QUESTIONS : 1- Quel est le souvenir évoqué par Primo Levi dans

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Collège Notre-Dame de Jamhour
Classe de 3ème
Vendredi, 29 mai 2015
Examen de texte/grammaire
Si c’est un homme – Primo Levi
CORRIGÉ
QUESTIONS :
1- Quel est le souvenir évoqué par Primo Levi dans cet extrait ? (1 p.)
Le souvenir évoqué dans ce passage est l’arrivée de l’auteur et des personnes juives
dans le camp d’extermination à Monowitz. C’est un témoignage de la vie dans ce
camp de concentration, des souffrances et des humiliations qu’endurent les
prisonniers qui s’y trouvent.
2- Comment se passe le réveil des prisonniers ? Appuyez-vous sur les indices de temps,
un champ lexical et des verbes d’action et interprétez chacun d’eux. (4 p.)
Le réveil des prisonniers témoigne de la brusquerie et de la rapidité avec laquelle
les prisonniers sont réveillés : les indices de temps le prouvent : tout d’abord, « au
signal de la cloche » (l. 1) indique le réveil des prisonniers, puis il raconte quelles
sont les différentes étapes par lesquelles ils doivent passer : cheveux rasés puis
« aussitôt après » (l. 2) le passage dans une « pièce glacée » (l. 4) où on leur jette
un uniforme et une sorte de sabots, la course tout nus dans la neige et « enfin » (l.
19) l’arrivée dans une baraque. C’est un réveil sans ménagement aucun, illustré par
le champ lexical de la brutalité : « font irruption » (l. 3), trempés et fumants » (l. 34) « grand renfort de coups et de hurlements » (l. 4), « dehors dans la neige bleue
et glacée » (l. 7), « courir nus et déchaussés » (l. 8). Les verbes d’action au présent
témoignent des souffrances et des humiliations qu’endurent ces prisonniers :
« font irruption » (l. 3), « nous poussent » (l. 4), « nous jettent » (l. 5), « nous
flanquent » (l. 6). Il adopte le présent pour évoquer la vie dans le camp et ceci
constitue une réalité dans l’esprit de Levi qui désire qu’elle le soit également dans
l’esprit de ses lecteurs.
3- On a entendu. (L. 1)
On nous permet. (L. 9)
a) Quelle est la nature et la fonction des mots soulignés dans ces deux phrases ? (2
p.)
On : pronom indéfini, sujet de « a entendu ».
On : pronom indéfini, sujet de « permet ».
b) Que désigne chacun d’eux ? (2 p.)
Le 1er « on » désigne Primo Levi et les prisonniers (le narrateur et ses
compagnons de déportation) ; on peut le remplacer par « nous »
Le 2e « on » désigne les geôliers, les soldats allemands chargés de surveiller les
prisonniers.
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4- L. 10-11
a) Analysez grammaticalement les groupes de mots soulignés dans cette phrase. (2
p.)
- Cette opération terminée : Prop. sub. participiale / CCT de « est resté ».
- Sans oser lever les yeux sur les autres : groupe verbal à l’infinitif / CC
d’opposition (manière) de « est resté ».
b) Après avoir conjugué le verbe « rester » au passé simple, transformez les
groupes soulignés en des subordonnées qui respectent le même sens. (3 p.)
- Lorsque l’opération fut terminée, chacun resta dans son coin sans que nous
osassions lever les yeux sur les autres.
OU BIEN
- Lorsqu’on eut terminé l’opération, chacun resta dans son coin sans que nous
osassions (qu’il osât) lever les yeux sur les autres.
c) Justifiez le mode et le temps des verbes de chacune des subordonnées. (2 p.)
- Fut terminée :
*Mode indicatif car le verbe se trouve dans une prop. sub. conj. circ. introduite
par « lorsque » qui entraîne un indicatif.
*Temps : passé simple à la forme passive car l’action est antérieure à l’action
du verbe de la principale « resta » au passé simple.
* Temps : passé antérieur car l’action est antérieure à celle de la principale au
passé simple.
- Osassions :
* Mode subjonctif car le verbe se trouve dans une prop. sub. d’opposition
introduite par « sans que » qui entraîne un subjonctif.
* Temps : imparfait car l’action est simultanée à l’action du verbe de la
principale « resta » au passé simple.
d) Quel sentiment éprouvent alors les prisonniers ? (1 p.)
Ils ressentent un sentiment de honte. Les prisonniers sont réduits à des
fantômes. Ils n’ont plus droit à la dignité. C’est l’humiliation totale.
5- L. 10-14
Que sont devenus les prisonniers ? Comment s’en rendent-ils compte ? (2 p.)
Les prisonniers sont devenus des êtres sans identité et sans état civil car ils sont
remplacés par un matricule. On les a dépouillés de tout. Ils perdent leurs
vêtements, leurs effets personnels, leur origine et leur langue. Ils n’osent plus se
regarder conscients que chacun est le miroir de l’autre. Ils n’ont plus de signe
distinctif : c’est le début de la déshumanisation de l’homme.
