Letko, Brosseau & Associés Inc. Perspectives sur la conjoncture économique et les marchés financiers DANS CE NUMÉRO: États-Unis 2 Canada 4 Europe 5 Asie et Amérique du Sud 5 Taux d’intérêt 6 Crise bancaire 6 Pétrole et gaz 7 Marchés boursiers 8 Letko, Brosseau & Ass. Inc. 1800, avenue McGill College Bureau 2510 Montréal, Québec H3A 3J6 Téléphone : • Malgré d’innombrables défis financiers, la célérité et la vigueur avec lesquelles les banques centrales sont intervenues, particulièrement la Réserve fédérale américaine, tempéreront la propagation des problèmes du secteur financier au reste de l’économie, évitant ainsi des troubles plus sérieux. • Après avoir revu les principaux problèmes affectant l’économie, nous sommes d’avis que la résilience et la capacité d’adaptation de l’économie américaine pourraient surprendre en offrant une croissance économique modeste en 2008. • Les éléments essentiels à la réalisation de cette prévision sont la stabilité du marché du travail et des gains modestes aux chapitres de la création d’emplois et du revenu personnel. • Nous croyons que les banques ont pris la majorité du provisionnement nécessaire. Cependant, des réserves additionnelles seront requises au premier trimestre pour finaliser l’exercice. La confiance des investisseurs pourra alors s’améliorer. • Les taux d’intérêt payés sur les obligations gouvernementales sont trop bas pour que celles-ci constituent un placement intéressant. • Les marchés boursiers, sévèrement malmenés, présentent les meilleures opportunités de placement pour les investisseurs patients. Plusieurs excellentes compagnies payent des dividendes élevés et se transigent à des évaluations qui ne tiennent pas compte de leur positionnement unique et prédominant dans plusieurs marchés attrayants. 514-499-1200 800-307-8557 130, rue Adelaide Ouest Bureau 3200 Toronto, Ontario M5H 3P5 Téléphone : 647-426-1987 800-307-8557 PERSONNEL ET CONFIDENTIEL Mars 2008 Page 1 Perspectives sur la conjoncture économique et les marchés financiers PERSONNEL ET CONFIDENTIEL Mars 2008 Ce qui à l’origine semblait n’être qu’une correction au niveau du marché des hypothèques à risque élevé au mois de juillet 2007 a dégénéré en une débâcle sévère du secteur bancaire. Plus de 200 billion $ de radiation d’actifs ont été effectués et plusieurs institutions financières telles que Northern Rock et Countrywide ont dû être sauvées. Au cours des six derniers mois, la banque centrale américaine a abaissé son taux directeur de 300 points de base, a implanté plusieurs nouveaux programmes pour injecter du capital dans le système financier et a orchestré un plan de sauvetage pour Bear Stearns, la cinquième banque d’investissement en importance aux États-Unis. Ces mesures exceptionnelles, combinées aux efforts déployés par les principales institutions financières pour se recapitaliser et solidifier leurs bilans, ont commencé à stabiliser le marché du crédit. Cependant, le rétablissement complet de la confiance prendra un certain temps. La diminution du niveau d’endettement et les problèmes de capitalisation qui s’y rattachent ont jusqu’à présent été confinés au secteur financier. Il y a cependant des signes qui indiquent que les banques restreignent maintenant le crédit au reste de l’économie. Les prêts hypothécaires à risque élevé ont cessé et il appert que des critères plus rigoureux sont appliqués à l’octroi de nouveaux prêts. Les montants élevés des dépenses des consommateurs américains au cours des dernières années ont été en grande partie financés par le crédit et il apparaît peu probable que cela puisse être maintenu. Ce document porte un regard plus en profondeur sur l’interaction entre le comportement des consommateurs face au crédit, l’ingénierie financière et la contraction du marché résidentiel. États-Unis Malgré la sévère chute du secteur résidentiel et le resserrement des conditions de crédit, la croissance économique réelle américaine a quand même atteint 2,5 % en 2007. Les dépenses des consommateurs demeurèrent robustes avec une croissance de 