Libre Entreprise Enjeux
10 La Libre Entreprise - samedi 10 septembre 2016 11
samedi 10 septembre 2016 - La Libre Entreprise
lChronique | Universités
Des CEO face à
des philosophes
P
La philosophie complète
bien l’enseignement
du management.
P
Elle aide le dirigeant
à se poser les questions
fondamentales.
Créé par les trois principales
business schools de la Fédéra-
tion Wallonie-Bruxelles, cel-
les de l’ULB, de l’ULg et de l’UCL, et
par l’ASBL Philosophie et Manage-
ment, l’executive programme en
Management et Philosophies aide
les cadres d’entreprise à faire un
cheminement ardu : il développe la
capacité à questionner les points de
vue et les pratiques managériales
pour les dépasser et prendre de
meilleures décisions. Les neuf jour-
nées du programme sont groupées
autour de quatre domaines de ré-
flexion et d’action : la régulation et
la liberté, l’émotion et la prise de
décision, l’innovation et la com-
plexité, le sens et l’éthique.
Nous avons demandé au juriste et
philosophe Benoît Frydman qui in-
tervient dans le programme, en
quoi la philosophie pouvait-elle
être une aide pour un dirigeant
d’entreprise : “On a recours à la phi-
losophie souvent quand nos cadres de
pensée habituels sont considérés
comme plus tout à fait pertinents, ef-
ficaces. Chaque professionnel, dans
son milieu, fonctionne avec une vision
du monde. Ainsi, il avait une certaine
conception de l’entreprise : un acteur
économique qui doit faire du profit.
Parallèlement, on pensait aussi que
fixer les règles était le rôle des pou-
voirs publics. Donc quand on com-
mence à demander à une entreprise
de réglementer des choses ou bien de
refuser certaines pratiques dans cer-
taines zones où elle est implantée, son
discours c’est ‘ce n’est pas mon rôle, je
ne suis pas un Etat’. Aujourd’hui, les
Etats ne parviennent plus toujours à
encadrer et on demande aux entre-
prises de prendre en charge les règles
et de les faire respecter. C’est pertur-
bant pour un dirigeant éduqué dans
l’ancien schéma. Il se rend compte que
sa vision traditionnelle de l’entreprise
n’est pas une évidence, mais une phi-
losophie. Donc il se pose des questions
philosophiques : dans quel monde
vit-on ? Qu’est-ce qu’une entreprise ?
Et non plus, seulement, comment mo-
biliser les énergies pour faire du pro-
fit ? C’est à ça que la philosophie peut
aider : répondre à des questions qui ne
sont plus seulement de moyens, mais
de fins.”
Le philosophe, écrivain et édito-
rialiste français Roger-Pol Droit, qui
intervient également dans le pro-
gramme, y présente une série de
concepts qu’il considère lui aussi
comme importants pour un mana-
ger : “Ce qui me paraît essentiel est de
faire la jonction entre les analyses
philosophiques et les problèmes con-
crets des managers. Les questions à
poser sont par exemple : un licencie-
ment peut-il être éthique ? Et une dé-
localisation ? Et une faillite ? En quel
sens, à quelles conditions ? Voilà le
type d’interrogations que je souhaite
aborder, en distinguant trois registres
principaux : l’éthique des vertus, où
l’on va compter sur les qualités per-
sonnelles des dirigeants, illustrée sur-
tout par Aristote et les philosophes
antiques; l’éthique du devoir et de la
loi, où l’on demande à une contrainte
juridique de faire respecter les nor-
mes, qui s’inspire de Kant; l’éthique
des conséquences, où l’on juge les déci-
sions à leurs résultats, indépendam-
ment des intentions ou des normes,
qu’ont fondée les utilitaristes (Ben-
tham, Mill). Il me semble que ces trois
niveaux d’analyse, qui peuvent se
combiner, couvrent la plus grande
partie des possibilités d’approche. ”
Laissons-lui la conclusion : “ Ce
que des managers peuvent retirer
d’une telle confrontation avec des
philosophes, ce ne sont sûrement pas
des réponses toutes faites, ni des recet-
tes qu’il suffirait d’appliquer mécani-
quement. Mais j’espère qu’ils y trou-
veront des clarifications, des modèles
d’analyses que chacun d’entre eux
pourra ensuite utiliser dans son do-
maine d’expérience spécifique. ” Dés-
tabilisant, non ?
