Économie du développement durable La croissance économique

publicité
SCIENCE ÉCONOMIQUE – THÈME 3
Manuel p. 138 à 139
Économie du développement
durable
Ce thème 3 consacré à l’économie du développement durable comprend désormais un seul chapitre qui questionne la
compatibilité de la croissance économique avec la préservation de l’environnement (Chapitre 5 : La croissance économique
est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?)
Doc. 1 Centrale thermique à Sofia en Bulgarie
Cette photo illustre les méfaits de la croissance économique
sur l’environnement. La production d’énergie dans cette
centrale thermique bulgare engendre des émissions de gaz à
effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique.
Doc. 2 Parc éolien et photovoltaïque
Cette photo qui présente des énergies renouvelables (l’éolien
et le photovoltaïque) souligne la possibilité d’une croissance
économique respectueuse de l’environnement (réduction des
émissions de CO2) grâce au progrès technique.
CHAPITRE 5
La croissance économique est-elle
compatible avec la préservation
de l’environnement ?
I. PRÉSENTATION DU CHAPITRE
Ce cinquième chapitre pose la question de la compatibilité de la croissance économique avec la préservation de l’environnement. Après avoir montré que le développement résulte de l’interaction de plusieurs types de capital et que la croissance
économique peut compromettre l’amélioration du bien-être (Dossier 1. Un développement menacé par la dégradation de l’environnement), on présente les différences
entre les conceptions de la soutenabilité faible et de la soutenabilité forte (Dossier 2.
La soutenabilité du développement en débat) puis les instruments dont disposent
les pouvoirs publics pour mener des politiques environnementales (Dossier 3.
La politique climatique).
Ressources numériques liées au chapitre
Vidéo
• Énergie renouvelable : la houle (France 2, 13H, 2006), p. 153
www.lienmini.fr/magnard-ses-013
Schéma-bilan
• Schéma de synthèse du chapitre, p. 158
72
CHAPITRE 5
Manuel p. 140-165
II. RÉPONSES AUX QUESTIONS
Sensibilisation p. 140
1. Calculé par l’ONG Global Footprint Network, le jour du
dépassement correspond à la date à laquelle la consommation de l’humanité en ressources naturelles excède ce que la
nature est capable de générer en un an sans compromettre
son renouvellement.
2. Le caractère de plus en plus précoce du jour du dépassement pose un problème de justice intergénérationnelle. Les
modes de vie des générations actuelles amputent de plus en
plus les ressources naturelles disponibles pour les générations futures. Une telle détérioration de l’environnement
remet en question la capacité de la société à maintenir un
niveau de bien-être au moins constant pour les générations
futures.
3. On pourra demander aux élèves de réaliser le questionnaire à la maison ou bien prévoir une séance en salle
informatique.
4. Par ordre décroissant : les États-Unis, l’Union européenne, l’Amérique latine et le Moyen-Orient/Asie centrale.
5. On laissera les élèves comparer leur empreinte écologique
(calculée à la question 3) à l’empreinte écologique moyenne
des habitants de l’Union européenne.
6. Pour réduire la pression que nous exerçons sur l’environnement, il faut modifier nos modes de vie : manger des
produits locaux et des produits de saison ; parfaire l’isolation de son logement ; modérer le chauffage du logement ;
recourir aux énergies vertes ; privilégier les produits recyclés ; modérer le recours à l’automobile ; utiliser davantage
les transports en commun…
DOSSIER 1. Un développement menacé par la dégradation
de l’environnement
p. 142-145
➜ Mise en œuvre dans le manuel
Le programme officiel
On expliquera pourquoi l’analyse économique du développement durable […] s’intéresse au niveau […] des stocks
de chaque type de capital […]. On évoquera, à l’aide
d’exemples, les limites écologiques auxquelles se heurte la
croissance économique (épuisement des ressources énergétiques et des réserves halieutiques, déforestation, augmentation de la concentration des gaz à effet de serre, etc.).
NOTIONS DE T  : • capital naturel • capital physique •
capital humain • capital institutionnel • biens communs
LE
A. Le développement :
nature et origines
Il s’agit tout d’abord de bien différencier la croissance
du développement et de préciser que le développement
résulte de l’interaction de quatre grands types de capital
(A. Le développement : nature et origines). On montre
ensuite que la croissance cause un certain nombre de
dommages à l’environnement qui contribuent à diminuer
le bien-être humain (B. Les dangers de la croissance pour
l’environnement).
p. 142-143
Doc. 1 Le développement correspond à l’accroissement du bien-être
1.
Croissance économique
Processus quantitatif qui se traduit par une augmentation de
la quantité de biens et de services produit par une économie
nationale et donc aussi par une élévation du revenu moyen.
Processus qualitatif qui se traduit par une amélioration du bienêtre des populations.
Elle peut ne concerner qu’une partie de la population.
Il doit concerner l’ensemble de la population.
C’est l’économique qui est au cœur de la notion.
C’est l’homme qui est au cœur de la notion.
2. Le bien-être humain est une notion qualitative et subjective qui exprime la satisfaction qu’un individu retire de la
vie. Ainsi défini : des vies qui paraissent proches l’une de
l’autre peuvent se traduire par des niveaux de satisfaction
et donc de bien-être fort différents. Par exemple, le travail
à temps partiel pourra être associé au bien-être s’il procède
d’un choix délibéré permettant de trouver un équilibre entre
vie familiale et vie professionnelle, alors que, si le temps
partiel est subi, l’individu sera sûrement peu satisfait de sa
vie. Ce petit exemple montre que le bien-être correspond
Développement
de manière fondamentale à la capacité de mettre en œuvre
la vie que l’on estime désirable et souhaitable (les « capabilités » d’Amartya Sen). Pour que cette capacité soit effective,
les individus doivent avoir accès à un ensemble de services
essentiels que sont l’éducation et la santé.
3. En 2013, la Guinée équatoriale est au 59e rang sur 187
pays en termes de PIB par habitant et au 136e rang en termes
d’IDH. Un tel écart de classement pour ces deux indicateurs suffit à prouver que la croissance économique n’est pas
une condition suffisante du développement. La croissance
CHAPITRE 5 • LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT ?
73
économique ne débouche en effet pas automatiquement sur
du développement parce que :
– la richesse n’est pas forcément répartie de façon équitable ;
– la richesse n’est pas utilisée pour améliorer la santé et
l’éducation qui sont pourtant indispensables pour permettre
aux individus de choisir librement la vie qu’ils estiment
désirable. En Guinée équatoriale, la faible espérance de vie
ainsi que la durée très limitée de la scolarisation expliquent
le faible développement humain du pays.
Doc. 2 Le développement résulte de l’interaction de quatre
grands types de capital
4.
Capitaux produits
par les hommes
Capitaux non produits
Capital humain, capital
institutionnel, capital physique
Capital naturel
5. À titre d’exemples :
– Si un maçon se dote d’une bétonnière (capital physique),
la productivité de son travail va augmenter. Il pourra alors
réaliser davantage de chantiers dans la semaine et bénéficier de revenus plus importants. Il pourra aussi décider de
choisir de moins travailler tout en maintenant son niveau
de revenu.
– Un jeune qui décide de poursuivre ses études plutôt que
de chercher un emploi directement après le bac augmente
son stock de capital humain. Il accroît ainsi ses chances
d’accéder plus tard à un travail plus qualifié, plus stable et
mieux rémunéré.
– Dans la Silicon Valley, les entreprises ont constitué des
réseaux denses de coopération favorisant la confiance entre
les entreprises (capital institutionnel). Un tel niveau de
capital institutionnel contribue à la suprématie technologique des entreprises de la Silicon Valley en permettant
une circulation rapide de l’information d’une entreprise à
l’autre, ce qui permet des progrès dans la connaissance.
– Un paysage naturel (capital naturel) peut susciter de
l’émerveillement et du bien-être pour un randonneur.
6. L’amélioration du capital humain peut exercer des effets
multiples sur les autres capitaux :
– une population mieux formée innove davantage, ce qui
est favorable à l’amélioration du capital humain ou bien à
la préservation du capital naturel ;
– l’instruction est associée à une participation plus grande
à la vie civique, à des activités bénévoles et associatives plus
nombreuses et à un risque plus faible de délinquance, ce
qui est favorable à la confiance et à la coopération (capital
institutionnel) (OCDE, Du bien-être des nations : le rôle du
capital humain et social, 2001)…
7. Les différents capitaux à la base du bien-être exercent des
effets les uns sur les autres comme le prouve l’analyse des
effets du capital humain sur les autres capitaux dans la question précédente. Le développement doit donc être analysé
de façon systémique comme le produit de l’interaction des
différents types de capital.
Doc. 3 Les multiples contributions du capital naturel
au bien-être humain
8. Le bien-être correspond à l’état d’un individu qui est
satisfait de la vie qu’il mène. Une telle définition est cependant problématique parce qu’elle est très subjective : une
74
même situation de vie peut déboucher sur des niveaux de
satisfaction foncièrement opposés (cf. question 2 du dossier
1A). En définissant le bien-être comme la capacité de choisir
librement la vie que l’on estime désirable, on dépasse le
problème posé par une définition subjective du bien-être.
9. Le capital naturel fournit différents services aux êtres
humains :
– des services d’approvisionnement en eau, en nourriture
et en matériaux ;
– des services de régulation du climat, des inondations ou
des maladies ;
– des services culturels (esthétique, loisir, etc.).