5,9 %, les exportations déferlèrent à 12,8 % alors que les dépenses gouvernementales augmentèrent de 7,5 %. Lorsque nous nous tournons vers 2008, plusieurs indicateurs pointent de plus en plus vers un ralentissement de la croissance économique. Le principal risque pour l’économie américaine reste les dépenses des consommateurs. Depuis 1985, le taux d’épargne américain a diminué de 10 % du revenu disponible à son niveau actuel de 0 %. Entre 1985 et 2007, les dépenses de consommation, incluant la construction résidentielle, sont passées de 95 % du revenu disponible pour atteindre un sommet de 107 % en 2005 et ensuite retomber à 104 % en 2007. Nous avons depuis longtemps identifié cette tendance comme étant insoutenable à long terme. La question est de savoir si la contraction du secteur résidentiel et la disparition de certaines sources de financement du marché hypothécaire feront en sorte que les consommateurs diminueront leurs dépenses plus rapidement qu’anticipé. Pour financer l’écart grandissant entre leurs dépenses de consommation et leurs revenus, les ménages ont principalement favorisé l’utilisation du prêt hypothécaire. Deux facteurs expliquent cette préférence. Premièrement, les paiements d’intérêts sont déductibles d’impôts. Deuxièmement, les taux d’intérêt sur hypothèque sont habituellement moins élevés comparativement à ceux des cartes de crédit ou des prêts personnels. Conséquemment, entre 2001 et 2007, le marché hypothécaire américain a augmenté en moyenne de 12 % par année alors que la valeur des actifs immobiliers ne progressait que de 8,5 % annuellement. Cette période a aussi coïncidé avec la croissance des hypothèques à risque élevé émises à des ménages qui ne se seraient pas normalement qualifiés. Les bas taux d’intérêt offerts par les bons du trésor américains suite aux évènements de 2001 eurent pour effet d’aiguiser l’appétit des investisseurs pour des produits à rendement plus élevé. En réaction, plusieurs banques d’affaires commencèrent à émettre Page 2 Perspectives sur la conjoncture économique et les marchés financiers PERSONNEL ET CONFIDENTIEL Mars 2008 des titres adossés à des portefeuilles d’hypothèques résidentielles (« TAHR »). Face à une demande croissante de rendement, les courtiers hypothécaires se mirent à provisionner plus d’hypothèques à risque élevé. Les banques, à leur tour, combinaient ces hypothèques et les titrisaient sous la forme de TAHR pour les revendre aux investisseurs. L’effet net fut que le montant total investi sous la forme de TAHR à risque élevé représentait 1,6 trillion $ à la fin de 2007 comparativement à 128 billion $ à la fin de l’année 2000. L’assouplissement des critères d’octroi conventionnels fut en partie responsable de la croissance substantielle des hypothèques. En fait, dans bien des cas, on permettait un ratio élevé du montant d’emprunt sur la valeur de la propriété, on ne vérifiait pas le niveau des revenus et des actifs détenus ou bien les modalités de paiements étaient plus libérales, ne requérant souvent que le simple remboursement des intérêts. Cette abondance de prêts hypothécaires émis à des conditions très avantageuses a eu pour effet de stimuler la demande dans le secteur résidentiel, faisant bondir du même coup le prix des résidences. Les problèmes que nous traversons présentement débutèrent lorsque les taux de délinquance et de saisie sur hypothèque commencèrent à grimper en 2006. Les investisseurs devenant plus inquiets, diminuèrent leur demande de TAHR durant l’été 2007. Depuis, l’émission de ce type de placement a cessé. À mesure que les pertes augmentèrent, les reventes de TAHR sur le marché secondaire chutèrent aussi. Les taux de délinquance et de saisie sur les hypothèques à risque élevé se situent présentement à 17 % et 9 % respectivement. La disparition de cette forme de financement fait en sorte que plusieurs acheteurs potentiels sont maintenant sans source de financement. Le consommateur américain a privilégié l’emprunt hypothécaire pour financer sa consommation. Nous calculons qu’en moyenne