L'art romain tardif et paléochrétien : de Constantin à Justinien GENCOD : 9782708409675 PASSAGE CHOISI 1. APERÇU HISTORIQUE Élevé au rang d'auguste en 284 à Nicomédie (auj. Izmit), sur les rives du Bosphore, Dioclétien cherche très vite à faire face aux attaques et révoltes qui menacent l'Empire de toutes parts en procédant à une répartition du pouvoir impérial. En 286, il nomme son ami Maximien auguste d'Occident, tandis qu'il règne lui-même sur l'empire d'Orient. En engageant, en 293, Galère et Constance Chlore pour les seconder en qualité de césars (caesares), il instaure un gouvernement collégial de quatre souverains (tétrarchie). En 305, les augustes devront démissionner et céder leur place aux césars, les nouveaux césars devant à leur tour devenir augustes dix ans plus tard. Pour consolider la tétrarchie, Galère se sépare de sa femme (dont on ignore le nom) pour épouser Valeria, fille de Dioclétien ; Constance, qui vivait auparavant en concubinage avec Hélène, la mère de Constantin, reçoit pour femme Théodora, fille de Maximien. Résidant à Nicomédie, Antioche et Sirmium en Pannonie, Dioclétien gouverne l'empire d'Orient, tandis que Galère règne depuis Antioche, Salonique (Thessalonique) et Serdica (auj. Sofia) sur la Grèce et les territoires situés à l'est du Danube. L'Italie, l'Espagne, l'Afrique et les territoires de l'ouest du Danube reviennent à Maximien, qui siège à Milan et Aquilée. Constance, établi à Trêves, reçoit la Gaule et la Bretagne (Britannia). Dioclétien assure également à son concept politique une assise religieuse : lui-même et son césar Galère choisissent Jupiter comme dieu tutélaire et prennent le nom de «jovien», alors que Maximien et son césar Constance se placent sous la protection d'Hercule et adoptent le nom d'«herculien». À l'instar de Jupiter parmi les dieux, Dioclétien est le plus puissant des tétrarques. La forte similitude de leurs portraits (fig. 11) traduit l'entente (concordia) espérée entre les tenants du pouvoir. L'idée d'une nomination divine des empereurs sera reprise quelques années plus tard par les souverains chrétiens. La hiérarchie des tétrarques et leur lien avec Jupiter et Hercule transparaissent en particulier dans la chapelle du culte impérial à Louxor (fig. 16), sur l'arc de Galère à Thessalonique (fig. 15) et dans le «monument aux cinq colonnes» à Rome (fig. 18). L'interdépendance entre le salut de l'Empire romain et le principe d'un culte divin uniforme conduit après 303 à la dernière grande persécution des chrétiens. Faire du culte traditionnel un garant du bien-être public relève d'une motivation politico-religieuse expressément formulée dans l'édit de tolérance signé par Galère en 311. Les tétrarques remportent des victoires militaires en Gaule, en Bretagne, dans l'espace danubien et contre les Perses (fig. 15), et réussissent à écraser des révoltes dans le nord de l'Afrique et en Égypte. Forts de ces succès, les empereurs célèbrent leur triomphe commun en 303 à Rome par une fête commémorant à la fois les vingt ans de règne (vicennalia) des augustes et les dix ans de règne (decennalia) des césars (fig. 46). En 305, la règle successorale s'applique comme prévu : Dioclétien et Maximien abdiquent, Galère et Constance les remplacent en qualité d'augustes et nomment Maximin Daïa et Sévère, respectivement césar d'Orient et césar d'Occident. Constantin, fils de Constance, est exclu de la succession comme l'avait été Maxence, fils de Maximien, en 293. Cependant, dès 306, le principe tétrarchique est violé par une transmission dynastique : arrivé juste à temps auprès de son père mourant à York, en Bretagne, Constantin est nommé auguste par ses troupes à la mort de ce dernier. Craignant un conflit militaire avec l'usurpateur, Galère trouve un compromis : le césar Sévère succède à Constance en tant qu'auguste, et Constantin est reconnu comme son césar. Peu après, Maxence se fait proclamer auguste à Rome. Sévère trouve la mort en combattant en vain contre lui. Maximien revient lui aussi sur le devant de la scène : il s'allie à Constantin et lui donne sa fille Fausta pour épouse. Dioclétien, qui s'était retiré dans sa résidence de Spalato (Split) (fig. 12-13), tente vainement de sauver son système politique lors d'une réunion à Carnuntum en 308. Compagnon de lutte de Galère, Licinius prendra la place d'auguste du défunt Sévère. Maximien, quant à lui, devra à nouveau renoncer au pouvoir, ce qui n'aura lieu effectivement qu'en 310 lorsque son gendre Constantin le forcera au suicide. Constantin invente pour lui-même un lien de filiation fictif avec l'empereur Claude le Gothique (Claudius Gothicus, 268-270) et une dévotion au dieu-Soleil (Sol ou Apollon). (...) EN SAVOIR PLUS SUR CE LIVRE Consultez la fiche complète de ce livre sur PassageDuLivre.com Commandez ce livre sur Fnac.com