3. L'agoraphobie
3.1 - Définition
Étymologiquement, l'agora -άγορά -, c'est la place centrale de la cité, là où se réunissaient les citoyens de la
cité grecque antique. L'agoraphobie, c'est la peur des lieux publics.
Cette pathologie a été isolée des troubles phobiques pour être rapprochée du trouble panique.
Elle serait rarement isolée mais serait secondaire à un trouble panique. Cette phobie serait la crainte du patient
de se retrouver dans une situation où il ne peut pas obtenir de l'aide, ou dans une situation où le sujet craint la
survenue d'une nouvelle attaque de panique.
Ainsi le plus souvent l'agoraphobie ne serait pas la phobie spécifique d'un lieu mais secondaire à l'anxiété
consécutive à un trouble panique.
Le trouble est évolutif et les situations phobogènes ont tendance à devenir de plus en plus nombreuses.
3.2 - Description
L'agoraphobie est une peur de l'extérieur et des lieux publics.
Les lieux anxiogènes les plus fréquents sont les rues, surtout s'il y a de la foule, les grands magasins
particulièrement, la file d'attente, le métro, le bus, le train, les salles de cinéma mais aussi les grands espaces
vides, les lieux déserts. Les lieux fermés sont aussi concernés (tunnel, ascenseur). Ce sont des situations ou le
sujet craint par exemple d'être ridicule, ne pas pouvoir agir, où être bloqué si une crise survenait. Il pourra par
exemple arriver à aller dans une salle de cinéma mais en bout de rangée, près de la sortie pour pouvoir partir
vite « au cas où ».
Il n'y a pas de lieu vraiment spécifique mais d'une manière générale le malade craint tous les lieux où il ne se
sent pas en sécurité (présence d'étrangers, éloignement d'un proche ou d'une aide).
Après une ou plusieurs attaques de panique, les lieux qui évoquent la première crise d'angoisse sont évités
(apprentissage). La crainte d'une nouvelle crise (anticipation) développe l'évitement de situations de plus en
plus nombreuses. L'anxiété persiste et le malade se replie sur une "zone de sécurité", les lieux familiers, son
quartier, son domicile. Progressivement l'évitement limite sa zone de sécurité et le trouble a tendance à
s'aggraver. l'agoraphobe n'arrive plus à sortir de chez lui dans les formes invalidantes.
La survenue de nouvelle attaque de paniques renforce "l'apprentissage négatif" et limite la "zone de sécurité".
Les objets et les mesures contra-phobiques sont fréquents. Plus ou moins logique, avec une efficacité d’allure
magique, ils servent à minimiser l'angoisse et à affronter l'extérieur.
Par exemple :
- La présence d'un proche, animal familier.
- Un objet fétiche porte-bonheur, une canne, un parapluie, un sac à main, une poussette, un téléphone portable,
etc.
- La voiture pour certain (phobogène pour d'autres)
- La boite d'anxiolytiques est de plus de plus fréquente
- Des parcours précis dans la ville avec des étapes "rassurantes", la pharmacie, le commissariat, l'hôpital, faire
une pause régulière, etc.
3.3 - Évolution, complications
Parfois, l'évolution est spontanément favorable. Après une ou plusieurs attaques de panique et une difficulté à
aller dans certains lieux extérieurs, le sujet retrouve confiance (apprentissage positif) et retrouve son
autonomie.
Le risque d'une chronicisation et d’une aggravation progressive est à craindre. Dans les forme sévères, la zone
de sécurité est tellement restreinte que le sujet peut se retrouver confiné dans son lit.
Les complications peuvent progressivement prendre le devant du tableau :
- L'alcoolisme. La consommation d'alcool peut au départ aider à affronter l'extérieur. En devenant de plus en
plus fréquente, il peut s'installer une dépendance physique et après plusieurs années, le tableau initial d'une
agoraphobie peut passer au second plan voir même disparaître derrière un alcoolisme chronique massif.