environ 45 % des ménages américains avaient augmenté leur hypothèque entre 2000 et 2007. À la fin de l’année 2007, environ les deux tiers des ménages américains possédaient une maison. Le ratio du montant emprunté sur la valeur de la propriété était de 52 % alors qu’il n’était que de 42 % en 2000. Si nous éliminons les propriétés qui ne sont pas grevées d’une hypothèque, le ratio du montant emprunté sur la valeur de la propriété était de 74 % comparativement à 63 % en 2000. Le consommateur dispose donc de moins de latitude aujourd’hui pour financer ses dépenses. Le prix des résidences a atteint un sommet en 2006 et a reculé en 2007. Le secteur résidentiel est présentement en déséquilibre. Selon le National Association of Realtors, environ 4,5 millions de résidences sont à vendre sur le marché américain dont 0,5 million de nouvelles constructions. Ceci représente environ 2,0 millions d’unités de plus qu’en temps normal et exerce une pression à la baisse sur les prix. La robustesse du marché du travail a également contribué à soutenir les dépenses des consommateurs. Les données récentes indiquent cependant un ralentissement à ce chapitre. Au mois de mars, le nombre d’emplois avait augmenté de 574 000 par rapport à 2007, soit un gain de 0,4 %, et le nombre d’heures travaillées était supérieur de 1,2 %. Même si plusieurs mises à pied ont été effectuées dans les secteurs manufacturier, financier et de la construction résidentielle, le progrès du secteur des services a compensé. La croissance du revenu disponible a ralenti pour se situer à 4,9 % et 4,6 % pour les mois de janvier et février 2008 comparativement à 5,7 % pour l’année 2007. Notre prévision d’une augmentation du revenu personnel de 4 % en 2008 présume une faible croissance de l’emploi, une majoration modeste des salaires, un léger gain au niveau des heures travaillées et une diminution du taux d’imposition résultant du stimulus fiscal de 117 billion $ récemment annoncé par le gouvernement. Nous croyons que cette croissance modérée du revenu disponible pourra soutenir une croissance de 4 % des dépenses personnelles. Ceci permettra de tripler le niveau d’épargne en terme absolu bien que le taux d’épargne demeurera relativement bas à environ 2 %. Les dépenses d’investissement des entreprises et des entités gouvernementales ont bien progressé, neutralisant presque complètement la baisse de la Page 3 Perspectives sur la conjoncture économique et les marchés financiers PERSONNEL ET CONFIDENTIEL Mars 2008 construction résidentielle. Le secteur de l’investissement non-résidentiel est plus de deux fois plus important que le secteur résidentiel et les investissements y sont majoritairement financés à l’aide de fonds auto-générés et non par des emprunts. Le commerce international a aussi contribué à la croissance économique. La dépréciation substantielle du dollar américain a stimulé des secteurs aussi diversifiés que l’aéronautique et l’alimentation. Les exportations de marchandises étaient à la hausse de 16 % à la fin du mois de janvier alors que les importations, excluant le pétrole, n’avaient progressé que de 4,5 % (12 % si le pétrole était considéré). Le faible niveau du dollar américain, jumelé à une croissance soutenue de l’économie mondiale, continuera à stimuler les ÉtatsUnis en 2008. La croissance réelle du PIB américain devrait se situer entre 1 % et 2 % en 2008. Les principaux risques reliés à cette projection sont le consommateur et l’emploi. Le consommateur pourra restreindre ses dépenses plus qu’anticipé et le marché de l’emploi pourra se détériorer plus que prévu. Il est à noter que le consommateur préfère normalement maintenir ses habitudes de consommation et que celles-ci ne sont modifiées que très graduellement à moins que des facteurs exogènes ne l’y obligent. Canada La croissance économique est demeurée stable au Canada en 2007. Le PIB a progressé de 2,9 % sur une base réelle et tous les secteurs domestiques ont participé à cette expansion. En contrepartie, les échanges commerciaux ont été négativement