6- « En un instant, dans une intuition quasi prophétique, la réalité nous apparaît :
nous avons touché le fond. » (L. 15-16)
Que signifie la thèse énoncée par l’auteur dans cette phrase ? Développez votre
réponse. (1 p.)
« Nous avons touché le fond » signifie que les déportés n’appartiennent plus au
monde des humains. Ils sont considérés comme des animaux, des sous-hommes qui
ne possèdent plus rien, qui n’ont plus droit à la dignité et au langage. Primo Levi
veut insister sur la douloureuse expérience de la démolition de l’homme et sa
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déshumanisation totale, qui constituent un crime contre l’humanité. Il montre
également la difficulté à traduire l’horreur de cette situation, d’où le choix
d’employer cette expression familière « nous avons touché le fond ».
7- Repérez, dans les lignes 14 à 22, trois arguments qui appuient la thèse de l’auteur et
reformulez chacun d’eux. (3 p.)
Arguments
- « La démolition d’un homme » (l. 15)
Reformulation
- Destruction, anéantissement de l’être
humain.
- « Il n’est pas possible de concevoir - Condition humaine lamentable,
condition humaine plus misérable que la pitoyable.
nôtre» (L. 17-18).
- « Plus rien ne nous appartient… - Dépouillement total.
comprendraient pas » (L. 18-20).
- « Ils nous enlèveront jusqu’à notre - Destruction de l’appartenance à
nom » (l. 20).
l’espèce humaine.
8- « Si nous parlons, ils ne nous écouteront pas. » (L. 19)
a) Analysez logiquement les propositions contenues dans la phrase ci-dessus. (2 p.)
- Si nous parlons : prop. sub. conj. circ. / CC de condition de « écouteront ».
- Ils ne nous écouteront pas : prop. principale.
b) Conjuguez le verbe « parler » successivement à l’imparfait et au plus-que-parfait
et faites les changements qui s’imposent. (2 p.)
- Si nous parlions, ils ne nous écouteraient pas.
- Si nous avions parlé, ils ne nous auraient pas écoutés.
9- Que perdent ces hommes qui entrent dans le camp sur les plans matériel, physique
puis moral. Justifiez votre réponse à l’aide d’éléments précis tirés du texte. (3 p.)
Ils perdent leurs effets personnels « un mouchoir, une vieille lettre, la photographie
d’un être cher » (l. 26-27), « Ils nous ont pris nos vêtements, nos chaussures et
même nos cheveux » (l. 18-19) ; ils perdent aussi leur identité et leur état civil
puisqu’ils sont remplacés par un matricule, « Häftling 174 517 » (l. 39). Ils n’ont
plus d’attaches ni de liens. Ils n’ont plus rien d’humain et c’est la destruction de
tout ce qui prouve leur appartenance à l’espèce humaine. Lorsqu’on dépouille un
homme de « tout ce qu’il possède » (l. 32), lorsqu’on le prive « non seulement des
êtres qu’il aime, mais de sa maison, de ses habitudes » (l. 31-32), ce ne sera plus un
être humain au vrai sens du mot, mais « un homme vide, réduit à la souffrance et
au besoin, dénué de tout discernement » (l. 33).
10- « Ce sera un homme vide, oublieux de toute dignité car il n’est pas rare de se
perdre soi-même. » (L. 33-34)
a) Précisez la nature du mot souligné et quelle relation établit-il entre les deux
propositions ? (2 p.)
Car est une conjonction de coordination qui établit une relation de cause entre
les deux propositions.
b) Récrivez la phrase de manière à faire apparaître une subordonnée qui respecte la
même circonstance. (2 p.)
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Ce sera un homme vide, oublieux de toute dignité parce qu’il n’est pas rare de
se perdre soi-même.
c) Transformez la phrase obtenue de façon à faire apparaître une subordonnée
exprimant une autre circonstance que vous préciserez. (2 p.)
Il n’est pas rare de se perdre soi-même de sorte qu’il sera un homme vide,
oublieux de toute dignité. (CONSÉQUENCE)
11- De quoi témoigne alors Primo Levi dans cet extrait et quelles sont les raisons pour
lesquelles il fait ce témoignage ? Développez votre réponse. (3 p.)
Dans cet extrait, primo Levi témoigne d’une triste réalité (l’arrivée au camp,
l’isolement malgré la masse, l’homme devenu fantôme et le sentiment de honte qui
accompagne cette transformation), de la douloureuse expérience de la démolition
de l’homme. Il cherche à instruire le lecteur sur la réalité des camps
d’extermination et à lui faire prendre conscience du travail monstrueux de
déshumanisation mis en œuvre par les nazis.
Il témoigne pour dénoncer les camps mais c’est aussi un témoignage personnel
pour éloigner la douleur et le spectre de la mort pour renaître à la vie. Il cherche
enfin à lutter contre l’oubli et la perte de la mémoire collective, pour ne pas revivre
les mêmes cruautés, les mêmes atrocités. Il écrit donc pour la postériorité.
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