Mini-revue Épidémiologie et histoire naturelle de l’infection par le virus de l’hépatite B Epidemiology and natural history of HBV infection Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Stanislas Pol Unité d’Hépatologie et Inserm U-567, Hôpital Cochin, Paris <[email protected]> Résumé. La transmission du virus de l’hépatite B (VHB) se fait par voie parentérale, sexuelle et materno-fœtale. Si une hépatite fulminante peut compliquer environ 1 % des hépatites aiguës B symptomatiques, le problème principal de l’infection virale B est celui du portage chronique de l’antigène HBs, classiquement défini par la persistance de l’Ag HBs 6 mois après l’hépatite aiguë. Il survient dans 0,5 à 3 % des cas chez l’adulte immunocompétent, mais plus fréquemment chez les enfants infectés tôt dans la vie (jusqu’à 90 %) ou chez les immunodéprimés (30 à 100 %). Son évolution peut être marquée par des modifications parfois bruyantes de la réplication virale avec l’existence d’arrêts spontanés de la multiplication virale et de réactivations. Sa physiopathogénie principalement immuno-médiée, résultant des interactions hôte-virus mais aussi de la complexité de ce virus (intégration, mutations, réplication résiduelle), explique le polymorphisme de présentation de l’infection chronique par le VHB ; elle va de l’immuno-tolérance au portage inactif de l’antigène HBs, en passant par une phase d’immuno-élimination où l’hépatite chronique active peut aboutir à la cirrhose (incidence annuelle de 1,3 à 5,9 %). La cirrhose, avec ses complications propres d’hypertension portale et d’insuffisance hépatocellulaire ou de carcinome hépatocellulaire, est responsable de 80 % de la morbidité et de la mortalité liées à cette infection : en cas de cirrhose constituée, la survie à 5 ans varie de 52 à 82 %. En plus des facteurs épidémiologiques, les principaux paramètres modifiant l’histoire naturelle de l’infection B sont l’immunosuppression et les cofacteurs incluant l’infection associée par le VHD et la surconsommation d’alcool. Ainsi, l’infection virale B est un problème majeur de santé publique, particulièrement dans les pays en voie de développement (qui sont souvent des zones de haute endémie) rendant nécessaire l’intensification et l’universalisation de la vaccination. Mots clés : hépatite aiguë, hépatite chronique, virus de l’hépatite B, antigène HBs, épidémiologie Abstract. The transmission of the hepatitis B virus (HBV) is parenteral, sexual and perinatal. If a fulminant hepatitis may occur in 1 % of cases of symptomatic acute hepatitis, the main problem of HBV infection is its chronicity, as defined by HBs antigen carriage for more than 6 months. It occurs in only 0.5 to 3 % of immunocompetent adults but more frequently in children (up to 90 %) or in immunocompromised patients (30 to 100 %). Evolution of HBV chronic infection is characterized by variations of viral réplication with spontaneous reactivations or discontinuations with potential clinical and biochemical exacerbations. Pathogeny of HBV infection is mainly immune-mediated, resulting from the host-virus interactions but also from the complexity of HBV (integration, mutation, occult réplication), explaining the polymorphism of chronic HBV infection ; it includes immune tolerance, inactive carriage of HBs antigen but also immune elimination with chronic active hepatitis which may lead to cirrhosis (yearly incidence of 1.3 to 5.9 %). Cirrhosis may result in complications of portal hypertension and liver failure or hepatocellular carcinoma, which explain 80 % of morbidity and mortality of HBV : the 5-year survival of HBV-related cirrhosis ranges from 52 to 82 %. Immunosuppression, delta virus superinfection or chronic alcohol consumption are the main factors which modify the natural history of HBV infection. HBV chronic infection is a problem of public health, particularly in developing countries, evidencing the need for universal HBV vaccination. Key words : acute hepatitis, hepatitis B virus, HBs antigen, chronic hepatitis, epidemiology 6 Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, septembre 2007 gravement insuffisante (moins de 30 % des enfants français sont vaccinés contre plus de 80 % des enfants allemands et plus de 90 % des enfants américains). À l’inverse, doi: 10.1684/hpg.2007.0139 D es progrès majeurs ont été faits ces dernières années pour la prise en charge de l’hépatite B. Certes, la vaccination des nouveau-nés et des enfants reste Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. les progrès virologiques (et notamment l’amplification génomique quantitative et le génotypage) ont permis de mieux comprendre l’histoire naturelle de l’infection par le virus de l’hépatite B (VHB). Les progrès biologiques (fibrotest, fibromètre) ou morphologiques (élastométrie par le fibroscan) dans l’évaluation non invasive de la fibrose permettent de déterminer la sévérité de la maladie