les progrès virologiques (et notamment l’amplification
génomique quantitative et le génotypage) ont permis
de mieux comprendre l’histoire naturelle de l’infection
par le virus de l’hépatite B (VHB). Les progrès biologi-
ques (fibrotest, fibromètre) ou morphologiques (élasto-
métrie par le fibroscan) dans l’évaluation non invasive
de la fibrose permettent de déterminer la sévérité de la
maladie hépatique et de poser ainsi les indications
thérapeutiques. L’autorisation de mise sur le marché de
l’interféron pégylé ou des analogues nucléosidiques
(lamivudine, entécavir, et prochainement telbivudine
ou clévudine) et nucléotidiques (adéfovir, et prochaine-
ment ténofovir) a élargi le champ d’intervention et
transformé l’efficacité comme en attestent les bénéfices
cliniques évidents associés aux traitements des hépato-
pathies les plus sévères : nous avons désormais le
choix entre des traitements « courts » (48 à 96 semai-
nes d’interféron pégylé) ou « longs » (traitement de
durée indéfinie par un ou plusieurs analogues). La
connaissance de l’épidémiologie et de l’histoire natu-
relle de l’infection par le VHB permet une définition
dynamique et individualisée de l’hépatopathie condui-
sant à un choix thérapeutique adapté. La connaissance
de l’histoire naturelle de l’infection virale B est indispen-
sable à l’interprétation des études thérapeutiques en
particulier pour apprécier l’efficacité d’une thérapeuti-
que donnée (comparaison du taux de séroconversion
induit par la thérapeutique à celui spontanément
observé). Les progrès de la biologie moléculaire ont
permis de mieux démembrer et d’analyser les
différentes étapes de l’infection virale B [2]. Dans cette
partie clinique, l’influence de la variabilité génomique
sur l’histoire naturelle du VHB (mutants pré-C, mutants
d’échappement à la vaccination et influence des diffé-
rents génotypes) ne sera pas abordée.
Épidémiologie
Le VHB est un virus à ADN enveloppé. La physiopatho-
génie de l’hépatite B est essentiellement immuno-
médiée. La réponse immunitaire, en particulier cellu-
laire induit la nécrose hépatocytaire par
reconnaissance des antigènes viraux exprimés sur la
membrane des hépatocytes. Ces mécanismes pathogé-
niques où l’interaction hôte-virus a un rôle central
rendent compte de la diversité de présentations de
cette hépatite [1] : modifications de l’histoire naturelle
(selon les zones de haute et faible endémies et l’âge à
la contamination, risque de co-infection ou surinfection
delta dans certaines populations épidémiologiquement
déterminées), physiopathologiques (évolution diffé-
rente selon le statut immunitaire, existence de porteurs
inactifs) et virologiques (profil clinico-biologique modi-
fié en cas de mutant, en particulier pré-C) de cette
infection.
Le VHB est largement répandu dans le monde : on
estime à environ 2,5 milliards le nombre de sujets
exposés et à 375 millions le nombre de porteurs chro-
niques du VHB sur le globe. On distingue schématique-
ment : des régions à forte prévalence de l’antigène HBs
(Afrique, Asie du Sud-Est) où5à15pour-cent de la
population est porteuse chronique du VHB ; des
régions à prévalence intermédiaire où entre 2 à
5 pour-cent de la population générale est porteuse
chronique du virus (Italie, Afrique du Nord, Espagne
du Sud, Grèce, Japon) ; des régions de faible préva-
lence (Europe du Nord et États-Unis) où 0,3 pour-cent
de la population générale est porteuse chronique de
l’antigène HBs [2]. Cette prévalence élevée s’explique
par la forte contagiosité du VHB, liée à une virémie
élevée, et par de nombreux modes de transmission.
D’une manière générale, le VHB est essentiellement
transmis par les sécrétions et par le sérum, et la durée
d’incubation varie de1à3mois.
La transmission du VHB est principalement parentérale,
sexuelle et materno-fœtale. Elle est principalement liée,
dans les zones de faible endémie, aux injections intra-
veineuses (essentiellement chez les usagers de dro-
gue), aux relations homo- ou hétérosexuelles avec une
personne infectée par le virus, voire aux transfusions
sanguines, surtout avant la mise en place des mesures
d’hémovigilance efficaces en 1987 ; dans environ
20 % des cas, aucun facteur de contamination n’est
identifié. Dans les zones de forte endémie, l’infection
est principalement materno-fœtale, liée au passage
transplacentaire (ou lors de la délivrance), en Asie
notamment, ou à une contamination transcutanée dans
la petite enfance, en Afrique principalement [2]. Ce
risque de transmission est d’autant plus fort que la mère
présente des signes de multiplication du virus B : anti-
gène HBe, titre élevé d’ADN du VHB dans le sérum.
Le risque de transmission maternelle a donc deux
implications essentielles : a) la recherche de l’antigène
HBs doit être systématique au cours d’une grossesse ;
b) chez une femme porteuse de l’antigène HBs au
troisième trimestre de la grossesse, une prévention de
la transmission de l’hépatite chez le nouveau-né par
immunoglobulines et vaccination doit être organisée.
Le risque de portage chronique du virus est en effet
particulièrement élevé chez le nouveau-né infecté à la
naissance (30 à 90 pour-cent des cas contre moins de
5 pour-cent chez l’adulte) [2]. En Afrique, la transmis-
sion se fait essentiellement par voie horizontale dans la
petite enfance. Si de nombreux mécanismes sont
potentiellement envisageables (transmission par l’allai-
tement), un passage transcutané du VHB par des égra-
tignures est très probable.
L’hépatite B est particulièrement fréquente chez les
toxicomanes, chez les homosexuels et chez les prosti-
tuées. Ces « populations à risque » sont donc les
Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, septembre 2007 7
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