Dossier
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Bulletin Infirmier du Cancer Vol.1-n°3-juillet-août-septembre 2001
litative et quantitative tels que des auto-questionnaires
du patient et une échelle visuelle analogique.
L’infirmier(e) tient une place de choix dans la prise
en charge de la fatigue et de ses conséquences phy-
siques et psychologiques.
Le plan d’action met en œuvre des moyens phar-
macologiques (sur prescription médicale) s’appliquant
aux diverses étiologies de la fatigue, liées aux effets
indésirables des traitements anticancéreux (traitement
des nausées-vomissements, correction des désordres
hématologiques, électrolytiques…).
Les moyens d’action non pharmacologiques sont
ciblés sur les facteurs et manifestations de la fatigue
décrites par le patient qui est au centre de l’évalua-
tion. Le rôle propre de l’infirmier(e) prend ici toute sa
dimension, car il fait appel à des capacités d’informa-
tion, d’éducation et de prévention. L’objectif est de
mettre en place, avec la collaboration du patient, des
stratégies d’adaptation des activités quotidiennes
(tenant compte de son état et de ses attentes person-
nelles) afin d’améliorer son confort, son autonomie,
sa qualité de vie. Il s’agit d’apprendre au patient à gérer
sa fatigue, afin d’en réduire les manifestations, en lui
conseillant des stratégies d’économie d’énergie comme
moyen de gestion de consommation (par exemple, lis-
ter le coût énergétique des activités quotidiennes,
déterminer leur ordre de priorité, planifier les
tâches…). Il s’agit aussi de soutenir psychologique-
ment le patient et sa famille, de lui suggérer des
méthodes de relaxation (gestion du stress), des dis-
tractions.
L’information et l’éducation sont essentielles dans
la prise en charge globale du patient et de sa fatigue
(information sur le traitement et ses effets secondaires,
éducation sur les besoins nutritionnels…).
La fatigue, concept multifactoriel, multidimensionnel
dans ses causes, mécanismes, manifestations et consé-
quences, est un événement important dans la vie des
patients. Elle affecte chacun d’une manière différente
selon ses capacités individuelles à gérer sa maladie,
son environnement familial et social, ses croyances et
sa culture. C’est dans un cadre d’interdisciplinarité que
sa prise en charge globale pourra se réaliser grâce à
des actions soignantes communes fondées sur sa recon-
naissance telle que le patient la ressent. ■
1. Piper B. Fatigue mechanism in cancer. Oncology Nursing
Forum,1987
Nausées et vomissements en can-
cérologie : conseils pour
une aide infirmière efficace
Gisèle Farnault (cadre infirmier, présidente d’honneur
de l’AFIC), Agnès Bournat*, Béatrice Calandre**
Sylvie Le Camus-Collomb** (cadres infirmiers
et infirmière des services de radiothérapie*
et d’onco-hématologie** au centre René-Huguenin,
Saint-Cloud, et adhérentes de l’AFIC).
Un peu d’histoire
Les nausées et vomissements induits par la radio-
thérapie et la chimiothérapie anticancéreuses, quel-
quefois concomitantes, ont toujours représenté un phé-
nomène pénible, plus ou moins invalidant pour les
patients. Cet effet indésirable pouvait amener les méde-
cins à réduire les doses initiales des drogues calculées
selon la surface corporelle, ou à espacer les cures, contra-
riant ainsi l’efficacité antitumorale recherchée.
S’apparentant au mécanisme de la douleur, puisque
la mémoire de nausées et vomissements antérieurs peut
de nouveau déclencher nausées et vomissements dès
l’annonce de la reprise d’une cure, cet effet engendre
un cercle vicieux qu’il est difficile de rompre. De ce fait,
les infirmières, impuissantes à soulager avec l’arsenal
des anti-émétiques traditionnels (benzamides, anxioly-
tiques, corticoïdes, anti-histaminiques), même combinés,
se sentaient souvent en situation d’échec, malgré la mise
en œuvre de méthodes relevant de leur rôle propre, tels
les conseils hygiéno-diététiques et les techniques de
relaxation traditionnelles.
L’Afic a, dès 1990, participé aux recherches infir-
mières en France ou en collaboration avec l’EONS
(European Oncology Nursing Society) sous l’égide des
sociétés pharmaceutiques, et prit part à de nombreux
colloques, publications, traductions et élaborations
d’outils pédagogiques pour la mise en œuvre de nou-
velles stratégies thérapeutiques liées à l’apparition des
anti-émétiques de nouvelle génération (sétrons).
Quelques notions simples à connaître
et à transmettre
Le vomissement est une réaction de protection de
l’organisme visant à éliminer l’élément toxique, les
drogues cytotoxiques étant comparables à un aliment
avarié ou à un poison ingérés.
Les traitements cytotoxiques ou les irradiations ont
pour but la destruction des cellules malignes, mais ils