hépatique et de poser ainsi les indications thérapeutiques. L’autorisation de mise sur le marché de l’interféron pégylé ou des analogues nucléosidiques (lamivudine, entécavir, et prochainement telbivudine ou clévudine) et nucléotidiques (adéfovir, et prochainement ténofovir) a élargi le champ d’intervention et transformé l’efficacité comme en attestent les bénéfices cliniques évidents associés aux traitements des hépatopathies les plus sévères : nous avons désormais le choix entre des traitements « courts » (48 à 96 semaines d’interféron pégylé) ou « longs » (traitement de durée indéfinie par un ou plusieurs analogues). La connaissance de l’épidémiologie et de l’histoire naturelle de l’infection par le VHB permet une définition dynamique et individualisée de l’hépatopathie conduisant à un choix thérapeutique adapté. La connaissance de l’histoire naturelle de l’infection virale B est indispensable à l’interprétation des études thérapeutiques en particulier pour apprécier l’efficacité d’une thérapeutique donnée (comparaison du taux de séroconversion induit par la thérapeutique à celui spontanément observé). Les progrès de la biologie moléculaire ont permis de mieux démembrer et d’analyser les différentes étapes de l’infection virale B [2]. Dans cette partie clinique, l’influence de la variabilité génomique sur l’histoire naturelle du VHB (mutants pré-C, mutants d’échappement à la vaccination et influence des différents génotypes) ne sera pas abordée. Épidémiologie Le VHB est un virus à ADN enveloppé. La physiopathogénie de l’hépatite B est essentiellement immunomédiée. La réponse immunitaire, en particulier cellulaire induit la nécrose hépatocytaire par reconnaissance des antigènes viraux exprimés sur la membrane des hépatocytes. Ces mécanismes pathogéniques où l’interaction hôte-virus a un rôle central rendent compte de la diversité de présentations de cette hépatite [1] : modifications de l’histoire naturelle (selon les zones de haute et faible endémies et l’âge à la contamination, risque de co-infection ou surinfection delta dans certaines populations épidémiologiquement déterminées), physiopathologiques (évolution différente selon le statut immunitaire, existence de porteurs inactifs) et virologiques (profil clinico-biologique modifié en cas de mutant, en particulier pré-C) de cette infection. Le VHB est largement répandu dans le monde : on estime à environ 2,5 milliards le nombre de sujets exposés et à 375 millions le nombre de porteurs chroniques du VHB sur le globe. On distingue schématiquement : des régions à forte prévalence de l’antigène HBs (Afrique, Asie du Sud-Est) où 5 à 15 pour-cent de la population est porteuse chronique du VHB ; des régions à prévalence intermédiaire où entre 2 à 5 pour-cent de la population générale est porteuse chronique du virus (Italie, Afrique du Nord, Espagne du Sud, Grèce, Japon) ; des régions de faible prévalence (Europe du Nord et États-Unis) où 0,3 pour-cent de la population générale est porteuse chronique de l’antigène HBs [2]. Cette prévalence élevée s’explique par la forte contagiosité du VHB, liée à une virémie élevée, et par de nombreux modes de transmission. D’une manière générale, le VHB est essentiellement transmis par les sécrétions et par le sérum, et la durée d’incubation varie de 1 à 3 mois. La transmission du VHB est principalement parentérale, sexuelle et materno-fœtale. Elle est principalement liée, dans les zones de faible endémie, aux injections intraveineuses (essentiellement chez les usagers de drogue), aux relations homo- ou hétérosexuelles avec une personne infectée par le virus, voire aux transfusions sanguines, surtout avant la mise en place des mesures d’hémovigilance efficaces en 1987 ; dans environ 20 % des cas, aucun facteur de contamination n’est identifié. Dans les zones de forte endémie, l’infection est principalement materno-fœtale, liée au passage transplacentaire (ou lors de la délivrance), en Asie notamment, ou à une contamination transcutanée dans la petite enfance, en Afrique principalement [2]. Ce risque de transmission est d’autant plus fort que la mère présente des signes de multiplication du virus B : antigène HBe, titre élevé d’ADN du VHB dans le sérum. Le risque de transmission maternelle a donc deux implications essentielles : a) la recherche de l’antigène HBs doit être systématique au cours d’une grossesse ; b) chez une femme porteuse de l’antigène HBs au troisième trimestre de la grossesse, une prévention de la transmission de l’hépatite chez le nouveau-né par immunoglobulines et vaccination doit être organisée. Le risque de portage chronique du virus est en effet particulièrement élevé chez le nouveau-né infecté à la naissance (30 à 90 pour-cent des cas contre moins de 5 pour-cent chez l’adulte) [2]. En Afrique, la transmission se fait essentiellement par voie horizontale dans la petite enfance. Si de nombreux mécanismes sont potentiellement