tétrarques. La forte similitude de leurs portraits (fig. 11) traduit l'entente (concordia) espérée
entre les tenants du pouvoir. L'idée d'une nomination divine des empereurs sera reprise
quelques années plus tard par les souverains chrétiens. La hiérarchie des tétrarques et leur
lien avec Jupiter et Hercule transparaissent en particulier dans la chapelle du culte impérial à
Louxor (fig. 16), sur l'arc de Galère à Thessalonique (fig. 15) et dans le «monument aux cinq
colonnes» à Rome (fig. 18). L'interdépendance entre le salut de l'Empire romain et le principe
d'un culte divin uniforme conduit après 303 à la dernière grande persécution des chrétiens.
Faire du culte traditionnel un garant du bien-être public relève d'une motivation
politico-religieuse expressément formulée dans l'édit de tolérance signé par Galère en 311.
Les tétrarques remportent des victoires militaires en Gaule, en Bretagne, dans l'espace
danubien et contre les Perses (fig. 15), et réussissent à écraser des révoltes dans le nord de
l'Afrique et en Égypte. Forts de ces succès, les empereurs célèbrent leur triomphe commun
en 303 à Rome par une fête commémorant à la fois les vingt ans de règne (vicennalia) des
augustes et les dix ans de règne (decennalia) des césars (fig. 46).
En 305, la règle successorale s'applique comme prévu : Dioclétien et Maximien abdiquent,
Galère et Constance les remplacent en qualité d'augustes et nomment Maximin Daïa et
Sévère, respectivement césar d'Orient et césar d'Occident. Constantin, fils de Constance, est
exclu de la succession comme l'avait été Maxence, fils de Maximien, en 293. Cependant, dès
306, le principe tétrarchique est violé par une transmission dynastique : arrivé juste à temps
auprès de son père mourant à York, en Bretagne, Constantin est nommé auguste par ses
troupes à la mort de ce dernier. Craignant un conflit militaire avec l'usurpateur, Galère trouve
un compromis : le césar Sévère succède à Constance en tant qu'auguste, et Constantin est
reconnu comme son césar. Peu après, Maxence se fait proclamer auguste à Rome. Sévère
trouve la mort en combattant en vain contre lui. Maximien revient lui aussi sur le devant de la
scène : il s'allie à Constantin et lui donne sa fille Fausta pour épouse. Dioclétien, qui s'était
retiré dans sa résidence de Spalato (Split) (fig. 12-13), tente vainement de sauver son
système politique lors d'une réunion à Carnuntum en 308. Compagnon de lutte de Galère,
Licinius prendra la place d'auguste du défunt Sévère. Maximien, quant à lui, devra à nouveau
renoncer au pouvoir, ce qui n'aura lieu effectivement qu'en 310 lorsque son gendre
Constantin le forcera au suicide. Constantin invente pour lui-même un lien de filiation fictif
avec l'empereur Claude le Gothique (Claudius Gothicus, 268-270) et une dévotion au
dieu-Soleil (Sol ou Apollon).
(...)