GLUT1, récepteur du virus de la leucémie T humaine
(HTLV), un lien entre expression érythrocytaire
et incapacité de synthèse de la vitamine C
A. Montel-Hagen
N. Taylor
M. Sitbon
Institut de génétique moléculaire
de Montpellier (IGMM),
CNRS, université Montpellier-I et II,
Montpellier
L’
identification du transporteur de glucose GLUT1 comme récepteur
de la glycoprotéine d’enveloppe (Env) du virus de la leucémie T
humaine (HTLV) [1] a permis de développer un ligand extracellu-
laire de GLUT1, dérivé de la composante de surface amino-terminale (N-term)
de Env (SU) [2]. SU est associée à la composante transmembranaire de Env
(TM) en position carboxy-terminale. Ce ligand de GLUT1, constitué du
domaine de liaison au récepteur (RBD pour Receptor Binding Domain) de la
SU de l’Env HTLV, est étiqueté par fusion moléculaire soit, par exemple, à
une immunoadhésine de lapin (rFc), soit à la protéine fluorescente eGFP
(enhanced Green Fluorescent Protein, figure 1A). Le RBD ainsi étiqueté lie la
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e
boucle extracellulaire de GLUT1 (ECL6) [3] et est utilisable en cytométrie de
flux ou en microscopie pour la détection en surface de GLUT1 [2] (figure 1A).
La faible immunogénicité du domaine extracellulaire de GLUT1, due en partie
à sa très grande conservation chez les mammifères, participe au fait qu’il
n’existe pas d’anticorps fiables reconnaissant de façon efficace et reproductible
la partie ectopique du transporteur [4]. Le ligand H
RBD
-GFP a alors permis pour
la première fois de suivre l’expression de GLUT1 au cours de l’érythropoïèse
humaine (figure 1B) ainsi qu’à la surface des érythrocytes de différentes espèces
de mammifères [5] (figure 1C).
L’expression de GLUT1 augmente au cours de l’érythropoïèse humaine
(figure 1B) et cette augmentation n’est pas corrélée avec une augmentation du
transport du glucose mais plutôt avec l’accroissement du transport de la vita-
mine C sous sa forme oxydée (acide déhydroascorbique ou DHA). Le GLUT1
érythrocytaire permet en effet un transport préférentiel du DHA par rapport au
glucose. De plus, notre étude a montré que l’expression de GLUT1 érythrocy-
taire est liée à l’incapacité d’une espèce à synthétiser la vitamine C, incapacité
décrite chez seulement trois groupes de mammifères : les primates supérieurs
(dont l’homme), le cochon d’Inde et les chauves-souris frugivores (figure 1C).
Ainsi, seules ces espèces qui ont une version mutée inactive du gène de la GLO
(gulonolactone oxydase), enzyme indispensable à la synthèse de l’acide ascor-
bique, montrent une forte expression de GLUT1 à la surface de leurs érythrocy-
tes (figure 1C). Sachant qu’une telle expression permet un recyclage de la vita-
mine C, la présence abondante de GLUT1 érythrocytaire apparaît ainsi comme
la sélection d’un mécanisme de compensation de la perte de synthèse d’acide
ascorbique apparue au cours de l’évolution [5].
Virologie 2008, 12 (5) : 381-3
doi: 10.1684/vir.2008.0193
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Virologie, Vol. 12, n
o
5, septembre-octobre 2008 381
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