10. Le capital naturel, à travers les services qu’il fournit,
concourt au bien-être des populations en leur assurant une
certaine sécurité (protection contre les désastres), la santé
(régulation des maladies, ressources alimentaires…), un
habitat…
Doc. 4 Capital institutionnel et bien-être des pêcheurs
d’Alanya
11. Les pêcheurs d’Alanya veulent tous exploiter les meilleurs sites de pêche. Il en découle des conflits entre pêcheurs
et de fortes incertitudes quant à la quantité de poissons qui
sera pêchée. Ces deux facteurs contribuent à accroître les
coûts de production des pêcheurs.
12. Pour dépasser ce problème, les pêcheurs d’Alanya ont
mis en place un système d’allotissement des sites de pêches
entre eux. C’est une forme de capital institutionnel puisque
ce système d’allotissement consiste en un ensemble de règles
qui permet d’accroître la confiance et la coopération entre
les pêcheurs.
13. Cet ensemble de règles mis en place par les pêcheurs est
favorable à leur bien-être puisque le système :
– assure tout au long de l’année à l’ensemble de la communauté de pêcheurs un niveau satisfaisant de production ;
– permet à tous les pêcheurs d’avoir les mêmes chances de
pêcher sur les meilleurs sites ;
– permet d’éviter de gaspiller des ressources (temps, énergie)
dans la lutte pour accéder aux meilleurs sites.
FAIRE LE POINT
1. Faux. La richesse supplémentaire permise par la croissance économique peut être utilisée pour améliorer le
système éducatif ou le système de santé.
2. Vrai. Le développement correspond à l’accroissement du
bien-être qui est une notion qualitative.
3. Vrai. Mais il faut aussi prendre en compte l’état de santé.
4. Vrai. L’augmentation du capital par tête se traduit par
une hausse de la productivité du travail.
B. Les dangers de la croissance
pour l’environnement
p. 144-145
Doc. 1 L’émergence de la notion de développement durable
1. Le rapport « Halte à la croissance » (1972) ainsi que
le rapport Brundtland (1987) soulignent les limites écologiques de la croissance économique.
2. Le rapport Brundtland (1987) définit le développement
durable comme un développement permettant de satisfaire
les besoins des générations présentes sans compromettre la
possibilité pour les générations futures de satisfaire les leurs.
3. Le développement durable repose sur trois dimensions :
CHAPITRE 5 • LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT ?
– une dimension sociale parce que le développement durable
doit permettre de satisfaire les besoins fondamentaux de
tous ;
– une dimension économique parce que le développement
durable doit permettre de créer des richesses et d’améliorer
les conditions de vie matérielle ;
– une dimension environnementale parce que le développement durable doit permettre de préserver le capital naturel.
4. Le développement durable ne consiste pas uniquement
en la préservation de l’environnement. Il doit rendre compatible la création de richesses, la satisfaction des besoins
essentiels et la préservation de l’environnement.
Doc. 2 Certains biens environnementaux sont des biens
communs
5. Un bien commun est un bien à la fois rival et non
excluable. Quelques exemples de biens communs : forêt
communale, pâturage en accès libre, ressources halieutiques, aquifères (cf. Elinor Ostrom, Gouvernance des biens
communs, De Boeck, 2010 (1990)).
Utiliser les outils
du manuel numérique
Comparer deux documents
Pour aider les élèves à répondre à cette question, on peut
présenter en vis-à-vis le doc. 4 p. 143 : Capital institutionnel et bien-être des pêcheurs d’Alanya.
6. Dans un célèbre article de 1968, Garett Hardin évoque la
tragédie des biens communs. Il n’est pas possible de modérer
par la fixation d’un prix (caractère non excluable des biens
communs) la consommation d’une ressource commune.
Dans le même temps, chaque unité consommée se traduit
par une moindre disponibilité pour autrui (caractère rival
des biens communs). De ces deux caractéristiques découlent
une surexploitation de la ressource commune et son éventuelle disparition parce que les agents économiques rationnels, cherchant à maximiser leur intérêt, ignorent dans
leur processus décisionnel le coût principal de leur action :
l’épuisement de la ressource.
Doc. 3 Une perte de biodiversité
7. et 8. La biodiversité désigne la diversité des êtres vivants,
des écosystèmes (faune, flore, bactéries, milieux, gènes) et
les interactions qui lient les différents organismes vivants
entre eux et avec leur milieu. La biodiversité est un bien
commun parce que c’est un bien en accès libre mais dont
l’usage par un grand nombre d’acteurs réduit la quantité
disponible en épuisant progressivement la ressource.
9. La perte de biodiversité est dommageable au bien-être
humain parce que la biodiversité :
– accroît la capacité productive des écosystèmes ;
– accroît la capacité des écosystèmes à absorber des perturbations comme le changement climatique par exemple ;
– est une source de connaissances sur le vivant. De ce fait,
la réduction de la biodiversité compromet des progrès scientifiques propices au bien-être des hommes.
Doc. 4 Le réchauffement climatique : origine et impacts
10. L’augmentation des concentrations atmosphériques de
CO2 entre 1850 et 2010 s’explique par la forte croissance
économique qu’a connue le monde sur la période.
11. On observe une corrélation positive entre concentration atmosphérique de CO2 et évolution des températures
mondiales.
12. Le réchauffement climatique affecte négativement le
bien-être parce qu’il déstabilise les équilibres écologiques :
fonte de la banquise et hausse du niveau des mers qui risque
de faire disparaître certaines zones côtières par exemple.
Utiliser les outils
du manuel numérique
Comparer deux documents
Pour aider les élèves à répondre à la question 12, on
peut présenter en vis-à-vis l’exercice 3 p. 159 : Les conséquences négatives du réchauffement climatique.
FAIRE LE POINT
La croissance économique engendre à la fois une accélération des émissions de gaz à effet de serre ainsi qu’une
surexploitation des ressources communes. Ces deux
phénomènes suscitent notamment une perte de biodiversité et un réchauffement climatique qui contribuent à
diminuer le bien-être humain.
DOSSIER 2. La soutenabilité du développement en débat
➜ Mise en œuvre dans le manuel
Le programme officiel
On expliquera pourquoi l’analyse économique du développement durable, qui se fonde sur la préservation des
possibilités de développement pour les générations futures,
s’intéresse au niveau et à l’évolution des stocks de chaque
type de capital (accumulation et destruction) ainsi qu’à la
question décisive du degré de substitution entre ces différents capitaux.
NOTIONS DE T  : • soutenabilité • capital naturel • capital
physique • capital humain • capital institutionnel
LE
p. 146-149
Dans un premier temps, on montre que l’approche de
la soutenabilité faible (A. L’approche de la soutenabilité
faible) repose sur l’hypothèse de substituabilité des différents types de capital à l’origine du bien-être et qu’elle fait
confiance au marché et au progrès technique pour assurer
le maintien du bien-être dans le temps. Dans un second,
temps, il s’agira de montrer que l’approche de la soutenabilité forte (B. L’approche de la soutenabilité forte) remet en
cause l’hypothèse de substituabilité des différents capitaux
et se montre plus sceptique quant à la possibilité d’assurer
une croissance soutenable.
CHAPITRE 5 • LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT ?
75
A. L’approche de la soutenabilité faible
p. 146-147
Doc. 1 Une approche patrimoniale de la soutenabilité
1. Un stock est une quantité mesurée à un moment donné du temps alors qu’un flux est une quantité mesurée entre deux
dates. Les flux alimentent les stocks.
2.
Exemple de flux qui renforce le stock
Capital physique
Capital humain
Capital institutionnel
Capital naturel
L’amortissement
La formation
Les périodes d’inactivité ou de chômage durant
lesquelles les compétences peuvent se détériorer ou
devenir obsolètes.
Création de règles multipliant les occasions d’échange
Guerre, violences
et de rencontre.
Plantation d’arbres
3. Pour les partisans de la soutenabilité faible, le dévelop-
pement est soutenable si le stock global de capital demeure
au moins stable.
4. Dans cette approche, une dégradation du capital naturel
ne remet pas forcément en cause la soutenabilité du développement. La détérioration du capital naturel peut en
effet être compensée par l’amélioration d’un autre capital
puisque les différents capitaux à la base du bien-être sont
substituables. Dans ce cas, la capacité d’une collectivité à
produire du bien-être reste inchangée et le développement
y est soutenable malgré la détérioration du capital naturel.
Doc. 2 L’épargne nette ajustée :
un indicateur de soutenabilité
5. L’épargne nette ajustée (ENA) est un indicateur de
soutenabilité qui s’inscrit très bien dans l’approche de la
soutenabilité faible :
– l’ENA prend en compte le capital physique, le capital
humain et le capital naturel ;
– l’ENA s’intéresse aux flux positifs et/ou négatifs qui
affectent ces trois types de capital ;
– l’ENA considère que ces trois types de capital sont substituables. Par exemple, une détérioration du capital naturel
peut être compensée par une amélioration du capital
humain ou du capital physique.
6. Le développement de l’Afrique subsaharienne n’est pas
soutenable parce que l’accroissement du capital physique
(l’épargne brute) et du capital humain (les dépenses d’éducation) est inférieure à la détérioration du capital physique
(amortissement) et du capital naturel (baisse des stocks de
ressources naturelles et dégâts occasionnés par la pollution).
7. Pour rendre son développement soutenable, l’Afrique
subsaharienne devrait accroître ses dépenses dans le capital
physique et le capital humain (seulement 2% du revenu
national) mais aussi mettre en œuvre des dispositifs pour
limiter les effets négatifs des activités économiques sur le
capital naturel (17% du revenu national).
