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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 6, novembre-décembre 2007
thématique
Dossier
Figure 1. Représentation schématique de
l’axe gonadotrope chez la femme. Les neu-
rones à gonadolibérine (GnRH), pris comme
exemple, libèrent leur neurohormone dans
les capillaires du plexus primaire du système
porte. La GnRH peut ainsi atteindre rapi-
dement et avec un minimum de dilution les
cellules cibles gonadotropes de l’adénohy-
pophyse. Les neurones à GnRH voient leur
activité modulée par de multiples réseaux
neuronaux assujettis eux-mêmes à une in-
fluence modulatrice des stéroïdes gonadiques
(voir texte).
EAA : acides aminés excitateurs – NE : nora-
drénaline – NPY : neuropeptide Y.
Influx neuronaux
+ EAA, NE & NPY
– GABA, opioïdes
Hypothalamus
LHRH (GnRH)
Hypophyse
LH, FSH
Ovaires
Estrogènes
Progestérone
de la neurosécrétion au sein même
de l’hypothalamus en prenant pour
exemple la sécrétion de la gonado-
libérine (GnRH), qui est impliquée
dans le contrôle central de la fonc-
tion de reproduction.
Anatomie du complexe
hypothalamo-
hypophysaire
Anatomiquement, l’hypothalamus
correspond à l’ensemble des noyaux
gris diencéphaliques situés dans la
partie latérale du troisième ventri-
cule. Chez l’homme, il est délimité
en haut par le sillon hypothalamique,
en arrière par la partie postérieure
des corps mammilaires, et latérale-
ment par un plan unissant le bord
latéral du tractus optique au bord
inféro-médial du thalamus. C’est
une zone paradoxalement de petite
taille (moins de 1 % du volume du
cerveau) ayant pour rôle essentiel la
survie de l’individu et celle de l’es-
pèce. Il est important de noter qu’en
plus de sa fonction neuroendocrine,
l’hypothalamus a une fonction de
régulation des comportements,
par ses relations étroites avec le
système limbique, et une fonction
de maintien de l’homéostasie, par
sa régulation du système neurové-
gétatif. Les terminaisons nerveuses
des neurones sécrétant les hormones
hypophysiotropes sont situées dans
la partie externe de l’éminence
médiane, cette partie de l’hypotha-
lamus qui contient le réseau capil-
laire primaire du système porte
hypothalamo-hypophysaire et
représente le point de contact entre
le système nerveux et le système
sanguin (figure 2) transportant les
hormones hypothalamiques à l’adé-
nohypophyse (1, 2). Les branches
artérielles qui donnent naissance
à ce réseau capillaire dans l’émi-
nence médiane de l’hypothalamus
proviennent de la carotide interne et
de l’hexagone de Willis. Ce plexus
primaire se regroupe ensuite en
sinusoïdes qui descendent le long
de la tige pituitaire pour se distri-
buer en un autre réseau capillaire
ou plexus secondaire destiné aux
cellules de l’adénohypophyse. La
presque totalité de l’apport sanguin
de l’adénohypophyse provient du
système porte hypothalamo-hypo-
physaire (figure 1). Ensuite, passant
à travers les capillaires de l’adéno-
hypophyse, le sang recueille les
hormones hypophysaires destinées
à la périphérie. Ces capillaires se
regroupent dans les veines hypophy-
saires qui rejoignent les sinus caver-
neux puis les veines jugulaires.
Le système à GnRH
La GnRH est la neurohormone qui
contrôle la maturation sexuelle et
la fonction de reproduction adulte
(3). Elle est synthétisée par une
poignée de neurones (entre 1 000 et
3 000 neurones) dont les corps cellu-
laires sont distribués de manière
diffuse dans la région préoptique et
la région tubérale de l’hypothalamus
chez l’homme (4). La majorité de
ces neurones se projette dans l’émi-
nence médiane de l’hypothalamus,
où ils sécrètent la GnRH dans le
sang porte hypothalamo-hypophy-
saire (figure 1). Une fois la GnRH
déversée dans la circulation porte,
elle est véhiculée vers l’hypophyse
antérieure, où elle stimule la synthèse
et la sécrétion des gonadotropines
hypophysaires LH et FSH par les
cellules gonadotropes via l’activa-
tion de récepteurs membranaires
spécifiques. Les gonadotropines
libérées dans la circulation générale
modulent l’activité des gonades et la
sécrétion des stéroïdes gonadiques.
Se trouvant être les effecteurs finaux
pour le contrôle par le cerveau de
la sécrétion des gonadotropines, les
neurones à GnRH voient leur activité
modulée par de multiples réseaux
neuronaux (5), eux-mêmes assujettis
à une influence modulatrice des
stéroïdes gonadiques (6) [figure 1].
En plus d’un contrôle transsynap-
tique s’effectuant au niveau des corps
cellulaires (5), la fonction sécrétoire
des neurones à GnRH est fortement
régulée au niveau des terminaisons
nerveuses à GnRH dans l’éminence
médiane (7).
L’éminence médiane est une struc-
ture hypothalamique qui est issue
de la différenciation du plancher
du troisième ventricule. Elle est
composée d’une couche épendy-
maire contenant les corps cellulaires
des tanycytes, qui sont des épen-
dymocytes tout à fait particuliers
dans la mesure où ils contactent non
seulement le liquide céphalorachi-
dien à leur pôle apical, mais aussi la
surface piale du cerveau par l’exten-