Politique territoriale),il était difficile d’obtenir le développement éco-
nomique sans renoncer à l’une d’elle. L’option intermédiaire retenue a été
de solliciter la création d’une délégation à l’économie sociale et solidaire,ratta-
chée au développement économique. L’avantage était triple : pouvoir accéder aux
services de la direction économique, faciliter l’intervention sur l’ensemble des dossiers
hors ESS et clarifier le positionnement de l’ESS par rapport à l’insertion.
Pour imposer la délégation et créer le rapport de force nécessaire à la mise en place de dispositifs
spécifiques à l’ESS à même de répondre aux objectifs de soutiens aux entreprises « vertes », une
double concertation a été mise en place en interne et en externe.
!Le déploiement de la politique
La concertation externe s’est engagée dans le cadre d’un forum en 2004 et s’est prolongée sur toute une
année.Elle a permis de renforcer le rapport de force interne,de donner de la visibilité aux réseaux d’acteurs,de
mobiliser ces derniers et surtout d’établir un diagnostic des interventions passées et des besoins actuels qui ont
permis de co construire des dispositifs adaptés.
La première incidence a été d’inscrire dans le SRDE le principe d’ouverture des aides à l’économie existantes à l’en-
semble des acteurs de l’ESS quels que soient leur statut et leur secteur d’activité.Cela s’est traduit par la création d’un
« dispositif expérimental» dispositif unique, permettant de financer les entreprises ESS selon les règles du droit com-
mun:50 % à l’investissement,3.600 ? par emploi créé…
Deuxième déclinaison de la concertation, la création d’un appel à projets, Eco Région Solidaire, pour financer la phase
amont de la création que l’on pourrait rapprocher de la R & D : études de faisabilité, études techniques, expérimentation.
L’objectif étant de faire émerger des entreprises sur des secteurs nouveaux;éco tourisme,habitatécologique,agriculture bio,
déplacements doux, services à la personne et aux territoires… En plus de jouer le rôle de laboratoire à projets, Eco Région
Solidaire a permis de donner à voir ce que peut être l’ESS,mieux que n’importe quelle définition et à contribuer à crédibiliser
en interne la politique et en externe à mobiliser les territoires sur le soutien aux projets et en relais à la politique régionale.
Autre prolongement de la concertation,la mise en réseau des acteurs à la fois pour les doter de tête de réseaux et de centre de
ressources. La Région a donc soutenu la création d’une Agence régionale de l’Economie Sociale et Solidaire : porte-parole,
vitrine,tête de réseau,elle contribue à l’animation des réseaux et des territoires.Pour compléter l’action de l’ADRESS,la Région a
fortement soutenu l’implantation de l’URSCOP pour favoriser le développement des coopératives qui est la forme d’entreprise
privilégiée par la politique régionale.
!Les premiers enseignements
Trois ans de recul ont permis de conforter les intuitions qui ont présidé au choix initial de stratégie : disposer d’un budget
dédié mais avoir une approche transversale,s’ancrer à l’économie plutôt qu’à l’insertion,concentrer les aides sur un nombre
restreint de projets innovants sur le plan social, environnemental ou technique plutôt que de les saupoudrer sur un grand
nombre de projets.
Le résultat est l’émergence de projets qui se révèlent structurants pour les territoires,avec l’émergence de filières nouvelles.
Deux exemples :
Le chantier naval (bois) du Cap Fagnet: chantier d’insertion qui se transforme en SCIC pour se positionner sur le marché de
l’Arc Manche ainsi que celui du Musée de la Marine. Au-delà des emplois dans le chantier, c’est tout le visage de Fécamp,
ville autre fois sinistrée, qui va en être changée : le port va abandonner son activité industrielle pour se tourner vers la
plaisance,et la présence des vieux gréements du Musée de la Marine va développer l’activité touristique sur Fécamp.
L’E’Caux Centre d’Yvetot: zone d’activité du développement durable qui réunira une centrale d’achat de l’agriculture
biologique, des locaux d’artisans de l’habitat écolo, des commerces biologiques et équitables, une maison bioclimati-
que… Une fois encore au-delà des emplois créés,l’E’Caux’Centre va jouer un rôle déterminant pour la structuration de
la filière biologique en particulier pour répondre au marché des cantines scolaires mais également pour la filière de
l’habitat écologique en la dotant d’une vitrine.
!Les principaux freins identifiés
Plusieurs difficultés restent à lever pour passer de l’expérimentation de prototypes d’entreprises « vertes » au
changement d’échelle vers les « modèles de série ».
Le manque de managers « ESS » ou moutons à cinq pattes qui allient à la fois compétence technique, de
gestion ET les « valeurs ». En lien avec ce premier obstacle le déficit de formation, à destination des por-
teurs de projets mais aussi des militants sans parler des chargés de missions dans les institutions.
Troisième difficulté, l’accompagnement spécialisé qui aille au-delà des aspects généraux de la créa-
tion d’activité et qui soient en mesure d’aider à solvabiliser le modèle économie et à expertiser la
fiabilité technique. Enfin, créer des dynamiques territoriales. Les territoires intermédiaires se
mobilisent assez facilement,c’est plus difficile pour les zones rurales qui disposent de peu de
moyens et d’acteurs mais aussi à l’inverse pour les grosses zones urbaines qui ont ten-
dance à accorder la priorité au « gros développement » et à négliger l’expérimentation
d’activités nouvelles.