Doc. 3 Le progrès technique : une solution face aux
problèmes environnementaux
8. La raréfaction des ressources engendre une hausse de
leur prix. Cette augmentation du prix constitue un signal
pour les agents économiques. D’une part, la hausse des prix
incite les usagers à économiser la ressource et, d’autre part,
elle incite les entreprises à effectuer des dépenses pour développer de nouvelles techniques permettant :
76
Exemple de flux qui diminue le stock
L’investissement
Pollution
– de trouver et exploiter de nouveaux gisements désormais
rentables ;
– d’augmenter la productivité des ressources ;
– de mettre en valeur de nouvelles ressources qui pourront
remplacer la ressource qui se raréfie.
9. Dans l’approche de la soutenabilité faible, la croissance
et le bien-être peuvent se maintenir malgré la raréfaction
des ressources grâce au progrès technique qui :
– accroît la productivité des ressources (entre 1973 et 1985,
la distance moyenne parcourue par une automobile américaine avec un gallon d’essence est doublée) ;
– permet la découverte et l’exploitation de nouveaux
gisements ;
– permet de remplacer une ressource en voie de disparition
par une autre plus abondante (le passage d’une économie
fondée sur le charbon à une économie fondée sur le pétrole).
10. Le progrès technique rend les capitaux substituables
parce que l’amélioration du capital physique permet de
compenser la dégradation du capital naturel (ici, la raréfaction d’une ressource).
11. Quelques exemples pour illustrer la substituabilité des
capitaux :
– l’amélioration des performances énergétiques des moteurs
thermiques permet de faire face à la raréfaction du pétrole ;
– le développement d’énergies alternatives comme l’énergie
solaire permet de faire face à la raréfaction du pétrole.
Doc. 4 La croissance économique comme remède aux
problèmes environnementaux
12. Dans un premier temps joue un effet d’échelle : à mesure
que la production croît, les rejets polluants augmentent.
13. Plusieurs effets jouent :
– la croissance économique facilite le financement de la
R&D et rend possible des progrès technologiques qui
augmentent l’efficacité écologique des processus de fabrication et permettent de mettre en place des techniques de
dépollution ;
– la croissance économique entraîne également une modification sectorielle de l’économie. On constate un développement des activités tertiaires à l’impact écologique moindre ;
– l’environnement peut être considéré comme un bien supérieur (sa demande croît plus rapidement que le revenu).
14. L’argument développé dans le passage souligné n’est pas
vérifié au niveau mondial. Il y a simplement eu un déplacement des industries polluantes depuis les pays développés
vers les pays en développement.
CHAPITRE 5 • LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT ?
FAIRE LE POINT
Doc. 3 Principe de précaution
7. Il existe de fortes incertitudes sur les conséquences de
Croissance
Progrès technique
Raréfaction du capital
naturel
Hausse du prix du
capital naturel
Maintien
de la croissance
et du bien-être
Mise en valeur
et exploitation
de nouvelles ressources
B. L’approche
de la soutenabilité forte
p. 148-149
Doc. 1 Le capital naturel est un capital spécifique
1. Les partisans de la soutenabilité forte refusent le principe de substituabilité entre le capital naturel et le capital
physique parce que le capital naturel représente avant tout
le support indispensable à la vie humaine.
2. Cette approche considère que les dégâts occasionnés au
capital naturel sont le plus souvent irréversibles. À ce titre,
le développement ne pourra être soutenable que si le stock
de capital naturel demeure au moins constant.
3. Environnemental > social > économique
Doc. 2 « L’effet rebond »
4. L’efficacité énergétique désigne la quantité d’énergie
nécessaire pour produire un bien ou un service. L’efficacité
énergétique s’améliore sous l’effet du progrès technique.
5. Lorsque le progrès technique accroît l’efficacité avec
laquelle une ressource est employée, la consommation de
cette ressource doit, toutes choses égales par ailleurs, diminuer (effet valeur). Cependant, cet accroissement d’efficacité correspond également à une baisse de prix. Cette
diminution du prix peut stimuler la consommation (effet
volume) au-delà des économies permises par l’accroissement
de l’efficacité avec laquelle une ressource est employée et,
ainsi, générer un effet rebond : l’accroissement de l’efficacité
énergétique peut se traduire par une plus grande consommation de la ressource.
Exemple : l’amélioration des performances énergétiques des
moteurs des automobiles diminue la quantité de carburant
nécessaire pour rouler un kilomètre et devrait se traduire par
une baisse de la consommation de carburant (effet valeur).
Cependant, la baisse du prix du kilomètre incite les individus à utiliser davantage leur voiture, ce qui peut annuler,
voire dépasser, les économies de carburant réalisées (effet
volume).
6. En observant la dynamique mondiale des émissions
de gaz à effet de serre, on constate que les progrès dans
l’efficacité énergétique et la décarbonisation de l’énergie
consommée n’ont pas suffi à compenser la hausse de la
population et celle du PIB par habitant. L’effet volume
climatiquement néfaste de l’économie mondiale (plus
d’habitants plus riches) va donc de pair avec un effet
valeur qui lui est bénéfique (c’est la double amélioration
technologique qui permet de consommer moins d’énergie
par unité de croissance et d’émettre moins de carbone par
unité d’énergie consommée).
problèmes environnementaux globaux comme le réchauffement climatique. Il n’y a pas de certitude scientifique
sur ses effets. Cependant, les dommages potentiels que le
réchauffement climatique est susceptible d’engendrer sont
tels que la collectivité mondiale ne peut pas prendre le risque
d’attendre d’avoir des certitudes scientifiques sur la nature
et l’ampleur de ses effets pour agir. L’action politique doit
précéder la connaissance scientifique.
8. Le constat réalisé dans la question précédente s’incarne
dans le droit à travers le principe de précaution. Il apparaît
dans le droit français, pour l’environnement, en 1995. Il
stipule que l’absence de certitude scientifique ne doit pas
empêcher l’adoption de mesures visant à prévenir un risque
de dommage grave et irréversible pour l’environnement.
Ce principe insiste sur la nature irréversible des dégâts
infligés à l’environnement, ce qui l’inscrit dans l’approche
de la soutenabilité forte.
9. L’interdiction par la loi française en 2011 de la fracturation hydraulique pour exploiter les gaz de schiste s’appuie
sur le principe de précaution. Même s’il n’y a pas de certitude scientifique sur les risques associés à la fracturation
hydraulique, les dégâts potentiels (pollution grave et irréversible des nappes phréatiques) qu’elle peut générer sont
tellement importants qu’ils justifient la décision publique
d’interdiction.
Doc. 4 Vers une plus grande sobriété
10. Serge Latouche propose la décroissance, c’est-à-dire
une diminution de la production de biens et services, pour
préserver l’environnement.
11. Selon Serge Latouche, cette solution de la décroissance
n’est pas dommageable au bien-être humain pour différentes
raisons :
– la décroissance consiste à supprimer des activités économiques qui sont dommageables à l’environnement et qui
dans le même temps n’apportent que peu de satisfaction aux
hommes (réduction des déplacements massifs d’hommes et
de marchandises dans le monde avec une relocalisation de
la production ; suppression de la publicité ; suppression des
produits jetables…) ;
– renoncer à la croissance permettrait d’instituer une société
moins basée sur la compétition et l’égoïsme. De ce fait, la
société deviendrait plus conviviale et favoriserait l’épanouissement personnel ;
– opter pour la décroissance permet aux individus de
libérer du temps pour se consacrer à des activités favorisant
le bien-être immatériel (relations sociales, loisir ou art par
exemple)…
12. Dans les pays en développement, la donne est cependant
différente : il y est en effet nécessaire de mieux satisfaire les
besoins fondamentaux en termes de santé (nourriture, soins,
accès à l’eau potable…) et d’éducation (formation continue
et initiale) notamment. La croissance est donc nécessaire
pour financer ces services essentiels au bien-être humain.
FAIRE LE POINT
1. Soutenabilité faible. Substituabilité des capitaux.
2. Soutenabilité forte. Le capital naturel représente avant
tout le support de la vie humaine.
3. Soutenabilité forte. Effet rebond.
CHAPITRE 5 • LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT ?
77
4. Soutenabilité faible. Forte confiance dans le progrès
technique pour assurer le maintien ou l’accroissement du
bien-être.
5. Soutenabilité forte. Scepticisme quant à la compatibilité de la croissance économique et de la préservation de
l’environnement.
DOSSIER 3. La politique climatique
Le programme officiel
L’exemple de la politique climatique permettra d’analyser
les instruments dont disposent les pouvoirs publics pour
mener des politiques environnementales. En lien avec le
programme de première sur les marchés et leurs défaillances, on montrera la complémentarité des trois types
d’instruments que sont la réglementation, la taxation, les
marchés de quotas d’émission.
NOTIONS DE T  : • réglementation • taxation • marché de
quotas d’émission
ACQUIS DE 1 : • externalités • droit de propriété • offre et
demande • défaillances du marché
LE
RE
➜ Mise en œuvre dans le manuel
Après avoir montré que le problème climatique s’analyse
comme une défaillance du marché justifiant l’intervention des pouvoirs publics pour définir le niveau de pollution optimal à atteindre (A. L’approche économique du
problème climatique), on présentera les instruments réglementaires et incitatifs dont disposent les pouvoirs publics
pour atteindre le niveau de pollution optimal préalablement défini (B. Les instruments de la politique climatique).
Enfin, il s’agira de montrer en quoi la réglementation, la
taxation et les marchés de quotas sont des instruments
complémentaires (C. La complémentarité des instruments
de la politique climatique).
