Musée Condé Chantilly, service éducatif – juin 2005 1
La Renaissance
dans
les collections d'art graphique
du musée Condé
(exposition pédagogique)
Livret destiné aux enseignants
Sommaire :
L'Europe de la Renaissance : p. 02
Les Etats européens : p. 02
LHumanisme : p. 02
Lart et les artistes : p. 03
La représentation de l'espace : la perspective : p. 03
La représentation de l'homme : le portrait : p. 03
Biographie des artistes présentés : p. 04
Les Italiens : p. 04
Les Français : p. 07
Les Allemands : p. 07
Les arts graphiques : la gravure et le dessin p. 08
L’imprimerie et la gravure : p. 08
Les techniques du dessin : p. 09
Présentation des collections de Chantilly : p. 10
Le duc d'Aumale (1822-1897) et le musée Condé : p. 10
Le cabinet de dessins du musée Condé : p. 11
Comment travailler avec vos élèves ? p. 12
Annexe I : Carte de l'Italie au milieu du quinzième siècle : p. 13
Annexe II : Carte de l'Europe à la Renaissance p. 14
Annexe III : Le Jugement dernier, fresque de Michel-Ange p. 15
Annexe IV : La Madone de Lorette, tableau de Raphaël p. 16
Annexe V : Portrait de Mona lisa, tableau de Léonard de Vinci p. 17
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L'Europe de la Renaissance :
Les Etats européens :
L’Europe de la Renaissance est un monde divisé, assez peu peuplé à cause des
pestes, des famines et des guerres qui surviennent périodiquement. La France dans ses
limites d’alors atteint seize millions d’habitants, l’Italie treize millions, le Saint-Empire
vingt millions, l’Espagne huit millions et demi, l’Angleterre et l’Écosse, cinq millions et
demi. L’ensemble de l’Europe compte un peu moins de cent millions d’habitants vers
1600. Les plus grandes villes sont Paris (200 000 habitants et Naples (150 000).
Au cours de la période, les États européens se regroupent en vastes entités : la
maison de Habsbourg possède sous Charles Quint l’héritage bourguignon (les Pays-Bas),
l’Espagne, la Lombardie, le royaume de Naples, les domaines d’Autriche-Hongrie et les
nouvelles terres d’Amérique, Mexique et Pérou. L’Angleterre tente de conquérir
l’Irlande. L’Espagne annexe un temps le Portugal. La France s’agrandit de la Provence,
des Trois Évêchés lorrains, de Calais, de la Bresse, du Bugey et du pays de Gex. Par
contre, le Saint-Empire romain germanique continue d’être partagé entre une myriade
de petites principautés qui adhèrent à des religions antagonistes, catholique,
luthérienne et calviniste. L’Italie est également divisée, mais cinq grands États, Milan,
Venise, la Toscane, les États de l’Église et le royaume de Naples constituent de
puissantes zones d’attraction.
Cet émiettement et les partitions ultérieures (Pays-Bas), les partages de
famille entre Habsbourg d’Autriche et d’Espagne expliquent l’indépendance culturelle
et politique des petites capitales. Mais l’unité de la civilisation occidentale est assurée
par une ample circulation des idées et des personnes. A la suite des Grandes
Découvertes, d’autres foyers de cette civilisation se développent au-delà des mers, au
Mexique conquis par Cortés (1519) comme au Pérou conquis par Pizarre (1530).
L’Humanisme
La Renaissance a redécouvert des sources oubliées de la littérature antique et a
fondé sur elles le dynamisme de sa pensée : elle ne s’est pas contentée de plagier les
Anciens et elle a atteint une grande originalité.
La papauté, exilée à Avignon au XIVe siècle, puis déchirée par un schisme, avait
attiré au-delà des Alpes des savants italiens, tels Pétrarque, Boccace, Poggio
Bracciolini : ils avaient fouillé les bibliothèques de monastères, notamment en
Allemagne à l’occasion des conciles de Constance et de Bâle, qui s’efforçaient de régler
les problèmes découlant du grand schisme. Des œuvres oubliées de la littérature latine
avaient, grâce à eux, resurgi discours et lettres de Cicéron, histoire de Tacite, œuvres
de Lucrèce, Pétrone, Plaute...
La littérature grecque était elle-même de nouveau accessible, grâce aux
humanistes Guarino de Vérone, Aurispa et Filelfo qui avaient acheté des livres en
Grèce et à Constantinople. A partir du concile de Florence (1439) où les Grecs étaient
venus nombreux pour discuter de l’union religieuse avec les Latins, les Occidentaux
avaient découvert la doctrine des néoplatoniciens qui, à la suite de Gémiste Pléthon
(vers 1355-1450), privilégiaient la philosophie de Platon sur celle d’Aristote. Marsile
Ficin (1433-1499), fils d’un médecin de Côme de Médicis, avait traduit Platon.
