel de bœuf. De la qualité du broyage dépend la couleur obtenue : plus le broyage est fin plus la couleur est belle. Au Moyen Âge, le lapis-lazuli est importé à Venise en provenance d’Orient. Le bleu enlumine les manuscrits médiévaux et particulièrement la robe de la Vierge. Les petits grains contenus dans le pigment reflètent la lumière naturelle. On obtient aussi du bleu pastel grâce à l’extraction de l’indigotine. L’indigotine est fournie par la guède, une plante d’Europe (compost de feuilles écrasées et fermentées). Cette opération est lente et laborieuse. Le bleu d’Ynde (indigo), déferle en Europe des Indes et des Amériques colonisées et provoquent la ruine des producteurs de guède et de pastel. La fécule d’indigo, extraite de feuilles de divers indigotiers (par fermentation et oxydation), produit le « bleu indigo ». Les tissus à teindre macèrent dans les cuves où l’on a mis de la fécule d’indigo. Puis, la matière est exposée, elle bleuit progressivement. La « gestation » du tissu dans les cuves confère à la teinture bleue une signification symbolique. Il faut une tonne de pastel pour produire 2 kilos de pigments bleus. Le bleu extrait du lapis-lazuli revient cher, les recherches pour trouver un bleu de synthèse s’activent. Au XVIIIème siècle, le pigment du « bleu de Prusse » est trouvé, vite remplacé en 1828 par le bleu de synthèse inventé par Jean-Baptiste Guimet. L’industrie chimique utilisent ce bleu pour fabriquer les petites boules de bleu qui servent à blanchir le linge. Le bleu inventé à partir du cobalt au début du XIXème siècle se décline en plusieurs tonalités. L’indigo de synthèse est le colorant par excellence (à base de phtalocyanine), en particulier pour les vêtements de travail comme le blue jean. L’Égypte antique se caractérise par l’emploi constant qu’elle fait de la couleur sur trois millénaires aussi bien dans la vie quotidienne que dans l’art funéraire. La variété des supports (bois, papyrus, céramique, parois, etc.) engendre de nouvelles techniques de peintures. La palette chromatique de l’art funéraire ne comporte que 6 couleurs en plus de l’or : rouge, jaune, bleu (clair et foncé), vert, violet, blanc. L’analyse de la momie de Toutankhamon révèle l’utilisation d’au moins 5 colorants végétaux : carthame pour le rose, safran pour le jaune, indigotine pour le bleu, henné pour l’orange, garance pour le rouge. Les Égyptiens profitent des ressources du sol : pour le rouge, de l’ocre et du réalgar, pour le vert, de la malachite, pour le jaune de l’orpiment et des jarosites (terre riche en fer et en potassium). L’Égypte antique invente (à l’âge du Bronze vers 2500 ans avant J.-C.), le premier bleu de synthèse car les égyptiens ne disposent que de rares gisements de lapis-lazuli. Le « bleu égyptien » est fabriqué en chauffant (800 à 900 degrés) de la chaux, du sable avec des copeaux de cuivre (la température est cruciale pour l’obtenir, ce qui montre que les Égyptiens savaient la contrôler). C’est une couleur plébiscitée par les peintres des tombes royales. Pour teindre les étoffes, les Égyptiens se servent du pastel et de l’indigo. Dominique Villeger