« Le Maître Se réveille tel un
homme qui s’est endormi », c’est le
D.ieu d’Israël que les juifs font
resurgir au premier plan de leur
conscience. L’attachement au
Créateur du monde s’était fait
discret, puis avait disparu. A la
faveur des événements de Pourim,
Israël réveille la divinité qui habite
en lui.
Haman avait bien perçu que
le peuple juif est vulnérable quand il
perd son lien avec l’Infini, avec
l’éternité que la Torah représente.
Car dans ces conditions, le juif vit
dans ce monde du fini sans se
raccrocher à ce qui dépasse ce fini.
C’est là qu’il risque de tomber sous
les coups de haman. Quand Israël
n’a plus d’espoir en sa mission,
quand il ne croit plus en
l’immuabilité de sa vocation, alors il
devient fragile. « Le D.ieu d’Israel
sommeille en lui ».
A la fin de la Méguila, un verset dit :
« Verabim mé’amé haarets
mityadim ki nafal pa’had aléhem ».
Le Imré Emet (II p. 182) écrit que
nombreux ont été les ignorants, les
ignorants de leur identité à
redevenir juif car la crainte de D.ieu
S’est manifesté en eux. Le fini
touche de nouveau l’infini. « Le
Maître Se réveille tel un homme qui
s’est endormi », c’est la spiritualité
d’Israël qui surgit à nouveau. « Il Se
met à chanter tel un puissant
emporté par le vin » : le vin du
festin de Pourim entraîne le chant…
Jacky Milewski
CHABBAT ZAKHOR
De génération en génération
Nous lirons ce chabbat le
passage biblique qui enjoint d’inscrire
dans la mémoire juive les actes
d’hostilité perpétrés par Amalek,
contre le peuple juif, au cours de
l’histoire d’Israël. La première
occurrence d’une attaque menée
contre les enfants d’Israël remonte
aux jours qui suivent la sortie
d’Egypte alors qu’aucune raison
politique, militaire, géographique ou
autre ne justifie une telle agression.
Mais l’histoire nous a
malheureusement appris que la haine
portée contre le juif ne relève pas de
la logique.
Le texte biblique qui relate
cette première offensive se conclut
par les mots : « Guerre de D.ieu
contre Amalek de génération en
génération » (Exode 17, 16). Le Rav
Israël Méir Lau (Tiféret Europa I, p.
153) explique très joliment l’intention
de ce verset, à première vue,
obscure.
La guerre que D.ieu demande
de mener contre Amalek, qui entend
faire disparaître les juifs de la surface
de la terre, consiste précisément à
assurer la pérennité d’Israël, à
garantir la continuité des générations
juives, à transmettre la Torah « de
génération en génération ».
Cette dernière expression
« de génération en génération » et sa
concrétisation à travers le vécu d’une
vie de mitsvot, constituent la réponse
que le peuple juif présente à Amalek
qui, malgré les blessures qu’il a
infligées, ne pourra pas faire
disparaître « midor dor ».
Jacky Milewski
L’exemple du kohen
Le premier paragraphe de la
sidra décrit le service du kohen
(prêtre), dans le Temple, au matin
venu : « le kohen enfilera son
vêtement de lin (bad), il se vêtira de
son pantalon de lin (bad)… il
prélèvera la cendre que le feu aura
consumée et il la placera près de
l’autel » (Vayikra 6). Le Rav
Rubinstein (Cheérite Mena’hem,
section Pin’has, p. 249) rapporte un
bel enseignement du ‘Hatam Sofer :
le terme « bad » désigne le lin et
aussi la solitude. Le kohen est un
homme qui se consacre à la
spiritualité, à la réflexion, à la
solitude inhérente à ce cheminement.
Le kohen s’enveloppe littéralement de
solitude, de cette solitude qui lui
permet de se retrouver face à lui-
même. Mais cette solitude n’est pas
absolue puisque le kohen doit
« élever la cendre » c'est-à-dire :
élever les individus morts
spirituellement, ne portant pas en
eux d’avenir moral et religieux, et les
orienter « près de l’autel ».
Le kohen balance ainsi entre
des moments de solitude et des
temps où il se tourne vers ceux et
celles qui sont éloignées de la maison
de D.ieu. Le kohen est un exemple.
Selon le verset, Israël constitue « une
royauté de prêtres », c’est-à-dire un
groupe d’hommes qui vivent dans
une certaine réserve et qui, dans le
même temps, sont appelés à
propager le message de la Torah. De
ce point de vue, chaque juif est
kohen à qui il appartient de
conjuguer harmonieusement des
différents temps : celui de
l’enrichissement intérieur et de celui
la préoccupation de l’épanouissement
spirituel d’autrui.
J.M.