envisageables (transmission par l’allaitement), un passage transcutané du VHB par des égratignures est très probable. L’hépatite B est particulièrement fréquente chez les toxicomanes, chez les homosexuels et chez les prostituées. Ces « populations à risque » sont donc les Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, septembre 2007 7 Mini-revue mêmes que pour l’infection par le VIH : environ 90 pour-cent des sujets infectés par le VIH ont également été exposés au virus de l’hépatite B puisqu’ils possèdent des anticorps (anti-HBs et anti-HBc) qui témoignent d’une infection antérieure. En outre, environ 10 pour-cent des sujets infectés par le VIH sont antigènes HBs positifs et donc infectés par le virus B. Au-delà de ces facteurs de risque, la naissance dans un pays d’endémie reste la cause principale d’exposition au VHB. Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Les estimations de prévalence en France de l’infection par les virus de l’hépatite B (VHB) et de l’hépatite C (VHC) en population générale proviennent d’une enquête réalisée par l’Institut de veille sanitaire (InVS), en partenariat avec la Caisse nationale d’assurancemaladie des travailleurs salariés (CNAMTS), en 20032004 auprès d’un échantillon aléatoire de près de 15 000 assurés sociaux du régime général âgés de 18 à 80 ans [3]. Les résultats préliminaires permettent de disposer pour la première fois d’une estimation en France métropolitaine du taux de prévalence du portage de l’antigène HBs. L’estimation de la prévalence de l’infection chronique par le VHB (antigène HBs positif) est de 0,65 % (IC 95 % = 0,45-0,93) soit 280 821 personnes (IC 95 % = 179 730-381 913). Le portage de l’antigène HBs est plus élevée chez les hommes (1,10 %) que chez les femmes (0,21 %) et en particulier chez ceux âgés de 18 à 29 ans et de 50 à 59 ans. On observe également une prévalence élevée du portage chez les personnes en situation de précarité sociale : l’estimation de la prévalence est en effet trois fois plus élevée chez les bénéficiaires de la couverture médicale universelle (CMU) que chez les nonbénéficiaires (1,80 % versus 0,57 %). La prévalence varie également selon les interrégions, allant d’une prévalence de 0,20 % dans la région ouest à une prévalence de 1,12 % dans la région nord-est 3. Des variations selon le continent ou le sous-continent de naissance sont également observées. Infection aiguë par le VHB Hépatite aiguë La transmission du virus de l’hépatite B (VHB) se fait par voie parentérale, sexuelle et materno-fœtale. La durée d’incubation varie de 1 à 3 mois et est en moyenne de 10 semaines. Environ 85 % des infections aiguës sont asymptomatiques et la fréquence des formes symptomatiques augmente avec l’âge au moment de la contamination [4]. Dans la forme classique, on observe une phase préictérique durant 3 à 7 jours faite de symptômes non spécifiques à type de nausées, asthénie et anorexie. Parfois, il existe un syndrome associant fièvre, arthralgies et urticaire. L’ictère va durer en moyenne 2 à 3 semaines. Au stade d’hépatite aiguë, l’activité des aminotransférases est constamment augmentée de 10 à 30 fois les valeurs normales. L’évolution des marqueurs sérologiques peut être résumée de la façon suivante : l’antigène HBs est détecté environ 3 semaines avant les signes cliniques et disparaît généralement dans le mois suivant ; sa persistance au-delà de 2 mois fait craindre le passage à la chronicité de l’infection virale. Les anticorps anti-HBs neutralisants sont détectés de façon retardée (1 à 6 mois). L’anticorps anti-HBc apparaît dès le début de la symptomatologie (IgM) et persiste pendant la phase d’infection aiguë puis pendant la phase de guérison (IgG). Ainsi, la détection de l’IgM anti-HBc permet d’affirmer le caractère récent de l’infection. L’antigène HBe apparaît peu avant l’ictère et disparaît rapidement après le début des signes cliniques avec apparition précoce des anticorps antiHBe [4]. L’ADN du VHB est constamment détecté au cours de l’hépatite aiguë (tableau 1). Hépatite fulminante Elle complique environ 1 % des hépatites aiguës B symptomatiques. Elle est définie par l’apparition d’une encéphalopathie hépatique associée à une diminution Tableau 1. Principaux profils sérologiques et virologiques de l’histoire naturelle de l’hépatite B. Hépatite aiguëa Hépatite aiguë guérieb Porteur inactif de l’Ag HBsb Hépatite chroniquea (VHB sauvage) Hépatite chroniquea (mutant pré-C) Cirrhose activea Cirrhose inactiveb Ag HBs Ac HBs Ag HBe Ac HBe Ac HBc ADN VHB + + + + + +/- + +/- + + + - + + + + + (IgM) + (IgG) + + + + + + -* + +** + - * Négatif en hybridation standard mais positif dans 90 % des cas par PCR ; ** réplication faible et fluctuante. a Activité sérique augmentée des aminotransférases ; b Activité sérique normale des aminotransférases. 