14 Journal Médical Libanais 2013 •
Volume 61 (1)
J.-F. LAPRAY – Imagerie des prolapsus périnéaux
l’ancienne défécographie [1]. Le deuxième initié par Yang
[2] est l’IRM dynamique (IRMd), qui a bénéficié de l’évo-
lution de la CCD et qui permet avec des séquences de
coupes rapides de réaliser un examen sensiblement com-
parable à la CCD avec bien sûr ses avantages et ses incon-
vénients.
L’échographie dynamique, par voie périnéale ou endo-
cavitaire, permet la visualisation des prolapsus et parfois
des anomalies associées (avec des limites sérieuses du fait
de l’absence de défécation et de sa réalisation en général en
décubitus). Son caractère facilement répétable compense
difficilement son apport plus imprécis, plus segmentaire et
plus personnalisé. Elle reste très utile et même suffisante
pour l’évaluation de la mobilité cervico-urétrale dans l’in-
continence urinaire d’effort féminine et aussi des éven-
tuelles complications de son traitement le plus courant
représenté par les bandelettes sous-urétrales [3]. Il paraît
inutile de rappeler que l’échographie reste par ailleurs
l’examen d’imagerie de première intention dans l’éva-
luation du résidu post-mictionnel et de la pathologie péri-
urétrale, de l’analyse morphologique du sphincter anal
ainsi que de la morphologie de la plupart des organes pel-
viens. L’échographie pelvienne doit être systématiquement
associée à la CCD à titre préopératoire.
À la lumière d’une pratique quotidienne de la CCD et
de l’IRMd, que nous effectuons depuis 1998 avec un pro-
tocole pratiquement inchangé, cette mise au point ne
développe volontairement pas les pathologies associées
aux prolapsus génito-urinaires (incontinence urinaire et
anale, pathologie fonctionnelle urinaire et ano-rectale) du
fait de l’ampleur du sujet.
LES TECHNIQUES D’IMAGERIE
Il s’agit d’examens effectués sur mesure par le radio-
logue qui doit débuter l’examen par un interrogatoire,
obtenir la coopération et la compréhension physique et in-
tellectuelle des manœuvres de poussée et d’évacuation par
la patiente en réalisant, au début de l’examen, un rapide
examen clinique avec les touchers pelviens au repos et en
valsalva lorsque la patiente est installée sur la table de
radiologie ou sur le statif de l’IRM [3].
Colpocystodéfécographie
Initialement baptisé « colpocystodéfécographie dyna-
mique », cet examen comporte deux phases [3]. La pre-
mière est une cystographie rétrograde dynamique et mic-
tionnelle, et la seconde est la défécographie obtenue après
une opacification vaginale et rectale et de l’intestin grêle
avec une technique adaptée de celle décrite par Kelvin et
Maglinte et associés [4-6]. La technique que nous utili-
sons a été détaillée précisément par ailleurs [7]. Nous
insisterons sur les points essentiels.
La première phase correspond à la cystographie mic-
tionnelle de profil en position assise, après sondage vési-
cal et réplétion avec du produit de contraste, et opacifica-
tion vaginale barytée. L’intestin grêle pelvien est déjà opa-
cifié en début d’examen à la suite de l’ingestion de sulfate
de baryum par la patiente, 90 minutes avant l’examen.
Il est indispensable de commencer l’examen par l’étude
vésicale car une vessie en réplétion risquerait de masquer
un autre prolapsus.
La deuxième phase correspond à la défécographie.
Après une réplétion rectale avec de la baryte (épaissie
avec de la fécule de pomme de terre, afin d’obtenir une
consistance proche de celle des selles) les clichés de défé-
cographie de profil en position assise sur une commode
spéciale avec réceptacle débutent par un cliché en position
neutre, puis par un cliché en retenue, qui permettent de ju-
ger d’un périnée descendu pour le premier et de l’effet de
la contraction musculaire pour le second. Environ six cli-
chés sont effectués pendant l’évacuation rectale qui doit
être aussi complète que possible (Fig. 1). Il est intéressant
de faire reproduire par la patiente en fin d’examen les
éventuelles manœuvres digitales vaginales ou para-anales
qu’elle utilise de façon courante pour faciliter l’évacuation
rectale, si celle-ci est difficile et incomplète. Il est impor-
tant de noter la vitesse (lente, normale ou très rapide) et
la qualité de l’évacuation ainsi que le résidu intrarectal
après passage aux toilettes. Il est parfois nécessaire de
réaliser, en position debout, des clichés avec refoulement
d’un prolapsus très largement dominant avec une pince
porte-tampon.
L’examen est terminé, après vidange rectale et vésicale
aux toilettes aussi complète que possible, par un cliché
final avec un effort de poussée maximum en position
assise (Fig. 1). C’est souvent le dernier cliché qui mon-
trera le mieux ou parfois dévoilera une entérocèle.
Chez l’homme, l’examen est limité à une défécogra-
phie avec opacification de l’intestin grêle correspondant à
la deuxième phase, l’exploration radiologique de la vessie
et de l’urètre par urétro-cystographie rétrograde et mic-
tionnelle s’adressant généralement à d’autres pathologies.
La durée de l’examen est d’environ 40 à 50 mn.
Dosimétrie
L’irradiation n’est pas négligeable car la dose délivrée
au centre du pelvis peut être estimée à 1-1,7 mGy par
exposition, atténuée par la numérisation, à 20-25 mGy
pour la CCD. Ceci implique d’éviter tout cliché inutile [3].
IRM dynamique
L’IRM dans l’étude des prolapsus pelviens doit com-
porter une phase dynamique et une phase morphologique.
L’IRM dynamique (IRMd) permet de réaliser une
vision dynamique des quatre compartiments périnéo-
pelviens (urinaire, gynécologique, proctologique et périto-
néal) comme la CCD, ainsi que l’appréciation morpho-
logique de l’ensemble des viscères intrapelviens et des
structures musculo-ligamentaires. L’inconvénient princi-
pal est actuellement la réalisation de cet examen en décu-
bitus dorsal (tant que les aimants ouverts qui permettent
des séquences en position assise ne sont pas disponibles en
pratique courante) [8].
Parmi les différentes techniques d’examen qui ont été
proposées dans la littérature, celle que nous utilisons