affectés par la vigueur du dollar canadien. Les exportations ont baissé de 3,0 % alors que les importations ont augmenté de 0,3 %. Les dépenses des consommateurs sont demeurées élevées, supportées par un marché de l’emploi solide. Le nombre d’emplois s’est accru de 1,9 % dans les derniers 12 mois avec un ajout de 360 000 nouveaux postes en 2007 et un autre 105 000 dans les trois premiers mois de 2008. Le taux de chômage a varié autour de 6 % et le taux de participation s’est situé à 68 %, un sommet pour les trente dernières années. Cette excellente performance ajoutée à la forte croissance des salaires, a permis au revenu disponible d’augmenter de 5,8 %. Le secteur des exportations a souffert de la baisse des importations américaines de produits forestiers et automobiles. Les exportations de produits forestiers ont chuté de 21 %, la demande pour la pâte et le papier étant faible et la baisse des mises en chantier résidentielles affectant négativement la demande pour le bois d’œuvre. Les exportations des produits reliés au secteur de l’automobile ont, quant à eux, décliné de 23 %. Ces deux secteurs représentent près de 20 % des exportations canadiennes. Il est à prévoir que le ralentissement économique américain affectera significativement l’économie canadienne puisque 75 % de nos exportations sont destinées vers nos voisins du sud. De plus, l’impact cumulatif de l’appréciation du dollar canadien va continuer à gruger notre avantage compétitif sur tous les marchés d’exportation. Pour l’année 2008, nous prévoyons une croissance réelle du PIB canadien entre 1 % et 2 %. Le principal risque à la baisse de cette prévision serait une diminution importante des dépenses des consommateurs canadiens considérant qu’elles représentent 109 % du revenu disponible, soit un sommet pour les 50 dernières années. En revanche, le gouvernement fédéral ainsi que la plupart des gouvernements provinciaux disposent d’une certaine flexibilité pour stimuler l’économie soit en baissant les impôts, soit en haussant leurs dépenses, si le besoin s’en faisait sentir. Page 4 Perspectives de la conjoncture économique et les marchés financiers Europe La croissance économique a ralenti en Europe de l’Ouest pour se fixer à 2,3 % à la fin du quatrième trimestre. L’Espagne et le Royaume-Uni ont maintenu une croissance robuste avec des taux de 3,5 % et 2,9 % respectivement. La France (2,1 %), l’Italie (1,9 %) et l’Allemagne (1,8 %) ont, pour leur part, obtenus des résultats plus modestes. Le marché de l’emploi de la zone euro continue à bien se maintenir. Au cours des quatre derniers trimestres, 2,3 millions nouveaux emplois ont été créés ce qui se traduit en un taux de croissance de PERSONEL ET CONFIDENTIEL Mars 2008 1,6 %. Le taux de chômage est toujours à la baisse et se situe actuellement à 7,1 %. Les économies de l’Europe de l’Est continuent à se rapprocher de leurs voisins de l’ouest, leurs croissances économiques s’étant maintenues à plus de 5 %. La Russie, qui a bénéficié de la hausse des prix du pétrole et des autres matières premières, a réalisé une progression de 7,7 % et son compte courant a atteint des niveaux record. Asie et Amérique du Sud Le PIB japonais réel ne s’est accru que de 1,7 % au cours du quatrième trimestre face à une consommation personnelle qui est demeurée faible. De plus, les investissements non-résidentiels ont décéléré n’ayant crû que de 2,3 % alors que les taux récents se situaient au dessus de 4,5 %. Enfin, les exportations ont augmenté de 10,5 % mais les importations, fortement affectées par la hausse du prix du pétrole et des matières premières, ont progressé de 10,7 %. son introduction en 2005, a fait progresser la devise de 18 % relativement au dollar américain. Depuis 2001, le Japon a diminué ses exportations vers les États-Unis, la part de celles-ci passant de 30 % à 19 %, pour les rediriger vers l’Asie, améliorant ainsi la diversification de ses échanges commerciaux. Depuis juin 2007, le yen s’est apprécié de 24 % relativement à la devise américaine, ce qui pourra augmenter les