8 Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, septembre 2007 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. du facteur V inférieure à 50 % survenant dans les 15 premiers jours de l’ictère ou jusqu’à 3 mois pour les hépatites subfulminantes. Le VHB est la cause la plus fréquente dans le monde d’hépatite fulminante d’origine virale [5]. En France, le virus B est en cause dans environ 70 % des hépatites fulminantes d’origine virale. L’évolution fulminante est plus fréquente en cas de co-infection par le virus delta et son association avec les mutants pré-C est discutée. La mortalité globale en l’absence de transplantation hépatique est d’environ 80 % des cas et elle est plus faible en cas de disparition précoce de l’antigène HBs [6]. En cas d’évolution spontanément favorable, le passage à la chronicité est exceptionnel [7-8]. Les IgM anti-HBc pouvant parfois être détectables en cas de réactivation, l’hépatite aiguë B compliquée d’hépatite fulminante doit être distinguée d’une réactivation grave chez un patient ayant une hépatopathie chronique. Incidence en France Selon les premiers résultats de la déclaration obligatoire des hépatites aiguës B entre mars 2003 et décembre 2005 en France, 413 cas d’hépatites aiguës symptomatiques ont été répertoriés dont 137 en 2003, 139 en 2004 et 137 en 2005 (données provisoires pour cette dernière année) [9]. Ces 413 cas incluaient 9 cas (dont 6 morts) d’hépatite fulminante. Le nombre réel d’hépatites est certainement très supérieur au nombre de cas répertoriés : d’une part, il existe une sousdéclaration des cas symptomatiques (suspectée devant le fait que plus de la moitié des cas sont déclarés par des médecins hospitaliers) et d’autre part, les infections aiguës ne sont symptomatiques que dans 5 % des cas avant 1 an, 10 % entre 1 et 15 ans et 40 % au delà. Contage Passage à la chronicité Le problème principal de l’infection virale B, est celui du passsage à la chronicité. Il survient dans 0,5 à 10 % des cas chez l’adulte immunocompétent [10] (figure 1), mais plus fréquemment chez les enfants infectés tôt dans la vie (jusqu’à 90 %) ou chez les immunodéprimés (30 à 100 %). En l’absence de sérovaccination néonatale, plus de 70 % des enfants nés de mères infectées développeront une infection chronique. À côté de l’âge à la contamination et des situations d’immunosuppression patentes, les facteurs influençant le passage à la chronicité sont principalement immunogénétiques mais restent discutés. Il a été suggéré que le passage à la chronicité était associé à l’absence d’HLA DR2 et à la présence d’HLA DR7 [11]. Des études comparatives ont montré que l’absence de passage à la chronicité était associée à une forte réponse immune cellulaire dirigée contre les antigènes HBc et HBe [12] avec un profil de type TH1 [13]. Le fait que le passage à la chronicité soit moins fréquent en cas d’hépatite aiguë symptomatique [14] renforce cette hypothèse. Infection chronique par le VHB L’infection chronique par le VHB est classiquement définie par la persistance de l’Ag HBs, 6 mois après l’hépatite aiguë. Elle est caractérisée par son polymorphisme de présentation incluant le portage inactif de l’antigène HBs, les variations de la réplication virale au cours du temps alternant arrêts spontanés de la multiplication virale et épisodes de réactivation (tableau 1), ou une évolution possible vers la cirrhose et le carci- Hépatite aiguë 90-95 % 5-10 % 70 % asymptomatique 30 % symptomatique 1 % fulminante TH Ag HBs+ Guérison Ag HBsAntiHBs+ & HBc+ Infection chronique 70 % Hépatite chronique 30 % 20 % CHC Cirrhose Portage inactif 20 % (3-5 %/an) Figure 1. Histoire naturelle de l’infection virale B. Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, septembre 2007 9 Mini-revue nome hépatocellulaire [1], et ce parfois malgré l’arrêt spontané durable de la multiplication virale voire une disparition de l’AgHBs et parfois l’apparition des anticorps anti-HBs (figure 2). Portage inactif de l’antigène HBs Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Environ un tiers des porteurs chroniques de l’Ag HBs sont des porteurs inactifs (antérieurement improprement appelés porteurs sains). La définition stricte du « portage sain » de l’Ag HBs, impliquait les 5 caractéristiques suivantes : l’absence de symptôme clinique ; l’absence d’anomalie biologique, et notamment une activité sérique des aminotransférases normale, de façon répétée (au moins 2 dosages à 1 mois d’intervalle) ; la présence des anticorps anti-HBe sériques et l’absence de détection de l’ADN viral par les techniques usuelles d’hybridation ; un foie histologiquement normal et l’absence de détection de l’antigène HBc en immunohistochimie dans les hépatocytes ; enfin, l’absence d’infection associée par les virus de l’hépatite D (VHD) ou C (VHC) [15]. Cette définition permettait de distinguer les porteurs « sains » des porteurs « asymptomatiques » pouvant avoir une hépatopathie chronique ou une multiplication virale persistante. Ces