A. L’approche économique
du problème climatique
p. 150-151
Doc. 1 La pollution comme externalité négative
1. Une externalité négative se définit comme la conséquence
néfaste d’une action d’un agent économique sur le bien-être
d’un autre agent économique sans que le marché ne tarifie
cet effet. La pollution consiste pour le pollueur à répercuter
des coûts sur son entourage. Il ne supporte donc pas l’intégralité des coûts de son activité.
2. Dans un cas, l’offreur ne prend pas en compte dans ses
coûts de production l’externalité négative de pollution. Il
sous-estime donc ses coûts de production (offre sans prise
en compte de l’externalité négative). Dans l’autre cas, l’offreur prend en compte la totalité des coûts engendrés par
son activité, c’est-à-dire les coûts privés plus les externalités négatives (offre avec prise en compte de l’externalité
négative). On se rend compte que, pour le même niveau de
prix, la quantité offerte est plus faible lorsque l’externalité
négative est prise en compte (ce qui est tout à fait logique
puisque des coûts marginaux de production plus élevés font
cesser la production de façon plus précoce pour un niveau
de prix donné).
3. En comparant les deux équilibres du graphique, on
comprend que la non prise en compte de l’externalité
78
p. 150-155
négative par les producteurs débouche sur un niveau de
production plus élevé et un prix plus faible que ce qu’ils
devraient être si tous les coûts avaient été intégrés dans le
processus décisionnel des offreurs.
On est donc en présence d’une défaillance du marché parce
que le système des prix ne guide pas les agents vers des
décisions socialement optimales (ici, en l’occurrence, ils
produisent trop et à un prix trop faible). L’allocation des
ressources par le marché n’est, dans ce cas, pas optimale.
Doc. 2 Réduire la pollution : mais jusqu’où ?
4. Viser un niveau de pollution zéro n’est ni réaliste, ni
souhaitable parce que toute réduction de la pollution
présente un coût d’opportunité important : la réduction
de la production, et donc la baisse du niveau de vie. Il faut
bien faire saisir aux élèves que la société tire un bénéfice de
la pollution. Il est donc nécessaire d’arbitrer entre produire
et bénéficier d’un environnement préservé.
5. Le niveau de pollution optimal représente la quantité de
pollution pour laquelle la dernière unité polluée induit un
coût pour la société strictement égal au surcroît de production permis par cette dernière unité. De cette manière, la
satisfaction collective est optimale.
6. Le coût d’opportunité de la pollution baisse dès que
l’on trouve des techniques de production qui sont moins
polluantes : l’arbitrage entre produire et bénéficier d’un
environnement préservé est bouleversé et le niveau optimal
de pollution diminue.
La sensibilité de la population à la qualité de l’environnement influe également sur l’arbitrage produire/bénéficier
d’un environnement préservé. Par exemple, si la population
accorde soudainement plus d’importance à la qualité de
l’environnement, chaque unité polluée va représenter un
coût désormais jugé plus important qu’auparavant par la
société : le niveau optimal de pollution diminue.
Doc. 3 La détermination du niveau de pollution optimal
7. Pour le niveau d’émission E0, le coût marginal de réduction de la pollution est bien supérieur au dommage marginal
(coût marginal social) subi par la collectivité. L’entreprise
fait trop d’efforts au regard de l’estimation du dommage
social (coût marginal de réduction de la pollution de 7 €
pour un dommage marginal social de 2 €).
Pour le niveau d’émission E1, c’est le contraire : l’effort de
réduction de la pollution n’est pas assez important au regard
de l’importance du dommage subi (coût marginal de réduction de la pollution de 1 € pour un dommage marginal
social de 4 €).
8. Pour le niveau d’émission E0, l’entreprise a fait des efforts
de dépollution qui ont coûté plus cher que les dommages
qu’ils ont permis d’éviter. Dans ce cas, en polluant davantage, la satisfaction collective augmente.
Pour le niveau d’émission E1, l’entreprise n’a pas réalisé des
efforts suffisants de dépollution puisque six unités supplémentaires peuvent être dépolluées, chacune pour un coût
CHAPITRE 5 • LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT ?
marginal inférieur au dommage marginal social qu’elle
permet d’éviter. Dans ce cas, en polluant moins, la satisfaction collective augmente.
9. L’entreprise qui pollue ne tient pas compte du dommage
marginal social qu’elle engendre. Elle va donc choisir le
niveau d’émission qui maximise son profit, c’est-à-dire
celui qui minimise ses coûts : le niveau d’émission sera
de 26 unités (coût marginal nul). Dès lors, l’intervention
de l’État est nécessaire pour contraindre l’entreprise à
prendre en compte les externalités négatives de pollution
qu’elle engendre afin de l’orienter vers le niveau de pollution
optimal (E*).
Doc. 4 La difficile évaluation monétaire des dégâts
environnementaux
10. Une évaluation monétaire des dégâts environnementaux
est nécessaire pour réaliser l’arbitrage produire/préserver
l’environnement parce que les biens environnementaux
n’ont pas une valeur qui est directement déterminée sur le
marché par un prix. Il faut pourtant exprimer dans la même
unité le coût marginal de réduction de la pollution et le coût
marginal social afin de pouvoir les comparer.
11. Deux méthodes d’évaluation des biens environnementaux sont citées dans le document :
– l’évaluation contingente : on réalise une enquête auprès
des agents économiques en leur demandant combien ils
seraient prêts à payer pour éviter un dommage écologique
(consentement à payer) ou ce qu’ils seraient prêt à recevoir comme dédommagement pour tolérer un dommage
(consentement à recevoir). Le consentement à payer et/ou le
consentement à recevoir permettent de déterminer la valeur
du bien environnemental ;
– la méthode des prix hédonistes qui consiste à attribuer une
valeur monétaire à un bien environnemental en comparant
deux biens identiques seulement différenciés par une caractéristique environnementale. La différence de prix entre les
deux biens constitue une évaluation de la valeur de cette
caractéristique environnementale.
12. La valeur monétaire attribuée à l’environnement détermine le niveau du dommage marginal social. Si l’on attribue
une très forte valeur à l’environnement, le niveau optimal
de pollution sera particulièrement faible et, inversement, si
la valeur qui lui est attribuée est faible. Aussi, si les résultats
des évaluations monétaires sont contestables ou différents
en fonction de la méthode à laquelle on recourt, il devient
très difficile pour l’État de déterminer le niveau de pollution
optimal. Il peut subir des pressions de la part de groupes
d’intérêt qui mobilisent d’autres formes d’évaluation de la
nuisance.
FAIRE LE POINT
Technologie
Coût marginal de réduction
de la pollution
Niveau optimal
de pollution
Évaluation monétaire des
dégâts environnementaux
Dommage
marginal social
B. Les instruments
de la politique climatique
p. 152-153
Doc. 1 La réglementation
1. Les instruments réglementaires visent à imposer ou à
interdire certains types de comportement aux agents économiques (dans le cas des gaz à effet de serre, imposer par
exemple un plafond d’émission). La réglementation repose
donc sur la contrainte parce qu’elle ne laisse pas le choix aux
agents à qui elle s’impose.
2.
Norme Euro 6 qui limite les rejets
de CO2 des moteurs thermiques
Norme de produit
et norme de rejet
Interdiction des sacs plastiques
dans les commerces
Norme de procédé
Obligation du pot d’échappement
catalytique
Norme de produit
Normes thermiques dans les logements
Norme de produit
3. Les pouvoirs publics comparent le coût marginal de
réduction de la pollution et le coût marginal social. Ils
choisissent le niveau d’émission qui permet d’égaliser coût
marginal de réduction de la pollution et coût marginal
social, à savoir le niveau optimal de pollution.
Doc. 2 La taxation
4. La taxe donne un prix à l’externalité négative de pollution.
5. Les pouvoirs publics fixent la taxe de manière à ce qu’elle
permette d’égaliser coût marginal social et coût marginal de
réduction de la pollution, c’est-à-dire le montant qui permet
d’atteindre le niveau optimal de pollution.
6. Les agents économiques cherchent la plus grande satisfaction possible, celle-ci passant par la minimisation des
coûts. Tant que la taxe est supérieure au coût marginal de
réduction de la pollution, l’entreprise a intérêt à dépolluer
parce que c’est moins coûteux que de payer la taxe. Ce
processus s’arrête quand taxe et coût marginal de réduction
de la pollution sont égaux.
Doc. 3 Les marchés de quotas d’émission
7. Pour déterminer le plafond d’émission, les pouvoirs
publics comparent le coût marginal de réduction de la
pollution et le coût marginal social. Ils choisissent le niveau
d’émission qui permet d’égaliser coût marginal de réduction de la pollution et coût marginal social, à savoir le niveau
optimal de pollution.
8. Chaque individu qui possède un quota d’émission
détient un droit de propriété sur une partie de l’environnement puisqu’il est libre de l’utiliser (droit d’usus) pour
polluer ou de le vendre (droit d’abusus) à un autre qui désirerait polluer.
9. Le prix de l’externalité négative se détermine sur le
marché des quotas d’émission par la confrontation de l’offre
et de la demande de quotas. Si le prix du quota sur le marché
est supérieur au coût marginal de réduction de la pollution
d’une entreprise, cette dernière aura intérêt à dépolluer et à
vendre son quota sur le marché.
10. On dit que les marchés de quotas permettent d’atteindre
efficacement le niveau de pollution optimal parce que l’effort de dépollution se concentre essentiellement sur ceux
qui ont les coûts marginaux de réduction de la pollution
les plus faibles.