pressions déflationnistes, diminuer les exportations ainsi que les investissements non-résidentiels et éventuellement ralentir la croissance économique. Les pays d’Amérique du Sud ont bénéficié de la forte demande et des prix élevés de l’énergie, des métaux et des denrées alimentaires. L’Argentine et le Venezuela ont progressé respectivement de 9,1 % et 8,5 % au cours du quatrième trimestre de 2007. Le PIB réel du Brésil s’est accru de 6,2 % alors que celui du Chili augmentait de 4,0 % et celui du Mexique de 3,8 %. La Chine maintient toujours son rythme rapide de croissance économique. Durant le quatrième trimestre de 2007, le PIB a progressé de 11,2 %. Les ventes au détail ont crû de 19 % en réponse à l’augmentation significative des revenus des ménages chinois en milieu urbain de 16,2 %. Pour l’année 2007, le surplus de la balance commerciale se chiffrait à 262 billion $, soit 85 billion $ de plus qu’en 2006. Les réserves de devises étrangères ont crû de 462 billion $ portant le total cumulatif à 1,5 trillions $. Les autorités chinoises ont maintenu leur politique d’appréciation du Yuan qui, depuis Plusieurs autres pays asiatiques ont également exhibé un niveau élevé de croissance variant entre 5 % et 7 %. L’économie australienne a avancé de 3,9 % en raison de la forte demande pour ses produits naturels. Finalement, le PIB réel de la Nouvelle-Zélande était à la hausse de 3,4 % au cours de la dernière année. Le Fonds Monétaire International (« FMI ») a récemment révisé à la baisse sa projection du PIB mondial réel à 3,7 % afin de refléter la croissance plus faible de l’économie américaine ainsi que celle des autres pays développés. Le FMI maintient cependant sa position sur la résilience que devraient offrir les économies des pays émergents. Il est important de mentionner que les réformes économiques et politiques qui ont été introduites dans plusieurs pays en voie de développement commencent à porter leurs fruits. Ces mesures, combinées aux énormes besoins non encore comblés auxquels ces pays sont confrontés, devraient continuer à soutenir l’économie mondiale. Page 5 Perspectives de la conjoncture économique et les marchés financiers PERSONEL ET CONFIDENTIEL Mars 2008 Taux d’intérêt La Réserve Fédérale américaine (« Fed ») est intervenue très tôt et avec beaucoup de vigueur en réponse aux tumultes qui ont affecté le marché du crédit. Ces interventions se sont articulées autour de deux stratégies, soient la baisse des taux d’intérêt et l’injection de liquidité dans le système financier. La Fed a agressivement abaissé son taux directeur de 300 points de base, passant de 5,25 % en septembre 2007 à 2,25 % en mars 2008. En réaction à cette diminution, les taux d’intérêt à court terme ont chuté et la courbe des taux s’est accentuée. Les bons du trésor avec une maturité d’un an offrent présentement un rendement de 1,7 %. Les taux sur les obligations à long terme ont également reculé rejoignant presque les bas niveaux enregistrés en 2003. Les rendements sur les obligations de maturités de 5, 10 et 30 ans sont de 2,6 %, 3,5 % et 4,4 % respectivement. Ces baisses devraient produire deux effets. Premièrement, elles permettront une diminution du coût d’emprunt ce qui devrait bénéficier à ceux qui doivent renouveler leurs prêts hypothécaires cette année. Deuxièmement, elles aideront à améliorer la rentabilité de la plupart des institutions financières, celles-ci finançant une partie de leurs prêts à long terme avec des emprunts à plus court terme. En plus de son intervention au niveau des taux d’intérêts, la Fed a également visé à maintenir la liquidité dans le système financier. Pour ce faire, elle a eu recours à des approches novatrices. Ainsi, elle a prêté des titres du trésor et des liquidités contre du collatéral beaucoup moins liquide, incluant les TAHR. Initialement, ces programmes n’étaient destinés qu’aux banques commerciales mais se sont récemment étendus aux banques d’investissement. La Fed s’est aussi impliquée dans l’acquisition de Bear Stearns en octroyant un prêt de 30 