incertitudes sur le caractère « sain » du foie et sur les risques de réactivation virale ou de complications hépatiques ont fait préférer de façon récente le terme de porteurs inactifs du VHB [16]. La définition suppose l’absence de symptôme clinique, d’anomalie biologique et d’infection associée par les virus de l’hépatite delta (VHD) ou C (VHC) et la présence des anticorps anti-HBe sériques. La détection de l’ADN viral par les nouvelles techniques d’amplification génomique est observée chez près de 90 % des sujets mais la charge virale est habituellement inférieure à 100 000 copies virales/mL. La définition du portage inactif ne préjuge pas de la situation histologique hépatique. La supério- rité de cette nouvelle définition est qu’elle permet d’inclure tous les patients sans préjuger, parfois à tort, de la cinétique de leur infection virale et du retentissement hépatique de cette infection au moment où le patient est vu en consultation. Ces porteurs inactifs incluent : – les anciens porteurs sains : s’il existe, du fait de l’existence d’une réplication virale résiduelle détectable par PCR chez 90 % d’entre eux par PCR [17], des risques théoriques de réactivation, de surinfection delta ou de survenue d’un CHC, ceux-ci sont, en pratique et en l’absence d’immunodépression, très faibles [18-19] ; – des patients ayant une réplication intermittente avec un risque d’aggravation au cours d’une réactivation virale ; – des patients ayant spontanément (ou avec un traitement antiviral) arrêté leur réplication virale : pour les patients infectés par un virus sauvage, une séroconversion HBe/antiHBe est survenue et la multiplication virale continue habituellement de décroître pour devenir négative. Du fait de la difficulté de distinguer ces 3 populations, en l’absence de données cinétiques et par une seule mesure ponctuelle de la quantification virale B par PCR, il semble logique de proposer une surveillance, au moins, annuelle de ces patients par une biologie standard (transaminases, alpha fœtoprotéine), une PCR quantitative (pour évaluer les fluctuations de la charge virale qui permettront de mieux classer les sujets dans ces 3 cadres), une échographie hépatique (dépistage précoce du carcinome hépatocellulaire lié à une cirrhose méconnue ou à l’hépatocarcinogenèse virale, notamment par mutagenèse insertionnelle) et des tests non invasifs de fibrose lors de la prise en charge initiale pour s’assurer de l’absence de fibrose significative [20]. Hépatite chronique ADN du VHB Log10 UI/ml 13 Charge virale élevée Tolérance immunitaire Charge virale intermédiaire Clairance immunitaire 11 9 7 5 3 1 Réactivation Charge virale faible Portage inactif Indétectable Figure 2. Définition « dynamique » des 3 situations physiopathologiques observées au cours de l’infection virale B. 10 Environ deux tiers des patients porteurs de l’antigène HBs vont développer des lésions d’hépatite chronique associant nécrose, inflammation et fibrose. L’évolution naturelle de l’infection chronique par le VHB peut être schématisée en 3 phases [21-22] (figure 2). La première phase d’« immunocompétence », de durée variable (quelques mois à plusieurs années), est marquée par une multiplication active du virus, des transaminases normales et l’absence de retentissement hépatique significatif. Durant cette phase, la contagiosité du malade est importante. La deuxième phase de « rupture de tolérance » est marquée par une multiplication active du virus, des transaminases anormales et un retentissement hépatique significatif avec hépatite chronique active pouvant aboutir à la constitution de la cirrhose dans 10 à 20 % Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, septembre 2007 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. des cas. Cette phase peut se terminer par l’arrêt progressif et spontané de la multiplication virale ; il est souvent associé à une accentuation de la nécrose hépatocytaire avec élévation transitoire des transaminases, vraisemblablement due à la réponse immunitaire cytotoxique. L’incidence annuelle de clairance de l’antigène HBe est d’environ 10 à 15 %. Les anticorps antiHBe apparaissent dans 61 % des cas de clairance de l’Ag HBe. Les facteurs déterminant l’apparition de la séroconversion sont inconnus : les sujets présentant une séroconversion sont plus âgés et ont une durée d’évolution de leur hépatite plus longue [23]. Après la séroconversion, une multiplication virale résiduelle détectable par PCR est présente 6 à 12 mois après l’épisode dans plus de 80 % des cas, expliquant une possible réactivation ultérieure [24]. La majorité des sujets ayant présenté une séroconversion vont rester porteurs de l’Ag HBs. Il faudra distinguer deux situations très différentes consécutives à ces séroconversions : – la sélection de mutant pré-C, événement fréquent témoignant du déséquilibre dans le temps des quasiespèces virales et d’une sélection prépondérante