D.R.
Philippe Biltiau
Professeur à l’ULB
et codirecteur
de programmes
de formation pour
adultes à la Solvay
Brussels School ULB
“Questionner les
points de vue et les
pratiques
managériales pour
les dépasser.”
lOpinion
Banques et taux zéro
P
Les banques sont
confrontées à un nouveau
défi : une politique
monétaire inédite.
Il n’y a pas une journée sans que
la presse n’évoque les taux bas et
leurs conséquences pour les en-
treprises, pour les épargnants, les
emprunteurs et pour les autorités
publiques. On peut se demander si les
banques se préoccupent de leurs
clients en leur proposant une rému-
nération si faible de leur épargne. Es-
sayons de décrypter l’ensemble des
éléments essentiels du débat actuel.
Le contexte dans lequel évoluent les
banques aujourd’hui n’est pas sans
s’accompagner de multiples défis,
dans un monde en profonde muta-
tion. Le secteur bancaire entend mal-
gré tout jouer son rôle pleinement au
service de l’économie et de la société,
et ce, de manière équilibrée et dura-
ble. Il faut ouvrir les yeux sur une réa-
lité complexe dans sa globalité, et évi-
ter de s’arrêter uniquement sur des
aspects, certes sensibles, mais par-
tiels.
La situation économique actuelle
est caractérisée par une croissance
atone et une faible inflation dans la
zone euro. Parmi les outils habituels
permettant de combattre une situa-
tion économique déprimée, se trouve
la politique monétaire, avec comme
levier essentiel les taux d’intérêt di-
recteurs. La politique de taux extrê-
mement bas, voire négatifs, complé-
tée par celle des rachats d’actifs par la
Banque centrale européenne vise à
favoriser l’investissement, le crédit et
la consommation.
Les banques sont le canal de trans-
mission de cette politique à l’écono-
mie réelle, ce qui explique que les
taux soient historiquement faibles
tant sur l’épargne que sur le crédit. Le
taux appliqué à ces activités découle
en effet directement des décisions
prises par la BCE.
Il s’agit de mesures en principe ex-
ceptionnelles et temporaires qui, à ce
stade, sont mises en œuvre depuis de
D.R.
Michel Vermaerke
Administrateur
délégué de Febelfin
longs mois et dont la fin n’est pas en-
core annoncée. Certains effets posi-
tifs se font attendre, ce qui pose la
question de l’opportunité de la pour-
suite, à moyen ou long terme, d’une
telle ligne de conduite. Il appartient
aux autorités et aux économistes
d’apporter une réponse à cette ques-
tion.
Si l’épargnant regrette aujourd’hui
que ses économies ne produisent
qu’un rendement faible, l’emprun-
teur, qu’il soit particulier, entreprise
ou autorité publique, peut pour sa
part se réjouir d’obtenir des crédits à
des taux historiquement bas. Ces
taux très faibles permettent
d’ailleurs à l’Etat belge de financer sa
dette à des taux particulièrement
avantageux; le taux des obligations li-
néaires est même négatif jusqu’à une
échéance de 8 ans.
Les banques sont aujourd’hui
coincées entre le marteau et l’en-
clume, entre la nécessité de financer
les dettes publiques en devant dépo-
ser leurs surplus de liquidités auprès
de la BCE moyennant un taux de
0,40 %, tout en assurant un rende-
ment, même minime, à l’épargne. A
cela viennent s’ajouter les taxes et
prélèvements bancaires. La charge
minimale incompressible pour la
banque est de 0,32 % sur le volume
d’épargne, avant même de compter
les frais de fonctionnement, le coût
du capital et la prime de risque.
Dans ce contexte, des questions se
posent sur la justification du rende-
ment minimal de 0,11 % imposé par
voie légale sur un volume d’épargne
directement exigible par le dépo-
sant. Une telle situation n’existe
nulle part ailleurs en Europe et pèse
ipso facto sur le secteur bancaire
belge et sa capacité à jouer son rôle,
sur le long terme, pour le finance-
ment de l’économie.
Le rôle d’un secteur bancaire sain
et efficace est de pouvoir jouer son
rôle à plein pour le financement de
l’économie, de manière saine, dura-
ble et stable. Aujourd’hui, la situa-
tion en matière de taux met la renta-
bilité des banques sous pression.