billion $ à J.P. Morgan. Au Canada, la banque centrale a également diminué son taux directeur, le faisant passer de 4,5 % en décembre 2007 à 3,5 % récemment. La courbe de taux canadiens a évolué d’une façon similaire à celle des États-Unis, le taux un an chutant à 2,5 % alors que les taux pour les obligations du Canada de maturité 10 et 30 ans s’abaissaient à 3,5 % et 4,0 % respectivement. La Banque du Canada pourra continuer à réduire les taux afin d’éviter une appréciation du dollar canadien en réaction à des écarts de taux trop positifs par rapport aux ÉtatsUnis. Le taux d’inflation canadien au mois de février se situait à 1,8 %, soit bien à l’intérieur de la fourchette de 1 % à 3 % favorisée par la banque centrale. Les pressions inflationnistes proviennent principalement de la hausse du coût du logement (4,1 %), du prix de l’énergie (9,7 %) et du coût des services (3.5 %, imputable à la hausse de 4,9 % des salaires). À mesure que le marché du travail ralentira, les pressions à la hausse sur les salaires devraient diminuer. Contrairement aux autres pays, l’inflation au Canada reliée au secteur alimentaire (0,2 %) n’a pas été significative grâce à l’appréciation de la devise. Aux États-Unis, le prix des aliments est à la hausse de 4,5 % et le taux d’inflation est de 4,1 %; excluant l’énergie et les aliments, l’inflation est de 2,3 %. En termes de stratégies de placement, il n’y a aucun avantage à acheter des obligations canadiennes de longues maturités. En fait, les taux étant à de niveaux historiquement bas, il y a un risque considérable que les taux montent. Conséquemment, nous maintenons une durée courte dans nos portefeuilles à revenu fixe. Crise bancaire Le secteur bancaire a continué à éprouver des difficultés au cours du premier trimestre de 2008 et plusieurs institutions ont dû augmenter leur niveau de provisionnement pour les pertes potentielles liées aux instruments de crédit américains. Nous demeurons cependant convaincus que les banques ont des niveaux de provisionnement adéquats et que les règles comptables basées sur la valeur au marché ont exacerbé les pertes déclarées. Page 6 Perspectives sur la conjoncture économique et les marchés financiers PERSONNEL ET CONFIDENTIEL Mars 2008 Les pertes économiques ultimes pourront atteindre 400 billion $ pour l’ensemble des intermédiaires financiers. Cette prévision tient compte des pertes potentielles sur les hypothèques commerciales et résidentielles, les cartes de crédits, les prêts automobiles ainsi que les dettes corporatives. Le calcul utilise des hypothèses de défaut beaucoup plus élevées que celles observées présentement. Environ 235 billion $ des 400 billion $ de pertes anticipées seront provisionnées par les banques alors que la balance, soit 165 billion $, le seront par d’autres institutions financières telles que les compagnies d’assurance, les caisses de retraite et les fonds de couverture. Du 235 billion $, l’exposition des banques américaines ne sera que de 120 billion $ étant donné le niveau élevé de crédit américain détenu par les banques étrangères. Jusqu’à présent, les banques ont établi des réserves générales de 235 billion $, en plus, elles ont pris des réserves spécifiques additionnelles de 90 billion $, soit un total de 325 billion $. Tel que mentionné précédemment, comme nous prévoyons que les pertes des banques seront de 235 billion $, nous croyons donc qu’une portion des provisions sera éventuellement renversée. Ce sur-provisionnement est imputable aux exigences règlementaires requérant l’évaluation des instruments de crédit à leur valeur au marché. Étant donnée la faible liquidité des marchés présentement, les prix ne représentent plus nécessairement la valeur intrinsèque de ces titres. Bien que nous croyons au bien fondé de la transparence qu’apporte ces règles d’évaluation des actifs bancaires, nous croyons que dans un contexte où il y a des dislocations dans les marchés, une autre approche doit être utilisée. Récemment, la Securities Exchange Commission (« SEC ») a abordé ce problème dans