F O C U S | informati q ue médicale L’informatique médicale dans le contexte de l’informatique hospitalière Un ancien adage des informaticiens hospitaliers dit : « La complexité s’élève au carré de la taille d’un hôpital ». Une complexité incommensurable caractérise effectivement l’informatique hospitalière. Des centaines d’applications sont utilisées rien qu‘à l’Hôpital de l’Ile de Berne. Les informaticiennes et informaticiens hospitaliers sont chargés de rendre cette situation profitable au personnel de la clinique et d’éviter le chaos. Daniel Voellmy Chef du Service Center des applications médicales de l'Hôpital de l'Ile, Hôpital universitaire à Berne Photo : Hôpital de l'Ile Les exigences de l’informatique hospitalière sont ouvertes vers le haut. On s‘attend par exemple qu’aux soins intensifs les systèmes d’information soient sans cesse à disposition pour surveiller les patients. Il faut pouvoir consulter en tout temps les informations en provenance des laboratoires, de la radiologie et d’autres services. Afin de gérer efficacement les salles d’opération, il faut coordonner les plans du personnel, les dates des patients, la disponibilité des lits et les plans des salles d’opération. Toutes les applications devraient être hautement intégrées, rapides et faciles à utiliser. Un hôpital universitaire suisse peut aisément occuper une centaine ou plus d’informaticiens: une partie dans le secteur de l’infrastructure, une autre dans celui de la gestion et du développement des applications administratives et médicales. À cela, il faut ajouter des équipes plus modestes pour les niveaux supérieurs, tels que la stratégie IT, la sécurité IT ou le management de projets IT. Les nouveaux collaborateur-trice-s sont à chaque fois submergé-e-s par la diversité des défis. Ils ont généralement besoin d’une année de rodage. À quoi sert l’informatique médicale dans les hôpitaux ? Les études montrent que les hôpitaux ont un problème avec le traitement traditionnel des informations: elles ne sont pas au bon moment au bon endroit, ce qui engendre des méprises ou des examens à double. Lorsque des combinaisons dangereuses de médicaments sont prescrites, la vie des patients est en jeu. L’informatique médicale permet d’améliorer la gestion des connaissances avec un dossier de patient global et de soutenir les décisions cliniques avec un logiciel intelligent. La recherche médicale, elle-même, tire profit de données complètes, structurées et de bonne qualité. Dans les scénarios de cybersanté, où l’interconnexion des processus médicaux couvre différentes institutions, les hôpitaux jouent un rôle clé en tant que plaques tournantes des informations les plus complètes. Exemple de dossier médical informatisé Le premier violon de l’orchestre de l’informatique hospitalière, c’est le dossier médical informatisé, appelé aussi dossier électronique du patient ou DPI. Pourtant, la plupart des hôpitaux, même ceux qui ont déjà introduit les systèmes électroniques pour (une partie de) la documentation, établissent actuellement encore des dossiers mé- dicaux sur papier. Dans les grands hôpitaux, il y a souvent plusieurs centaines de documents en circulation. Une petite armée de personnel administratif est nécessaire pour maîtriser ce système inefficace qui se doit de rassembler annonces d’examen, rapports d’examens, confirmations, courbes, documents d’appareils de technique médicale et autres formulaires. Quelques années vont encore s’écouler avant que les dossiers médicaux électroniques ne remplacent tous ces papiers. Tâches multiples Quelles sont les tâches des spécialistes en informatique médicale à l‘hôpital ? Une des tâches principales, c’est le « Business Alignment » : les stratégies IT en relation avec le domaine-clé de l’hôpital – à savoir diagnostic, traitement et soins – établissent un plan d’aménagement pour le paysage IT de l’hôpital. Tous les projets et applications devraient s’y aligner. Au niveau des projets, le défi particulier consiste à rendre compréhensibles les déroulements souvent spécialisés des cliniques et à comprendre les exigences en partie très élevées contenues dans le terme anglais « Business Analysis ». La première étape, en anglais « Requirements Engineering », consiste à formuler les exigences de manière à pouvoir les intégrer dans le paysage IT existant, ce qui demande un travail de conception pour une formulation précise. Les grands systèmes informatiques présentent d‘importantes possibilités de configuration, ils sont « paramétrables ». Le paramétrage, une sorte de programmation sophistiquée du logiciel, nécessite des connaissances de programmation, mais aussi une compréhension des déroulements cliniques. Avant de livrer les nouvelles fonctions aux utilisateurs, il faut les tester et les vérifier avec le personnel de la clinique. Cette activité exige une profonde connaissance des moyens informatiques utilisés, mais aussi des compétences élevées en commu- nication humaine. Souvent, avant d’introduire de nouvelles fonctions, il faut corriger les attentes exagérées des cliniques et aplanir les différences. Les collaboratrices et collaborateurs ont également avantage à disposer d’un certain « talent de vendeur » pour l’activité englobant formation, introduction et encadrement des nouvelles applications. Jusqu’à aujourd’hui, ces qualités ne pouvaient être acquises en Suisse que par des formations complémentaires. Celui qui voulait étudier l’informatique médicale du tout au tout devait se rendre dans les pays voisins ou aux USA. La future formation de bachelor à la Haute école spécialisée bernoise comble ainsi une grande lacune. Où allons-nous ? Pour développer l’informatique médicale dans les hôpitaux, il existe trois moteurs principaux : les progrès de la médecine, les progrès IT et les progrès sociaux. Celui qui utilise tous les jours le Microblogging, Instant Messaging ou des applications telles que Google, Wikipedia et Facebook, peut s’attendre à des acquis similaires dans le monde hospitalier. Mais jusque-là de longues années de travail excitant au niveau du développement et des projets nous attendent. Peut-être serons-nous un jour capables de réaliser le rêve de nombreux cliniciens: faire disparaître la complexité du monde hospitalier derrière des applications simples et évidentes … Contact : > [email protected] > Infos : www.insel.ch Magnam doluptasperi vide odit, odi commolum hil in es qautem que eosam, vendi 14 hitech 1 / 2011 1 / 2011 hitech 15