et paradoxale dans le temps (car ils ont une moindre capacité réplicative) des mutants pré-C : ils sont aujourd’hui majoritaires puisqu’environ 65 % des sujets ayant une infection chronique par le VHB sont anti-HBe+ avec une réplication virale significative (> 20 000 UI/mL) ; – une extinction spontanée de la réplication virale où séroconversion HBe/anti-HBe, négativation de l’ADN du VHB sérique par des méthodes sensibles, négativation de l’Ag HBs voire séroconversion anti-HBs se succèdent, reflétant un arrêt complet et rare de l’infection virale B, qui pourrait suggérer une guérison virologique mais qui ne doit pas faire méconnaître une hépatopathie sous-jacente, parfois cirrhotique. En effet, l’arrêt spontané de la multiplication virale peut coïncider dans le temps avec la constitution de la cirrhose [23]. Ainsi, la survenue d’une « exacerbation » biochimique et histologique au cours de l’hépatite chronique peut-être liée à différentes causes : arrêt spontané de la multiplication virale (15 % par an), réactivation virale B (15 % par an), surinfections virales en particulier par le VHD, aujourd’hui, rares ou le VHC. Au cours de la troisième phase d’« inactivation » (portage inactif), le sujet peut toujours être porteur chronique de l’antigène HBs mais la multiplication virale et sa conséquence, l’activité nécrotico-inflammatoire hépatique, ont disparu. L’incidence annuelle de séroconversion « s » définie par l’apparition de l’anticorps HBs varie de 0 à 1 % selon les études [25] ; elle s’accompagne d’une amélioration nette en termes d’activité histologique et d’une disparition complète de la multi- plication virale. Cette séroconversion « s » ne met pas totalement à l’abri de réactivations ultérieures [26] en cas de survenue d’immunosuppression ou de survenue de carcinome hépatocellulaire en cas de cirrhose constituée [27]. Cirrhose et carcinome hépatocellulaire • Cirrhose La cirrhose est un événement crucial dans l’histoire naturelle de l’hépatite chronique B car les complications propres d’hypertension portale et d’insuffisance hépatocellulaire qu’elle entraîne sont en grande partie responsables de la morbidité et de la mortalité liées à cette infection [28]. L’incidence annuelle de survenue de la cirrhose varie de 1,3 à 5,9 % et dans les études transversales sa prévalence est d’environ 20 %. On estime qu’elle survient entre 20 à 30 ans après le contage. La survenue d’une cirrhose B ou de lésions sévères est un événement rare chez l’enfant (de l’ordre de 3 % environ) en particulier du fait de phénomènes de tolérance pour les infections acquises en période néo- (en Asie) et péri-natale mais il existe un risque d’aggravation après l’adolescence avec la survenue possible d’un carcinome hépatocellulaire dans les zones de fortes endémies. Le risque de survenue de cirrhose est indépendamment associé à une activité histologique initiale importante, une multiplication virale persistante et un âge avancé, ce dernier reflétant probablement la durée de l’infection [23]. L’évolution vers la cirrhose semble aussi associée à l’existence de réactivations antérieures [22]. Les autres facteurs associés à une évolution vers une hépatopathie plus sévère sont l’immunodépression, la surinfection virale par le VHD ou le VHC et la présence de virus mutant pré-C, qui témoigne lui aussi d’une infection de durée plus ancienne ayant permis la sélection de ce mutant et l’extinction du virus sauvage associé à la présence de l’AgHBe. Le rôle favorisant de l’alcool dans la survenue d’une cirrhose chez des sujets ayant une hépatite chronique B est indiscutable. Les syndromes dysmétaboliques (surpoids, diabète et dyslipidémie) par le biais d’une stéatohépatite influencent indiscutablement le risque de cirrhose. Le niveau de charge virale augmente le risque de cirrhose et de survenue du carcinome hépatocellulaire. Parmi ces facteurs indéniablement associés au risque de fibrose, nombre d’entre eux peuvent être contrôlés par des interventions préventives ou thérapeutiques : la consommation d’alcool, les syndromes dysmétaboliques, l’infection virale elle-même et les co-infections par les traitements antiviraux ou antirétroviraux. Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, septembre 2007 11 Mini-revue Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. • Carcinome hépatocellulaire Le carcinome hépatocellulaire est le huitième cancer par ordre de fréquence dans le monde et le plus fréquent dans certaines régions d’Afrique et d’Asie. Il survient dans plus de 80 % des cas sur une cirrhose sous-jacente, le plus souvent chez les sujets de sexe masculin [29]. L’association entre les infections par le virus de l’hépatite B (VHB) et le carcinome hépatocellulaire est suggérée par l’augmentation d’incidence de ce cancer dans les zones d’endémie virale, par les études cas-contrôles montrant que les sujets porteurs de l’antigène HBs ou des anticorps anti-HBc