un document envoyé aux institutions bancaires et leurs vérificateurs. La SEC a réitéré que les règles comptables permettent aussi d’évaluer les titres en utilisant des modèles théoriques en autant que les hypothèses soient raisonnables et bien documentées. Cette approche peut être utilisée lorsque la valeur au marché des actifs ne représente pas le prix qui serait payé par des investisseurs informés n’étant pas autrement forcés de transiger. Même dans ce contexte très tourmenté, nous continuons à détenir des titres bancaires. Les raisons qui justifient cette stratégie s’articulent sur trois thèmes. Premièrement, les évaluations des titres détenus sont très attrayantes. Par exemple, nos banques étrangères se transigent à 1,25 leur valeur comptable et payent un dividende moyen de 6 %. Deuxièmement, nous avons principalement mis l’emphase sur des banques qui avaient des bilans solides, étaient bien diversifiées géographiquement et qui étaient moins dépendantes des marchés de financement à court terme. Finalement, toutes ces institutions bancaires possèdent des franchises dominantes dans le marché du détail, ce qui restera le réseau de distribution privilégié de produits financiers pour les décennies à venir. Pétrole et gaz Le prix du pétrole a continué à progresser, d’un niveau record de 80 $ à la fin de l’année 2007 à un sommet de 112 $ atteint au premier trimestre de 2008. Bien qu’il n’y ait pas eu de pénurie, la capacité de production excédentaire mondiale est faible, ne représentant que 2,5 % de la production mondiale. De plus, cette capacité de production excédentaire est concentrée en Arabie Saoudite et les principales sources de nouvelle capacité tels les sables bitumineux canadiens nécessitent de plus importants investissements en capital et un temps de réponse plus long pour répondre à la hausse de la demande. Notre objectif est d’acheter des compagnies qui démontrent clairement un taux de remplacement des réserves supérieur à 100 %, qui disposent de réserves considérables de gaz naturel et qui se transigent à des prix inférieurs à la valeur nette de leurs actifs lorsqu’évalués en utilisant un prix du baril de pétrole significativement inférieur à 100 $. Nous prenons également soin de maintenir une bonne diversification par type de produits et lieu de production pour mitiger les risques opérationnels. Page 7 Perspectives de la conjoncture économique et les marchés financiers PERSONEL ET CONFIDENTIEL Mars 2008 Marchés boursiers Les rendements des marchés boursiers ont fortement chuté depuis le mois d’août 2007. Pour la période de 12 mois se terminant au 31 mars 2008, l’indice global MSCI a diminué de 9,2 % en devises locales (-13.8 % en devise canadienne) alors que l’indice S&P 500 perdait 6,9 % (-17.3 % en dollars canadiens). L’indice S&P TSX 60 pour sa part progressait de 4,1 %. Les indices Bloomberg Euro 500 et le Nikkei ont diminué respectivement de 17,1 % et 23,9 % en dollars canadiens. Nous continuons à souligner le niveau attrayant des principaux marchés boursiers. Les ratios cours/bénéfice se situent présentent en moyenne à 14 en Amérique du Nord, à 12 en Europe et à 14 au Japon. Plusieurs excellentes compagnies avec des positions dominantes dans leurs marchés, payent des dividendes élevés et ont des évaluations raisonnables. En plus des secteurs mentionnés cihaut, les compagnies de télécommunication, de câblodistribution et pharmaceutiques nous attirent. À moins d’avis contraire, la devise utilisée est le dollar américain. Les présents renseignements ont été obtenus de sources que nous croyons fiables mais ne sont pas garantis par nous et pourraient être incomplets. Les opinions exprimées sont basées sur notre analyse et notre interprétation de ces renseignements. L’analyse de Letko Brosseau et Associés Inc. comprend des prévisions explicites ou implicites qui pourraient ne pas se réaliser et même différer sensiblement de la réalité future. Il va de soi que, de par sa nature même, tout énoncé prévisionnel est incertain et comporte des risques inhérents. Page 8