"Il élève l'indigent des immondices"
Cet enseignement est inspiré
du Imré Emet (II p. 186) de Rabbi
Avraham Mordékhaï de Gour :
Dans le Hallel, il est dit de
D.ieu qu’Il élève l’indigent des
immondices (« Méachpote Yarim
éviyone »). C’est le terme « éviyone »
qui est employé ici pour désigner
l’indigent. Ce terme se réfère à une
catégorie d’homme bien précise
puisque « éviyone » provient de la
racine AVH qui veut dire : vouloir,
désirer. L’individu qui est « éviyone »
désire tout ; sa personnalité se résume
dans l’envie de sorte que sa vie est
complètement dispersée, tiraillée par
toutes sortes de désirs obscurs, de
penchants purement instinctifs, de
besoins imaginaires dont ils pensent
qu’ils lui sont indispensables. La mode
utilise beaucoup cette inclinaison.
Une aspiration profonde pour
une vie de Torah, une soif de l’Infini,
une immense nostalgie pour le divin,
enveloppant la globalité de l’existence,
permettent de façonner une harmonie
de vie où les volontés dispersées,
éparpillées, se recentrent sur un projet
porteur de sens. « Il élève l’homme
dont la nature est envie des
immondices », de tous ces désirs sales
car dénués de toute élévation
humaine, de souci éthique et pour
autrui. La divinité réoriente la
dimension du désir et l’élève.
Sur le verset « Amalek arriva
et il fit la guerre à Israël » (fin de
Bechala’h), la Mekhilta rapporte
qu’Amalek s’infiltrait à l’intérieur des
nuées qui entouraient le camp des
enfants d’Israël ; il enlevait des âmes
et les faisait disparaître. Amalek
représente cette force qui détourne
Israël de son destin, qui lui ouvre des
portes sur des contrées qui ne lui
appartiennent pas (hors des nuées),
qui brise l’harmonie du camp et
entraîne sa dispersion. Amalek façonne
donc la personnalité du « éviyone ».
C’est pourquoi on procède à
l’injonction de « matanot laéviyonim »
à Pourim. En effet, outre la tsédaka
donnée aux pauvres, ces « matanot
laéviyonim » renvoient à une autre
réalité : à la faveur du sauvetage
miraculeux de Pourim, les juifs ont
renouvelé l’alliance du Sinaï et se sont
réengagés dans la Torah qui leur fut
offerte. Aux éviyonim, et nous le
sommes tous certainement d’une
manière ou d‘une autre, il nous est
donnée la Torah, c'est-à-dire ce mode
de vie qui – lorsqu’il est compris et
réfléchi – comble au point de n’avoir
plus besoin à rechercher son bonheur
ailleurs.
Jacky Milewski
Qu’est-ce que le respect :
- De l’autre
- Des Choses sacrées
- Par rapport aux parents et leur
vision de celui-ci
On nous dit dans la Torah : "aime ton
prochain comme toi-même". Peut-être
avons-nous du mal à définir ce mot, est-il
un principe ? Une valeur ? Aurait-elle une
source ? Respect personnel ? Respect
commun ? Collectif ? Existe-t-il un
Respect Universel ?
Pour aborder ce sujet, devons-nous faire
une introspection ?
Je pense que chacun d’entre nous
considère et respecte "quelque chose" en
fonction de la valeur qu’il lui attribue.
En fin de compte, il est impossible de
respecter tout, tout le monde, tout le
temps de la même façon. Beaucoup de
facteurs jouent sur notre comportement
et font changer notre vision des choses en
faisant changer notre "ordre de grandeur,
d’importance". Des facteurs comme les
connaissances, les intérêts, les humeurs,
la fatigue, l’ouverture d’esprit ou même
le bornage. Chaque domaine à son
importance, la notion de familiarité influe-
t-elle sur notre comportement, et donc
notre respect ? On peut aimer nos parents
sans les respecter et les respecter sans
les aimer ! ?
Le respect fait-il peur ? Attribuer un
sentiment de force crée-t-il des blocages ?
Il faut comprendre, je pense, que le
respect ne doit jamais être à sens unique,
et que la notion de réciprocité entre en
jeu.
Jodie AMSELLEM - 1ère ES
Pour moi, le Respect est une valeur
très importante, mais elle commence
d’abord par le respect de soi-même.
Anaëlle HARROCH - 1ère S
LA MEGUILLA DEROULEE OU
LE SECRET D’UNE COHERENCE
Pourim est une phase de l’histoire
juive incontournable.
En effet, durant cette histoire qui
constitue une phase importante
dans l’évolution de notre peuple,
D… n’est présent qu’à travers
certains personnages –
Mordékhai, Esther - jamais
directement. C’est l’histoire des
masques qui tombent, des
complots qui se retournent contre
ceux qui les fomentent, des
retournements de situation….
Un usage veut que l’officiant qui
lit la Méguilla à Pourim la déroule
entièrement avant de la lire ;
c’est l’image de notre histoire, qui
fait se relier des événements
apparemment sans lien les uns
avec les autres mais qui en
réalité ont une trame.
L’homme ne voit que des
segments de vie alors que D…
voit une droite infinie. Chaque
segment parait alors déconnecté
du suivant ou des précédents
mais tous ne forment en réalité
qu’une longue chaine, dont la
cohérence ne se voit qu’après
coup.
Pourim nous apprend à voir les
choses de manière plus globale,
en tenant compte d’un plan de
l’Histoire dirigé par D… qui
parfois, Se fait discret pour mieux
qu’on puisse le trouver…
Harry Valet
Terminale S