AMBASSADE DE FRANCE EN ETHIOPIE ET AUPRÈS DE L’UNION AFRICAINE SERVICE ÉCONOMIQUE POUR L’ETHIOPIE ET DJIBOUTI SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE DE L’ETHIOPIE 1. Eléments structurels Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique avec 97 millions d’habitants en 2015, l’Ethiopie connait depuis une dizaine d’année une croissance du PIB sans précédent de l’ordre de 10% en moyenne par an. Si ce développement historique se poursuit, le pays pourrait rejoindre le groupe des pays à revenu intermédiaire d’ici 2025. Toutefois, bien que le PIB par habitant ait doublé en 10 ans, contribuant à un recul significatif de la pauvreté, il n’en reste pas moins, avec 702 USD par habitant en 2015, l’un des plus faibles du monde. Avec une espérance de vie à la naissance (bien qu’en hausse) de 64 ans et une durée moyenne de scolarisation de 2,4 ans, l’Ethiopie est classée au 173ème rang sur 187 pays en termes d’Indicateur du Développement Humain. L’agriculture reste le pilier socio-économique du pays, avec 41,9% du PIB, 75% des emplois, et 80% des exportations. Le secteur peine néanmoins à satisfaire les besoins alimentaires croissants de la population, et reste très vulnérable aux chocs et aléas climatiques. Le secteur secondaire, tiré par le sous-secteur de la construction, représente seulement 14,7% du PIB. Il connait cependant un regain d’investissement qui vise à développer le secteur manufacturier. Le secteur tertiaire contribue au PIB à hauteur de 43,4%. Grâce au succès de l’entreprise publique Ethiopian Airlines, Addis Abeba est devenue l’un des principaux hubs aéroportuaires d’Afrique. Le premier Growth and Transformation Plan, plan quinquennal de développement, s’est achevé en 2015 après cinq ans de mise en œuvre. Son bilan met en lumière les capacités de bonne gouvernance économique (maitrise budgétaire et contrôle de l’inflation malgré une dette croissante), et des réalisations remarquables en termes de croissance, grâce à un taux d’exécution des projets d’infrastructures très satisfaisant (60% des objectifs réalisés). L’accès à l’éducation et aux services de santé ont également montré des résultats encourageants, grâce à une meilleure pertinence des politiques sociales. Deux objectifs n’ont toutefois été que partiellement atteints, à savoir le décollage du secteur manufacturier et la hausse des exportations. Le deuxième Plan de Croissance et de Transformation, qui couvre la période 2015-2020, s’inscrit dans la continuité du GTP I. Au plan macroéconomique, il entend maintenir une croissance à deux chiffres dans un « environnement économique stable », ce qui implique la réduction des déséquilibres : diminution du déficit commercial, amélioration de la collecte des recettes, mobilisation de l’épargne domestique, essor du secteur privé. Sur le plan sectoriel, il met l’accent sur : La modernisation de l’agriculture et la transformation rurale, qui soutiendra la croissance et permettra de réduire l’insécurité alimentaire, de fournir des matières premières au secteur agro-industriel, et de contribuer au développement des exportations du pays. Quartier Kebena - BP 2000 Addis Abeba, Ethiopie Tel : +251 11 140 00 00 – Fax : +251 11 140 00 30 http://www.tresor.economie.gouv.fr/se/ethiopie L’essor du secteur industriel, qui reposera principalement sur l’industrie légère. Le principal vecteur du gouvernement sera le déploiement de parcs industriels, lesquels permettront de réduire les goulots d’étranglement et d’attirer investisseurs locaux et étrangers, l’objectif étant de disposer d’1 Md USD d’exportations supplémentaires grâce à cette stratégie. Le développement des infrastructures, de transports (routières et ferroviaires), énergétiques (en particulier dans les énergies renouvelables), de télécommunication. 