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Les systèmes qui incluent une personne en état végétatif semblent se caractériser par ce que
De Bontridder et Bosman nomment : « une modulation paradoxale entre présence et
absence »
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. La perception de l’intensité de la présence du membre de la famille en EVC sera
modulée en fonction de la recherche d’équilibre du système.
C’est autour de ce constat de présence-absence que vont s’organiser les relations entre le
patient et les membres de sa famille.
Le constat de cette absence implique que le patient ne semble exister qu’au travers des
projections de son entourage et de celles de l’équipe soignante. L’interdépendance est donc
maximale entre le patient et son entourage, sans toutefois obtenir de confirmation de la
pertinence d’une telle position relationnelle.
En effet, les réactions des patients en EVC, à qui les proches attribuent une valeur de
communication, ne sont elles pas en réalité de simples réactions purement réflexes et
proprement végétatives ?
La réalité corporelle du patient se situe parfois tellement en dehors de nos repères familiers
qu’elle nous devient impossible à décrypter ou même à interpréter.
L’interlocuteur est ainsi plongé dans un chaos de signaux atypiques qu’il ne comprend pas et
qu’il n’est pas capable d’organiser selon les grilles de lectures habituelles. La communication
va donc se baser sur l’observation et l’interprétation.
Il s’agit alors de construire un éventail de sens possibles, sans réduire la personne à ce sens,
c’est-à-dire, d’une part, dans l’acceptation et le risque permanent d’une erreur d’interprétation
et d’autre part, dans la résistance face à un mouvement spontané d’objectivation du patient.
Le point d’attention spécifique consistera en une construction de cette nouvelle personne avec
l’entourage du patient de manière à valider la réalité de la présence de la personne en EVC.
Présence et absence se caractérisent donc mutuellement, dans « l’être au monde » du sujet en
EVC. La relation au sujet « présent-absent » deviendra création, car elle se révélera fondatrice
de la réalité même des interlocuteurs, dans un mouvement d’humanisation réciproque.
En nous appuyant sur le modèle du tiers pesant, et en citant Golbeter-Merinfeld
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: « Il y a des
présents qui sont absents et ils ont le droit d’être là. Leur fonction se révèle prépondérante
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Un présent tellement absent. Clinique systémique des états de conscience altérée, In Cahiers critiques de
thérapie familiale et de pratiques de réseaux, N° 36 , De Boeck, Bruxelles, 2006, P.127.
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Le deuil impossible. Familles et tiers pesant, ESF, Paris, 1999, P.51.