avaient plus fréquemment un carcinome hépatocellulaire que les patients sans marqueur viral, avec un risque relatif de 10 à 300 dans les zones d’endémie [30]. Enfin, les études prospectives, notamment à Taïwan, et les modèles animaux d’infections par les Hepadna virus (particulièrement le virus de la marmotte), confirment l’association entre les infections par le VHB et le carcinome hépatocellulaire [29-30]. Ce risque est lié non seulement à la cirrhose mais aussi à des effets directs du VHB incluant des mécanismes de mutagenèse insertionnelle et de transactivation de gènes cellulaires par les protéines virales X et préS2/S [1-2]. Bien que les mécanismes d’hépatocarcinogenèse virale B soient acquis, il est probable qu’ils interagissent avec d’autres facteurs étiologiques : l’alcool, le virus de l’hépatite C ou la cirrhose ellemême (figure 3). Le risque relatif de survenue d’un CHC en cas d’alcoolisme chronique est multiplié par 2,7. L’association entre cirrhose (liée au VHB) et carcinome hépatocellulaire rend compte de la nécessité d’un dépistage précoce par l’échographie et le dosage d’a-fœtoprotéine tous les 4 mois en cas de cirrhose (figure 3). Facteurs prédisposant à la cirrhose et au carcinome hépatocellulaire • Morbidité et mortalité À côté de l’hépatite aiguë et de son évolution fulminante possible, la morbidité et la mortalité liées à l’infection du VHB sont principalement la conséquence de la cirrhose et de ses complications. Dans une étude prospective concernant 379 sujets ayant une hépatite chronique B dont 130 avaient une cirrhose, la survie à 5 ans sans traitement était respectivement de 97, 86 et 55 % en cas d’hépatite chronique persistante, d’hépatite chronique active et de cirrhose à l’inclusion. En cas de cirrhose constituée, la survie à 5 ans varie de 52 à 82 % [28] et est étroitement liée aux complications de la cirrhose. Quatre-vingt pour cent des décès chez le cirrhotique sont directement liés à l’insuffisance hépatique, à l’hypertension portale et au CHC. La survenue de réactivation au cours de la cirrhose favorise la survenue de complications. L’existence d’une séroconversion antérieure (en l’absence de cirrhose décompensée concomitante) est un facteur de Hépatite chronique Cirrhose VHB Facteurs de croissance (IGF-II) Oncogènes Réarrangements chromosomiques Action directe CHC 1. Mutagenèse par insertion VHB ADN cellulaire 2. Réarrangements chromosomiques au site d'intégration 3. Transactivation PréS2/S délétés Protéine X ADN du VHB Protéine X ADN cellulaire Figure 3. Hépatocarcinogenèse virale B. 12 Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, septembre 2007 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. bon pronostic. Il est estimé que parmi les 350 millions porteurs chroniques de l’antigène HBs, 13 % des femmes et 40 % des hommes mourront d’une maladie hépatique liée au VHB, soit plus d’1 200 000 décès par an. Ceci justifie l’introduction des traitements virosuppresseurs chez les patients les plus graves pour limiter la multiplication virale et inactiver la maladie hépatique ; l’efficacité de cette stratégie pour limiter la survenue de complications de la cirrhose, incluant le carcinome hépatocellulaire, est clairement montrée après seulement 3 ans de virosuppression efficace [31]. Manifestations extra-hépatiques de l’infection par le VHB Plusieurs manifestations extra-hépatiques peuvent émailler l’histoire naturelle de l’hépatite B. On distingue schématiquement celles qui surviennent au décours de l’hépatite aiguë et qui sont relativement fréquentes et celles qui surviennent plus rarement chez les porteurs chroniques de l’antigène HBs. Dans les 2 cas, le rôle des complexes immuns Ag HBs/AcHBs ou Ag HBe/AcHBe est prépondérant. Manifestations extra-hépatiques de l’hépatite aiguë Les manifestations extra-hépatiques les plus fréquentes de l’hépatite aiguë sont cutanées et articulaires. L’atteinte cutanée est le plus souvent à type d’urticaire ou de macules et l’atteinte articulaire est faite plus d’arthralgies que d’arthrite constituée. Une atteinte cutanée plus rare et particulière est l’acrodermatite papuleuse ou syndrome de Giannoti Crosti. Il survient chez l’enfant et associe des lésions papuleuses qui prédominent au niveau de la face et des membres. Il existe des manifestations plus rares en particulier neurologiques incluant des mononévrites et des syndromes de Guillain-Barré ainsi que des atteintes cardiaques à type de péricardites. Manifestations extra-hépatiques et hépatite chronique Les 2 manifestations extra-hépatiques principales au cours de l’hépatite chronique sont la péri-artérite noueuse (PAN) et la glomérulonéphrite extramembraneuse (GEM). Le VHB est responsable de 20 à 50 % des PAN. La PAN survient le plus souvent dans la première année d’évolution et dans le cadre d’une multiplication virale active [32]. Il s’agit d’une maladie sévère incluant à côté des manifestations