l’augmentation des déchets que cela entraîne, ces progrès se révèleront indispensables. Pourtant, les
taux de recyclage actuels peuvent être grandement améliorés. En outre, si on optimisait la filière, les
déchets de biomasse pourraient être compostés et valorisés pour produire engrais naturels et énergie ou
recyclés pour fabriquer de nouveaux produits.
Plus de la moitié de la population mondiale vit en ville et cela devrait augmenter, surtout dans les pays
émergents. Pour réduire ses impacts environnementaux, la ville gagnerait à être plus compacte et mieux
organisée. Des logements plus durables, en matière de construction et d’efficacité énergétique, pour un
prix supérieur de 10% à 15% maximum, sont indispensables. Pour réduire les coûts environnementaux et
sociaux liés au transport, davantage de transports publics et une amélioration des technologies
automobiles et des carburants sont incontournables. En effet, on a estimé que les polluants
atmosphériques, les accidents de la circulation et la perte de productivité liée aux encombrements
peuvent dépasser 10% du PIB d’une région ou d’un pays
12
, soit beaucoup plus que les sommes requises
pour entamer la transition vers une économie verte. Or le bon respect des normes de construction, des
réglementations en matière d’aménagement du territoire, d’une gestion transparente des réseaux
énergétiques relève d’une meilleure gouvernance et donc de choix politiques. Réforme des impôts, des
facturations et des subventions sont également le passage obligé vers une gestion plus intégrée de la
ville.
Une économie plus équitable ?
Développer des filières vertes semble une évidence mais faire des choix est pourtant nécessaire. En effet,
des controverses surgissent comme celle autour des agrocarburants car les cultures qui les génèrent
viennent remplacer des cultures vivrières et alimentent la spéculation sur les marchés des produits
alimentaires. Opportunité de marché pour un pays émergent comme le Brésil, plutôt que source durable de
développement pour les populations locales ? Selon l’ONG Via Campesina, le « verdissement » de
l’économie cherche à incorporer certains aspects de la « révolution verte » qui ont échoué, dans le but de
satisfaire les besoins du secteur industriel (promotion de l’uniformité des semences, semences brevetées
par les grandes entreprises, les OGM, etc.)
13
. L’accaparement de terres dans les pays du Sud, pour
ménager des puits de carbone dans le cadre du marché des crédits de carbone issus de la biomasse,
montre une réalité moins lisse. Un rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE)
sur les emplois verts établit aussi que trop peu de ces emplois sont créés pour les plus vulnérables de ce
monde. Ils ne constituent pas non plus nécessairement un travail décent comme souvent c’est le cas pour
le recyclage de déchets
14
. De même, les nouvelles technologies de l’information et des
télécommunications (NTIC), tout en contribuant à la dématérialisation de l’économie, ont un impact
environnemental important
15
.
L’OCDE préconise la mise en place d’instruments de marché et de nouveaux indicateurs pour faire payer la
pollution
16
. Un autre moyen, proposé par la Commission européenne, est de découpler la croissance du PIB
de l’utilisation des ressources naturelles.
17
Cependant, il faudrait revoir les incitants fiscaux qui existent.
En effet, les systèmes d’écotaxes et de permis de polluer mis en place depuis le début des années 90 ne
font pas l’unanimité, soit parce que les taxes sont estimées trop marginales soit que le marché de droits à
polluer ne rencontre pas l’objectif de départ. Alors qu’il s’agissait de réduire les émissions de gaz à effet
de serre, surtout dans les pays développés, ceux-ci s’achètent une bonne conscience en troquant avec
les pays en voie de développement des permis d’émettre. Qui trompe-t-on sinon nous-mêmes ?
Sur le plan théorique les économistes ne sont pas toujours d’accord sur le mode de calcul qui intègre la
valeur des ressources naturelles. « Ainsi par exemple, l’évaluation dite
contingente
(c'est-à-dire visant à
quantifier directement les préférences des acteurs économiques) du prix d’une espèce vivante menacée
donne des résultats très différents selon qu’on interroge les gens sur leur consentement à payer (combien
seraient-ils prêts à payer pour préserver l’espèce ?), ce qui suppose qu’ils n’en sont pas propriétaires, ou
12
Climate change mitigation and co-benefits of feasible transport demand policies in Beijing
. Transportation research part D :
Transport and Environment, F. Creutzig et D. He Volume 14, Issue 2 (mars 2009) pp. 120-131.
13
Prenons en main notre futur : Rio+20 et au-delà,
Via Campesina 16.02.2012 : www.viacampesina.org
14
Emplois verts : Pour un travail décent dans un monde durable, à faibles émissions de carbone,
PNUE,
2008
15
Greenpeace : http://www.greenpeace.org/belgium/fr/actualites-blogs/actualites/14-entreprises-de-lIT-passees-au-crible/
16
OCDE, ibid.
17
Commission européenne, ibid.