Comme toute entreprise, une ban-
que se doit d’être rentable, afin de
permettre les investissements dans
la banque digitale de demain, le ren-
forcement des fonds propres per-
mettant de financer l’économie, de
préserver la solidité des banques et
la stabilité financière.
Il n’y a pas de solution miracle
pour maintenir et renforcer les
fonds propres d’une banque. Soit
(une partie) du bénéfice est mis en
réserve, soit des investisseurs appor-
tent du capital. En pratique, on cons-
tate généralement un mix des deux
alternatives. Il est certain, en toute
hypothèse, qu’il faut que la banque
dégage une certaine rentabilité. Les
investisseurs en capital à risque gar-
dent le rendement de leur investis-
sement à l’œil, ainsi que ce qui peut
être escompté dans d’autres secteurs
au profil de risque similaire.
Le secteur bancaire fait également
face à la nécessité d’adapter son bu-
siness model dans un monde tou-
jours plus digital, plus européen et
international. Les autorités de con-
trôle sont d’ailleurs particulière-
ment attentives à ce que les modèles
bancaires se transforment et soient
rentables.
Tout cela se fait-il au détriment du
client ? Au contraire, il nous semble
que le financement de l’économie
est aujourd’hui assuré à des condi-
tions extrêmement favorables, et
que le secteur poursuit ses investis-
sements dans une infrastructure
bancaire numérique performante.
La concurrence importante au sein
du secteur bancaire assure au client
de pouvoir trouver de bonnes condi-
tions. Les études indépendantes sur
le prix des services bancaires en Bel-
gique montrent que le coût de
ceux-ci reste parmi les plus accessi-
bles, pour des services sûrs et de
qualité. Une réglementation natio-
nale des prix serait non seulement
difficilement réconciliable avec les
objectifs du marché unique euro-
péen mais aussi contre-productive
et source de distorsions dans un
marché bancaire concurrentiel. S’as-
surer de la rentabilité des banques
reste ainsi essentiel aujourd’hui
mais aussi et surtout pour demain.
Les derniers stress-tests européens
ont montré la solidité des banques
belges et confirment ainsi que les ef-
forts du secteur vont dans la bonne
direction.
Malgré ce contexte délicat, les ban-
ques continuent à jouer leur rôle
pour le financement de l’économie,
à investir dans l’avenir et à proposer
des services modernes et efficaces.
Les nombreux efforts de ces derniè-
res années, qui permettent, par
exemple, aujourd’hui, à plus de
3 millions de Belges d’avoir sa ban-
que en poche, ont pu se réaliser
grâce à des investissements et des
développements menés par les ban-
ques. Il est, au final, dans l’intérêt de
la société de pouvoir compter sur
une offre bancaire variée et mo-
derne qui réponde aux besoins des
clients pour un prix attractif. Les
chiffres montrent que cette situa-
tion est une réalité pour le consom-
mateur belge aujourd’hui.
Du côté du secteur, le constat est
cependant qu’aujourd’hui, les ban-
ques actives en Belgique sont con-
frontées à une situation désavanta-
geuse par rapport aux autres acteurs
européens, à cause notamment de
mesures et de taxes typiquement
belges. Il convient de mesurer les ris-
ques d’une telle situation quant à la
capacité des banques de financer
l’économie et de continuer à investir
dans l’avenir.
L’appel lancé par le secteur ban-
caire belge dépasse ainsi largement
la question de la rémunération mi-
nimale sur les comptes d’épargne,
même si la préoccupation de l’épar-
gnant est légitime et bien compré-
hensible. Il s’agit d’une invitation au
dialogue et à l’action lancée aux
autorités, pour construire ensemble
un avenir équilibré et durable.
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samedi 10 septembre 2016 - La Libre Entreprise
lChronique | Universités
Des CEO face à
des philosophes
P
La philosophie complète
bien l’enseignement
du management.
P
Elle aide le dirigeant
à se poser les questions
fondamentales.
Créé par les trois principales
business schools de la Fédéra-
tion Wallonie-Bruxelles, cel-
les de l’ULB, de l’ULg et de l’UCL, et
par l’ASBL Philosophie et Manage-
ment, l’executive programme en
Management et Philosophies aide
les cadres d’entreprise à faire un
cheminement ardu : il développe la
capacité à questionner les points de
vue et les pratiques managériales
pour les dépasser et prendre de
meilleures décisions. Les neuf jour-
nées du programme sont groupées
autour de quatre domaines de ré-
flexion et d’action : la régulation et
la liberté, l’émotion et la prise de
décision, l’innovation et la com-
plexité, le sens et l’éthique.