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Cette nouvelle spiritualité développe la croyance en un Dieu bon, toujours
présent dans le monde et favorisant les entreprises des hommes : cette doctrine,
particulièrement répandue à Florence, donne aux entrepreneurs d’affaires une
justification permettant de surmonter les freins et les contraintes issus de
l’enseignement médiéval. Par contre, l’université de Padoue rejette avec Pomponazzi
(1462-1525) les croyances métaphysiques et met en doute l’immortalité de l’âme,
nourrissant ainsi le courant rationaliste de la Renaissance.
Le mouvement humaniste franchit les Alpes : Érasme (vers 1469-1 536) et
Guillaume Budé (1467-1540) en sont les principaux tenants et, l’imprimerie aidant, la
connaissance des oeuvres antiques mais aussi les réflexions des contemporains se
répandent dans le public, rendant possible réflexion critique et libre discussion.
L’art et les artistes
La représentation de l'espace : la perspective
En matière d’art, au milieu du XIVe siècle, Florence est déjà engagée dans les
exécutions d'œuvres qui prennent l’homme comme la mesure-étalon des monuments et
des compositions artistiques. Les artistes, considérés comme des personnalités
prodigieuses, reçoivent des commandes qui ont pour but de magnifier les mécènes,
riches marchands, princes laïcs ou ecclésiastiques.
La représentation de l’espace dans lequel se situe l’homme est acquise grâce à
l’élaboration d’un système conventionnel promis à un grand succès : la perspective. Ce
système, fondé sur des principes rigoureux de géométrie, consiste en une figuration de
l’espace permettant, par le choix de lignes de fuite, de traduire la profondeur, le relief
et le volume. On considère comme son inventeur Filippo Brunelleschi (1377-1446),
architecte-sculpteur, et comme son premier théoricien l’architecte Leone Battista
Alberti (1404-1472). Le peintre Masaccio réalise en 1427 la première perspective
architecturale rigoureuse dans sa fresque de la Trinité à l'église
Santa Maria Novella
de Florence
.
Après lui, tous les artistes florentins adoptent ce système et
transforment ainsi les habitudes visuelles de leurs contemporains, jusqu'alors
accoutumés à la représentation bi-dimensionnelle de l'espace.
La représentation de l'homme : le portrait
Au XVe siècle le portrait fait encore partie intégrante de l’art religieux : orants
– individus placés dans une attitude de prière, portraits de dévotion en buste,
portraits de donateurs ou de commanditaires. Dès le début du siècle, c’est en Europe
du nord que l’art du portrait, laïcisé, connaît un vif succès. Jan van Eyck et ses
contemporains ont abandonné le portrait de profil pour adopter la vue de trois-quart
qui accentue la structure tri-dimensionnelle du visage et du corps ; ils privilégient la
peinture à l’huile – préférée à la tempera – parce qu’elle contribue à produire un effet
de réel saisissant en facilitant le rendu des textures, l’éclairage et le modelé réaliste
des visages. Jusque dans le dernier quart du XVe siècle, l’art du portrait reste dans
toute l’Europe sous l'influence du portrait flamand. Il faut attendre le siècle suivant
pour que le portrait devienne un genre artistique à part entière.
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Le portrait revêt donc une importance considérable au XVIe siècle, comme en
témoignent les nombreux dessins et tableaux conservés dans les musées occidentaux.
Inscrit au cœur des pratiques sociales nobiliaires, il participe à un vaste système
d’échanges d’informations au même titre que la correspondance épistolaire : il tient lieu
de bulletin de santé ; il permet les tractations diplomatiques telles que les mariages, en
favorisant le choix des familles et des époux ; enfin, il rend présent ceux qui sont
absents ou morts. Cette fonction était jusqu'alors dévolue aux seules médailles.
Le portrait peint ou dessiné assume ainsi une nouvelle fonction de propagande :
la circulation de l’image des grands personnages. Il s’agit d’être "reconnu" dans les
deux sens du terme, c’est-à-dire que le portrait doit non seulement montrer la
ressemblance du modèle avec ses ancêtres – c’est une façon de légitimer sa noblesse
que de l’assimiler à un ancêtre prestigieux au moment où les structures de la société se
transforment avec la montée en puissance de la bourgeoisie – mais il doit aussi
contribuer à sa notoriété, au même titre que les textes de circonstances
épigrammes, épitaphes, ou épithalames – pérennisés par l’imprimerie pour la postérité.
Moyen de propagande efficace de l’image de soi, associé au prestige social, le
portrait se diffuse au cours du siècle dans la bourgeoisie. Comme chez les romains, il
est le signe absolu de la réussite sociale. Mais il demeure malgré tout l’apanage de la
noblesse. C’est une gratification, l’assurance que le rang auquel la personne considère
avoir droit est reconnu. Pour un chef d'Etat, autoriser le portrait des courtisans est
un moyen peu compromettant de les récompenser : les membres de la haute
administration sont rarement représentés. A la cour de France, les personnages les
plus portraiturés sont d’abord les grands maîtres de la maison du roi puis les figures
importantes de la cour, les courtisans attachés à la famille royale ainsi que les favoris.
