123
SEPTEMBRE 2009 - PHARMACEUTIQUES
preuve d’une prudence extrême. Des ré-
férents ont été présélectionnés : infi rmiè-
res et enseignants encadrent les groupes
de paroles dans le futur », déclare Gérard
Raymond. La question de la formation
des aidants est ainsi au cœur des ré-
fl exions. Frédéric Sanguignol serait par-
tisan de l’intégrer dès le début de la for-
mation médicale. « L’ETP ça ne s’invente
pas, ça s’apprend. », avance-t-il encore.
Les industriels face
aux programmes
Il semble désormais évident que l’in-
dustrie sera l’une des sources de fi -
nancement - sans doute la principale,
faute de budgets publics - des futurs
programmes à venir. Lilly a mis en
place un programme d’éducation
thérapeutique depuis 2004 associé
à la spécialité Fostéro®, traitant de
l’ostéoporose. Pour Marie-Line Biard
Salama, pharmacien responsable des
laboratoires Lilly et membre du co-
mité scientifi que de l’AQIM, « ces
programmes sont très coûteux. L’ef-
fort pourrait être mutualisé à l’avenir,
peut-être entre labos, mais aussi avec
les associations de patients. » Or, les
industriels ne veulent pas être que
des payeurs, mais aussi des concep-
teurs : « Nous avons la connaissance
de nos produits et des pathologies.
Nous avons donc quelque chose à
apporter dans l’élaboration et la mise
en œuvre des programmes d’ETP. »
Les industriels peuvent-ils demander
à être experts et accéder à la concep-
tion des programmes d’ETP ? Pour
Frédéric Sanguignol, ce sera chose
diffi cile, mais pas impossible : « S’ils
ont des professionnels formés, pour-
quoi pas ? Le patient est bien la
priorité. Par conséquent, tout ce qui
peut améliorer la prise en charge du
patient et sa capacité à autogérer sa
maladie est une bonne chose. Heu-
reusement que les laboratoires aident
à la réfl exion sur les programmes
grâce à leur participation fi nancière,
ajoute ce dernier. Il serait totalement
illusoire de penser qu’ils n’intervien-
dront pas. J’espère qu’ils pourront
continuer à s’impliquer dans la créa-
tion d’outils pédagogiques et à l’éva-
luation sur la plupart des patholo-
gies chroniques ». A suivre. ■
Emilie Li Ah Kim
(1) « Les industriels du médicament et
l’éducation thérapeutique : quelle colla-
boration établir avec les opérateurs tiers
et les professionnels de santé pour l’in-
formation des patients », organisée par
l’Association pour la qualité de l’informa-
tion médicale (AQIM) en mai 2009.
Un blister intelligent pour briser les tabous
Si l’éducation thérapeutique des patients ne peut se rédui-
re à la seule observance des traitements délivrés à ces der-
niers, il ne saurait être question de les dissocier
totalement. Comment un médecin peut-il
autonomiser et renforcer les capacités
d’un malade à se prendre en charge s’il
ignore totalement son degré d’adhé-
sion à une thérapie, sa manière de la
suivre, les défauts éventuels dans la
prise de celle-ci ? Aléas prévisible,
probabilisable, quantifi able et sou-
vent inexorable dans le parcours
thérapeutique du malade, la mau-
vaise observance gagne à être iden-
tifi ée, évaluée, intégrée aux processus
de décision thérapeutique et autant que
possible prévenue.
Car derrière une adhésion incomplète du
malade à son traitement se profi lent rapidement de
sérieux problèmes de santé publique, aux coûts autrement
plus importants que les questions relatives – et à forte conno-
tation polémique – au chiff re d’aff aires additionnel que peut
en tirer la pharma.
Mis au point par le Dr Bernard Bousquet chez ABR Pharma,
le « blister intelligent » est un système très simple qui apporte
au médecin une connaissance très précise du processus d’uti-
lisation, puis d’appropriation d’un traitement par un patient.
Le médecin propose à son patient de coller lui-même une
étiquette électronique ad hoc sur chaque blister d’une pres-
cription après la délivrance par le pharmacien. Le patient est
ainsi informé, responsabilisé et donc valorisé. L’apposition de
l’étiquette électronique transparente sur un blister permet de
tracer électroniquement toutes les prises médicamenteuses.
Lors de la visite de suivi, le médecin disposant d’informa-
tions précises et précieuses peut délivrer des conseils indi-
vidualisées et très pédagogiques à ce dernier. C’est donc en
prenant à bras le corps le problème de l’observance et en ne le
considérant pas comme un tabou que l’éducation thérapeuti-
que pourra minimiser les aléas liés aux mésusages du médica-
ment par les patients. Des programmes intégrant le « blister
intelligent » et visant à améliorer l’usage du médicament par
le patient sont actuellement en cours dans plusieurs pays et
portent notamment sur la prise en charge per os du cancer, la
dépression ou encore la contraception.
JJC
« L’ETP EST ENFIN RECONNUE », SE
FÉLICITE LE DR FRÉDÉRIC SANGUIGNOL,
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA SOCIÉTÉ
D’EDUCATION THÉRAPEUTIQUE
EUROPÉENNE.
DR
DR