CHAPITRE 5 • LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT ?
79
Doc. 4 Encourager l’innovation
11. Le système d’exploitation de la houle mis au point par
des chercheurs nantais est une nouvelle technique permettant de produire de l’électricité sans générer d’émissions
de gaz à effet de serre, très certainement responsables du
réchauffement climatique. En ceci, elle constitue une innovation verte.
12. Les innovations vertes permettent de concilier croissance économique et préservation de l’environnement.
13. Les taxes et les marchés de quotas incitent les entreprises
à réaliser des innovations vertes pour réduire leurs émissions. Les innovations vertes, en limitant les émissions de
gaz à effet de serre, permettent aux entreprises de diminuer
le montant de la taxe écologique payée et/ou d’acheter moins
de quotas (voire vendre ceux qui lui ont été alloués et dont
elles n’ont désormais plus besoin).
14. Le produit de la taxe pourrait être réaffecté au financement de subventions visant à favoriser la R&D dans les
technologies propres.
Ressource numérique
Vidéo
• Énergie renouvelable : la houle
✓ Saisir l’adresse du lien indiqué sur la page pour
accéder librement à la vidéo.
www.lienmini.fr/magnard-ses-013
La houle représente un puissant réservoir
d’énergie et des chercheurs français à Nantes
mettent au point un système qui permettrait d’en
exploiter une partie.
Suggestion de questions sur la vidéo
Vidéo
1. Qu’est-ce qu’une énergie renouvelable ?
Donnez des exemples.
Une énergie renouvelable est une source d’énergie dont le
renouvellement naturel est assez rapide pour qu’elle soit
considérée comme inépuisable. On peut donner comme
exemple l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’énergie
hydraulique, la biomasse et l’énergie extraite de la houle.
2. À quoi sert la machine « Searev » ?
Searev est une machine qui permet de transformer en
électricité l’énergie des vagues.
3. Qui a créé la machine « Searev » ?
C’est le résultat de quatre années de recherches réalisées
par des scientifiques de l’école centrale de Nantes. On
peut ici souligner le rôle de l’État dans les activités de
recherche et développement.
4. À travers l’exemple de « Searev », montrez que le
progrès technique permet de substituer du capital
physique au capital naturel.
Searev génère de l’énergie électrique qui permet de
remplacer en partie l’énergie provenant de ressources
épuisables comme le gaz ou le pétrole.
5. En quoi « Searev » renforce-t-elle la soutenabilité
du développement ?
Searev constitue une amélioration du capital physique
qui permet de compenser la dégradation du capital
naturel à travers notamment l’épuisement avancé des
ressources en pétrole. Les générations futures pourront
continuer à bénéficier d’une énergie assez abondante et
relativement bon marché même si le pétrole devient rare
et très cher.
FAIRE LE POINT
Normes d’émissions
Instrument réglementaire
x
x
x
x
Action par les prix
C. La complémentarité des instruments
de la politique climatique
p. 154-155
Doc. 1 La politique climatique en France : le cas des
transports
1. La politique climatique française dans les transports
articule :
– les instruments économiques : marchés de quotas pour
le transport aérien depuis 2012, écotaxe pour les poids
lourds (abandonnée en 2013), bonus-malus pour encourager
l’achat de véhicules peu polluants ;
80
x
x
Incitation
Action par les quantités
Marchés de quotas
d’émission
x
Instrument économique
Contrainte
Taxes
x
x
– instruments réglementaires : obligation pour les prestataires de transport d’indiquer la quantité de CO2 induite
par leurs services ; réglementations sur les émissions de CO2
des véhicules.
2. – Les quotas d’émission dans l’aviation incitent les
compagnies aériennes à acquérir des avions plus économiques en carburant ou les obligent à augmenter leur prix,
ce qui fait baisser la demande. Dans les deux cas, la pollution est réduite.
– L’écotaxe sur les poids lourds aurait généré des ressources
fiscales qui auraient pu être mobilisées pour favoriser la
CHAPITRE 5 • LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT ?
R&D dans les technologies vertes et ainsi réduire, à terme,
la pollution.
– Le bonus-malus favorise l’achat de véhicules peu polluants
en les subventionnant et désincite l’achat de véhicules
polluants en les taxant.
– Les normes d’émission des véhicules particuliers obligent
les constructeurs à proposer des véhicules qui ne dépassent
pas certains seuils d’émission, ce qui limite la pollution.
– L’obligation pour les prestataires de transport d’indiquer
la quantité de CO2 induite par leurs services permet au
consommateur d’intégrer cette information dans sa décision d’achat et d’opter éventuellement pour celui qui émet
le moins de CO2. Les faibles émissions de CO2 pourraient
ainsi devenir un argument de vente et de différenciation.
Doc. 2 La réglementation, un problème d’efficacité
économique
3. C’est l’entreprise 1 qui présente les coûts marginaux de
réduction de la pollution les plus élevés : par exemple, dépolluer la 8e unité coûte 3 euros à l’entreprise n°1 et seulement
2 euros à l’entreprise n°2.
4. La norme d’émission est uniforme : elle s’applique de la
même façon à toutes les entreprises. Partant les deux entreprises émettent 7 unités de pollution. Le coût marginal de
réduction de la pollution pour l’entreprise n°1 est de 3,75
euros et pour l’entreprise n°2 de 2,5 euros. Pour les deux
entreprises, le coût marginal de réduction de la pollution
s’élève à 6,25 euros.
5. Dans le cas d’une taxe, l’entreprise n°1 émettra 8 unités
de pollution et l’entreprise n°2 6 unités de pollution. Le
coût marginal de réduction de la pollution s’élève à 3 euros
pour l’entreprise n°1 et à 3 euros pour l’entreprise n°2, soit
6 euros au total.
6. La taxe est plus efficace que la réglementation parce
qu’elle permet d’atteindre le niveau de pollution optimal
(ici 14 unités de pollution) à un coût qui est moindre : le
coût marginal de réduction de la pollution s’élève à 6 euros
avec la taxe contre 6,25 euros avec la norme.
Doc. 3 Quotas et taxation :
acceptabilité, prévisibilité et ressources fiscales
7. Si l’économie connaît une croissance économique, le
niveau de ses émissions augmente, ce qui oblige les entreprises à demander des quotas sur le marché.
8. Au niveau international, il est plus facile de mettre
en œuvre un marché de quotas plutôt qu’une taxe parce
qu’il n’existe pas de structure mondiale de gouvernance
capable d’imposer cette contrainte aux différentes nations
souveraines.
9. Taxation et marchés de quotas sont plus complémentaires que concurrents : les marchés de quotas offrent une
meilleure acceptabilité que la taxation mais présentent les
défauts de ne pas générer de recettes fiscales (quand l’allocation initiale est gratuite) et d’induire une forte volatilité
du prix du carbone (avantages qu’offre en revanche la taxation), volatilité qui est défavorable à l’investissement dans
les innovations vertes notamment.
Doc. 4 La complémentarité des différents instruments
10. La réglementation reste un instrument important des
politiques environnementales parce qu’elle :
– est bien acceptée par les populations qui sont souvent
associées à leur élaboration ;
– est enracinée de façon traditionnelle dans l’action
publique ;
– est un outil efficace pour lutter contre les risques irréversibles (par exemple, le protocole de Montréal, signé en
1987, qui interdit l’usage des gaz CFC pour préserver la
couche d’ozone).
11. Les pouvoirs publics utilisent à la fois les marchés de
quotas et la taxation parce que la taxe est plus simple à
mettre en œuvre dans le cas de petits émetteurs diffus.
L’adoption d’un système de marché de quota pour ces
petits pollueurs se traduirait par des coûts de transaction
très élevés.
12.
Avantages
Inconvénients
Bonne acceptabilité, efficace pour prévenir les
risques irréversibles.
L’uniformité de la norme ne permet pas de réduire
efficacement la pollution.
Taxation
Bien adaptée aux pollueurs diffus ; génère des
ressources fiscales ; stabilité du prix du carbone.
Faible acceptabilité politique.
Marché de quotas
d’émission
Bien adapté aux gros metteurs de GES ; forte
acceptabilité du dispositif notamment au niveau
international.
Volatilité du prix du carbone ;
peu adapté pour les pollutions diffuses (les coûts
de transaction seraient alors trop élevés).
Réglementation
FAIRE LE POINT
Marché de quotas d’émission / Forte acceptabilité du dispositif + Recettes fiscales
Taxation / Stabilité dans le temps du prix du carbone
Réglementation / Efficacité pour traiter les pollutions aux effets irréversibles
CHAPITRE 5 • LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT ?
81
Exercices
p. 159-160
1. Vrai ou faux ?
1. Faux ; 2. Vrai ; 3. Vrai ; 4. Faux ; 5. Vrai ; 6. Faux ;
7. Faux ; 8. Faux ; 9. Faux ; 10. Faux
Externalité négative
de pollution
Incitation
à réduire la pollution
2. Faire un schéma
Le coût de la pollution
est ignoré par l’agent
Internalisation
de l’externalité
Pollution
excessive
Mise en place
d’une taxe
3. Exploiter un texte : les conséquences négatives du réchauffement climatique
Causes
du réchauffement
climatique
Activités
économiques
émettrices de gaz à
effet de serre.
Conséquences directes en Ouganda
Sur la culture du café et l’agriculture
Moindre surface disponible
pour l’agriculture et notamment
la culture du café.
