Chien cardiaque

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Chien cardiaque
Par le Docteur Jean Philippe CORLOUER,
Service de Médecine - Cardiologie, CHV FREGIS
Quelles sont les maladies responsables d’une insuffisance cardiaque ?
Chez les animaux, comme chez l’homme, de très nombreuses maladies vont être responsables d’une fatigue anormale du cœur. Il peut s’agir de lésions aux niveaux des valvules
cardiaques (dégénérescence, foyers infectieux, malformations congénitales, ...), de maladies touchant le muscle cardiaque - le myocarde - (anomalies génétiques, inflammations,
intoxications, traumatismes, dégénérescence, cancers, ...) mais aussi de troubles touchant
le « système électrique » du cœur, responsable sa contraction automatique et régulière.
Dans certains cas, l’insuffisance cardiaque peut être la conséquence d’une maladie d’un
autre organe qui vient perturber son bon fonctionnement de façon chronique ou aiguë.
Comment évolue l’insuffisance cardiaque ?
Si la maladie primitive perturbe le fonctionnement du cœur au point de faire chuter le débit de sang éjecté, l’organisme réagit spontanément en mettant en œuvre divers mécanismes et en particulier en augmentant la fréquence cardiaque. Dans un premier temps,
cette réaction est positive et permet à l’animal de garder une activité et un comportement normaux. On parle de stade compensé de la maladie : l’animal est bien atteint
d’une maladie cardiaque mais le propriétaire n’observe en général aucun symptôme. Si la
maladie cardiaque continue à évoluer, le cœur se fatigue de plus en plus, le débit de sang
diminue, le cœur est de moins en moins capable de s’adapter en cas d’effort physique intense puis lors d’efforts de plus en plus modérés. L’insuffisance cardiaque décompense et
c’est généralement à ce stade que le propriétaire s’inquiète. Enfin, dans les formes les plus
avancées, même au repos, des symptômes
sont présents.
Quels sont les symptômes de l’insuffisance
cardiaque ?
Chez le chien, le premier symptôme est généralement une intolérance à l’effort, une
fatigue inhabituelle. D’autres manifestations
peuvent survenir : malaises, syncopes, rythme
cardiaque accéléré (tachycardie), amaigris-
Gros ventre (flèche) rempli de liquide (ascite)
chez un chien présentant une grave insuffisance
cardiaque, due à une maladie du myocarde.
sement, fonte musculaire, apparition d’un gros ventre (ascite), perte d’appétit (anorexie),
... et toux. La toux cardiaque est un symptôme fréquent mais plusieurs mécanismes peuvent
en être responsable dont le plus redoutable est certainement l’œdème pulmonaire. Chez
le chat, les symptômes sont généralement beaucoup plus tardifs, d’apparition brutale et
d’emblée très sérieuse. Le plus souvent c’est une grande difficulté respiratoire (dyspnée)
qui est le signe d’alerte. Parfois, c’est une paralysie brutale (en particulier des membres
postérieurs) due à la migration d’un caillot sanguin depuis le cœur jusqu’au pattes (embolie ou thrombo-embolie). La toux est très rarement un signe d’insuffisance cardiaque chez
le chat.
Comment explorer l’insuffisance cardiaque ?
Si votre compagnon présente un des symptômes précédents, si on vous a signalé la présence d’un souffle cardiaque, d’un rythme
irrégulier, ... une consultation de cardiologie
s’impose. Elle a pour but de confirmer que
l’ani- mal souffre d’une insuffisance cardiaque, d’en préciser le stade et surtout d’en
rechercher la cause. Selon les cas, différents
examens vont venir compléter la consultation : radiographie du thorax, électrocardiogramme, échocardio- graphie, Doppler,
pression artérielle, examens sanguins, ...
Electrocardiogramme d’un chien présentant des
syncopes et une insuffisance cardiaque
Comment traiter l’insuffisance cardiaque ?
Le traitement idéal est celui de la maladie responsable de l’insuffisance cardiaque. Mais,
si ce traitement n’existe pas, ou si le cœur est trop « fatigué », le traitement aura pour
objectif d’améliorer le fonctionnement cardiaque et d’améliorer le débit sanguin. Selon
le stade, différents traitements sont possibles. La maladie étant le plus souvent évolutive,
l’insuffisance cardiaque progresse insidieusement. Il est donc indispensable de réévaluer
régulièrement la situation pour adapter le traitement en conséquence. Il n’y a pas UN mais
DES traitements de l’insuffisance cardiaque.
La surveillance de la fréquence cardiaque au repos est aussi un geste important pour suivre
l’évolution de la maladie de votre compagnon. Un régime alimentaire adapté (généralement pauvre en sel) est souvent indiqué et il faut éviter les efforts violents ou prolongés et
les stress.
Références
1. Rousselot JF, Corlouer JP et coll. - La cardiologie au quotidien chez le chien – Guide pratique Vétoquinol – 2010, 156 p
2. JPh Corlouer - La place des examens complémentaires en cardiologie chez le chien –
Ateliers du Sud-est AFVAC – Grasse, 2-4 octobre 2009
3. JPh Corlouer - Actualités thérapeutiques en cardiologie canine : nouvelles molécules
antagonisme ou synergie – AFVAC Ile de France – Le Chesnay, 05 juin 2009
Les points importants
On dit d’un animal qu’il est « cardiaque » (ou plus exactement « insuffisant cardiaque »)
lorsque son cœur, à la suite d’une maladie n’est plus en mesure d’envoyer une quantité
de sang adaptée aux besoins de son organisme.
Il y a plusieurs stades chez les animaux cardiaques
Il est important de rechercher la nature exacte de la maladie en cause
Le traitement dépend du stade de l’insuffisance cardiaque et de la maladie responsable
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