Aussi le portrait joue-t-il un rôle extrêmement important dans la hiérarchisation de la
cour. Jean et François Clouet, tout à tour peintres du roi François Ier puis Henri II,
vont hisser le portrait dessiné au rang d'œuvre d'art à part entière, conservée pour
elle-même et non comme simple travail préparatoire à un tableau.
Les commanditaires jugent le portrait selon sa ressemblance avec son modèle.
La qualité technique de l’artiste est proportionnelle au prestige que le portrait fait
acquérir au personnage représenté. L’exigence de réalisme inclut la ressemblance
physique c’est-à-dire que l’artiste doit restituer fidèlement l’apparence et la taille de
la personne (portraits en pied, grandeur nature, par exemple). A cet impératif, vient
s’ajouter plus tard l’expression de la psychologie : il faut pouvoir discerner les qualités
morales et intellectuelles du modèle. En cela aussi l'art du portrait incarne bien l'idéal
artistique de l'humanisme.
Biographie des artistes présentés :
Les Italiens :
Francesco di Simone Ferrucci (Fiesole, 1437-1493)
Sculpteur, disciple de Verrocchio, il travailla en Émilie (région de Bologne) où il
fit connaître la décoration de goût toscan. Portraitiste renommé.
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Michel Ange Buanarroti (Caprese, 1475-Rome, 1564)
Sculpteur, peintre, architecte et poète né dans une famille de la noblesse
toscane. D'abord placé en apprentissage chez le peintre Ghirlandaio, à Florence,
il étudia l'art antique sous la protection de Laurent de Médicis qui s'était pris
pour lui d'une affection paternelle. Il fréquenta le milieu humaniste et
philosophique de Florence. Après un premier séjour à Rome il réalisa, de retour
à Florence, la statue colossale de David, conservée à l'Académie. Puis le pape
Jules II lui confia la construction de son tombeau monumental en 1505. A la
suite de désaccords avec Jules II et ses successeurs, sa participation se limita
à quelques statues : Moïse, et deux esclaves (dont une copie se trouve à
l'entrée du château de Chantilly). En 1508, le pape le chargea de décorer la
voûte de la chapelle Sixtine, travail gigantesque (340 figures sur près de
500m2) qu'il acheva quatre ans plus tard.
Durant un dernier séjour à Florence il sculpta les grandes figures de la chapelle
funéraire des Médicis à l'église San Lorenzo.
Installé définitivement à Rome à partir de 1534, il travailla encore, de 1535 à
1541, à la fresque du Jugement dernier, au dessus de l'autel de la Sixtine. A la
fin de sa vie, il s'appliqua également à l'architecture (projet pour Saint Pierre
de Rome, aménagement de la place du Capitole). Il a laissé une œuvre littéraire
originale, les Rimes
Raffaello Santi, dit Raphaël (Urbino, 1483-Rome, 1520)
Peintre et architecte, Raphaël commença son apprentissage à Pérouse, dans
l'atelier du Pérugin, puis il se rendit à Florence en 1504, où il assimila les
techniques de Léonard de Vinci (le Sfumato) et de Michel-Ange réalisant ainsi
une synthèse stylistique entre ces deux maîtres. Introduit à la cour pontificale
de Rome à partir de 1508, il se vit confier par les papes Jules II puis Léon X la
décoration des chambres de leurs appartements ainsi que celles des loges
vaticanes. Mais surchargé de travail, il donna les cartons de ces fresques et en
contrôla l'exécution par ses élèves, répondant pour sa part à de nombreuses
commandes de retables d'autel, de madones, de cartons de tapisserie et de
portraits. Architecte, il succéda à son ami Bramante dans la direction des
travaux de Saint Pierre de Rome, et en modifia le plan de croix grecque en croix
latine.
Léonard de Vinci (Vinci, près de Florence, 1452-château de Cloux, aujourd'hui Clos-
Lucé, près d'Amboise, 1519)
Peintre, architecte, sculpteur, ingénieur. Fils naturel d'un notaire au service des
Médicis, il entra en 1469 dans l'atelier de Verrocchio. En 1482, il s'installa à
Milan, au service de Ludovic le More, dont il organisa les fêtes officielles,
dressant les plans de canaux et d'installations hydrauliques. Il inaugura la
composition à structure pyramidale et développa la technique du sfumato
(modelé vaporeux des contours) avec la Vierge aux rochers ; il peignit également
à fresque (Cène du réfectoire du couvent de Santa Maria delle Grazie, Milan).
Après l'entrée des Français à Milan en 1499, il se rendit à Mantoue, Venise,
Rome et enfin à Florence, où il travailla à la Joconde (v.1503-1506). A Rome en
1513, il se heurta à la concurrence de Raphaël et se décida à répondre aux
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