mois. La restauration du compte de CD4 nécessite au mi-
nimum neuf mois.5
Le
rituximab
, en se fixant à l’antigène CD20 présent sur
les lymphocytes B, conduit à une lyse cellulaire soit directe,
soit impliquant le complément et l’immunité cellulaire. La
déplétion lymphocytaire B est rapide (l 24 heures) et pro-
longée (6-9 mois). La normalisation du compte cellulaire B
résulte en la restauration de cellules B naïves, alors que la
restauration de cellules B mémoire est différée.6 La déplé-
tion lymphocytaire B résulte en une réduction significative
des immunoglobulines circulantes persistant plusieurs mois
(5-12 mois). Les résultats des études sur l’incidence d’in-
fection associée aux anti-CD20 sont conflictuels. On tend
cependant à s’accorder qu’il existe un réel risque de neutro-
pénie dans la population âgée de plus de 70 ans et/ou
souffrant d’une infection par le virus VIH. Par ailleurs, l’utili-
sation de rituximab est associée à la réactivation du virus
de l’hépatite B, CMV et virus JC responsable de la leuco-
encéphalopathie multifocale progressive.7,8
Prophylaxie et prévention anti-infectieuse
Une prophylaxie anti-infectieuse n’est indiquée ni dans
la LLC non traitée ni lors de monothérapie par chloram-
bucil.
Un traitement par fludarabine et analogues justifie une
prophylaxie contre
P. jirovecii
(pentamidine aérosol 1 x/mois
ou TMP160/SMX800, 3 x/semaine). La prophylaxie anti-her-
pétique pour les patients VZV positifs (valaciclovir 500 mg
1 x/jour) est raisonnable pour un compte de CD4 l 50 cell/
mm3, ou indépendamment du compte de CD4 lors de l’admi-
nistration conjointe de corticostéroïdes, ou lors de neutro-
pénie au long cours. La prophylaxie est également souhai-
table lorsque les analogues des purines entrent dans un
traitement de seconde ligne. Les prophylaxies sont à main-
tenir au minimum six mois après l’arrêt du traitement et
pour autant que le compte de CD4 soit L 200 cell/mm3.
Un traitement par alemtuzumab justifie une prophylaxie
contre
P. jirovecii
(pentamidine aérosol 1 x/mois ou TMP160/
SMX800 3 x/semaine) ainsi qu’une prophylaxie anti-herpé-
tique (valaciclovir 500 mg 2 x/jour). Certains considèrent
également une prophylaxie antifongique par fluconazole.9
Concernant la réactivation cytomégalovirus (CMV), une stra-
tégie préemptive, impliquant une surveillance régulière de
la virémie et l’initiation d’un traitement en fonction de la
cinétique de la virémie, est conseillée.
Un traitement par rituximab justifie d’effectuer au préala-
ble une sérologie pour l’hépatite B. En cas d’hépatite chro-
nique, une prophylaxie par lamivudine (Zeffix) est recom-
mandée durant le traitement et jusqu’à 9-12 mois après
l’arrêt des anti-CD20.10 Une approche préemptive est adé-
quate en cas d’ancienne hépatite B guérie. Sous traitement
de rituximab, l’administration de facteurs de croissance est
recommandée chez le patient M 70 ans ou en cas d’infec-
tion par le virus VIH.
Syndrome myélodysplasique
Les SMD sont des affections clonales de cellules souches
pluripotentes ou myéloïdes, caractérisées par une hémato-
poïèse inefficace (insuffisance médullaire qualitative), res-
ponsable de cytopénies sanguines, et pouvant évoluer vers
la leucémie myéloïde aiguë. Les SMD prédominent chez le
sujet âgé, avec une médiane d’âge au diagnostic de l’ordre
de 70 ans. Les options thérapeutiques dépendent de fac-
teurs cliniques, hématologiques et cytogénétiques. La greffe
allogénique est le seul traitement curatif ; celui-ci est dis-
cuté pour des patients de moins de 65 ans. En dehors de
l’allogreffe, il existe un consensus pour séparer les patients
selon un score de risque (IPSS) d’évolution vers une leucose
aiguë ou le décès, en «haut risque» versus «faible risque».
Chez le sujet âgé à haut risque, les agents hypométhylants
(azacitidine, Vidaza et décitabine, Dacogen) prolongent la
survie. Chez le sujet âgé à «faible risque», le traitement
consiste surtout en une correction des cytopénies, principa-
lement l’anémie, comprenant les érythropoïétines recom-
binantes, le lénalidomide (Revlimid) et la thalidomide.
Déficits immunitaires inhérents à la maladie
Le risque infectieux est lié principalement à la dysgra-
nulopoïèse médullaire entraînant une anomalie de la fonc-
tion des neutrophiles, et un risque augmenté d’infections
bactériennes identiques à celles rencontrées chez les pa-
tients neutropéniques.
Déficits immunitaires inhérents au traitement
oncologique
Agents hypométhylants
L’hyperméthylation liée à l’action de l’ADN-méthyltrans-
férase de certains gènes est une caractéristique des SMD
et a comme conséquence de favoriser la transformation
leucémique des cellules. L’azacitidine est un inhibiteur de
l’ADN-méthyltransférase. Alors qu’à haute dose l’azaciti-
dine induit l’apoptose, à dose inférieure elle permet la dif-
férenciation cellulaire. L’effet secondaire principal de l’aza-
citidine est une myélosuppression transitoire de grade 3-4
selon l’OMS, présente dans les quatre semaines suivant
l’administration du traitement. La toxicité hématologique
affecte les plaquettes chez plus de 50% des patients, les
neutrophiles chez plus de 40% des patients. Les complica-
tions bactériennes liées au traitement surviennent chez
20% des patients.11
Prophylaxie et prévention anti-infectieuse
L’utilisation prophylactique de facteurs de croissance ou
d’une antibiothérapie n’est recommandée ni chez le patient
atteint de SMD avec neutropénie chronique, ni chez le pa-
tient présentant une neutropénie au décours d’un traitement
d’azacitidine.12 Une prophylaxie antibiotique peut être ce-
pendant discutable lors d’épisodes itératifs d’agranulocytose
fébrile.
Tout état fébrile, toute suspicion de foyer infectieux sur-
venant chez un patient atteint de SMD avec neutropénie ou
se trouvant au décours d’un traitement d’azacitidine, né-
cessite l’administration sans délai d’un traitement antibio-
tique. En l’absence de possibilité d’avoir recours au milieu
médical rapidement, les patients répondant aux critères
ci-dessus devraient disposer par avance d’antibiotique à
débuter au moindre problème infectieux. Par analogie aux
patients ayant une neutropénie fébrile après chimiothéra-
pie, l’association amoxicilline-acide clavulanique 3 x 1 g/jour
et ciprofloxacine 2 x 500 mg/jour est raisonnable.
1824 Revue Médicale Suisse
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9 octobre 2013
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