Nous avons demandé au juriste et
philosophe Benoît Frydman qui in-
tervient dans le programme, en
quoi la philosophie pouvait-elle
être une aide pour un dirigeant
d’entreprise : “On a recours à la phi-
losophie souvent quand nos cadres de
pensée habituels sont considérés
comme plus tout à fait pertinents, ef-
ficaces. Chaque professionnel, dans
son milieu, fonctionne avec une vision
du monde. Ainsi, il avait une certaine
conception de l’entreprise : un acteur
économique qui doit faire du profit.
Parallèlement, on pensait aussi que
fixer les règles était le rôle des pou-
voirs publics. Donc quand on com-
mence à demander à une entreprise
de réglementer des choses ou bien de
refuser certaines pratiques dans cer-
taines zones où elle est implantée, son
discours c’est ‘ce n’est pas mon rôle, je
ne suis pas un Etat’. Aujourd’hui, les
Etats ne parviennent plus toujours à
encadrer et on demande aux entre-
prises de prendre en charge les règles
et de les faire respecter. C’est pertur-
bant pour un dirigeant éduqué dans
l’ancien schéma. Il se rend compte que
sa vision traditionnelle de l’entreprise
n’est pas une évidence, mais une phi-
losophie. Donc il se pose des questions
philosophiques : dans quel monde
vit-on ? Qu’est-ce qu’une entreprise ?
Et non plus, seulement, comment mo-
biliser les énergies pour faire du pro-
fit ? C’est à ça que la philosophie peut
aider : répondre à des questions qui ne
sont plus seulement de moyens, mais
de fins.”
Le philosophe, écrivain et édito-
rialiste français Roger-Pol Droit, qui
intervient également dans le pro-
gramme, y présente une série de
concepts qu’il considère lui aussi
comme importants pour un mana-
ger : “Ce qui me paraît essentiel est de
faire la jonction entre les analyses
philosophiques et les problèmes con-
crets des managers. Les questions à
poser sont par exemple : un licencie-
ment peut-il être éthique ? Et une dé-
localisation ? Et une faillite ? En quel
sens, à quelles conditions ? Voilà le
type d’interrogations que je souhaite
aborder, en distinguant trois registres
principaux : l’éthique des vertus, où
l’on va compter sur les qualités per-
sonnelles des dirigeants, illustrée sur-
tout par Aristote et les philosophes
antiques; l’éthique du devoir et de la
loi, où l’on demande à une contrainte
juridique de faire respecter les nor-
mes, qui s’inspire de Kant; l’éthique
des conséquences, où l’on juge les déci-
sions à leurs résultats, indépendam-
ment des intentions ou des normes,
qu’ont fondée les utilitaristes (Ben-
tham, Mill). Il me semble que ces trois
niveaux d’analyse, qui peuvent se
combiner, couvrent la plus grande
partie des possibilités d’approche. ”
Laissons-lui la conclusion : “ Ce
que des managers peuvent retirer
d’une telle confrontation avec des
philosophes, ce ne sont sûrement pas
des réponses toutes faites, ni des recet-
tes qu’il suffirait d’appliquer mécani-
quement. Mais j’espère qu’ils y trou-
veront des clarifications, des modèles
d’analyses que chacun d’entre eux
pourra ensuite utiliser dans son do-
maine d’expérience spécifique. ” Dés-
tabilisant, non ?
D.R.
Philippe Biltiau
Professeur à l’ULB
et codirecteur
de programmes
de formation pour
adultes à la Solvay
Brussels School ULB
“Questionner les
points de vue et les
pratiques
managériales pour
les dépasser.”
lOpinion
Banques et taux zéro
Les banques sont aujourd’hui
coincées entre le marteau et l’en-
clume, entre la nécessité de financer
les dettes publiques en devant dépo-
ser leurs surplus de liquidités auprès
de la BCE moyennant un taux de
0,40 %, tout en assurant un rende-
ment, même minime, à l’épargne. A
cela viennent s’ajouter les taxes et
prélèvements bancaires. La charge
minimale incompressible pour la
banque est de 0,32 % sur le volume
d’épargne, avant même de compter
les frais de fonctionnement, le coût
du capital et la prime de risque.