2. Conjoncture économique Avec un PIB estimé à 63 Mds USD en 2015, l’Ethiopie est la sixième économie d’Afrique subsaharienne et enregistre des taux de croissance bien supérieurs à la moyenne : 10% en moyenne au cours des dix dernières années, 10,3% en 2014, 8,7% en 2015. La croissance a été tout particulièrement tirée par la vigueur des investissements publics (22,4% du PIB en 2015), principalement orientés vers les grands projets d’infrastructures. La prévision du taux de croissance est relevée à 5,1% pour 2016 (après que le FMI l’ait réduit de 8,1% (prévision d’octobre 2015) à 4,5 % (prévision d’avril 2016)). Ce relatif renouveau proviendrait principalement de la vigueur des secteurs de la construction et de l’électricité. La baisse enregistrée par rapport à la croissance 2015 s’explique par la sécheresse (sévère) fin 2015 début 2016 et la chute des prix mondiaux des matières premières (café). Le FMI anticipe un rebond de la croissance en 2017, à 7,5% (contre une prévision de 7 % en avril), grâce au dynamisme de l’industrie et des services. b) Inflation Malgré la sécheresse et son impact, l’inflation a également été contenue grâce à l’utilisation des réserves et à l’importation de très grandes quantités de nourriture. L’inflation s’est établie à 8,1% en 2013 et 7,4% en 2014, soit une baisse significative par rapport aux niveaux de 2011 et 2012 (33,2% et 24,1% respectivement). Cette baisse est liée, d’une part, à une détente des cours mondiaux du pétrole et des denrées alimentaires, et d’autre part, à la politique monétaire très stricte qui a été conduite depuis 2012. Pour 2015, l’inflation s’est élevée à 10%, en lien avec le phénomène El Nino qui a entraîné une sècheresse et ainsi renchérit le prix des denrées alimentaires de base. L’inflation devrait revenir aux environs de 8% en 2016, bien que quelques postes (alimentaires) dépassent toutefois légèrement 10%. 3. Comptes extérieurs Les échanges extérieurs du pays restent très déséquilibrés : en 2015, l’Ethiopie affichait 2,4 Mds EUR d’exportations pour 14,6 Mds EUR d’importations. La détérioration du déficit commercial des dernières années illustre la dépendance forte de l’économie éthiopienne pour les biens transformés et les équipements, en partie liée à la politique de grands projets des autorités L’expansion des services (en particulier le tourisme et les services de transport grâce à la croissance de la compagnie aérienne Ethiopian Airlines) compense partiellement le déficit commercial, tout comme la bonne tenue des envois de fonds de la diaspora. Le déficit du compte courant continue Ambassade de France en Ethiopie et auprès de l’Union Africaine – Service Economique pour l’Ethiopie et Djibouti néanmoins de se creuser, de 4,4 Mds USD (8% du PIB) en 2014 à 7,9 Mds USD (12,5% du PIB) en 2015. La situation extérieure de l’Ethiopie souffre également d’une certaine surévaluation du birr éthiopien (32% selon les dernières estimations du FMI), qui affecte la compétitivité des produits destinés à l’exportation. Les réserves de change du pays demeurent basses, inférieures à deux mois d’importation. 4. Situation de la dette L’Ethiopie a atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE en 2004, ce qui lui a permis de bénéficier d’une annulation de dette d’un montant de 1 296 M USD. De ce fait, la dette publique nette du pays est passée de 107,4% du PIB en 2003 à 29% du PIB en 2006. Le faible niveau d’épargne et de ressources domestiques couplé aux besoins de financement du programme d’investissements publics a induit une hausse de l’endettement extérieur public. L’Ethiopie s’est récemment réendettée en contractant des prêts commerciaux non concessionnels et bien au-delà de l’engagement pris auprès de la Banque Mondiale (IDA) de ne pas excéder 1 Md USD par an. Le pays a en outre procédé à une émission souveraine de 1 Mds USD en décembre 2014 (maturité de 10 ans avec un coupon de 6,625%) qui a attiré un carnet d’ordre de 2,6 Mds USD. En 2015, la dette publique de l’Ethiopie a atteint 50,2% du PIB. Pour le FMI, il convient de faire preuve d’une certaine prudence car l’accroissement relatif de l’endettement, son coût accru et sa maturité plus courte constituent une vulnérabilité. Deux points de surveillance ont été plus particulièrement relevés : l'endettement des entreprises publiques selon des modalités couteuses (elles ont contracté 4 Mds USD de prêts non-concessionnels en 2014/15), et les moyens de financement, qui ne sont pas encore acquis, pour la mise en œuvre du GTP II. Malgré un niveau de dette extérieur publique à 26,2% en 2014/15 (29 % en 2015/2016), le FMI a dégradé le risque sur la soutenabilité de la dette éthiopienne de « faible » à « modéré » en septembre 2015. Cette décision s’explique par le fait que le seuil relatif à l’indicateur rapportant la dette extérieure aux exportations a été dépassé pour 2014/15. Ambassade de France en Ethiopie et auprès de l’Union Africaine – Service Economique pour l’Ethiopie et Djibouti