5.17. Yehouda O
FRATH
: «Le concept de forme dans la phi lo so phie de Spinoza»,
Revue philosophique de la France et de l’étranger, 205 (2), p. 147-173.
5.18. Dominik P
ERLER
: «Spinoza über Tiere », Archiv für Geschichte der
Philosophie, 96 (2), p. 232-261.
5.19. Alison P
ETERMAN
: «Spinoza on Physical Science», Philosophy Compass,
9 (3), p. 214-223.
5.20. Giuseppe R
ENSI
: Spinoza, traduit de l’italien et présenté par Marie-José
Tramuta, Paris, Allia, 127 p.
On ressent quelque chose d’anachronique, mais en même temps de roboratif, à
la lecture du petit ouvrage de G. Rensi (1871-1941), traduit et présenté pour la pre-
mière fois en français par Marie-José Tramuta.
L’ouvrage a été publié initialement en 1929: face au contexte politique désespé-
rant de son Italie natale devenue pays fasciste, Rensi a réagi dans un premier temps
en présentant la figure de Spinoza comme maître-penseur des Lumières, pourvoyeur
d’une politique tolérante élaborée, avant d’abandonner plus tard tout espoir et
d’écrire sa Philosophie de l’absurde (1938).
Le livre donne l’impression de retrouver un peu de l’innocence perdue d’une
époque «préscientifique» du spinozisme, où l’on pouvait «expliquer» Spinoza (si
c’est bien le mot à employer, et rien n’est moins sûr) en le décrivant comme une sorte
de poète, d’une plume elle-même poétique, sans se soucier trop des intrigues qui pas-
sionnent les spécialistes mais souvent rebutent les non-initiés. C’est un livre qui n’est
nullement destiné à augmenter notre connaissance du texte spinoziste; on ne peut
d’ailleurs pas vraiment dire que cela ait été sa visée. Il s’agit plutôt d’un écrit de cir-
constance, qui a pour lecteur idéal le lecteur éduqué et ouvert d’esprit mais non for-
cément philosophe de métier. Sa manière de faire est logique et simple: il décrit le
système, de ses fondements jusqu’à ses conséquences éthiques et politiques. Il est
riche en suggestions, intuitions et même en images, son écriture est très agréable,
mais il reste difficile de dire qui est le Spinoza de Rensi, quelle est sa thèse princi-
pale concernant cette philosophie et quels problèmes il veut résoudre dans la lecture
qu’il propose.
Néanmoins, certains de ses arguments sont bien clairs, et par conséquent discu-
tables, voire réfutables. D’abord, que le spinozisme, au lieu d’être un ensemble d’ar-
guments ou de discussions plus ou moins polémiques qui interpellent l’histoire de
la philosophie antérieure à l’établissement du système, est en fait «un réalismedont
la hardiesse n’a jamais été dépassée » (p. 13), autrement dit qu’il est une description
fidèle de «l’Être». Cette interprétation globale du spinozisme explique sans doute
pourquoi l’A. finit par préférer la description et l’image à la démonstration et au rai-
sonnement, et pourquoi nous, ses lecteurs, finissons à notre tour par goûter les plus
admirables moments du texte, où il déploie avec force son regard de poète. Ensuite,
l’A. soutient que «la doctrine de Spinoza constitue […] un effort considérable pour
assujettir la raison aux choses, à l’Être comme il est, au lieu d’assujettir où de faire
dépendre les choses de la raison ou de l’esprit ; […] il n’est pas une raison au-dessus
des choses, les choses ne procèdent pas de la raison, mais d’une Substance aveugle
sans entendement ni volonté, ni fins; cette négation de la téléologie est à la fois une
négation radicale du déisme et du rationalisme» (p. 52). C’est ce qui, aux yeux de
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