générales comme la fièvre, les myalgies et les douleurs abdominales, une atteinte multiviscérale neurologique, cardiaque, rénale et cutanée rendant compte d’une mortalité précoce non négligeable de 10 à 30 %. La GEM est l’atteinte rénale la plus fréquente liée au VHB. Dans les zones de haute endémie, c’est la cause la plus fréquente de GEM. Elle se manifeste dans 2 tiers des cas par un syndrome néphrotique. Dans ces 2 pathologies, un traitement antiviral efficace favorise une rémission de la maladie. Morbi-mortalité Une étude menée sous l’égide de l’ANRS par le CépiDC de l’Inserm, l’InVS et de sociétés scientifiques a évalué la mortalité attribuable aux VHB et VHC [33]. Les certificats de décès de 2001 dans lesquels était mentionnée une pathologie pouvant avoir un lien avec une infection par le VHC ou le VHB (hépatite, cirrhose, cancer ou autre maladie du foie, transplantation, etc.) ont été analysés. Sur près de 35 000 certificats répondant à ces critères, un millier ont été tirés au sort et ont fait l’objet d’une investigation poussée. Les médecins ayant rempli ces certificats de décès ont eu à répondre à un questionnaire, analysé par des experts hépatologues, afin d’évaluer l’imputabilité des décès à ces virus. L’analyse aboutit à estimer 1 507 (IC = 640-2373) décès imputables au VHB (2,2 pour 100 000/an) et 2 646 (IC = 1641-3650) décès imputables au VHC (4,5 pour 100 000/an), soit au total 3 973 décès liés à l’un ou l’autre de ces deux virus en 2001. Parmi les sujets décédés d’une infection virale B, 94 % étaient atteints d’une cirrhose (avec ou sans carcinome hépatocellulaire) et 35 % d’un carcinome hépatocellulaire sur cirrhose. Parmi les sujets décédés d’une infection virale C, 95 % étaient atteints d’une cirrhose (avec ou sans carcinome hépatocellulaire) et 33 % d’un carcinome hépatocellulaire sur cirrhose. Une alcoolisation excessive était rapportée dans 15 % des décès imputables au VHB et plus d’un tiers de ceux imputables au VHC. L’âge au moment du décès était plus précoce chez les patients pour lesquels une consommation excessive d’alcool était rapportée. La co-infection par le VIH concernait 11 % des décès imputables [33]. Chez les patients co-infectés par le VIH et le VHC ou le VHB, une étude réalisée en 2000 indique que les décès en rapport avec une hépatopathie (31 % des décès) prédominaient sur les autres causes de décès, soulignant l’importance pronostique de la co-infection par le VHC chez les patients infectés par le VIH [34]. Chez les patients co-infectés, la disparition de la mortalité liée au VHB, par opposition à celle liée au VHC, témoigne probablement de la virosuppression efficace obtenue à la fin des années 1990 par les analogues nucléos(t)idiques efficaces à la fois sur le VIH et le VHB. Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, septembre 2007 13 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Mini-revue En conclusion, l’infection virale B pose donc du fait de son évolution potentielle vers la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire, un problème majeur de santé publique, particulièrement dans les pays en voie de développement qui sont souvent des zones de haute endémie pour cette infection. Ceci rend nécessaire l’intensification et l’universalisation de la vaccination. L’histoire naturelle de l’hépatite B est caractérisée par la diversité des profils clinico-virologiques allant du portage inactif voire sain à la cirrhose compliquée de carcinome hépatocellulaire. Environ 20 % des patients porteurs chroniques de l’antigène HBs évolueront vers la cirrhose avec alors une incidence annuelle du CHC de l’ordre de 3 à 5 %. À côté des facteurs épidémiologiques, les principaux paramètres modifiant l’histoire naturelle de l’infection B sont le niveau de charge virale B, l’immunosuppression et les cofacteurs incluant l’infection associée par le VHD et la surconsommation d’alcool. Son évolution peut être marquée par les modifications parfois bruyantes de la réplication virale avec l’existence d’arrêts spontanés de la multiplication virale et de réactivations. Cette diversité rend compte de la physiopathogénie de cette infection résultant de l’interaction hôte-virus mais aussi de la complexité de ce virus (intégration, mutation, réplication résiduelle). Le diagnostic d’infection chronique par le VHB justifie une évaluation de son impact hépatique qui conduira la conduite thérapeutique éventuelle : le bénéfice d’une virosuppression efficace est clairement montré chez les patients les plus graves. 9. Antona DG, et al. Recent data on acute hepatitis B infections in France through mandatory notification. 12th International Symposium on Viral hepatitis and Liver Disease, Poster 463. Paris July &-5 2006. J Clin Virol 2006 : S204. Références 20. Myers RP, Tainturier MH, Ratziu V, Piton A, Thibault V, ImbertBismut F, et al. 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