
Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIII - n° 6 - novembre-décembre 2009
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GRIO
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Coordonné par : 
T. Thomas (Saint-Étienne)
Effet des hormones digestives  
sur le remodelage osseux
K. Briot*
Des apports alimentaires suffisants 
et une fonction gastro-intestinale 
efficace sont nécessaires à une 
bonne santé osseuse et beaucoup de 
maladies digestives (maladie cœliaque, 
entérocolopathies inflammatoires, gas-
trite, gastrectomie,etc.) s’asso cient à une 
augmentation du risque d’ostéoporose et 
de fractures. Les interactions entre les hor-
mones digestives et le remodelage osseux 
dans cet axe “entéro-osseux” sont donc très 
étudiées. 
Variations circadiennes  
du remodelage osseux 
Les taux de marqueurs de résorption osseuse 
suivent des variations circadiennes avec une 
diminution matinale et une élévation noc-
turne. Ces variations circadiennes ne sont 
pas retrouvées chez le sujet à jeun, suggérant 
un rôle clé de la prise alimentaire. La dimi-
nution est rapide après la prise alimentaire 
(quelques minutes), importante (diminution 
de 50 % de la valeur du CTX sérique) et réver-
sible (4 à 5heures). À l’inverse, la formation 
osseuse n’est pas soumise à des variations 
circadiennes. De nombreuses hormones 
digestives libérées en période postprandiale 
peuvent avoir des eets sur le remodelage 
osseux. 
Principales hormones digestives 
impliquées
Hormones intestinales
Diérentes études ont souligné le rôle de 
3hormones intestinales, les incrétines, qui 
stimulent et amplifient la réponse insuli-
nique à la prise alimentaire : le glucagon-like 
polypeptide1 (GLP1), le glucose-dependant 
insulinotropic peptide (GIP) et le glucagon-like 
polypeptide2 (GLP2).
Le GLP2 est une hormone intestinale libérée 
en réponse à la prise alimentaire; sa fonc-
tion première est de stimuler la croissance 
de la muqueuse intestinale et l’absorption 
des nutriments. Des études précliniques et 
cliniques ont montré l’impact du GLP2 dans 
l’inhibition de la résorption, notamment du 
pic nocturne de résorption. Le GLP2 pour-
rait être un traitement potentiel de l’ostéo-
porose, si l’on en croit le gain signicatif et 
dose-dépendant de la densitométrie osseuse 
(DMO) à la hanche après 120jours de trai-
tement en injection quotidienne de GLP2 
comparativement à un placebo. 
Hormones pancréatiques 
Les hormones pancréatiques (insuline, 
amyline) ont des effets sur le remodelage 
osseux. L’amyline, cosécrétée avec l’insuline 
par les cellules bêta du pancréas, participe à 
la régulation du glucose avec l’insuline. Des 
études chez les animaux ont montré que 
l’amyline augmentait la formation osseuse 
et diminuait la résorption osseuse, ce qui 
conduit à une augmentation du volume 
trabéculaire osseux et de l’épaisseur cor-
ticale. Par ailleurs, le taux d’amyline est 
diminué chez les sujets ostéoporotiques. 
Cependant, l’administration d’un dérivé 
synthétique d’amyline (pramlintide) chez 
des sujets non ostéoporotiques ayant un 
diabète de type1 n’entraîne pas de modifi-
cations significatives de la DMO par rapport 
à ce qui est observé chez les patients sous 
placebo. 
Hormones gastriques 
Les sujets ayant eu une gastrectomie ou une 
gastrite chronique sont à risque d’ostéo porose 
et de fracture. La ghréline est un peptide de 
28acides aminés sécrété principalement par 
l’estomac au niveau périphérique, mais éga-
lement par l’hypophyse et l’hypothalamus. 
Découverte en tant que ligand endogène du 
récepteur hypophysaire des sécrétagogues de 
l’hormone de croissance (GHS), avec un puis-
sant eet libérateur de GH, la ghréline joue 
également un rôle important dans la régula-
tion de la prise alimentaire et du poids à long 
terme. Des taux bas de ghréline ont été mis 
en évidence chez les sujets ayant une gastrite 
chronique à Helicobacter pylori. Des études 
expérimentales ont suggéré que la ghréline 
avait un eet anabolique osseux. Des études 
transversales ont montré que les valeurs de 
DMO étaient corrélées aux taux de ghréline.
Par ailleurs, l’observation que la prise chro-
nique d’inhibiteurs de la pompe à protons 
était associée à un risque accru de fracture 
est un argument supplémentaire en faveur 
du rôle des troubles du remodelage osseux 
induits par les pathologies gastriques. 
Conclusion
La connaissance de ces interactions entre 
les hormones digestives et le remodelage 
osseux permet tout d’abord de comprendre 
pourquoi le dosage des marqueurs du remo-
delage osseux doit être eectué à jeun. Elle 
explique les mécanismes de l’atteinte osseuse 
au cours de maladies de l’appareil digestif 
et pourrait aboutir au développement de 
nouvelles cibles thérapeutiques dans le trai-
tement de l’ostéoporose.  
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* Service de rhumatologie, hôpital Cochin, Paris.