Conséquences indirectes en Ouganda
Expliquer pourquoi
le réchauffement climatique
entraîne des externalités
Coûts économiques
Coûts sociaux
négatives
Les activités économiques
sont à l’origine d’émissions
Chômage
Baisse du PIB toutes
de gaz à effet de serre qui
Pauvreté
choses égales par
contribuent au réchauffement
Migrations
ailleurs et donc du
climatique qui se traduit par
internes
niveau de vie.
(exode rural) et des effets négatifs sur d’autres
Détérioration du solde
éventuellement agents économiques (les coûts
commercial.
économiques et sociaux) sans
vers les pays
Hausse du prix du café.
que le marché ne tarifie
voisins.
ces effets.
4. Analyser graphiquement un choc affectant le marché
des quotas d’émission
1. L’offre de quotas est déterminée par l’allocation initiale de
quotas fixée par les pouvoirs publics. La demande de quotas
est déterminée par le niveau de l’activité économique.
2. Le déplacement sur la droite de la courbe de demande
peut s’expliquer par une forte croissance économique.
3. La croissance économique induit une hausse de la
demande de quotas qui se traduit par une hausse du prix
des quotas ainsi qu’une hausse des quantités échangées.
Certains producteurs préfèrent désormais réduire leur
pollution et revendre leurs quotas sur le marché parce que
leurs coûts marginaux de réduction de la pollution sont
désormais inférieurs au prix du quota.
5. Repérer une corrélation dans un graphique
1. L’empreinte écologique nous permet de connaître le
nombre d’hectares globaux par habitant nécessaires pour
satisfaire la consommation et les rejets par habitant dans
une population donnée.
Si ce nombre d’hectares globaux nécessaires pour satisfaire la consommation et les rejets moyens est supérieur au
nombre d’hectares globaux disponibles par habitant (1,7
hectare global), les niveaux et modes de vie évalués ne sont
pas soutenables (voir « Sensibilisation » p. 140).
2. Chaque Français dispose en moyenne de 28 000 $
par an. La consommation et les rejets de chaque Français
nécessitent 5,8 hectares globaux, ce qui est largement
supérieur au 1,7 hectare global disponible par habitant
de la planète.
82
3. L’empreinte écologique par habitant augmente lorsque le
PIB par habitant croît. La corrélation entre PIB par habitant
et empreinte écologique est donc positive.
4. Une corrélation n’implique pas forcément un lien de
causalité. Ici, un fort PIB par habitant semble bien être
la cause d’une forte empreinte écologique. La corrélation
constatée n’est pas le fruit du hasard : un fort PIB par habitant permet de consommer davantage et explique les plus
fortes empreintes écologiques qui leur sont associées.
6. Utiliser des indices
1. Faux. Les indices ne donnent aucune information sur le
niveau absolu des grandeurs.
2. Faux. Les indices ne donnent aucune information sur le
niveau absolu des grandeurs.
3. Vrai. On passe de l’indice 100 à l’indice 75 sur la période,
ce qui signale une baisse de 25%.
4. Faux. Elles ont baissé de 16,7% ((75/90) – 1) x 100).
5. Vrai. La sidérurgie a réduit de 40% ses émissions de GES
alors que l’ensemble de l’industrie manufacturière a réduit
ses émissions de 25%.
6. Vrai. Sur la période, on est passé de l’indice 100 à 105.
2. Ce document statistique est un graphique présentant
l’évolution des émissions de GES dues à l’énergie dans
l’industrie manufacturière et la construction entre 1990 et
2011 en France (le champ géographique est absent dans le
document proposé). Il décompose également les évolutions
respectives de différentes branches de l’industrie manufacturière : la chimie, l’agroalimentaire et la sidérurgie. Les
données sont présentées en indices base 100 en 1990.
CHAPITRE 5 • LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT ?
Le secteur de l’industrie manufacturière a globalement
réduit ses émissions de GES entre 1990 et 2011 puisqu’elles
ont diminué sur la période de 25%. On peut remarquer
que l’essentiel de la réduction des émissions de GES dans
le secteur a été réalisé dans la période récente, à savoir entre
2005 et 2011 : entre ces deux dates, les émissions de GES
ont diminué de 16,7% alors qu’elles n’avaient diminué que
de 5% entre 1990 et 2005, soit plus de trois fois moins.
La sidérurgie a relativement réduit davantage ses émissions que l’ensemble du secteur auquel elle appartient (le
Méthode p. 161
• Pour les remarques 2 à 6, indiquez ce qu’il aurait
fallu écrire.
2. Les marchés de quotas sont plus faciles à imposer au
niveau international qu’une taxe. En effet, la fiscalité reste
la prérogative des États. Partant, il est difficile, voire impossible, d’imposer à des États souverains une taxe en l’absence
d’une structure efficace de gouvernance internationale.
3. Lors de la conférence de Kyoto, de nombreux États
étaient d’accord pour mettre en œuvre un marché international de quotas mais des émetteurs très importants comme
les États-Unis ont refusé de ratifier le protocole de Kyoto.
4. La faiblesse du prix du quota peut s’expliquer par une
allocation initiale des quotas mal calibrée mais aussi par
une croissance économique plus faible que prévue ou des
efforts de réduction de la pollution importants de la part
des entreprises.
5. Le prix des quotas en 2009 est trop faible pour inciter
les agents économiques à adopter des énergies vertes. En
2007, la tonne de CO2 ne valait plus que 20 centimes. En
2009, elle est remontée à 15 € la tonne mais ce montant
reste trop faible : le rapport Rocard préconisait un prix du
carbone à 32 € la tonne.
6. Les marchés de quotas constituent un instrument incitatif qui permet de faire reposer l’effort de dépollution sur
les entreprises qui ont les coûts marginaux de réduction de
la pollution les plus faibles. La confrontation de l’offre et de
la demande de quotas fait émerger un prix. Ce prix incite les
entreprises à réduire leur pollution jusqu’à ce que leur coût
marginal de réduction de la pollution soit égal au prix du
quota. De cette manière, on parvient à réduire la pollution
de manière efficace, c’est-à-dire au moindre coût.
• Rédigez un paragraphe dans lequel vous exposerez
les avantages et les inconvénients des marchés de
quotas d’émission.
Les marchés de quotas présentent un certain nombre d’avantages. Tout d’abord, ils se caractérisent par une excellente
acceptabilité politique. Ils sont ainsi plus faciles à imposer
secteur de l’industrie manufacturière) : baisse de 40% des
émissions de GES dans la sidérurgie contre une baisse de
25% des émissions de GES dans l’ensemble de l’industrie
manufacturière. L’agroalimentaire a moins réduit ses émissions que l’industrie manufacturière (baisse de 5% pour
l’agroalimentaire contre une baisse de 25% dans l’ensemble
de l’industrie manufacturière sur la période 1990-2011).
La chimie se démarque clairement du secteur auquel elle
appartient puisqu’elle a de son côté augmenté ses émissions
sur la période 1990-2011 de 5%.
au niveau international qu’une taxe. En effet, la fiscalité
reste la prérogative des États. Il est donc difficile, voire
impossible, d’imposer à des États souverains une taxe en
l’absence d’une structure efficace de gouvernance internationale. La préférence exprimée pour les marchés de quotas
plutôt que la taxe lors de la Conférence de Kyoto en 1997
illustre bien l’excellente acceptabilité politique des marchés
de quotas. Ensuite, contrairement aux normes, les marchés
de quotas permettent d’atteindre efficacement l’objectif de
pollution parce que la réduction de la pollution repose sur
les agents économiques présentant les coûts marginaux de
réduction de la pollution les plus faibles. Le mécanisme est
assez simple : la confrontation de l’offre et de la demande
de quotas fait émerger un prix. Ce prix incite les entreprises
à réduire leur pollution jusqu’à ce que leur coût marginal
de réduction de la pollution soit égal au prix du quota. De
cette manière, on parvient à réduire la pollution de manière
efficace, c’est-à-dire au moindre coût. Enfin, les marchés de
quotas présentent l’avantage par rapport à la taxe de définir
à l’avance un plafond d’émission.
Les marchés de quotas présentent également un certain
nombre d’inconvénients. Tout d’abord, ils sont peu adaptés
aux émetteurs de pollution diffuse parce qu’ils engendreraient des coûts de transaction beaucoup trop importants.
Ensuite, contrairement à la taxe, ils n’offrent pas une stabilité du prix de la tonne de carbone. Cette volatilité du pris
des quotas peut constituer un obstacle à l’investissement
dans les innovations vertes. Enfin, si l’allocation initiale
de quota est trop généreuse ou bien si la croissance est
plus faible que celle prévue, le prix du quota s’effondre.
La faiblesse de son prix n’incite pas assez les entreprises
à réduire leur pollution. Par exemple, en 2007, la tonne
de CO2 ne valait plus que 20 centimes. En 2009, elle est
remontée à 15 € la tonne mais ce montant reste trop faible :
le rapport Rocard préconisait un prix du carbone à 32 € la
tonne pour se rapprocher du niveau de pollution optimal.
CHAPITRE 5 • LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT ?
83
SUJET BAC. Épreuve composée
Partie 1. Mobilisation des connaissances
1. Les biens communs sont des biens non excluables mais
dont la consommation est rivale. Cela signifie qu’il n’est
pas possible d’empêcher les individus de consommer ces
biens en leur faisant payer un prix mais que la consommation de ces biens se traduit par une moindre disponibilité
pour autrui. Partant, on peut parler de tragédie des biens
communs (Garett Hardin, 1968) : les biens communs sont
condamnés à la disparition parce que les agents économiques les consomment en trop grande quantité du fait de
la non prise en compte (absence de prix) dans leur calcul
économique de l’effet négatif qu’ils causent à autrui, à savoir
la raréfaction ou la disparition de la ressource commune.
