F O C U S | I N F O R M A T I Q U E M É D I C A L E
Les exigences de l’informatique hospitalière sont ouver-
tes vers le haut. On s‘attend par exemple qu’aux soins
intensifs les systèmes d’information soient sans cesse à
disposition pour surveiller les patients. Il faut pouvoir con-
sulter en tout temps les informations en provenance des
laboratoires, de la radiologie et d’autres services. Afin de
gérer efficacement les salles d’opération, il faut coordon-
ner les plans du personnel, les dates des patients, la dis-
ponibilité des lits et les plans des salles d’opération. Toutes
les applications devraient être hautement intégrées, ra-
pides et faciles à utiliser.
Un hôpital universitaire suisse peut aisément occuper une
centaine ou plus d’informaticiens: une partie dans le
secteur de l’infrastructure, une autre dans celui de la ges-
tion et du développement des applications administra-
tives et médicales. À cela, il faut ajouter des équipes plus
modestes pour les niveaux supérieurs, tels que la straté-
gie IT, la sécurité IT ou le management de projets IT. Les
nouveaux collaborateur-trice-s sont à chaque fois sub-
mergé-e-s par la diversité des défis. Ils ont généralement
besoin d’une année de rodage.
À quoi sert l’informatique médicale dans les
hôpitaux ?
Les études montrent que les hôpitaux ont un problème
avec le traitement traditionnel des informations: elles ne
sont pas au bon moment au bon endroit, ce qui engendre
des méprises ou des examens à double. Lorsque des
combinaisons dangereuses de médicaments sont prescri-
tes, la vie des patients est en jeu. L’informatique médicale
permet d’améliorer la gestion des connaissances avec un
dossier de patient global et de soutenir les décisions cli-
niques avec un logiciel intelligent. La recherche médicale,
elle-même, tire profit de données complètes, structurées
et de bonne qualité. Dans les scénarios de cybersanté, où
l’interconnexion des processus médicaux couvre différen-
tes institutions, les hôpitaux jouent un rôle clé en tant que
plaques tournantes des informations les plus complètes.
Exemple de dossier médical informatisé
Le premier violon de l’orchestre de l’informatique hospita-
lière, c’est le dossier médical informatisé, appelé aussi
dossier électronique du patient ou DPI. Pourtant, la plu-
part des hôpitaux, même ceux qui ont déjà introduit les
systèmes électroniques pour (une partie de) la documen-
tation, établissent actuellement encore des dossiers mé-
dicaux sur papier. Dans les grands hôpitaux, il y a souvent
plusieurs centaines de documents en circulation. Une pe-
tite armée de personnel administratif est nécessaire pour
maîtriser ce système inefficace qui se doit de rassembler
annonces d’examen, rapports d’examens, confirmations,
courbes, documents d’appareils de technique médicale
et autres formulaires. Quelques années vont encore
s’écouler avant que les dossiers médicaux électroniques
ne remplacent tous ces papiers.
Tâches multiples
Quelles sont les tâches des spécialistes en informatique
médicale à l‘hôpital ? Une des tâches principales, c’est le
« Business Alignment » : les stratégies IT en relation avec
le domaine-clé de l’hôpital – à savoir diagnostic, traite-
ment et soins – établissent un plan d’aménagement pour
le paysage IT de l’hôpital. Tous les projets et applications
devraient s’y aligner.
Au niveau des projets, le défi particulier consiste à rendre
compréhensibles les déroulements souvent spécialisés
des cliniques et à comprendre les exigences en partie
très élevées contenues dans le terme anglais « Business
Analysis ». La première étape, en anglais « Requirements
Engineering », consiste à formuler les exigences de ma-
nière à pouvoir les intégrer dans le paysage IT existant, ce
qui demande un travail de conception pour une formula-
tion précise. Les grands systèmes informatiques présen-
tent d‘importantes possibilités de configuration, ils sont
« paramétrables ». Le paramétrage, une sorte de pro-
grammation sophistiquée du logiciel, nécessite des con-
naissances de programmation, mais aussi une compré-
hension des déroulements cliniques. Avant de livrer les
nouvelles fonctions aux utilisateurs, il faut les tester et les
vérifier avec le personnel de la clinique. Cette activité exige
une profonde connaissance des moyens informatiques
utilisés, mais aussi des compétences élevées en commu-
nication humaine. Souvent, avant d’introduire de nou-
velles fonctions, il faut corriger les attentes exagérées des
cliniques et aplanir les différences. Les collaboratrices et
collaborateurs ont également avantage à disposer d’un
certain « talent de vendeur » pour l’activité englobant forma-
tion, introduction et encadrement des nouvelles applica-
tions.
Jusqu’à aujourd’hui, ces qualités ne pouvaient être acqui-
ses en Suisse que par des formations complémentaires.
Celui qui voulait étudier l’informatique médicale du tout au
tout devait se rendre dans les pays voisins ou aux USA. La
future formation de bachelor à la Haute école spécialisée
bernoise comble ainsi une grande lacune.
Où allons-nous ?
Pour développer l’informatique médicale dans les hôpi-
taux, il existe trois moteurs principaux : les progrès de la
médecine, les progrès IT et les progrès sociaux. Celui qui
utilise tous les jours le Microblogging, Instant Messaging
ou des applications telles que Google, Wikipedia et Face-
book, peut s’attendre à des acquis similaires dans le
monde hospitalier. Mais jusque-là de longues années de
travail excitant au niveau du développement et des projets
nous attendent. Peut-être serons-nous un jour capables
de réaliser le rêve de nombreux cliniciens: faire disparaître
la complexité du monde hospitalier derrière des applica-
tions simples et évidentes …
Contact :
> Daniel.Voellmy@insel.ch
> Infos : www.insel.ch
Daniel Voellmy
Chef du Service Center des
applications médicales de
l'Hôpital de l'Ile,
Hôpital universitaire à Berne
Photo : Hôpital de l'Ile
Un ancien adage des informaticiens hospitaliers dit : « La complexité s’élève au
carré de la taille d’un hôpital ». Une complexité incommensurable caractérise
effectivement l’informatique hospitalière. Des centaines d’applications sont
utilisées rien qu‘à l’Hôpital de l’Ile de Berne. Les informaticiennes et informaticiens
hospitaliers sont chargés de rendre cette situation profitable au personnel
de la clinique et d’éviter le chaos.
L’informatique médicale dans le contexte de
l’informatique hospitalière
14 hitech 1
/2011 1
/2011 hitech 15
Magnam doluptasperi
vide odit, odi
commolum hil in es
qautem que eosam,
vendi