26 I
Ispécial _ dentisterie esthétique micro-invasive
En dentisterie esthétique, les forces occlusales sont
régulées d’après l’interprétation de la marque obtenue
sur le papier à articuler et la réaction proprioceptive du
patient. Il ressort de la littérature que le papier à articu-
ler est un indicateur médiocre du manque d’harmonie
occlusale.3–5 Les études ont démontré que d’une part, la
dimension des marques varie alors qu’une même charge
est appliquée, ou encore selon l’épaisseur de papier utili-
sée, la texture superficielle de la dent et les restaurations,
et d’autre part l’interprétation de la marque repose sur
l’évaluation subjective du clinicien. Le papier ne peut en
outre mesurer la séquence chronologique des forces de
contact occlusales.3–6
Un protocole adéquat de phase finale de traitement
doit être fondé sur une analyse tant subjective qu’ob -
jective. Pour mesurer la force occlusale et la séquence
chronologique des contacts occlusaux, il est nécessaire
d’utiliser des outils appropriés capables de mesurer
précisément et objectivement les paramètres occlu-
saux, indispensables au bon déroulement de la phase
finale du traitement esthétique. En 1984, Tekscan Inc.
a introduit des instruments informatisés d’analyse des
forces occlusales, tels que le T-Scan I.7Les 27 dernières
années les ont vu évoluer, pour devenir des outils de dia-
gnostic et de traitement très précis, utilisés pour gérer
les facteurs de force occlusale, lors de n’importe quelle
démarche de phase finale de traitement en dentisterie
classique.
Chaque cas clinique est différent car il dépend de
l’état de santé du patient, de ses besoins fonctionnels
et de ses exigences ou souhaits esthétiques. La fonction
est directement liée aux forces occlusales qu’un patient
génère dans son système stomatognathique. Il existe
quatre théories différentes d’occlusion, chacune pos -
sédant sa propre valeur et les traitements qui les ont
appliquées ont été des réussites. Ces théories de l’occlu-
sion, appelées théories de positionnement maxillaire,
diffèrent par le cri tère de positionnement de la mâchoire
ou de l’articulation temporo-mandibulaire pendant le
traitement (Fig. 4).
Toutefois, toutes ces théories s’accordent sur les
problèmes suivants :
1. Dents pendant l’élévation de la mandibule : toutes les
dents doivent réaliser une occlusion simultanée lors
du mouvement d’élévation de la mandibule.13–16
2. Distribution des forces occlusales sur l’arcade : un
pourcentage égal de la force occlusale doit être dis -
tribué entre les hémi-arcades droite et gauche.
3. Force occlusale exercée sur la dent : un pourcentage
égal de force occlusale doit être distribué sur chaque
dent antagoniste.
4. Contacts lors des mouvements d’excursion : les dents
antérieures doivent provoquer une désocclusion im-
médiate des dents postérieures lors des mouvements
d’excursion.13–16
D’après les mouvements de latéralité de l’occlusion
en relation centrée, divers concepts d’occlusion fonc-
Fig. 6_Faits cliniques de la phase
finale du traitement actif.
cosmetic
dentistry 4_2012
1. Des contacts dentaires unilatéraux augmentent la force occlusale dans l’articulation antagoniste.
2. Des contacts dentaires bilatéraux similaires pendant la PIC, confèrent plus de stabilité aux dents,
muscles et articulations.
3. Plus le nombre de contacts dentaires occlusaux augmente, plus le pourcentage total de la force
occlusale exercée sur chaque dent diminue.
4. Les forces occlusales verticales générées par les contacts dentaires sont bien tolérées par le ligament
parodontal, mais les forces occlusales horizontales ne peuvent être efficacement dissipées.39 Ces
forces occlusales peuvent provoquer des réponses pathologiques osseuses ou susciter une activité
de réflexe neuromusculaire, visant à éviter ou à protéger contre les contacts en plan incliné.40 Diriger
la force occlusale selon le grand axe de la dent (mise en charge axiale), doit donc être un objectif de
la régulation des forces occlusales au niveau des dents postérieures. Une mise en charge axiale peut
être réalisée par des contacts de pointes cuspidiennes sur une surface plate, ou en créant des contacts
inclinés réciproques (également appelés contacts en trépied).
5. L’intensité de la force occlusale qui peut être générée entre les dents, dépend de la distance séparant
les dents de l’articulation temporo-mandibulaire, associée à des vecteurs de la force musculaire
appliquée (principe du centre de rotation). Les dents postérieures peuvent être soumises à une force
occlusale supérieure à celle des dents antérieures.41–43 Les dents postérieures fonctionnent efficace-
ment lorsqu’elles subissent des forces axiales (mise en charge axiale) pendant la fermeture de la
bouche. Elles tolèrent bien ces forces, surtout en raison de leur position sur les arcades, puisque la
force peut être dirigée suivant les grands axes et par conséquent, dissipée efficacement.16
6. Les dents antérieures ne sont pas bien positionnées sur les arcades, pour tolérer une force axiale
importante. Elles sont normalement placées selon un angle occluso-vestibulaire, de sorte qu’une
mise en charge axiale est pratiquement impossible.44
7. Les dents antérieures, contrairement aux dents postérieures, sont bien placées pour tolérer les forces
horizontales des mouvements excentrés mandibulaires.43, 45, 46
8. Les dents antérieures doivent provoquer une désocclusion immédiate des dents postérieures pen-
dant les mouvements d’excursion,13, 14, 16 donnant lieu à des mouvements d’excursion sans friction,
qui limitent l’abrasion des dents et génèrent une faible activité de la fonction musculaire, lors de ces
mouvements d’excursion.47
9. Les canines sont les dents les mieux adaptées aux forces horizontales générées pendant les mouve-
ments excentrés.40, 45, 48 vu que :
a) elles possèdent les racines les plus longues et les plus larges et par conséquent le meilleur rapport
couronne/racine.44, 49
b) elles sont entourées d’os compact, qui supporte mieux les forces occlusales que l’os trabéculaire
présent autour des dents postérieures.50
c) elles sont centrées sur l’influx sensoriel et l’effet résultant sur les muscles masticateurs. Apparem-
ment, moins de muscles sont actifs lors des contacts entre les canines que lors des contacts entre
les dents postérieures pendant les mouvements excentrés.51, 52
d) des niveaux plus faibles d’activité musculaire devraient réduire les forces sur les structures den-
taires et articulaires, minimisant la survenue d’un état pathologique. C’est pourquoi on pense que
pendant la régulation des forces des mouvements d’excursions latérales gauches ou droites, la
pente canine est le contrôle idéal pour dissiper au mieux les forces horizontales nuisibles. Lorsque
la pente canine ne peut être obtenue pendant la phase finale du traitement actif, l’alternative la plus
favorable est la fonction de groupe, de préférence le groupe constitué des canines, prémolaires et
parfois de la cuspide mésio-vestibulaire de la première molaire. Des contacts en latéroclusion,
autres que la partie mésiale de la première molaire, ne sont pas souhaitables, en raison de l’inten-
sité accrue de la force musculaire susceptible d’être générée lorsque le contact se situe près du
centre de rotation (articulation temporo-mandibulaire).16
Fig. 6
CDF0412_24-31_Koirala 13.12.12 12:36 Seite 3