Les réserves halieutiques ou encore des prairies communales
sont de bons exemples de ressources communes menacées
de surexploitation.
2. Le capital naturel permet le bien-être humain tout
d’abord en étant le support essentiel sur lequel peut se développer la vie humaine. Le capital naturel constitue aussi une
source d’approvisionnement pour les hommes (légumes,
bois, viandes, pierres, eau) à la base du bien-être matériel. Le
capital naturel contribue également au bien-être immatériel
à travers l’émerveillement qu’un paysage peut procurer par
exemple. Enfin, le capital naturel joue un rôle régulateur
(régulation du climat, régulation des maladies, régulation
des inondations, absorption du CO2 par les végétaux…)
essentiel au bien-être humain en ceci qu’il le protège de
certains désastres.
Partie 2. Étude d’un document
Vous présenterez le document puis vous caractériserez
l’évolution de l’empreinte carbone de la consommation
des Français.
Le document statistique proposé prend la forme de deux
diagrammes circulaires et s’intitule « Évolution de l’empreinte carbone française par composante ». Il est extrait
de MEDDE « L’empreinte carbone de la consommation des
Français : évolution de 1990 à 2007, Le Point sur n°114, mars
2012. Le document présente des données en valeur absolue
(les milliards de tonnes de GES émises par la consommation
des Français) et des données en % qui précisent la manière
dont se répartissent les émissions de carbone, ceci sur la
période 1990-2007 en France.
Entre 1990 et 2001, l’empreinte carbone de la consommation
des Français a augmenté de 14 % en passant de 659 milliards
de tonnes en 1990 à 752 milliards de tonnes en 2007.
En observant la répartition de l’empreinte carbone de la
consommation des Français, on se rend compte que la part
des émissions réalisées sur le territoire national (émissions de
GES de la production nationale destinée à la demande intérieure + émissions de GES directe des ménages) dans l’empreinte carbone de la consommation des Français diminue
entre 1990 et 2007 : en 1990, les émissions réalisées sur le
territoire national représentait 66% de l’empreinte carbone
de la consommation des Français (soit 408,6 milliards de
tonnes de GES) alors qu’en 1990 elles ne représentent plus
que 51% de l’empreinte carbone de la consommation des
84
p. 162-163
Français (soit 383,5 milliards de tonnes). On peut remarquer que les émissions sur le territoire national ont baissé à
la fois en pourcentage de l’empreinte carbone de la consommation des Français mais aussi en valeur absolue. Pendant
cette évolution, la part des émissions réalisées dans le reste
du monde (émissions de GES associées aux importations
pour usage final et pour consommation intermédiaire) dans
l’empreinte carbone de la consommation des Français a
augmenté passant de 34% à 49% entre 1990 et 2007.
Partie 3. Raisonnement s’appuyant
sur un dossier documentaire
À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que la politique climatique repose
sur trois instruments qui sont complémentaires.
On peut définir la politique climatique comme l’ensemble
des décisions qui sont prises par les pouvoirs publics pour
faire face au problème du changement climatique. Afin de
réaliser les objectifs de réduction des émissions de GES, les
pouvoirs publics disposent d’instruments réglementaires (la
réglementation) et d’instruments incitatifs (la taxation et les
marchés de quotas d’émission). Il s’agira de montrer dans
ce travail que ces trois instruments sont complémentaires.
1. La complémentarité des instruments réglementaires
et des instruments incitatifs
• Les instruments réglementaires présentent des avantages que n’ont pas les instruments incitatifs.
La réglementation demeure l’instrument le plus utilisé
dans les politiques environnementales. Ce sont des normes
contraignantes que l’agent économique est obligé de
respecter.
On peut citer des exemples de réglementation qui s’insèrent
dans le cadre de la politique climatique : la norme Euro 6
qui limite les rejets de CO2 des moteurs thermiques, l’obligation de doter les véhicules d’un pot d’échappement catalytique, des normes thermiques dans l’habitation…
Si la réglementation demeure prédominante dans les politiques environnementales, c’est qu’elle est particulièrement
bien acceptée par les populations et qu’elle s’enracine dans
des pratiques anciennes des administrations.
Enfin, la réglementation reste l’instrument le plus adapté
pour prévenir les effets irréversibles.
Par exemple, le protocole de Montréal a permis en 1987
l’interdiction des gaz CFC qui détruisent la couche d’ozone.
Ici, il fallait éradiquer leur usage et donc les interdire. La
réglementation est ici plus efficace que les outils incitatifs.
• Les instruments réglementaires, contrairement aux
instruments incitatifs, ne permettent pas d’atteindre
efficacement le niveau de pollution souhaité.
Les normes s’appliquent de manière uniforme à tous les
agents économiques quels que soient leurs coûts marginaux
respectifs de réduction de la pollution.
De ce fait, l’objectif de réduction de la pollution n’est pas
atteint efficacement, c’est-à-dire au moindre coût, parce
que la réduction de la pollution n’est pas prioritairement
supportée par ceux qui ont les coûts de réduction de la
pollution les plus faibles (Doc. 1).
CHAPITRE 5 • LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT ?
Les instruments incitatifs (taxe et réglementation)
permettent de résoudre ce problème. En fixant directement
(taxation) ou indirectement (marché de quotas) un prix aux
émissions de GES, les instruments économiques incitent
les agents économiques à réduire leur pollution tant que
leur coût marginal de dépollution est inférieur à la taxe ou
au prix du quota. De la sorte, la réduction de la pollution
se fait au plus faible coût puisque chaque agent ajuste son
effort en fonction de ces coûts marginaux de réduction de
la pollution (Doc. 1).
2. La complémentarité de la taxation et des marchés de
quotas d’émission
• La taxation présente des avantages que les marchés de
quotas ne possèdent pas.
La taxation est adaptée pour réguler des émissions concentrées chez quelques acteurs aussi bien que pour réguler des
pollutions diffuses. Les marchés de quotas sont peu adaptés
aux multiples émetteurs de pollution diffuse parce qu’ils
engendreraient des coûts de transaction beaucoup trop
importants.
La taxation présente l’avantage d’assurer une stabilité du
prix du carbone. Ce n’est pas le cas des marchés de quotas
d’émissions. Le document 2 met en évidence la volatilité du
prix du quota sur le marché européen du carbone. Une telle
volatilité est défavorable à l’innovation verte parce qu’elle
accentue les incertitudes associées à l’investissement. La
taxation est donc plus efficace pour inciter les entreprises à
investir dans des techniques de réduction de la pollution.
La taxation génère un double dividende (doc. 3) : un dividende écologique parce qu’elle permet de réduire les émissions de GES et un dividende économique parce qu’elle
permet de supprimer un impôt ou une cotisation sociale
générant des effets néfastes (les cotisations sociales par
exemple qui alourdissent le coût du travail et empêchent
certaines embauches). On peut faire remarquer que les
marchés de quotas peuvent avoir la même propriété si
l’allocation des quotas pour chaque période ne se fait pas
gratuitement.
Les recettes fiscales permises par la taxation peuvent en
outre être utilisées pour favoriser la R&D dans les technologies vertes à travers un système de subventions. Dans
un objectif de justice sociale, les recettes fiscales peuvent
aussi être mobilisées pour être redistribuées aux ménages les
moins aisés qui sont particulièrement pénalisés par la mise
en place de la fiscalité écologique (doc. 3).
• Les marchés de quotas sont cependant plus faciles à
mettre en œuvre que la taxation.
La taxation affecte directement le revenu des agents économiques. Ceci explique leur résistance à la mise en œuvre
de cet instrument. Les marchés de quotas n’affectent pas
directement les agents économiques parce que l’allocation
initiale de quota est le plus souvent gratuite. Ils sont donc
mieux acceptés.
Au niveau international, il est plus facile de mettre en œuvre
un marché de quotas plutôt qu’une taxe parce qu’il n’existe
pas de structure mondiale de gouvernance capable d’imposer cette contrainte aux différentes nations souveraines.
La fiscalité reste la prérogative des États.
La préférence exprimée pour les marchés de quotas plutôt
que la taxe lors de la Conférence de Kyoto en 1997 illustre
bien la plus grande acceptabilité politique des marchés de
quotas par rapport à la taxation.
Les trois instruments présentent chacun des avantages et des
limites. C’est la raison pour laquelle les pouvoirs publics les
combinent pour rendre la politique climatique plus efficace
dans la réalisation de ses objectifs de réduction des émissions
de GES.
SUJET BAC. Dissertation
La croissance économique peut-elle être
soutenable ?
▶ Introduction
La croissance économique correspond à l’augmentation
de la production de biens et de services sur une longue
période. Elle se distingue du développement qui est une
notion qualitative désignant l’accroissement du bien-être
d’une population donnée. L’amélioration du bien-être est
permise par les évolutions quantitatives et qualitatives de
quatre grands types de capital : le capital physique, le capital
humain, le capital institutionnel et le capital naturel. Depuis
le rapport Brundtland de 1987, on considère que le développement est soutenable s’il permet de satisfaire les besoins des
générations actuelles sans compromettre la possibilité pour
les générations futures de satisfaire les leurs.
Quels sont les effets de la croissance économique sur les
différents types de capital à la base du bien-être ? Les
améliorations de certains capitaux permises par la croissance sont-elles à même de compenser les dégâts que cette
même croissance occasionne à d’autres types de capital, ce
p. 164-165
qui revient à se demander si les capitaux sont substituables
entre eux.