Dans ce contexte, des questions se
posent sur la justification du rende-
ment minimal de 0,11 % imposé par
voie légale sur un volume d’épargne
directement exigible par le dépo-
sant. Une telle situation n’existe
nulle part ailleurs en Europe et pèse
ipso facto sur le secteur bancaire
belge et sa capacité à jouer son rôle,
sur le long terme, pour le finance-
ment de l’économie.
Le rôle d’un secteur bancaire sain
et efficace est de pouvoir jouer son
rôle à plein pour le financement de
l’économie, de manière saine, dura-
ble et stable. Aujourd’hui, la situa-
tion en matière de taux met la renta-
bilité des banques sous pression.
Comme toute entreprise, une ban-
que se doit d’être rentable, afin de
permettre les investissements dans
la banque digitale de demain, le ren-
forcement des fonds propres per-
mettant de financer l’économie, de
préserver la solidité des banques et
la stabilité financière.
Il n’y a pas de solution miracle
pour maintenir et renforcer les
fonds propres d’une banque. Soit
(une partie) du bénéfice est mis en
réserve, soit des investisseurs appor-
tent du capital. En pratique, on cons-
tate généralement un mix des deux
alternatives. Il est certain, en toute
hypothèse, qu’il faut que la banque
dégage une certaine rentabilité. Les
investisseurs en capital à risque gar-
dent le rendement de leur investis-
sement à l’œil, ainsi que ce qui peut
être escompté dans d’autres secteurs
au profil de risque similaire.
Le secteur bancaire fait également
face à la nécessité d’adapter son bu-
siness model dans un monde tou-
jours plus digital, plus européen et
international. Les autorités de con-
trôle sont d’ailleurs particulière-
ment attentives à ce que les modèles
bancaires se transforment et soient
rentables.
Tout cela se fait-il au détriment du
client ? Au contraire, il nous semble
que le financement de l’économie
est aujourd’hui assuré à des condi-
tions extrêmement favorables, et
que le secteur poursuit ses investis-
sements dans une infrastructure
bancaire numérique performante.
La concurrence importante au sein
du secteur bancaire assure au client
de pouvoir trouver de bonnes condi-
tions. Les études indépendantes sur
le prix des services bancaires en Bel-
gique montrent que le coût de
ceux-ci reste parmi les plus accessi-
bles, pour des services sûrs et de
qualité. Une réglementation natio-
nale des prix serait non seulement
difficilement réconciliable avec les
objectifs du marché unique euro-
péen mais aussi contre-productive
et source de distorsions dans un
marché bancaire concurrentiel. S’as-
surer de la rentabilité des banques
reste ainsi essentiel aujourd’hui
mais aussi et surtout pour demain.
Les derniers stress-tests européens
ont montré la solidité des banques
belges et confirment ainsi que les ef-
forts du secteur vont dans la bonne
direction.
Malgré ce contexte délicat, les ban-
ques continuent à jouer leur rôle
pour le financement de l’économie,
à investir dans l’avenir et à proposer
des services modernes et efficaces.
Les nombreux efforts de ces derniè-
res années, qui permettent, par
exemple, aujourd’hui, à plus de
3 millions de Belges d’avoir sa ban-
que en poche, ont pu se réaliser
grâce à des investissements et des
développements menés par les ban-
ques. Il est, au final, dans l’intérêt de
la société de pouvoir compter sur
une offre bancaire variée et mo-
derne qui réponde aux besoins des
clients pour un prix attractif. Les
chiffres montrent que cette situa-
tion est une réalité pour le consom-
mateur belge aujourd’hui.
Du côté du secteur, le constat est
cependant qu’aujourd’hui, les ban-
ques actives en Belgique sont con-
frontées à une situation désavanta-
geuse par rapport aux autres acteurs
européens, à cause notamment de
mesures et de taxes typiquement
belges. Il convient de mesurer les ris-
ques d’une telle situation quant à la
capacité des banques de financer
l’économie et de continuer à investir
dans l’avenir.
L’appel lancé par le secteur ban-
caire belge dépasse ainsi largement
la question de la rémunération mi-
nimale sur les comptes d’épargne,
même si la préoccupation de l’épar-
gnant est légitime et bien compré-
hensible. Il s’agit d’une invitation au
dialogue et à l’action lancée aux
autorités, pour construire ensemble
un avenir équilibré et durable.