par l’utilisation des sonnets et des blasons. Il y célèbre une maîtresse imaginaire en
s’inspirant de Pétrarque.
Les Regrets, publié la même année que Divers Jeux Rustiques, prend ses sources dans la
poésie italienne mais cela ne l’empêche pas, dans Divers Jeux Rustiques, d’aller jusqu’à railler
grandement les pétrarquistes dans la pièce Contre les Pétrarquistes. L’inspiration anti-
pétrarquiste est en fait un leitmotiv unificateur dans la majeure partie du corps du recueil. Il
est exprimé comme dans le poème cité ci-dessus, directement par des attaques ouvertes
mais aussi indirectement par la parodie et l’ironie, une forme de satire plus sophistiquée.
C’est deux tendances ont leur origine dans la littérature italienne.
Aux vues de ses autres œuvres, on ne peut pas parler d’une conversion de Du Bellay à un
style tout autre, qui serait lié également à l’antiquité latine (avec Horace et ses odes, des
thèmes anacréontiques) mais plutôt d’une lame de fond qui remonte à la surface et
l’entraîne comme tous les poètes de cette époque (on citera Ronsard dont la position de
poète de cour est encore plus ambigüe). Les poèmes courts et “rustiques“ sont d’ailleurs peu
nombreux (au nombre de 14, principalement des traductions de Virgil et Navagero) et son
regroupés au début du recueil. Les autres pièces ont très peu à voir avec une inspiration
rustique.
II. Une brève contextualisation historique
En ce moys délicieux a été écrit entre les années 1553 et 1557,
soit en plein règne de Henry II. Quelques dix années plus tôt, le roi de France était François
Ier. Ce dernier, qui règne une grande partie de la première moitié du siècle (1515 à 1547)
favorise grandement l’épanouissement de la renaissance française. Il fonde le collège royal
en 1530 et l’imprimerie royale en 1539. Il est également un grand mécène en protégeant les
savants, les écrivains (Marot, Rabelais), fait construire et modifier de nombreux châteaux
(Chambord, Louvre…) et attire en France d’illustres artistes italiens comme Léonard de Vinci.
En effet, pendant que la France et l’Angleterre se ruinent par la guerre de cent ans (de 1337
à 1453), les villes italiennes du XIVème au XVIème siècle, s’enrichissent par le commerce et
la banque. A la renaissance, de très grands artistes y vivent (architectes, sculpteurs,
écrivains, peintres, musiciens). A la fin du XVème et au début du XVIème, les rois de France
veulent conquérir cette puissance. Charles VIII, Louis XII, puis François Ier conduisent des
expéditions, ils sont tantôt victorieux (Marignan, 1515) tantôt vaincus (Pavie, 1525).
Finalement, la seule chose qu’ils ramènent d’Italie, c’est l’émerveillement devant la