Pour répondre au sujet, nous montrerons tout d’abord que
la croissance économique peut ne pas paraître soutenable
parce qu’elle détériore le capital naturel. Ensuite, il s’agira
de montrer que la croissance peut être perçue comme étant
soutenable si elle génère des changements permettant de
compenser la détérioration du capital naturel. Enfin, on
montrera que cette conception optimiste de la croissance
économique peut être fortement nuancée.
▶ Proposition de plan détaillé
I/ La croissance économique ne paraît pas soutenable
parce qu’elle détériore le capital naturel.
A. La croissance économique épuise les ressources
naturelles.
1. La croissance économique se traduit par une plus grande
production et une plus grande consommation. De ce fait,
les ressources sont davantage exploitées et sont menacées
d’épuisement : c’est le cas aussi bien des ressources épuisables (pétrole, minerai) que des ressources renouvelables
CHAPITRE 5 • LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT ?
85
qui sont exploitées à un rythme plus rapide que celui de
leur régénération (déforestation, épuisement de certaines
ressources halieutiques…).
2. Un certain nombre de biens environnementaux sont des
biens communs dont les caractéristiques économiques (non
excluabilité et rivalité) conduisent à leur surexploitation et
souvent à la disparition de la ressource. On constate ainsi
avec le document 2 que 30% des stocks mondiaux de poissons sont surexploités en 2009 alors que ce pourcentage était
trois fois moins important en 1974.
3. La croissance économique peut donc paraître non soutenable parce qu’elle lègue un capital naturel moindre aux
générations futures qui auront ainsi des difficultés à maintenir le niveau de bien-être actuel.
B. La croissance économique pollue l’environnement.
1. La croissance économique induit une plus forte production et une consommation plus grande. De ce fait, les
rejets de déchets mais aussi de gaz à effet de serre (GES)
augmentent.
2. Les rejets et les émissions de GES constituent des externalités négatives. La hausse de la production et de la consommation se traduit par une pollution de l’environnement et
donc une dégradation immédiate ou future du bien-être des
agents économiques sans que le marché ne tarifie cet effet.
3. Le réchauffement climatique constitue un bon exemple
d’externalité négative de pollution. Les fortes émissions
de GES associées à la croissance économique semblent se
traduire par une augmentation de la température moyenne
mondiale qui bouleverse à moyen et long terme les grands
équilibres écologiques, ce qui remet en question la soutenabilité de la croissance parce que les générations futures
devront faire face à des contraintes environnementales plus
dures et plus violentes que celles que subissent les générations actuelles.
II/ La croissance est cependant soutenable si elle génère
des changements permettant de compenser la détérioration du capital naturel.
A. La croissance économique engendre des changements technologiques qui assurent la substituabilité
du capital naturel avec les autres formes de capitaux à
la base du bien-être.
1. Les économistes du courant de la soutenabilité faible
considèrent que le capital naturel est fortement substituable
avec les autres types de capital à la source du bien-être.
Aussi, la détérioration du capital naturel ne compromet pas
forcément la soutenabilité du bien-être parce que l’amélioration quantitative et qualitative des autres capitaux peut tout
de même permettre la stabilité du bien-être dans le temps.
En mobilisant le document 3, on se rend compte que le
fort niveau de bien-être des populations des pays à revenu
élevé dépend essentiellement du capital intangible et du
capital physique représentant respectivement 77% et 18%
du capital total de ces pays. L’accumulation des autres capitaux à la source du bien-être est un moyen pour compenser
la dégradation du capital naturel et assurer la soutenabilité
de la croissance économique.
2. La croissance économique engendre du progrès technique qui permet la substituabilité du capital naturel avec
les autres formes de capitaux. La croissance économique
engendre des innovations vertes à travers deux canaux :
86
– elle permet tout d’abord de financer des activités de
R&D ;
– la raréfaction des ressources induites par la croissance
économiques accroît leurs prix, ce qui incite les agents
économiques à innover pour améliorer la productivité
des ressources naturelles ou pour exploiter de nouvelles
ressources naturelles.
3. Par exemple, l’économie du xixe siècle était fondée sur le
charbon. La raréfaction de ce dernier a entraîné la hausse de
son prix, ce qui a favorisé l’émergence du moteur à explosion et l’exploitation du pétrole. La croissance, en générant
du progrès technique, permet de maintenir le bien-être au
cours du temps malgré la dégradation du capital naturel.
D’autres exemples, plus actuels, sont mobilisables à partir du
document 4 : l’amélioration des performances énergétiques
des voitures, de l’habitation, etc.
B. La croissance économique induit des changements
dans la structure sectorielle de l’économie mais aussi
dans les comportements des agents qui sont favorables
à la préservation du capital naturel.
1. La croissance économique se traduit par une évolution
sectorielle de l’économie qui accorde de plus en plus de
poids aux services et un recul de l’industrie : des activités
très polluantes sont donc remplacées par des activités qui le
sont beaucoup moins. L’impact écologique de la croissance
devient moindre et paraît alors davantage soutenable.
2. La croissance économique accroît le niveau de vie. Or la
protection de l’environnement est un bien supérieur dont
la demande croît plus vite que le revenu (élasticité-revenu
de la demande supérieure à 1).
3. Par conséquent, la croissance économique se traduit
par une hausse de la demande de services de protection
de l’environnement : certains dommages infligés à l’environnement sont réparés en procédant à une réhabilitation
des sols et des eaux ou bien en essayant de mieux gérer
les déchets (doc. 3). Une offre se développe pour répondre
à cette nouvelle demande. C’est le secteur de l’économie
verte qui concilie croissance et protection de l’environnement (doc. 3). La croissance économique permet d’améliorer
l’environnement, elle est donc soutenable.
III/ Cette conception optimiste de la croissance peut
cependant être nuancée.
A. L’effet rebond annule une grande partie de l’effet
positif du progrès technique sur le capital naturel.
1. L’effet rebond a été mis en évidence par l’économiste
Stanley Jevons. Lorsque le progrès technique accroît l’efficacité avec laquelle une ressource est employée, la consommation de cette ressource doit, toutes choses égales par ailleurs,
diminuer (effet valeur). Cependant, cet accroissement d’efficacité correspond également à une baisse de prix. Cette
diminution du prix peut stimuler la consommation (effet
volume) au-delà des économies permises par l’accroissement
de l’efficacité avec laquelle une ressource est employée et,
ainsi, générer un effet rebond. L’accroissement de l’efficacité
énergétique peut se traduire par une plus grande consommation de la ressource.
2. Par exemple, l’amélioration des performances énergétiques des moteurs des automobiles diminue la quantité de
carburant nécessaire pour rouler un kilomètre et devrait se
traduire par une baisse de la consommation de carburant
CHAPITRE 5 • LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT ?
(effet valeur). Cependant, la baisse du prix du kilomètre
incite les individus à davantage utiliser leur voiture, ce qui
peut annuler, voire dépasser, les économies de carburant
réalisées (effet volume).
3. La croissance économique n’est donc pas soutenable dans
ce cadre.
B. Le capital naturel est faiblement substituable avec
les autres capitaux à la base du bien-être.
1. Le capital naturel ne représente pas uniquement une
source de matières premières pour satisfaire les besoins
des hommes, mais c’est surtout et avant tout le support
essentiel de la vie humaine. Une grande partie des biens
environnementaux ne sont donc pas substituables mais
plutôt complémentaires avec les autres capitaux. À ce titre,
le développement n’est soutenable que si le stock de capital
naturel reste stable. En définissant ainsi la soutenabilité, la
croissance économique ne paraît pas soutenable.
2. Par ailleurs, une grande partie des dégâts occasionnés
à l’environnement sont irréversibles comme la disparition
d’une espèce, d’une forêt ou bien le réchauffement climatique. Ces biens environnementaux disparus ou dégradés ne
pourront pas faire l’objet de réparation même en présence
de progrès technique.
3. Pour les économistes de la soutenabilité faible, il faut
donc limiter et réduire la croissance pour assurer un développement durable.
▶ Conclusion
La croissance économique occasionne des dégâts importants à l’environnement parce qu’elle épuise les ressources
et génère de la pollution, ce qui est défavorable au bien-être
actuel mais surtout futur des populations. Si l’on considère que le capital naturel est substituable avec les autres
capitaux, la croissance économique peut être soutenable
parce qu’elle induit des changements technologiques mais
aussi des changements de comportements permettant de
compenser la dégradation du capital naturel. Au contraire,
si l’on considère que le capital naturel n’est pas substituable,
la croissance économique n’est pas soutenable.
Bibliographie
• E. Laurent, J. Le Cacheux, Économie de l’environnement et économie écologique, A. Colin, 2012.
• P. Bontems, G. Rotillon, L’économie de l’environnement, La Découverte, 2007.
• P. Krugman, Microéconomie, De Boeck, 2009.
• L. Abdelmalki, P. Mundler, Économie de l’environnement et du développement durable, De Boeck, 2010.
• Regards Croisés sur l’économie, Les économistes peuvent-ils sauver la planète, n°6, novembre 2009.
• E. Ostrom, Gouvernance des biens communs (1990), De Boeck, 2010.
• O. Montel-Dumont (dir.), L’économie verte, Cahiers français n°355, mars-avril 2010.
• O. Montel-Dumont (dir.), L’environnement sacrifié, Cahiers français n°374, mai-juin 2013.
Sitographie
• www.developpement-durable.gouv.fr et, plus particulièrement, www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr
• www.unep.org/french/
CHAPITRE 5 • LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT ?
87
Téléchargement